Le brouhaha de la tragédie de l'assassinat du premier ministre Japonais a couvert la mort le 8 juillet 2022 à Barcelone du 2ème président de l'Angola, Jose Eduardo DOS SANTOS. Il est né le 28 août 1942, à Sambizanga, dans la banlieue de Luanda, de parents immigrants de conditions très modestes, originaires de Sao Tomé et Principé. Son père, Alvino DOS SANTOS, est maçon, et sa mère, Jacinta JOSE PAULINO, employée de maison. La capitale de l’Angola est Luanda «Luanda est une ville chaotique, bruyante, aux trottoirs défoncés ou inexistants et à la circulation automobile anarchique. Située sur les hauteurs de la ville, la «Cidade Alta» (quartier présidentiel), est un havre de verdure, de silence et d’ordre. On y entend les oiseaux chanter» écrit Estelle MAUSSION dans «Dos Santos et Company». Grandissant dans un système colonial oppressif, le jeune Jose Eduardo, s’engage au sein du MPLA. Quand éclate la révolte du 4 février 1961, il est obligé de réfugier au Congo, l’actuel Zaïre. Pendant son exil, le MPLA le choisit pour recevoir une bourse pour aller suivre à Bakou, en Azerbaïdjan, une formation d’ingénieur spécialisé dans l’industrie du pétrole, un secteur stratégique pour l’avenir de l’Angola. C’est là où il rencontre Tatania KUKANOVA sa première épouse, une russe ; ils ont eu, en 1973, une fille, Isabel, surnommée «La Princesse» et mariée à un collectionneur d’art congolais. A son retour en Afrique, DOS SANTOS sera en charge de la communication au sein du MLA et deviendra un proche collaborateur de Agostinho NETO (1922-1979), futur premier président d’Angola, le 11 novembre 1975. Il est nommé dans le premier gouvernement Ministre des affaires étrangères. Jose Eduardo DOS SANTOS échappe aux purges de 1978, en se rendant utile ; il accède au poste de Ministre du Plan. Le 10 septembre 1975, Agostinho NETO meurt à Moscou. Il a eu comme successeur, Jose Eduardo DOS SANTOS, deuxième premier de l'Angola, qui devient le plus jeune président africain à 37 ans.
L'Angola est un pays d'Afrique australe couvrant une superficie de 1246 700 km2, soit 16,51 fois son colonisateur, le Portugal, un minuscule territoire de 92 212 km2, soit 2,2 fois la France avec ses 543 940 km2. L'Angola est délimitée à l'ouest par l'océan Atlantique, au Nord par les deux Congo, à l'Est par la Zambie et au Sud la Namibie, dernier pays africain à accéder à l'indépendance, le 21 mars 1990. L’Angola est constituée d’une multitude de groupes ethniques, dont les plus importants sont les Ovimbundu (37 % de la population), les Ambundu (25 %) et les Bakongo (13 %). On compte également 2 % de métis, 258 920 Chinois, et environ 200 000 Portugais. Or, les Ovimbundu, au centre, les M’Bundu à Luanda, et la Bakongo, au Nord et dans le Cabinda, bases du mouvement de Libération nationale, ont confisqué le pouvoir ; et cette ethnicisation de la vie politique, s’est gravement accentuée en raison de la guerre civile.
En particulier et contrairement à ce qui est dit l'Afrique, même si elle a une forte natalité, non maîtrisée reste encore un pays sous-peuplé. Ainsi en 2021, l'Angola, un vaste territoire comptait 33 933 611 habitants, soit une densité de 27 habitants au km2. L'ancien colonisateur portugais, avec ses 10 928 252 habitants a une densité de 112 habitants au km2. L'Angola, comme le Mozambique et la Guinée Bissau, sont de anciennes colonies portugaises qui n'ont accédé à l'indépendance que tardivement en 1975, après des guerres de libération nationale. Pour l'essentiel, les anciennes colonies françaises ont accédé à l'indépendance en 1960, mais ligotés, mais un ingénieux système mis en place le général Charles de GAULLE (1890-1970) et Jacques FOCCART (1913-1997) dit de la Françafrique (Voir mon article Charles de Gaulle et l’Afrique), une indépendance dans la dépendance (Accords de coopération civile et militaire Française CFA). Dans «ce protocole de l'Elysée» en référence au titre d’un ouvrage de Thierno Alassane SALL, rien ne doit bouger dans les «provinces françaises» d'Afrique.
Les gens l'oublient trop souvent, les premiers européens, maitrisant la navigation, à débarquer en Afrique, c'étaient les Portugais, bien avant les Français et les Anglais. Pendant longtemps, les Occidentaux, enveloppés dans un nuage de superstitions, croyant que les mers étaient habitées par le Diable ou les mauvais esprits, n’osaient pas traverser les océans. Cependant, le voyage, à la Mecque, en 1324, de Kankan Moussa (1280-131337), du 10ème Mansa, un empereur malien avec des centaines de kilogrammes d'or, a considérablement changé la donne, en attirant toutes les convoitises sur les richesses naturelles africaines. La vie de Kankan Moussa nous est parvenue grâce à l'historien tunisien, Ibn KHALDOUN (1332-1406). Le Mali était, à l'époque, le pays le plus riche du monde.
Les Portugais, à travers l'explorateur Diogo CAO (1450-1486) envoyé par le roi Jean II (1455-1495), ont débarqué, pour la première fois en Afrique australe vers 1482 et ont planté une croix sur la côte angolaise et ont expédié de nombreux esclaves angolais au Brésil. Cependant, cette occupation des côtes est accompagnée d'une résistance des royaumes traditionnels à l'intérieur des terres. La lutte héroïque de la Reine Anne NZINGUA (1583-1663) une femme éduquée, stratège et diplomate, a été louée pendant la guerre d'indépendance.
Jose Eduardo DOS SANTOS est resté au pouvoir en vrai chef de village pendant 38 ans et 15 jours, soit du 21 septembre 1979 au 25 septembre 2017. Aux élections de 1992, il rafle 81,6% de voix et recueille 191 députés sur 220. L’UNITA, le parti d’opposition aura donc 10,4%, soit 70 députés. En septembre 2008, le parti du président remporte, avec plus de 80 p. 100 des voix, les élections législatives, les premières organisées depuis 1992. Mais l’élection présidentielle est à nouveau reportée. Une nouvelle Constitution, adoptée en 2010, met fin au suffrage universel direct : elle établit que le chef de l’État sera le leader du parti vainqueur aux élections. Une limite de deux mandats de cinq ans est instaurée ; mais, sans effet rétroactif, elle permet au président Jose Eduardo DOS SANTOS de rester encore dix ans au pouvoir. Ainsi, lorsque le MPLA remporte les élections législatives en août 2012, le président Dos Santos est automatiquement confirmé à son poste à la tête de l'État. Cependant, en février 2017, il annonce qu’il ne briguera pas de nouveau mandat. À l’issue des élections générales d’août 2017, le candidat du MPLA João Lourenço, ex-ministre de la Défense, remplace José Eduardo dos Santos à la tête de l’État, celui-ci conservant toutefois la direction du parti jusqu’au congrès du MPLA en septembre 2018.
«Sur le papier, l’Angola est une démocratie. Il y a une Constitution, des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire séparés, des élections organisées régulièrement. Dans les faits, le président angolais décide de tout, tout seul» écrit, en 2019, Estelle MAUSSION dans «Dos Santos et Company». L'autre particularité du président Jose Eduardo DOS SANTOS, il a été marié 5 fois et a eu 9 enfants connus. Jose Eduardo DOS SANTOS considère le pays comme sa propriété privée ; il n’administre pas un Etat, il règne sur une entreprise familiale, en distribuant des prébendes à sa famille et à ses amis. Autoritaire, on dit que Isabel, métisse née avec une épouse russe, la fille aînée de Jose Eduardo DOS SANTOS, est devenue milliardaire en contrôlant, dans un pays appelé «le Dubai de l’Afrique», l’industrie du diamant, les banques, les télécoms, l’immobilier et le commerce.
Si Edouardo DOS SANTOS avait renoncé à se représenter à l’élection présidentielle, il n’avait pas abandonné la présidence du MPLA, où il avait été réélu en 2015 jusqu’en 2022. De l’assemblée nationale aux membres du gouvernement, le MPLA détient la majorité des postes et des places. Son candidat, le ministre de la défense, Joao Lourenço, lui a succédé à la présidence de la République et une bonne partie de son clan est resté aux postes clés aux commandes de l’Angola (Armée, Police et Renseignements).
Par conséquent, aussi bien Angola, en Algérie ou ailleurs en Afrique, les mouvements de libération nationale ont utilisé «une rente mémorielle», suivant une expression que j'emprunte au président MACRON, pour se maintenir abusivement au pouvoir.
L'actuel président de l'Angola, Joâo LOUREçO, est au pouvoir depuis septembre 2017. La prochaine élection présidentielle en Angola se tiendra le 24 août 2022. Pour le chef de l’opposition, Adalberto COSTA Junior, de l’UNITA, un député, «Le gouvernement angolais a déjà démontré qu'il n'a pas la volonté d'organiser un acte transparent». Depuis son arrivée au pouvoir, en 2017, le président Joâo Lourenço, a lancé une campagne pour récupérer les milliards supposément détournés sous le règne de son prédécesseur, DOS SANTOS, accusé de népotisme ; certains, notamment sa fille Isabel devenue milliardaire, estiment qu’il s’agirait d’une «chasse aux sorcières» en vue de s’éterniser, lui aussi, au pouvoir.
Un point commun des dirigeants africains ils meurent presque tous dans les pays occidentaux. Ils n'ont pas confiance en leur système de santé. L'Angola détient le triste record de taux de mortalité infantile, 74,7% des enfants meurent avant l'âge de 5 ans et l'espérance moyenne de vie ne dépasse pas 62 ans.
Il est à mettre au crédit de Jose Eduardo DOS SANTOS non seulement d’avoir survécu à une longue guerre civile, mais d’avoir aussi reconstruit son pays, devenu le deuxième grand pays africain producteur de pétrole. Mais la répartition des richesses a été largement accaparé par les membres de sa famille et la Nomenclatura.
Les résultats en matière d’éducation sont contrastés. A l'indépendance et après 5 siècles de présence portugaise, 75% de la population était analphabète. Le gouvernement angolais consacre 3,5% de son produit intérieur brut à l'éducation devenue obligatoire, basé sur le portugais, à partir de l'âge de 6 ans et a construit des universités. L'Angola est un pays très jeune, les 0 à 14 ans représentent 46% de la population. La guerre civile jusqu'en 2002 avait gravement perturbé le système éducatif avec des résultats mitigés. On estime maintenant le taux d'alphabétisation à 71% dont 82% pour les hommes 61% pour les femmes qui représentent 50,5% de la population. Les zones rurales sont particulièrement défavorisées et on estime que le niveau a baissé en raison d'enseignants mal formés.
Par conséquent, ce qui compte c'est la qualité de la population. Ainsi la minuscule Belgique a pu coloniser l'immense Congo Kinshasa. La population est donc une ressource, Israël et la Chine le pratique, si on sait la faire fructifier, en la formant, et en mettant au travail en abandonnant cet assistant et cette irresponsabilité. Les diasporas africaines, réduites actuellement en pompes à fric, peuvent être d'une grande utilité en expertise pour les pays africains, si on leur faisait confiance.
L'Angola, un pays riche de son pétrole a accédé à l'indépendance après une lutte de libération nationale entre 1961 et 1974, avec l'appui des Soviétiques, en temps de Guerre froide. Aussitôt après, entre 1975 et 2002, ce pays connaîtra une guerre civile entre le MPLA au pouvoir d'obédience communiste et l’Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola, U.N.I.T.A, de Jonas SAVIMBI (1934-2002), appuyée par l’Afrique du Sud et les Etats-Unis, en ciblant la province du Cabinda, regorgeant abondamment de pétrole. Faisant preuve de souplesse et de pragmatisme, Jose Eduardo DOS SANTOS tente d'améliorer les relations de son pays avec l'Occident, notamment avec les États-Unis, qui ne reconnaissent toujours pas le gouvernement du MPLA Au début des années 1990, il abandonne la doctrine marxiste-léniniste et ordonne le retrait d'Angola des troupes cubaines qui y étaient stationnées depuis la fin des années 1970. Cette évolution ne modifie pourtant pas la position de l'UNITA qui intensifie ses attaques. Sous la pression internationale, Jose Eduardo DOS SANTOS signe, le 31 mai 1991, un accord de paix avec Jonas SAVIMBI et accepte d'organiser des élections libres et pluralistes. Mais son succès en 1992 conduit l'UNITA à reprendre les armes. Un nouvel accord de paix, signé à Lusaka (Zambie) en novembre 1994, qui prévoit un partage du pouvoir, permet la constitution d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Toutefois, la reprise de la lutte armée et l'extension des combats à l'ensemble du pays poussent Jose Eduardo SANTOS à prendre, à partir du 29 janvier 1999, les pleins pouvoirs. La mort au combat, le 22 février 2002, de Jonas SAVIMBI, et son exhumation et inhumation, en janvier 2019, dans son village au cours d'obsèques publiques, ont été placées sous le signe de la «réconciliation» nationale, mettant ainsi fin à cette guerre du pétrole, avec ses 500 000 morts. Un ultime accord de paix, signé le 4 avril 2002, ramène le calme dans le pays après vingt-sept années de conflit. Cette réconciliation a été rendue possible à la suite du départ en 2017 du président Eduardo DOS SANTOS. Depuis lors, l’UNITA est devenu un parti légal participant aux différents scrutins.
Dans leur grand malheur les populations africaines, après les indépendances sont restées les jouets des puissances étrangères et de leurs chefs de village. Par conséquent, il y a quelque chose qui ne va pas pour l’Afrique et ses diasporas, en dépit des 62 ans d’indépendance, toujours dans la servitude et la dépendance. Quoi exactement ? Que faudrait-il faire pour retrouver notre souveraineté, notre dignité et notre liberté d’Hommes, tout restant en commerce équitable avec le reste du monde ? Ce n’est pas toujours de la faute aux autres. L’individu, entendant conserver ou conquérir sa liberté, et sortir de la Minorité, devrait suivre l’injonction du philosophe allemand, Emmanuel KANT (1724-1804) ; ce qui caractérise les Lumières c’est «émancipation de la personne humaine par la connaissance, comme l'acquisition par l'homme de son autonomie intellectuelle – soit une rupture avec l'autorité des traditions : oser penser par soi-même, «Sapere Aude», et se libérer des vérités imposées de l'extérieur qui maintiennent l'humanité en tutelle» écrit-il.
Le combat est difficile de rester en paix avec soi-même et avec les autres, mais je suis en permanence habité par l’Espérance : «Même après la nuit noire, l'aube se lèvera» écrivait dans «les Misérables» Victor HUGO (1802-1885).
Brèves références bibliographiques
«Le vrai théâtre politique, c’est affirmer la dignité de l’Homme» dit Peter BROOK. Loin des futiles agitations d’un monde autocentré, paisible, affable, simple, habité par un monde intérieur de la compassion, Peter BROOK dans sa vision d’un théâtre du monde, a considérablement valorisé l’héritage culturel de l’Afrique et de ses diasporas. «Peter Brook est le metteur en scène des points de vue changeants et des vérités multiples. Pendant sa carrière, il a souvent surpris la critique avec des variations soudaines et imprévues. Toutefois, dans le mouvement continuel qui caractérise son théâtre, apparaît une présence constante : l’Afrique. Brook instaure avec ce continent un rapport privilégié fait de nombreux voyages, de mises en scène d’ambiance africaine et d’une longue collaboration avec des acteurs africains. Dans sa recherche de régénération, Brook se détache des tendances théâtrales de l’époque et entreprend un parcours tout à fait original : il est le premier metteur en scène à s’adresser à l’Afrique, tandis que la plupart des artistes de théâtre se tournaient plutôt vers l’Orient, afin de saisir les secrets des anciennes traditions scéniques riches d’une codification millénaire», écrit Rosaria RUFINI, dans «Africultures». En effet, confirmé à 16 ans, comme adepte de l’église anglicane, Peter BROOK, dans ses convictions a continué à s’interroger, à haute voix, sur le sens de l’engagement spirituel : «Cela m’a conduit à penser, «pourquoi ce serait mieux que l’Islam ?» Alors j’ai lu sur l’Islam, et puis sur le Bouddhisme. Et cela m’a conduit en Inde. Mais je suis toujours à la case départ. Goûter, tester, questionner et jamais arriver à une conclusion» dit-il. «Nier ce qui est le fondement de votre voie est artificiel, il s'est toujours interdit de considérer une civilisation, un mode de penser comme supérieur aux autres, à commencer par le sien» dit Peter BROOK.
Aussi, Peter BROOK, animé d’un esprit de Fraternité et de Justice, avait remarqué, qu’en raison de graves préjugés coloniaux, l’Afrique et ses artistes ont été dans les capitales occidentales souvent marginalisés et ostracisés. «J’ai la conviction, qu’au-delà de mille différences réelles, mais superficielles, tous les Hommes sont les mêmes. Si on part de cette conviction, le racisme disparaît» dit Peter BROOK, dans sa grande bienveillance. Par conséquent, Peter BROOK est, avant tout, un metteur en scène ouvrant aux comédiens africains à Paris, des portes restées jusqu’ici fermées, si ce n’étaient que pour des rôles subalternes ou décoratifs. En effet, comme René MARAN, qui voulait être un «Homme pareil aux autres», Peter BROOK a donné l’opportunité aux comédiens africains, exilés à Paris, de pouvoir exprime, pleinement, la mesure de tous leurs talents.
Né à Chiswick, à Londres, le 21 mars 1925, de parents Juifs originaires de Lettonie, territoire russe à l’époque, Peter BROOK, vivant à Paris depuis 1971, avait pour ambition d’abattre les murs d’incompréhension entre les Hommes. «Le Paris que j’ai découvert dans ma jeunesse était une plaque tournante et un centre bouillant pour la culture. A Londres, je trouvais que la culture était refermée sur elle-même. Mon désir de dépasser les frontières avait aussi un sens politique car on ne peut pas se contenter de rester sur son quant-à-soi» dit-il. En 1974, Peter BROOK déniche un lieu insolite et envoûtant, le théâtre des Bouffes du Nord, fermé depuis 20 ans et situé dans le quartier populaire de la Chapelle, entre Barbès et la Gare du Nord. Il y réunit, dans son multiculturalisme des artistes de tous les pays, notamment Africains, jusqu’ici marginalisés : «La découverte des Bouffes du Nord n’a pas été due au hasard: c’était la suite des trois ans d’exploration, en Afrique et ailleurs, avec le Centre International de Créations Théâtrale. Nous avons d’abord fait des centaines d’improvisations dans des lieux de la région parisienne qui n’avaient jamais été utilisés pour des spectacles. Dans des foyers pour immigrés, des écoles, avec des handicapés, dans des hôpitaux, des prisons. Puis nous sommes allés en Afrique et nous avons constaté que, n’importe où, on pouvait mettre un tapis et avoir des gens assis autour» dit Peter BROOK.
Citoyen du monde, riche de ses rencontres, Peter BROOK tient son ouverture aux autres de ses parents : «Ce sont mes parents qui m'ont donné ce goût des voyages. Mon père y voyait la meilleure des formations. De même que ma mère. C'étaient des gens ouverts. Ils croyaient au progrès par la science. Autant qu'une conviction, c'était leur vraie foi» dit-il. En effet, son père, d’une famille d’esprit libéral, Simon BROOK, né à Dvinsk en 1888, un partisan des Mencheviks et adepte de KARENSKI, s’expatriera à Liège, en Belgique. Il prend le nom de «BROUCK» et étudie la physique, les mathématiques et l’ingénierie électrique. Sa fiancée, Ida JANSEN, chimiste, le rejoint, pour l’épouser en 1914. Le couple part à Bruxelles, puis à Ostende, à Paris, pour s’installer à Londres, là où est né Peter BROOK. Ses parents destinaient son frère Alex, à la médecine ; Peter devait devenir un avocat. En 1942, à 17 ans, il se révolte et veut devenir un metteur en scène pour réaliser des films. «Je voulais être écrivain, journaliste, compositeur, musicien, peintre mais je me suis vite aperçu que je ne pourrais jamais rivaliser avec les artistes qui étaient mes références à l’époque» dit-il.
Peter BROOK s’est d’abord essayé en Grande-Bretagne à diverses œuvres occidentales, comme Hamlet ou l’opéra de Dom Juan. «Dans l’Angleterre extrêmement fermée et grise de ces années-là, je me suis d’abord intéressé au théâtre à cause de l’ambiance qui y régnait : une certaine énergie, une certaine excitation. Le théâtre lui-même était d’un ennui mortel, mais, à l’intérieur de cette forme artificielle, il y avait une grande vitalité» dit-il. S’ennuyant à Londres, esprit mobile, en lutte contre le conformisme, et parfois aventureux, Peter BROOK est constamment en lutte contre la routine «le diable, c’est l’ennui» tel est le titre d’un de ses ouvrages «tout le problème est de savoir s’il y a cette étincelle, cette petite flamme qui s’allume et qui donne une intensité à ce moment ramassé ou pas» écrit-il. Aussi, pour tenir, constamment en éveil son public, il combat sans cesse l’ennui, afin de maintenir la flamme : «Au théâtre, l'ennui, tel le diable, peut surgir à chaque moment. Il suffit d'un rien et il vous saute dessus. Il guette, il est vorace ! Il cherche le moment pour se glisser de manière invisible à l'intérieur d'une action, d'un geste, d'une phrase. Au théâtre, dès qu'apparaît en moi l'ennui, c'est un clignotant rouge !» écrit-il.
A Paris, dans ce désir de découvrir l’autre, Peter BROOK est à l’aise dans ce multiculturalisme «C’est à l’invitation de Jean-Louis Barrault, qui me proposait de diriger un atelier dans le cadre du Théâtre des nations, que j’ai commencé à rencontrer à Paris des acteurs américains, portugais, français, africains et japonais, qui, à l’époque, n’étaient présents sur aucune scène de théâtre. Ce qui m’intéressait, c’était de réunir des gens de cultures différentes pour les faire travailler ensemble sur une même histoire» dit-il. Dans son livre autobiographique, «oublier le temps» paru en 2017, Peter BROOK relate combien une vie peut être habitée par une vocation autant qu’elle peut la faire. L’artiste raconte, dans cet ouvrage, ses débuts à Londres, son installation à Paris, ses rapports avec le groupe Gurdjieff, ainsi que ses rencontres avec des figures culturelles marquantes de la vie culturelle française et internationale. Adoptant un parti pris d'éclectisme, il présente successivement des auteurs aussi divers que Jean-Paul SARTRE, André RUSSIN, Dostoïevski ou Jean ANOUILH. Peter BROOK avait pour ambition d’aider les autres à se faire entendre. En effet, à Paris, Peter BROOK confie le rôle de Polonius, le lord chambellan et conseiller du roi, dans la tragédie de Hamlet, à un comédien malien, Habib DEMBELE, dit Guimba. Spécialiste de William SHAKESPEARE, il s’est frotté à sa production littéraire, à travers ses nombreuses dimensions, toujours insaisissables et inaccessibles «Les pièces de Shakespeare sont comme des planètes. Dans un incessant mouvement, elles s’approchent un moment de nous, puis s’éloignent en tourbillonnant sur leur orbite» écrit-il.
En France, Peter BROOK a fait triompher, à Avignon, son «Mahabharata», une épopée indienne, relatant la lutte dynastique qui oppose deux branches d'une même famille : les Pandava et les Kaurava. Leur opposition ira jusqu'à mettre en péril l'existence du monde même. Peter BROOK ayant repéré Sotigui KOUYATE (1936-2010), un artiste guinéen d’origine, malien de naissance, Burkinabé d’adoption, performant un film de Christian RICHARD, «le courage des autres», il l’engage dans le «Mahabharata», pour incarner le rôle du sage Bhisma, une sorte de voix des Ancêtres, incarnant les forces de l’esprit, avec une certaine fantaisie. En 1990, lors de la création de la pièce, «La Tempête» de William SHAKESPEARE, Peter BROOK confie également à Sotigui KOUYATE le rôle de Prospéro. «Les acteurs occidentaux ont bien des qualités nécessaires pour explorer, dans les pièces de Shakespeare, tout ce qui touche à la colère, à la violence politique, à la souffrance sexuelle, à l’introspection psychologique. Mais il ne leur est pas facile de trouver des images d’un monde invisible» dit Peter BROOK. Cet artiste, devenu l’acteur fétiche de Peter BROOK va collaborer avec Sotigui KOUYATE pendant quatre années, notamment dans «Hamlet», «Qui est là», «Antigone», «l’homme qui prenait sa femme pour un chapeau» ou le «Costume» du Sud-africain, Can TEMBA, ainsi que «Thierno Bocar» de Amadou Hampâté BA. En définitive, Sotigui KOUYATE considérait Peter BROOK, son mentor, comme une représentation de la figure paternelle : «Je n’ai jamais vu mon père regarder derrière lui. Un bruit, quelqu’un qui appelle, il s’arrêtait, mais ne se retournait pas. Après sa mort, j’ai trouvé une réponse : il m’apprenait ainsi à vivre devant moi, sans jamais revenir en arrière. Je trouve cela dans le travail de Peter Brook : ce qui est fait est fait ; on ne peut pas revenir sur une représentation d’hier pour jouer aujourd’hui» dit Sotigui KOUYATE. Finalement, Sotigui KOUYATE dira «En Occident on dit : «il faut tuer le père, pour être ; chez nous on dit «soit ton père, mais dépasse-le».
A Paris, recherchant une renaissance culturelle, Peter BROOK a mis de la couleur dans l’espace théâtral parisien «Peter Brook a été un des premiers à introduire de la diversité, et ça n’a pas été une petite révolution, un théâtre qui était essentiellement blanc» dit Olivier PY, directeur du théâtre national d’Avignon. En effet, dans ses rapports avec les Africains, Peter BROOK a toujours considéré que la différence, loin de constituer un Mal, est une extraordinaire source d’inspiration, une façon de renouveler constamment son art, en fuyant l’ennui et le conservatisme. Par conséquent, Peter BROOK s’est fixé comme objectif : abattre les cloisons d’incompréhension établis, artificiellement, entre les Hommes par les forces du Chaos. Dans son art, il s’agit de révéler au spectateur ce qui est caché. Peter BROOK est convaincu que l’Afrique, continent des forces de l’esprit, berceau de l’Humanité, concentre et réunit, en elle seule, le profane et le sacré, le visible et l’invisible. Parlant plusieurs langues et beaucoup voyagé et riche de ses rencontres, Peter BROOK, curieux de tout et des autres, a fait du théâtre un puissant outil de rapprochement et de compréhension entre les peuples.
Peter BROOK fut l'un des premiers grands metteurs en scène à s’adresser à l'Afrique, en adaptant en 1979, avec Michael BOWENS, «l’Os» de Birago DIOP : «J’ai toujours été fasciné par la tradition du conte. C’est comme ça que je me suis intéressé aux écrits d’Amadou Hampâté Bâ, Birago Diop ou Thierno Bocar, incarné par Habib DEMBELE dit Guimba. J’aimais la capacité qu’ont les conteurs africains d’inventer des situations comiques pour capter l’attention de leur auditoire» dit Peter BROOK. Peter BROOK avait monté, en 2003, une pièce de théâtre sur un des ouvrages de Amadou Hampâté BA, et concernant son guide spirituel et mentor, Thierno Bocar, persécuté par le colonisateur français. En effet, Peter BROOK est un partisan de l’humanité du sourire : «Être trop sérieux n’est pas très sérieux» disait Amadou Hampâté BA (1900-1991, voir mon article sur ce traditionnaliste). Dans sa solidarité constante et indéfectible avec les racisés, Peter BROOK est en fait un grand humaniste. Dans son livre, «l’espace du vide. Ecrits sur le théâtre», il a de plus grandes ambitions. Le théâtre est pour lui, à coup sûr, une fin. Mais il est aussi le moyen de fonder et d´entretenir une communauté d´hommes et de femmes capables de porter atteinte, par leur seul exemple, à un ordre établi, d´apporter une inquiétude et un bonheur que d´autres arts du spectacle, trop dépendants des forces économiques qu´ils pourraient dénoncer, ne peuvent faire éclore. Aussi, Peter BROOK avait aussi fortement appuyé Raliatou Fifi NIANE, une des filles de Djibril Tamsir NIANE (1932-2021, voir mon article), un traditionnaliste africain.
Peter BROOK s’intéressait aussi aux artistes sud-africains noirs au temps de l’Apartheid : «En Afrique du Sud, avec l’apartheid, c’était infiniment plus compliqué. Dans cette société à la cruauté sans pareil, toute forme d’art était interdite aux Noirs. Mais j’ai découvert une exception à la règle. Par nécessité commerciale l’espace du marché de Johannesburg était un endroit qui ignorait la discrimination raciale. Les Noirs et les Blancs pouvaient s’y côtoyer et c’est ce qui avait conduit Barney Simon à y créer le Market Theater avec la possibilité de réunir une distribution mixte et de jouer devant un public mixte. Nous sommes devenus amis, c’est là que j’ai découvert les pièces d’Athol Fugard que nous avons fait venir plus tard aux Bouffes du Nord» dit-il. En particulier, Peter BROOK engage Habib DEMBELE, dit Guimba, né à San (Mali), candidat aux présidentielles maliennes de 2002, «pour rire», à jouer, en 2006, dans «Sizwe Banzi est mort», une pièce écrite en 1972, par des auteurs Sud-Africains Athol FUGARD, John KANI et Winston NTSHONA. Le rôle d’un comédien comme Habib DEMBELE est de regarder la vie, de la célébrer, de «mettre en relief ce qui normalement passe inaperçu : les impulsions, les réactions, tout ce qui chez l’être humain est caché. Habib Dembélé, qui joue dans Sizwe Banzi, est un acteur qui regarde la vie comme Cartier-Bresson, avec un sens de l’observation et un humour incroyablement aigus. Et quand il joue, parce qu’il a développé un corps qui répond à cela, toute cette observation, cette énergie, et en même temps ces sentiments de joie devant l’absurdité des choses, tout cela s’exprime, se met en relief. C’est bien plus que de l’expression corporelle, ce n’est pas de l’expression personnelle : il ne parle pas que de lui en faisant cela, il parle de quelqu’un d’autre» dit Peter BROOK. Ici, dans ce théâtre dit des «Townships», des laissés-pour-compte, au temps de l’Apartheid, se concentre sur une expérience humaine douloureuse, celle du racisme dans sa dureté la plus crue, un monde déshumanisant de toute une communauté noire frappée d’opprobre. «Dans les années 70, alors que l’on travaillait en Europe et à New York à changer le théâtre, à impliquer non seulement l’intellect de l’acteur mais également tout son corps, voilà que ces acteurs sud-africains, en utilisant les matériaux de base du théâtre – le corps, l’imagination, les mots – arrivaient à une forme théâtrale à laquelle nous aspirions. C’était une forme d’une grande vitalité née dans les rues de la nécessité de communiquer avec l’autre» dit Peter BROOK. En 1950, en Afrique du Sud, sont réglementées les identités raciales, interdites les relations sexuelles et l’union maritale entre membres de «races» différentes, réduite la liberté de déplacement des Noirs, et interdite toute remise en cause de cet ordre. L’Apartheid renforce ce système de ségrégation raciale. Aussi, le personnage principal de cette pièce de théâtre, Sizwe Banzi, un sans-papier, va usurper les papiers, en règle d’un mort, afin de pouvoir survivre. Cependant, en renonçant à son vrai nom, Sizwe Banzi doit également renoncer à son identité, à son histoire et cette perte est une grande déchirure ; en effet, renoncer à son nom, c’est un peu mourir. Peter BROOK fait appel, dans cette pièce de théâtre, à un comédien belge d’origine congolaise, Pitcho Womba KONGA. Dans son humanisme et son souci Peter BROOK qualifie l’Apartheid «d’une des plus monstrueuses distorsions du monde moderne». Cette une tragédie comédie, une leçon de courage et d’humanité, une souffrance et une joie de vivre, fait «rire pour ne pas pleurer» écrit Aurélie OLIVIER. Sizwe Banzi reste encore d’une grande actualité en raison du drame que vivent les migrants et les sans-papiers dans les pays riches. Cette pièce est une puissante de dénonciation de l’oppression et de l’intolérance «Qu’est-ce qui se passe dans ce foutu monde ? Je suis un homme. J’ai des yeux pour voir» s’écrit Sizwe Banzi.
Dans son éthique de curiosité et d’ouverture aux Africains, Peter BROOK a aussi mis en scène en 1999, aux Bouffes du Nord, une nouvelle d’un Sud-africain, Can THEMBA (1924-1968), «The Suit» ou «le Costume». C’est une évocation, dans un système d’Apartheid déshumanisant, l’injustice, le pardon et la compassion. Le décor qui sent le soufre, avec l’alcool, la musique, le couteau et le sexe, prend place à Sofia, un township noir de la banlieue de Johannesburg, maintenant rasé, incarnant un îlot de joie de vivre. «Cette township avec ses crimes, ses putes, ses musiciens de jazz assoiffés d'illicites ambroisies, ses poètes, ses photographes, ses écrivains, ses gangsters gorgés de cinéma américain et même quelques Blancs : un mélange de gens, une concentration de pensée et de talent ayant à voir avec le Saint-Germain-des-Prés ou le Tanger de naguère. a misère en plus», dit Peter BROOK. Il fait appel à trois comédiens noirs talentueux : Bakary SANGARE, français originaire du Mali, pour le rôle de Philémon, le mari cocu, Mathilde JEAN-BAPTISTE, une actrice anglaise d’ascendance antiguaise et saint-Lucienne, ou l’héroïne Mathilde, une femme fatale, une beauté forte sensuelle et libre, et un acteur malien, Sotigui KOUYATE qui sera l’amant, Maphikela. Par conséquent, c’est une pièce de théâtre relatant une histoire d’adultère, dans un contexte de l’Apartheid, en Afrique du Sud. En effet, Philémon, un homme noir a le tort de rentrer chez lui à une heure inhabituelle. Il trouve sa femme, Mathilde, au lit avec un autre homme noir, Maphikela. Il n’est pas du genre à chercher la bagarre et se cache pendant que l’amant, se sentant repéré, part à peu près nu dans la rue. Reste son costume. Le mari, mesquin et rancunier, finira par faire semblant de pardonner, mais sous forme d’un cadeau empoisonné. Le mari salue cette veste et ce pantalon avec solennité, comme s’il s’agissait d’un être humain, et demande à sa femme de s’en occuper comme d’un ami précieux, de ne pas le quitter, de le bichonner, de le nourrir. Voilà la femme adultère contrainte de vivre, non pas avec un amant, mais avec son fantôme. Par conséquent, le vrai pardon ne viendra pas, le souvenir de la faute étant entretenu à travers le costume, se dressant entre ce couple, un obstacle à tout oubli. L’auteur de cette pièce, Can THEMBA, dans «le costume», une pièce écrite en 1950, une histoire simple, belle et tragique, mais longtemps censurée, dénonçait la mauvais traitement des femmes. Ecrivain talentueux et maudit, Can THEMBA, détruit par l’Apartheid, est mort en exil, miné par l’alcool et le désespoir. «Can Themba était le plus brillant et jeune journaliste du Drama, feuille locale. Il brûla sa vie. Nuit après nuit, il racontait des histoires. Il n'écrivit que des nouvelles dans ce pays où un Noir, même extralucide, n'avait pas le droit de publier. S'exila au Lesotho, où il s'ennuya, près de sa femme, conscient de la fragilité de l'instant, dans une sorte d'intuition de n'en avoir pas pour longtemps» dit Peter BROOK. Mathilde, l’héroïne de cette pièce, se laisse mourir. En dépit de l’esprit de fête étourdissant à Sophia, cette pièce est un clin d’œil aux mauvais traitements subis par les Noirs au temps de l’Apartheid, en train de mourir.
En définitive, Peter BROOK ambitionnait de rendre ses spectateurs, plus humains et bienveillants. Apôtre de l'espace vide, d'une scène multiculturelle, Peter BROOK se plaçait résolument dans le champ de la Fraternité et de la Justice. Pour Peter BROOK le théâtre est un équilibre du lointain et du proche, dans le but de révéler quelque chose d'inattendu, de non banal, mais l'exotique doit ramener le spectateur, non pas à l'étrangeté mais à la banalité du quotidien. «Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène» disait-il. Par conséquent, Peter BROOK monte des pièces de théâtre nourries d'exotisme, avec des acteurs de différentes cultures, et tournera dans le monde entier, souvent dans des lieux inédits : des villages africains jusqu'aux rues du Bronx, en passant par la banlieue parisienne.
Mettant en place des lieux de théâtre dans des espaces inhabituels (Township, villages africains, quartiers excentrés), Peter BROOK a révolutionné le décor et la mise en scène, «Maître de l’espace vide, Peter Brook fut l’un des premiers à jeter aux orties l’apparat des décors et du rideau de scène pour placer le comédien au premier plan et témoigner de la diversité des cultures en s’entourant d’une troupe internationale» écrit Marie-Hélène ESTIENNE dans «Les Inrockuptibles» du 25 juin 2019. Il s’est entouré d’acteurs africains avec une dimension de conteurs ou de griots, comme Sotigui KOUYATE ou Habib DEMBELE. Passionné du piano, Peter BROOK, metteur en scène, acteur, réalisateur et écrivain, estime qu'un bon comédien doit pouvoir habiter son personnage tout en le remplissant de la plénitude de son vécu et pour cela l'artiste doit se jeter à l'eau. Il renouvelle la mise en scène par une écriture contemporaine, un décor audacieux. «Au début de ma carrière, en Angleterre, je me suis vite rendu compte que le théâtre était totalement bloqué par des conventions préétablies. Mon boulot a toujours été de m’en libérer pour le sortir des ornières de la tradition» dit Peter BROOK. Il se libère alors de l'autorité du plan de mise en scène préalablement établi pour se fier aux rapports directs avec les comédiens et renouveler le processus d'élaboration du spectacle.
En définitive, dans son humanisme, et devant l’ascension des forces du Chaos, Peter BROOK nous invite, en permanence, à garder l’espérance et à persévérer : «Ne t’arrête jamais. On recule toujours dès que quelque chose est sur le point de se produire» disait-il.