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Bon anniversaire, ce mercredi 13 mai 2020, à Stevie WONDER fêtant ses 70 ans, dont 59 ans sur scène, 25 Grammy Awards, plus de 100 millions de disques vendus et pas moins de 700 tubes enregistrés, mais non encore diffusés. Icône de la Soul et du Pop, maître du Groove et musicien marquant du XXème siècle, Stevie WONDER est, avec Frank SINATRA (1915-1998), le seul artiste à avoir remporté trois fois le Grammy du meilleur album de l'année. La musique de Stevie WONDER devenue classique, est indémodable ; elle fait désormais partie du patrimoine commun de l’Humanité : «Enfantée dans une nuit sans aube, la musique de Stevie Wonder brille d’un inusable éclat que la génération Rap et R’n’B s’efforce aujourd’hui d’approcher» écrit Francis DORDOR. «Stevie Wonder n'est toujours pas un bon sujet pour la critique. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Ses chansons, lumineuses, désarmantes, persistent à tromper l'usure comme les concepts artistiques trop rigides» ajoute-t-il. Stevie WONDER est, en fait, né pour faire de la musique ; il ne vit et respire que pour son art : «Music was the only thing that was important for him. Music is just food to home. He lives, breathes, thinks music. All the time” dit Elaine JESMA. Chanteur de Soul, Funk, Jazz et de Reggae, pianiste, organiste, saxophoniste, compositeur et chef d’orchestre, depuis l’âge de 11 ans, Stevie est le «Sunshine of our musical lives» écrit Oprah WINTER. Sa musique est une confidence du cœur et créée des souvenirs impérissables : «That music touches our soul and creates memories» écrit Oprah WINTER. Comme Marcel PROUST (1871-1922), dans sa recherche du temps perdu, la mémoire accidentelle est une découverte de l’éternité : «Music, at it’s essence, is what gives us memories. And the longer a song has existed in our lives, the more memories we have of it” dit Stevie WONDER. Musicien surdoué, mélangeant divertissement et éveil de conscience, Stevie WONDER nous étonne chaque jour, par son génie : «Lorsque j'écris, la musique me vient en premier. Les paroles arrivent plus tard, souvent au dernier moment» dit-il.
Stevie vint au monde, avant terme, le 13 mai 1950 ; il est atteint d'une rétinopathie, maladie de la rétine qui a causé, dans son cas, la cécité. Maladie non héréditaire, elle est la conséquence d’une erreur médicale. Le protocole de l’hôpital imposait de le garder en couveuse afin qu’il achève son développement. En raison de l’incubateur utilisé, mal oxygéné, Stevie WONDER développa alors une rétinopathie du prématuré. Peu après sa naissance, il devint aveugle. «Stevie Wonder fut dès la naissance un homme pressé, de mourir ou de vivre» écrit Stéphane KOECHELIN. En effet, Stevie pense que le fait d’être aveugle n’est pas un handicap, mais un don. Alors, le jeune Stevie compense ce handicap par des activités sportives et l'écoute intensive de la radio, où il apprend par cœur les classiques du Rythm and Blues. Nat KING COLE (1919-1965) lui a laissé une forte impression. Il idolâtrait Jimmy REED (1925-1976), un grand guitariste de Rythm and Blues (RNB) et B.B. KING (1925-2015), un guitariste et bluesman. Les maîtres de Stevie WONDER se nommaient à l’époque Duke ELLINGTON (1899-1974), Ray CHARLES (1930-2004), Marvin GAYE (1939-1984) ou Count BASIE (1904-1984), à l'écoute desquels il peaufina sa technique vocale. «J'ai puisé mes influences partout, chez les musiciens, bien sûr, mais aussi les acteurs ou les écrivains» dit-il.
Avec l'aide de sa famille, l'enfant aveugle s'initie à la pratique de l'harmonica, du tambour et du piano : «J'ai toujours vécu avec les sons. Depuis l'âge de 4 ans, je n'ai jamais cessé de taper sur un tambour et de chanter. J'écoutais B.B. King et Ray Charles à la radio et je les imitais. La radio, ce fut mon conservatoire. Pendant mon enfance à Detroit, ma mère, qui avait quitté mon père, travaillait dans une conserverie de poisson. Nous n'avions pas d'argent, pas de réfrigérateur, pas de chauffage. L'essentiel nous manquait. Je priais tout le temps. Pour ma mère. Mais aussi pour avoir un piano ; il me fut offert plus tard, par des voisins et une batterie, je la reçue à Noël grâce à une société de bienfaisance» dit Stevie WONDER. Jeune, Stevie chantait dans les offices religieux, les chansons baptistes et le Gospel : «J'ai toujours senti que Dieu était bon mais par exemple, quand j'étais à l'église, j'étais dans une église pentecôtiste quand j'étais petit, et à l'époque c'était un peu différent de maintenant. Ils ont dit : «Vous chantez cette musique mondaine». Ils critiquaient ce que je faisais. Écoutez, nous vivons dans une société où la musique noire s'appelait autrefois de la musique de course, où le jazz était considéré comme quelque chose de méchant. Je ne sais pas. J'ai senti que si Dieu ne voulait pas que je le chante, il ne m'aurait pas donné le talent pour le faire» dit-il. Stevie chante aussi à l’école, pour ses amis, puis il est invité à différents dîners et événements familiaux.
Artiste précoce et orgueilleux, Stevie WONDER a su garder le cap, en conservant l’originalité de sa musique, sans se soucier des critiques sur ses sonorités et ses choix musicaux. On lui reprochait de développer une musique pas assez noire, exagérément civilisée, et peut-être trop virile, à «pisser de la guimauve», à bêtifier sur l’amour ou la bonté humaine : «Si Wonder, pour avoir osé enjamber la clôture de pâturages jalousement surveillés, attira la morsure du chien et le bâton du berger, ces violences ne purent ni effacer ce sourire ni amoindrir l'impact qu'il allait avoir sur la musique populaire de ces trente dernières années» écrit Francis DORDOR.
Enfant prodigue de la Tamla Motown, de 1963 à 1988, Stevie a sorti 64 Singles, et a été classé 4ème meilleur artiste de sa génération, juste derrière Elvis PRESLEY (1935-1977), les Beatles et Elton JOHN. En 1961, Ronnie WHITE, un membre des «Miracles» et ami de son frère Gerald, le présente à Berry GORDY, le patron de la Tamla Motown (créée le 12 janvier 1959 par des Noirs), en raison de son talent précoce. Stevie sait jouer au bongo et à l’harmonica. Initialement, Berry GORDY voulait qu’il chante et imite Ray CHARLES (1930-2004). En effet, «Tribute to Uncle Ray Charles» est une tentative de la Motown d’exploiter la popularité de Ray CHARLES, un artiste noir et aveugle comme Stevie, sans laisser à Stevie aucune liberté artistique : «It does not give Stevie Wonder a full chance to really be Stevie Wonder, but almost relegated him to the role of mimic», écrit James PERONE. Le 26 décembre 1963, «Fingertip» fait passer Stevie à la télévision ; il devient comme une sorte d’icône pour la jeunesse. La télévision a fait exploser les barrières raciales, et Stevie est considéré comme une grande nouveauté et une fraicheur. Mais, en dépit de son talent et de son potentiel, Stevie ne décolle pas vraiment. Alors avec «With a Song of my Heart», la Tamla le fait imiter Sammy DAVIS Jr (1925-1990). Berry GORDY, pour dissocier l’image de Stevie de celle de Ray CHARLES, une greffe qui n’a pas pris, surnomme alors ce jeune prodige, «Little Wonder» (petite merveille) Entre 1963 et 1965, servi par une voix merveilleuse et un vaste répertoire, Stevie WONDER a diffusé sept Singles ; «Uptight» devient n°1 au Billboard de Rythm and Blues. Stevie travaille la batterie, étudie la musique classique et sa musique devient plus entrainante, dansable, harmonieuse et originale.
Stevie a grandi avec la Motown, et se développant aux côtés de talents de grandes stars comme Marvin GAYE et Smokey ROBINSON : «Il faut dire que j'étais mal parti : Noir, pauvre et aveugle. Mais, au fond de mon coeur, je savais que Dieu avait pour moi des projets. Et j'avais raison. Je ne dirai jamais assez combien je suis heureux d'avoir croisé si jeune le chemin de Motown. Nous enregistrions dans un minuscule studio au sous-sol, sur un parquet en bois qui craquait à chaque pas, avec le son des climatiseurs qui parasitait les enregistrements. Et pourtant, ces défauts participèrent à créer le fameux Motown sound» dit-il. C'est en 1962, à 11 ans, que Stevie WONDER signe son premier label et édite son premier album : «Tribute to Uncle Ray», un hommage à Ray CHARLES, dont il est le grand admirateur. Mais c'est en 1962 qu'il remporte son premier vrai succès avec la chanson «Fingertips» et se hisse numéro 1 au hit-parade. Si «Fingertips» fut si populaire, c'est parce que la chanson illustre l'étendue des qualités musicales et vocales du jeune chanteur. En 1964 sort l'album «With A Song In My Heart», et quelques chansons sans grande réussite. C’est seulement, début 1966, qu’arrive le hit «Up-Tight, Everything's Alright» n°3 des charts, puis «Nothing's Too Good for My Baby» et «A Place in the Sun». Si Stevie WONDER a parfois du mal à percer dans les années 60, c’est que la concurrence est plus que rude. Ainsi, 1967, c’est l’émergence du phénomène hippie (Woodstock en 1969), la liberté sexuelle, la drogue et c’est aussi la forte montée des Rolling Stones, des Beatles, de Wilson PICKETT, de Marvin GAYE, d’Otis REDDING, d’Aretha FRANKLIN, de Dione WARWICK et de Pink FLOYD. Cependant, contrairement aux habitudes de l’époque, Stevie WONDER ne boit pas et ne se drogue pas ; il compense donc son handicap par la rigueur, la discipline et le professionnalisme et s’applique, dans tout ce qu’il fait. A l'été 1967, «Was Made to Love Her», n°2 des hits, établit sa notoriété en Europe après une tournée. Stevie WONDER, avec sa mère, est invité à la Maison Blanche, le 5 mai 1970, par le président Richard NIXON (1913-1994). Il se produit, dans sa lutte contre la cécité, le 10 janvier 1970 au Copacabana, à New York. Certains artistes meurent d’overdose (Janis JOPLIN, Jimi HENDRIX, Jim MORRISON).
C’est avec audace, que Stevie intitule son nouvel album, en 1970, «Opus Signed, Sealed and Delivered». L'album suivant, «Where I'm Coming From» se veut plus intime. La période de 1972 à 1980, est celle des luttes sociales et politiques, mais aussi de l’ascension de Stevie WONDER ; il a gagné plus de liberté et de reconnaissance dans sa création artistique. En 1972 démarre la période dite classique. Stevie franchit un bond géant avec «Music of My Mind», un album fusionnant la soul, le jazz et le rock, et les synthétiseurs à la pointe de la nouveauté. Le 3 juin 1972, à Vancouver, au Canada, Stevie WONDER entame une tournée avec les Rolling Stones, en faisant leur première partie ; celle-ci se terminera le 26 juillet 1972 au Madison Square, à New York, jour des 28 ans de Mick JAGGER : «Cette tournée me donna l'occasion d'atteindre le public du rock et de la pop. La musique des Stones était un mélange inouï et formidable de blues, de soul et de rock britannique. Quant à la mienne... J'étais en pleine métamorphose. A cette époque, j'avais reçu plus de 1 million de dollars de Motown, ce qui me permit de créer mon studio d'enregistrement et d'acheter tous les instruments possibles et imaginables. Les idées se bousculaient: je franchissais les barrières entre le jazz, le blues, la soul et le Rythme and Blues. Mais, surtout, je découvrais les synthétiseurs, ce qui changea radicalement ma façon de composer. A travers un synthétiseur, je pouvais décrypter mes rêves musicaux, faire jouer un orchestre entier sous mes doigts, composer un disque avec des centaines d'instruments, tout en restant seul chez moi» dit-il.
Après cette tournée, c’est la sortie, en 1972, de «Music of My Mind», suivi de “Talking Book”, en 1973, de «Innervisions» et en 1974 de «Fulfillingness First Finale», On sent la montée irrésistible de l’artiste. “If you liked the man, you will love the man” dit Berry GORDON. “Stevie’s music is the most sensitive of our decade» dira Roberta FLACK. Subitement, Stevie WONDER passe du statut d’enfant noir et pauvre, à celui d’artiste super star, reconnu et aisé. Cependant, Stevie WONDER bataille pour obtenir son indépendance artistique, la Motown décidant, jusqu’ici, de tout pour lui. En effet, il s'aperçoit aussi que les sommes versées sur son compte ne sont pas à la hauteur de ses espérances : il a fait gagner trente millions de dollars à la firme Motown et n'en récolte qu'un million ! Il compte bien se rattraper avec un disque entièrement financé et réalisé par ses soins. En 1972, Stevie WONDER s’installe à New York et engage une avocate célèbre, Johanna VIGODA, qui a été au service de Jimi HENDRIX (1942-1970), pour renégocier son contrat avec la Tamla Motown. Désormais, il veut toucher 20% des royalties, avoir une liberté artistique, choisir ses musiciens, travailler en studio pour ses enregistrements et décider de ses concerts. Epics et Anesta Records voulaient récupérer Stevie WONDER, mais la Tamla Motown, ayant cédé sur tout, un nouveau contrat est signé le 5 août 1975.
Génie particulièrement innovant et constamment créatif, il sort un album tous les deux ans : «Le musicien pianiste chanteur cajoleur, a sculpté son œuvre avec simplement la préciosité harmonieuse qui fut la sienne faisant le lien entre Duke Ellington et Curtis Mayfield et une certaine pop luxueuse» écrit Stéphane KOECHLER. Le fondateur du label Motown, Berry GORDY, affirme que Stevie est un perfectionniste : «J'ai perdu dix ans de ma vie à attendre Songs in the Key of Life» sorti en 1976. Stevie WONDER est particulièrement exigeant avec lui-même : «Quand on me reproche ma lenteur, je réponds que je travaille pour l'éternité. Je veux seulement laisser derrière moi ce dont je suis pleinement satisfait. Au fil du temps, les gens de Motown l'ont accepté» dit-il. En dépit de ces longs intermèdes, Stevie WONDER est un travailleur acharné : «L'enthousiasme reste le même. Je compose nuit et jour. Je suis capable de jouer pendant quarante-huit heures d'affilée et d'appeler mon agent à 3 heures du matin pour lui faire écouter mes nouvelles mélodies. Elles m'arrivent sans préavis, comme des dons de Dieu» dit-il.
L’extraordinaire album, sorti le 28 septembre 1976, «Songs in the Key of Life», est un succès planétaire. Sa rencontre avec Robert MARGOULEFF et Malcolm CECIL, deux jeunes hippies, passionnés d'électronique, les cuivres, les claviers traversant les chansons, l'amplitude lyrique, font que Stevie WONDER, en état de grâce, est bien inspiré. Cet album, exécuté par 130 musiciens, considéré comme l’un des meilleurs, sera récompensé par 4 Grammy Awards : ceux du meilleur album, meilleur producteur, meilleure performance vocale pop masculine et meilleure performance vocale Rythme and Blues masculine. En effet, «Songs in the Key of Life» recèle des pépites d’or ; parmi les 21 chansons, aux intonations Rythme and Blues, Soul et Pop-rock, on dénombre «Pastime Paradise», «Sir Duke» en hommage à Duke ELLINGTON, «As» ou «Another Time». Et puis autre chanson, qui compte parmi les grands succès de Stevie WONDER : «Isn’t She Lovely», un titre célébrant la naissance de sa fille, Aisha.
L'année 2012 marque une double célébration : celle des cinquante ans de ses débuts dans le show-business et les quarante ans de ce qu'on a appelé à raison «la période des classiques». Stevie WONDER s'est rapidement émancipé pour devenir un créateur à part entière, marquant la musique noire et la Pop music comme aucun autre artiste afro-américain ne l'avait fait avant lui, à part Ray CHARLES. Soutenu par une rythmique souple, ce que l’on nomme le «Groove», ainsi que des harmonies sophistiquées, Stevie WONDER déploie des mélodies chaleureuses, optimistes. Une des grandes singularités de Stevie, c’est d’être à la fois un militant des droits civiques, un chanteur de l’amour, tout en divertissant. Derrière sa musique, apparemment joyeuse, se cachent de puissants messages, pour l’amour, l’égalité réelle et la fraternité.
I – Stevie Wonder, un militant de l’Amour
Dans cette quête d’amour, Stevie WONDER croit en un Dieu d’Amour, et sa musique le reflète, parfaitement. En effet, Stevie WONDER, investi dans la spiritualité et la méditation, croit aux forces de l’esprit. Végétarien, maintenant végan, il croit à la réincarnation de l’hindouisme, «au High Ground», une métaphore du Nirvana. En revanche, Stevie WONDER ne croit pas en un Dieu créateur : “When I sing about «God» in my music, I am just expressing a beautiful spirit deep down inside me” dit-il. Stevie WONDER recherche la paix de l’esprit et l’âme, dans toutes ses dimensions : «Love, me, is the most important thing in life. Love in its various forms, like the love you feel for friends, the love for your family, and the love for the people of the world” dit-il.
Stevie WONDER est, avant tout, attaché à l’amour familial. Ainsi «Songs of Key in my life» est dédié à sa famille «To my mama and my father, thank you for being my mama and my father. Thank you for letting me be your son. Milton, Calvin, Larry and Timothy, thank you for letting me to be your brother” écrit-il. Stevie estime que sa mission est de répandre l’amour à travers sa musique ; il faut toujours faire mieux et se perfectionner, constamment. En effet, il emploie ses frères Milton et Calvin pour ses affaires personnelles (aide habillage, chauffeur) et sa société, et Larry, jusqu’à sa mort. Son cousin, John est souvent son chauffeur. De son vrai nom Stevland Judkins MORRIS, Stevie WONDER est né le 13 mai 1950, à Saginaw, dans le Michigan. Issu d’une famille pauvre et désunie, 3ème fils d’une fratrie de 6 enfants, son père contraint sa mère, Lula Mae HARDAWAY (1930-2006), de se prostituer. Sa mère faisait de petits boulots pénibles et mal rémunérés, mais elle était d’une santé solide. Alors que ses parents se séparent, Stevie suit sa mère et ses sœurs à Detroit, dans le Michigan. Élevé à Detroit dans une famille pauvre mais attentionnée, sa mère, travaillant dans une poissonnerie, veille à ce que ses enfants ne quittent pas le droit chemin : «Je pense que j’ai découvert un truc de couleur lorsque je suis descendu, une fois, dans le Sud, lorsque ma grand-mère est décédée. Il y avait des enfants, des enfants blancs qui vivaient à proximité. Les enfants ont dit «Hé, Nègre !». Quoi qu’ils disent, j’ai frappé le gamin. Je n’ai jamais accepté la stupidité et l’ignorance» dit Stevie qui découvrait le racisme. Par conséquent, Stevie WONDER s’est toujours occupé de sa mère, jusqu’à sa mort. En 2005, il a fait ériger une statue à la mémoire de sa mère, dans sa ville natale, Saginaw. «I Wish» est une chanson évoquant, avec une nostalgie radieuse, le royaume d’enfance de Stevie WONDER.
Dans ce registre de l’amour familial, en 1976, «Isn’t She Lovely» est dédié à sa fille Aisha, un prénom africain, alliant force et intelligence ; elle est née le 7 avril 1975 : «My life had changer for better» dit-il. On entend Aisha babiller dans ce tube : «Moins d'une minute d'âge, je n'aurais jamais pensé qu'à travers l'amour nous ne ferions qu'un aussi adorable qu'elle. Mais n'est-elle pas adorable, faite d'amour ? N'est-elle pas belle, vraiment, le plus beau des anges. Hey, je suis si heureux. Nous avons été bénis par le ciel. Je n'arrive pas à croire ce que Dieu a fait. À travers nous, il a donné la vie à quelqu'un. N'est-elle pas adorable. La vie et l'amour, c'est la même chose. La vie c'est Aisha», chante-t-il. Stevie WONDER a chanté également, «How Will I Know You», avec sa fille : «C'est un duo très touchant pour moi, car je crois que les valeurs de la parenté sont fondamentales dans une société. Je vois tellement de gamins dans les ghettos qui n'ont pas de points de repère, qui sont livrés à eux-mêmes. Ils n'ont pas de parents pour leur dire ce qui est juste, ce qui est interdit, ou pour leur conseiller un livre» dit-il.
«As» est l’une des chansons les plus éblouissantes, les plus humanistes de Stevie WONDER ; il y développe une promesse d’amour, avec un grand lyrisme : l’amour pour la femme qu’il aime, mais aussi l’amour le plus universel, ou un amour d’ordre spirituel. L’Amour n’étant pas que de la joie, peut être aussi source de souffrance. Sa chanson, «Shelter in the Rain» est un hommage à son frère Larry, mort : «Je voulais montrer l'extrême complexité de ce sentiment. Aimer n'est pas qu'une source de plaisir, c'est également l'acceptation de ce qui nous fait souffrir, comme la perte d'un être cher. Au début, je n'arrivais pas à accepter ce vide sans fin. J'étais enragé. J'ai compris à ce moment-là que cette souffrance ne pouvait guérir qu'à travers l'amour que je portais en moi pour Larry» dit-il. L’amour et la douleur sont parfois inséparables : «you cannot value joy, if you have not experienced what it is to cry and to be sad” dit-il. Stevie WONDER étant un homme à femmes, l’amour charnel est l’un des puissants moteurs de sa créativité musicale. Aussi, il est parfois confronté, à des amours contrariées. En 1968, dans «My Chérie Amour» il chante «Ma chérie amour, belle comme une journée d'été. Ma chérie amour, distante comme la voie lactée. Ma chérie amour, jolie petite que j'adore. Tu es la seule fille pour laquelle mon cœur bat. Comme je souhaite que tu sois à moi. Dans un café ou parfois dans une rue bondée, j'ai été près de toi, mais tu ne m'as jamais remarqué». Le 4 septembre 1970, Stevie WONDER se marie avec Syreeta WRIGHT qui co-écrit des chansons avec lui. Syreeta voulait être une artiste reconnue ; deux fortes personnalités qui ont fini par se séparer un an et demi après leur mariage. En fait, Stevie WONDER entretenait durant son mariage, une relation avec Yvonne WRIGHT «Marriage can also turn into a heavy possession trip. It can make people trapped» dit-il. Mais Stevie reconnaît lui-même ses infidélités : «Sex, even though it is beautiful, is man’s weekness» dit-il. Un de ses amis dit de Stevie qu’il a une mentalité de polygame : «Fucking and music, that’s Steve’s life» dit Lee GURRETT. C’est à cette période qu’il écrit «You are the Sunshine of my Life» une chanson sur l’amour, dédiée Syreeta WRIGHT, devenue son ex-épouse : «Tu es le soleil de ma vie, voilà pourquoi je serai toujours à tes côtés. Tu es la prunelle de mes yeux. Pour toujours tu resteras dans mon cœur. J'ai l'impression que tout ceci est le commencement, même si je t'aime depuis un million d'années. Et si je croyais que notre amour se terminait, je me retrouverais noyé dans mes propres larmes» écrit-il. En 1973, il rencontre Yolanda SIMMONS, qui recherchait un emploi de secrétaire ; il avait été séduit par le timbre de sa voix. Stevie se remarie avec Kai Millard MORRIS en 2001. Leur divorce est prononcé en 2015. En juillet 2017, après cinq ans de vie commune, il épouse Tomeeka Robyn BRACY.
Dans ses séductions ou ses rencontres malheureuses, Stevie WONDER expose ses peines de cœur, notamment dans «Overjoy» : «Au-dessus du temps, j'ai bâti mon château de l'amour, juste pour deux, bien que tu n'aies jamais su que tu étais ma raison. Je suis parti bien trop loin pour que tu me dises maintenant, que je dois me débarrasser de mon château. Au-dessus des rêves, j'en ai choisi un parfait à réaliser, bien que tu n'aies jamais su que c'était de toi que j'avais rêvé. Le marchand de sable est venu de si loin, pour que tu lui dises repasse un autre jour. Et bien que tu ne crois pas ce qu'ils font. Ils se réalisent, mes rêves se sont, réalisés quand je t'ai regardée. Et peut-être aussi, si tu y croyais. Tu pourrais être aussi transportée de joie, aimée à la folie, par moi. (…). En amour, tout ce dont un véritable amour a besoin est d'une chance. Et peut-être qu'avec une chance tu te trouveras, toi aussi, comme moi, transportée de joie, aimée à la folie, par toi, par toi» chante-t-il.
II Stevie WONDER, chanteur de la Paix, la Liberté et la Solidarité
Le 3 mai 1973, Stevie WONDER ayant eu un accident grave, sa vie et sa musique ont été impactées : «You learn value of the life and the time» dit-il. Stevie WONDER pense que nous vivons un monde de péché, une vie trop trépidante et pleine de vanité. Chacun devrait donner le meilleur de lui-même, pour rendre le monde plus habitable. L’amour est une forme de respect de soi. Quand vous apprenez à vous respecter, vous aimerez mieux les autres. Subitement, Stevie WONDER investit de plus en plus dans l'humanitaire, la politique et la quête spirituelle : «Cette année-là, j'ai eu un grave accident de voiture. Je suis tombé dans le coma et j'ai perdu l'odorat. Depuis, ma vie a changé. L'une des premières choses que j'ai faites après ma convalescence fut de descendre dans le parc près de chez moi, à Los Angeles, et de m'étendre sur l'herbe pendant une heure. Je n'avais jamais fait ça. Jusqu'à ce jour, j'avais vécu dans un sentiment d'urgence : il fallait tout dire, le plus vite possible. Je n'étais pas vraiment là. D'un coup, je m'aperçus que ma vie personnelle, mon mariage étaient brisés. J'avais besoin de savoir qui j'étais, où je voulais aller. J'ai compris que la famille, la spiritualité, la réalité sociale devaient être pour moi des priorités. Et que la musique représentait définitivement mon moyen d'avancer dans cette voie» dit-il.
«On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux» écrit Antoine de SAINT-EXUPERY (1900-1944). «A Time to Love» est un puissant message, une déclaration d'amour et une danse de guerre. Un aveugle, même s’il ne voit pas, doit avoir «une vision», se battre pour que le monde prenne une autre direction : «J'ai vu les tours de New York brûler le 11 septembre et les bombes tomber en Irak. J'ai vu des hommes et des femmes mourir du sida. J'ai vu le racisme, la peur de la différence, la violence dans les yeux de l'autre. Et je vois les émeutes dans les banlieues de Paris. Où voulons-nous aller ? Je sens que je dois agir, me battre tous les jours pour que le monde prenne conscience et change de direction. Je ne conçois pas d'autres façons d'y parvenir, sinon à travers l'amour et l'investissement de soi. Certains d'entre nous ont cessé de rêver à un monde meilleur, de croire que nos utopies puissent devenir des réalités. Je sens que je dois agir, me battre tous les jours pour que le monde prenne conscience et change de direction. Je ne conçois pas d'autres façons d'y parvenir, sinon à travers l'amour et l'investissement de soi. Certains d'entre nous ont cessé de rêver à un monde meilleur, de croire que nos utopies puissent devenir des réalités. Mais que se serait-il passé si Martin Luther King nous avait dit : «Je fais un rêve». Mais je ne vais pas vous le raconter?». Lorsque j'écoute «Imagine», de John Lennon, je pleure. Je me fiche que l'on me prenne pour un naïf, que l'on dise que mes discours sont niais» dit-il à propos de «Time To Love».
Stevie est non-voyant, mais il a une vision des relations fondées sur l’égalité : “Je suis très reconnaissant que Dieu, m’ait accordé le talent d’écrire. Il m’offre la possibilité d’exprimer ce que je ressens” dit-il. Stevie WONDER, un humaniste doté d’une conscience aiguë de la réalité sociopolitique de son époque, s’est toujours battu pour l’émancipation et la liberté des Noirs. Il lutte pour l’égalité, contre la pauvreté et la compassion des gouvernants pour les fragiles. Ses chansons «Living for the City», «Big Brother», «You have not done Nothing” et “Happy Birthday to You” sont chargées de messages. Dans «Innervision» Stevie rêve tout haut d'un pays où coulent le miel et le lait, où c'est la haine qui à son tour est un rêve et l'amour réalité ; il en appelle à un amour fondé sur la compassion à travers ses chansons : «It was about the last days of beauty. All the horror and hypocrisy in the world today. People neglecting other people’s problem’s, and what needs doing socially, spiritually and domestically. I can only do it through my songs and I try to be positive about it” dit Stevie WONDER. «Free», est un hymne pour devenir et rester soi-même «Libre comme une rivière coule librement à travers l'infini. Libre d'être sûr de ce que je suis et de qui je n'ai pas besoin d'être. (…) Je n'ai rien, mais je possède la plus grande richesse, je suis libre. Être nulle part. (…) Libre comme une vision que seulement l'esprit peut voir» chante-t-il.
Stevie WONDER pense qu’il est investi d’une mission : «Being Steveland Morris, becoming Stevie Wonder, I have to ask to myself “Who is Stevie Wonder” ?” s’interroge-t-il. Ainsi, dans son rôle éducatif, Stevie WONDER dira au premier maire noir de Détroit, Coleman YOUNG (1918-1997), il faut que les policiers aillent dans les quartiers défavorisés, discuter de la situation des habitants dans les ghettos. Il pense que les artistes ont une mission d’éveilleurs de conscience, pour apprendre aux gens de la communauté à se respecter et à s’aimer. Dans «Ebony Girl» il a chanté la beauté et la fierté de la femme noire des ghettos, «a devastating beauty, a pretty girl with Ebony eyes». Chante-il dans «Ebony Girl». Dans les années 60, époque troublée, Stevie WONDER combat les inégalités raciales. «Living for the city» a été écrite pour un enfant de dix ans abattu par la police new-yorkaise : «Un enfant est né dans les temps difficiles du Mississippi. Entouré par quatre murs austères, ses parents lui ont donné de l'amour et de l'affection, pour qu'il soit courageux, pour qu'il aille dans le droit chemin. En vie juste assez, juste assez pour la ville. (…) J'espère que ma voix triste résonne en vous, et que ça vous motive pour faire en sorte que demain soit meilleur. Cet endroit est cruel, aucun autre endroit ne pourrait être plus froid. Si nous ne changeons pas, le monde sera bientôt du passé. Vivant juste assez, juste assez pour la ville» crie-t-il à la face du monde. Chanteur engagé dans la lutte pour les droits civiques, Stevie WONDER sait mettre son talent lyrique au service d’une cause essentielle : celle de l’égalité réelle. Dans sa dénonciation du racisme ancré dans la mentalité d’une société esclavagiste «Living for the City» est une puissante dénonciation du racisme aux Etats-Unis. En 1973, «Innervision» relate, avec bruitage de rues, voix et sirènes de police, le parcours d’un jeune Noir issu d’une famille pauvre du Mississipi qui tente de survivre à New York. Ce jeune se retrouvant au mauvais endroit au mauvais, est accusé d’un crime et mis en prison.
En pleine guerre du Vietnam et de mouvement pour les droits civiques, Stevie WONDER a repris, le 4 mai 1966, la chanson de Bob DYLAN, «Blowing in the Wind» ; c’est un combat politique et social, pour la paix «Sans la paix, il n’y a pas d’amour, et l’amour est le sommet de la paix» dit-il. C’est un puissant hymne à la paix et à l’égalité : «Combien de routes un homme doit-il emprunter, avant de l'appeler un homme ? Combien de mers la colombe blanche doit-elle naviguer, avant de dormir dans le sable ? Combien de fois les boulets de canon doivent voler, Avant qu'ils ne soient à jamais bannis ? (…) Combien d'années doivent exister certaines personnes, avant d'être autorisées à être libres ? Combien d'oreilles doit avoir une personne, avant d'entendre les gens pleurer ? Et combien de morts cela prendra-t-il jusqu'à ce qu'il sache, que trop de gens sont morts ?» chante-t-il.
«High Ground», sur fond de guerre du Vietnam et de la lutte pour les droits civiques, est adressé en particulier à la communauté noire. Stevie WONDER les exhorte à continuer à se battre pour des principes et valeurs, pour la liberté et la dignité, jusqu’à ce que ces objectifs soient atteints : «Les gens continuent d’apprendre. Les soldats continuent de combattre. Les gouvernants continuent de mentir, tandis que ton peuple continue de mourir. (…) Je suis tellement heureux, il (Dieu) me laisse essayer encore. (…) J’ai vécu un monde entier de péché. Je suis tellement heureux de savoir, plus que je ne le savais alors, je vais continuer de persister, jusqu’à ce que j’atteigne le sommet de la montagne» écrit-il.
Militant des droits civiques et ayant combattu contre la guerre du Vietnam, Stevie WONDER s’est réjoui de l’arrivée de Barack OBAMA, élu et réélu président des Etats-Unis «Beaucoup de personnes qui ont contribué à l’arrivée de ce jour : la famille Kennedy, la famille King, le révérend Jackson, les fillettes tuées par le Ku Klux Klan en Alabama [dans un attentat à la bombe contre une église baptiste, en 1963], Emmett Till (un métayer de 14 ans atrocement assassiné dans le Mississippi en 1955 pour avoir tenté de séduire une femme blanche), ainsi qu’à tous les militants des droits civiques assassinés. J’ai pensé à tous ces gens qui ont contribué à l’arrivée de ce jour» dit-il. Cependant, Stevie WONDER est resté lucide sur les responsabilités de Barack OBAMA «Vous savez, la lutte ne commence que lorsque vous gagnez. C’est là que le challenge commence. Quand vous réussissez, il y a toujours ceux qui vont trouver quelque chose contre vous, qui pensent que ça n’aurait pas dû arriver. Il y a des gens, et pas seulement en Amérique, qui ont espéré la défaite de Barack Obama. Mais une des choses importantes dans la vie est d’avoir la foi : ceux qui étaient négatifs et ce qu’ils ont dit n’ont fait que nous encourager à y croire plus encore, nous donner plus de détermination» précise-t-il.
Stevie WONDER compose «Haven’t Done Nothing» pour financer une campagne en Afrique de lutte contre la mouche tsé-tsé, facteur de cécité des enfants. Subitement, il s’intéresse à l’art africain. Un des premiers objets d’art ancien africain qu’il a acquis était une statue Dan de la Côte d’Ivoire achetée à Los Angeles vers 1980 auprès du marchand d’art Amadou Yacine THIAM, qu’il a ensuite offerte à Ron CARTER, grand musicien de jazz. En 1974, Stevie WONDER voulait abandonner la musique pour aller s’installer en Afrique, berceau de l’Humanité, afin de combattre la pauvreté «hope to bring back an alternative way from Africa» dit-il. Ce voyage pourrait aussi enrichir sa musique : “When you go into a culture or a different country, and you hear a certain kind of music, you can really show your appreciation of the music” dit-il.
En mars 1982, le chanteur en duo avec Paul McCARTNEY «Ebony and Ivory» est classé n°1. C’est un réquisitoire contre l’Apartheid. Lorsque Stevie WONDER, en 1984, a dédié «I just Called to Say I Love You» à Nelson MANDELA, en prison depuis 22 ans, sa musique a été interdite d'Afrique du Sud, et célébrera la libération de Nelson MANDELA. “I Just Called to Say I Love”, une musique de film : “Pas de jour de l'an à fêter. Pas de bonbons au chocolat en forme de cœurs à offrir. Pas de premier jour de printemps. Pas de chanson à chanter. (..) En fait c'est juste un jour comme les autres. (…). J'ai simplement appelé pour te dire je t'aime. J'ai simplement appelé pour te dire combien je me soucie de toi. J'ai simplement appelé pour te dire je t'aime. Et je l'ai dit du fin fond de mon cœur» dit-il. «Master Blaster» extrait de «Hotter than July», est bâti sur un rythme reggae en hommage à Bob MARLEY (1945-1981). Cette chanson évoque également la fin de la guerre de libération du Zimbabwe, survenue en 1979.
En 1985 Stevie participe au concert du «Band Aid» à Philadelphie, contre le SIDA, et en 1985, au projet «USA for Africa» contre la faim. Il a fait ses recommandations aux Africains, 60 ans après les indépendances : «Je crois vraiment que l’Afrique doit réussir à se présenter comme un continent uni. Trop de ressources naturelles ont été commercialisées sans que les peuples n’en bénéficient. Il faudrait les nationaliser à l’échelle du continent pour un partage juste des richesses. Et parvenir à dégager une langue centrale qui rassemble tout le monde. Nous devons laisser à tous la chance de grandir, de se développer, et de réussir» dit-il. Stevie ne connaît que le genre humain et l’Afrique est le berceau de l’Humanité : «C’est dans mon sang. Noirs, blancs, marron, jaunes ou je ne sais quoi encore… nous avons tous sur la planète un instinct naturel nous liant à l’Afrique puisque ce continent est le berceau de l’humanité. Il est naturel de se rapprocher de cette essence. Depuis tout petit, par exemple, j’écoute Myriam Makeba» dit-il.
Sous ses airs festifs et légers, «Happy Birthday to You» est en fait un véritable monument à la mémoire de Martin Luther KING, assassiné le 4 avril 1968. Stevie WONDER a mené la campagne pour que l'anniversaire de Martin Luther KING soit déclaré fête nationale. L'idée de faire reconnaître l'anniversaire du défenseur des droits civiques comme un jour férié a été proposée avant même les funérailles de Martin Luther KING. Le membre du Congrès John CONYERS, un démocrate du Michigan, a présenté un projet de loi proposant la fête nationale quatre jours seulement après l'assassinat, mais les conservateurs ont voulu enterrer ce projet, par des manœuvres dilatoires. Le projet de loi étant au point mort au Congrès, Stevie WONDER s'est consacré à sensibiliser et à soutenir la fête. En 1979, il se lance dans une tournée qui se terminera par un rassemblement sur le National Mall à Washington DC pour célébrer l'anniversaire de King. La tournée à guichets fermés mettait en vedette les amis célèbres de Stevie WONDER, notamment Michael JACKSON, Gil SCOTT-HERON, Diana ROSS et Carlos SANTANA. La finale à Washington DC a attiré une foule de 100 000 personnes.
En fait, la chanson «Happy Birthday» en hommage à Martin Luther KING (1929-1968), a été incluse sur son album de 1981, «Hotter Than July». Puis, en 1982, Stevie WONDER et Coretta SCOTT KING (1927-2006) ont présenté une pétition avec plus de six millions de signatures en faveur de «Martin Luther King Day» au président de la Chambre. Finalement, le Congrès a adopté le projet de loi et le président Ronald REAGAN a finalement signé la fête en 1983 : «Nous ne sommes qu'un grain de sable, mais, si chaque être faisait chaque jour un geste pour la paix, pour l'égalité et le respect de la vie, tout pourrait changer» dit-il. Le 20 janvier 1986 eut lieu la première commémoration du «Martin Luther King Day». Le concert qui eut lieu ce jour fut mémorable et Stevie WONDER en fut la vedette principale.
“Happy Birthday to you”, en hommage à Martin Luther KING, est également une chanson adaptée aux 70 ans de Stevie WONDER : «Vous savez, il n'a pas beaucoup de sens, il devrait y avoir une loi contre quiconque se fâche, lors d'une journée dans votre célébration, parce que nous connaissons tous dans nos esprits, qu'il devrait y avoir un temps que nous pouvons mettre de côté, pour montrer à quel point nous vous aimons. Et je suis sûr que vous en conviendriez, il ne pouvait pas tenir plus parfaitement, que d'avoir un parti mondial le jour où vous êtes né. Happy Birthday to You. Je n'ai jamais compris, comment un homme qui est mort pour le Bien, ne pouvait pas avoir un jour de célébration pour sa reconnaissance, parce qu'il ne devrait jamais être tout simplement parce que certains ne peuvent pas voir. Le rêve aussi clair qu'ils devraient faire devenir une illusion Et nous savons tous tout ce qu'il représentait, le temps qu'il apportera. Pour la paix de nos cœurs chanteront : Happy Birthday to You !
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Paris, 13 mai 2020, 70ème anniversaire de Stevie WONDER, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/