8 février 2022
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«Accueil en folie à Dakar des Champions d'Afrique : les Lions de la Téranga» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/ #MackySall
Les Lions de la Téranga sont arrivés, triomphalement, le lundi 7 février 2022, à l'aéroport international militaire Léopold Sédar SENGHOR à Dakar, accueillis par le président Macky SALL, et une masse en grande liesse de la population. Point n'est besoin pour le président Macky SALL de décréter des jours fériés pour accueillir, ce lundi 7 février 2022, le retour des Lions au Sénégal. Les Sénégalais, en accord avec eux-mêmes, sont dans la rue, en fête. C’était pourtant très mal parti, ce dimanche 6 février 2022, à Yaoundé, le pénalty raté, en début de match, par Sadio MANÉ a été mal vécu. A certains moments du match, devant les assauts répétitifs, mais brouillons, des Lions, face une solide défense des Pharaons d'Égypte, servie par un bon gardien de but, le doute s'était installé. Et voilà qu'après les prolongations, et aux tirs aux buts, c'est la «remontada» ; ce geste libérateur de Sadio MANÉ a changé la donne. Aux critiques acerbes, aux lynchages ont succédé les éloges dithyrambiques. Dans les rues de Dakar, la musique et les danses diolas ont célébré l’exploit de l’Illustre fils du pays, Sadio MANÉ
Par conséquent, ce qui domine au Sénégal, en ces jours historiques, c'est un immense sentiment de bonheur infini, d'unité nationale, une grande joie et fierté, pour ce «Grand petit pays». Maintenant ce que réclament les Sénégalais, c'est la Coupe du monde. En cette de cette trêve ou Concorde nationale, sans précédent, tout est pardonné. Le peuple Sénégalais, ce «Grand petit pays» savoure, sans retenue, sa victoire à la Coupe africaine des Nations du 6 février 2022. Si cela pouvait durer longtemps ?
Il n'y a pas si longtemps que cela, cette jeunesse turbulente exultant maintenant dans les rues, certains étaient désespérés et voulaient même prendre des pirogues pour traverser l'Atlantique, avec une telle embarcation dérisoire, au péril de leur vie. Il fut aussi un temps de colère avec des grèves des étudiants, des années blanches ou le pillage des magasins français, en marge d'un scandale sexuel dans un salon de massage. Les élections de 1988 avaient suscité des violences, des bombes et celles de 1993, l’assassinat même d’un magistrat, maître Babacar SEYE (1915-1993). Auparavant, Mamadou DIA (1910-2009) et ses amis, en 1962, ont été embastillés ou exilés. Les élections présidentielles du 24 février 2019, puis les locales du 23 février 2022 avaient suscité de passions que l'on croyait le Sénégal au bord d'une civile ou ethnique.
Le peuple Sénégalais attendait sa coupe presque depuis l'indépendance en 1960. Les défaites en 2002 et 2019 à la Coupe d’Afrique ont été si amères, que chaque Sénégalais s'était presque investi en sélectionneur de l'équipe nationale du Sénégal. Alioune CISSE, sélectionneur des Lions, était vilipendé de tous, sans ménagement ; il doit maintenant savourer, pleinement, sa revanche contre les esprits sceptiques. Cet état de grâce exceptionnel et historique le Sénégal l'avait connu dans les temps passés. L'une des premières grandes explosion de joie a été la victoire du 10 mai 1914, de Blaise DIAGNE (1872-1934), premier député africain à l'assemblée nationale, que les Lébous et Cheikh Amadou Bamba BA (1853-1927) avait soutenu. Depuis 1848, le colonialisme représentant un affront national, ce poste de député du Sénégal était détenu par un Blanc ou un Métis. La mort de maître Lamine GUEYE (1891-1968), président de l'assemblée nationale le 10 juin 1968, a mis fin, comme par enchainement, la révolte des étudiants ayant failli faire tomber le président Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001). Bien des jeunes ne souviennent pas de l'immense gloire nationale qu’était maître Lamine GUEYE, mentor de Léopold Sédar SENGHOR qui l'avait ramené chez lui, après 32 ans de séjour en France. Maitre Lamine GUEYE, initiateur de la loi du 7 mai 1946 de la citoyenneté mettant fin au Code de l’indigénat et toutes ses assignations et violences coloniales, est l'avocat des familles des 300 Tirailleurs sénégalais abattus, lâchement, au camp de Thiaroye et celui aussi des 100 000 insurgés malgaches liquidés en 1947.
Après le Prix Goncourt de Mohamed M’Bougar SARR, un Illustre Sénégalais, ici à Paris, et dans le reste du monde, pour les diasporas sénégalaises, comme le petit oiseau percé sur la plus haute branche, on reluque et convoite cette minuscule graine de mil à terre, symbolisant ce «Grand petit pays», qu'est notre cher Sénégal. Conservant toujours mon esprit de berger Peul, loin de mes pâturages du Fouta-Toro, on a fêté, dans la joie, mais dans la retenue et le calme, la victoire du Sénégal, sans brûler de voitures, ni de poubelles. Aussi, le grand public français, ne se passionnant parfois que pour les détails vestimentaires des Musulmans, n'était même pas au courant de cette coupe remportée, pour la première fois, par le Sénégal. C'est quand même vicieux que pour se faire remarquer, il faudrait tout saccager, tout brûler ; mais ce n’est pas notre conception du bien-vivre ensemble. En effet, les Sénégalais viennent d'un «Grand petit pays» et savent manifester leurs opinions, dans le respect des autres.
Diarama, Merci, aux Lions de la Téranga et continue encore à nous étonner sans cesse, jusqu'à la Coupe du monde !
Paris, le 7 février 2022 par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/