7 mars 2023
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«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Ecrivain de la modernité, de la solitude et de la souffrance, polyglotte, traducteur, poète, dramaturge de l’absurde, Samuel BECKETT a considérablement bouleversé la littérature par une écriture condensée, intense, fulgurante et pleine de profondeur. «Là où nous avons à la fois l’obscurité et la lumière, nous avons aussi l’inexplicable» dit BECKETT à Charles JULIET. Pendant longtemps, les écrivains de la Belle époque, avaient perpétué le romantisme, une glorification de l’innocence, l’insouciance et le plaisir de vivre, les romans de mœurs ou des romans psychologiques. La tragédie de la Seconde guerre mondiale et la barbarie du nazisme, changent la donne, les écrivains, notamment les surréalistes, travaillent sur la beauté de la langue, et son essentiellement sur la structure du récit. Samuel BECKETT est donc dans le prolongement de ces modernistes, comme André GIDE (1869-1951), Marcel PROUST (1871-1922, voir mon article), James JOYCE (1882-1941), Raymond QUENEAU (1903-1976), Jean-Paul SARTRE (1905-1980 voir mon article), Eugène IONESCO (1909-1994), et Franz KAFKA (1883-1924). En effet, les modernistes, notamment les existentialistes, donnent à la littérature une orientation audacieuse ; il ne s’agit plus de raconter une histoire rigoureuse, avec un récit linéaire. Désormais, en rupture avec les conventions littéraires, pour BECKETT, il est question d’appréhender le réel autrement, en abandonnant les récits entièrement construits autour des traits psychologiques des personnages ; sa langue littéraire doit dénoncer le Mal. Les modernes, estimant en raison des horreurs du nazisme, que l’homme est incapable de communiquer avec l’autre, car il n’a pas réussi à éviter les massacres, travaillent davantage sur la beauté de la langue plutôt que sur la réussite de l’histoire. Homme «séparé», se tenant à l’écart de tout, marqué par une solitude et une occupation souterraine, un travail implacable et sans fin, ignorant la fonction hygiénique de la malveillance et donc d’une grande aménité, homme noble, Samuel BECKETT, totalement étranger à l’idée de réussite ou d’échec, est «un destructeur qui ajoute à l’existence, qui l’enrichi en la sapant ; Beckett ou l’art inégal d’être soi . Il ne vit pas dans le temps, mais parallèlement au temps. Il est un de ces êtres qui font concevoir que l’histoire est une dimension dont l’homme aurait pu se passer», écrit Emil CIORAN (1911-1995), dans les Cahiers de l’Herne. BECKETT est un admirateur de Marcel PROUST, mais entre fidélité et trahison «L’effort de mémoire est de beaucoup inférieur à une réminiscence spontanée, Proust l’atteste, soutenu en cela par Beckett, lequel affirme que tout effort pour se rappeler le passé fournit une image aussi éloignée du réel que le mythe et la caricature, issus respectivement de notre imagination et de la perception directe» écrit A J LEVENTHAL dans les cahiers de l’Herne.
Par conséquent, dans son ambition littéraire incomprise par sa mère, solitaire, dormant jusqu’à midi, dépressif et fortement alcoolisé, BECKETT a fini par avoir une illumination, le succès viendra de l’intérieur, écrire sur tous les démons et les souffrances qui l’assaillent : «J’ai toujours eu la sensation qu’il y avait en moi un être assassiné. Assassiné avant ma naissance. Il me fallait retrouver cet être assassiné. Tenter de lui redonner vie. Une fois, j’étais allé écouter une conférence de Jung. Il parla d’une de ses patientes, une toute jeune fille. À la fin, alors que les gens partaient, Jung resta silencieux. Au fond, elle n’était jamais née. J’ai toujours eu le sentiment que moi non plus, je n’étais jamais né. L’obscurité que je m’étais toujours acharné à refouler est en réalité mon meilleur, indestructible association jusqu’au dernier soupir de la tempête et de la nuit avec la lumière de l’entendement et le feu» dit-il Charles JULIET. En effet, BECKETT, dans sa souffrance et la tension intérieure, obnubilé par la vieillesse, est un écrivain neuf, singulier, doté d’une énergie et d’une force exceptionnelles, compose des phrases brèves au style tranchant, aux mots décapés, avec des silences, une œuvre en accord avec son époque. En effet, pendant tous les siècles passés, l’Occident s’est évertué à se donner de lui-même une image rassurante, gratifiante et glorieuse. «Beckett réalise en premier lieu que toute son œuvre, toute son écriture, doivent venir du dedans de lui-même, des faits et des souvenirs, réels ou imaginés, de sa vie passée, aussi laids et aussi pénibles soient-ils ; il prend ensuite conscience qu’aucun personnage de fiction n’est nécessaire pour les relater, de même qu’aucune distance n’est nécessaire entre le conteur et le récit» écrit Deirdre BLAIR, dans les Cahiers de l’Herne.
Finalement, Samuel BECKETT, dans sa contribution littéraire, dans un grand pessimisme, dans une détresse absolue, expose sa souffrance fonctionnant comme le moteur de sa création artistique, «c’est un prélude à l’art qui est à l’origine de toute création littéraire» écrit Diane LUSCHER-MORATA. Durant sa vie, Samuel BECKETT a fait plusieurs cures psychanalytiques pendant lesquelles d’un côté il a appris à connaître les mécanismes de la vie intérieure et prénatale et de l’autre côté il a appris à mieux se connaître ; la douleur et la souffrance faisant partie de la vie, il faut apprendre à se connaître pour trouver sa voie.
Ecrivain atypique, mal vu et mal lu, BECKETT a réalisé «une révolution littéraire», en introduisant une subversion aussi radicale que celle de Marcel DUCHAMP (1887-1968) en art moderne ; ce sont les regardeurs qui font les tableaux (objet tout-fait, dadaïsme, surréalisme). En effet, BECKETT a inventé l'art littéraire abstrait, «Beckett, tel qu’en ses photos terribles et hiératiques imposées par l’imagerie officielle, est devenu l’incarnation de la mission prophétique et sacrée que les dévots de la littérature assignent à l’écrivain. Alors on l’a rangé du côté d’une métaphysique vague, dans un curieux lieu solitaire, là où la souffrance ne laisserait place qu’à un langage presque inarticulé, informe, une sorte de cri de douleur à l’état pur, jeté tel quel sur le papier» suivant Pascale CASANOVA. «Il a sauvé l’honneur» disait de lui, Jacques LACAN (1901-1981). Cependant, et peut-être par coquetterie, BECKETT récuse d’être l’artiste du théâtre de l’absurde «Les valeurs morales ne sont pas accessibles. Et on ne peut pas les définir. Pour les définir, il faudrait prononcer un jugement de valeur, ce qui ne se peut. C’est pourquoi je n’ai jamais été d’accord avec cette notion de théâtre de l’absurde. Car là, il y a jugement de valeur. On ne peut même pas parler du vrai. C’est ce qui fait partie de la détresse. Paradoxalement, c’est par la forme que l’artiste peut trouver une sorte d’issue. En donnant forme à l’informe» dit-il. Samuel BECKETT reçoit, en 1969, le prix Nobel de littérature pour «son œuvre, qui à travers un renouvellement des formes du roman et du théâtre, prend toute son élévation dans la destitution de l’homme moderne». Contrairement à SARTRE, son éditeur accepte le Prix, mais refuse de se rendre à Stockholm, et part en voyage en Tunisie, qualifiant au passage de «Foutu jour !» celui de sa consécration.
La contribution littéraire de BECKETT, pessimiste, déprimée, pleine de peur, est traversée par un thème récurrent, la tragédie de la naissance, mais aussi une création humoristique, sarcastique suscitant un rire jaune, celui de la solitude et de la souffrance. Décrit comme quelqu’un de timide «il est racé et impressionnant. Un visage aussi beau, de face que de profil, où se lisent l’hypersensibilité et l’énergie. Un regard de voyant, d’une formidable intensité. Le front entaillé de rides profondes. Le nez aquilin. Les sourcils hirsutes et mal élagués. Les joues creuses et mal rasées. La bouche large. Les lèvres fines. Les cheveux gris, drus et en bataille» dit de lui, Charles JULIET. BECKETT a décidé de rester lui-même «Confronté au dur métier de rester vivant, Samuel Beckett a su faire «Métier d'être homme», c'est pourquoi le vingt et unième siècle devrait le prendre très au sérieux. Beckett disait : On n'écrit pas pour publier, on fait ça pour respirer. "Être ou ne pas être" ici n'est pas la question, mais dire précis, sans relâche, mot à mot, jusqu'à se faire Inventeur de soi-même selon sa belle expression. Tout Beckett est là : s'inventer, pas se créer car à se faire inventeur de soi-même, c'est de son présent qu'il saura faire création» écrit Marie JEJCIC. En particulier, BECKETT, écrivain transgressif, de la révolte, s’est attaché dans ses écrits à donner la parole aux exclus, aux vaincus, ses personnages en marge des conventions sociales, avec leurs mauvaises manières d’être mal et de mal dire, envers et contre tout : «Nul n’est censé ignorer la loi : ainsi demeure encore, pour finir enfin, quelque plaisir à la transgresser. Les personnages beckettiens n’ont pas toujours ignoré les usages du monde: mais ils ne sont plus de ce monde. La rébellion à l’encontre des normes, la mise à mal des législations coercitives, vont de pair avec l’invention de figures d’exclus, qui s’affirment négativement et n’ont de cesse que de se défaire, autant que faire se peut, de tout ce qui les rattache à une socialité convenue» écrit Florence GODEAU.
Samuel BECKETT est né le vendredi 13 avril 1906, à Cooldrinagh, dans le village de Foxrock, comté de Dublin, dans une famille irlandaise aisée, protestante d’ascendance de Huguenots français. «Tu naquis un vendredi saint au terme d'un long travail. Oui je me rappelle. Le soleil venait de se coucher derrière les Mélèzes. Oui je me rappelle. Ou encore, Tu vis le jour au soir du jour oh sous le ciel noir a la neuvième heure le Christ cria et mourut » écrit-il dans «Compagnie». A côté de son frère Frank, son aîné de 10 ans, il est le deuxième fils de William Franck BECKETT (1871-1933), un ingénieur exerçant le métier d’architecte, d’une grande complicité avec son père, bienveillant et affable, mais qui disparaîtra d’une crise cardiaque. Sa mère, Mae Barclay ROE (1871-1950), une infirmière, insomniaque et acariâtre, s’inquiétait de l’avenir professionnel de son fils, et sera atteinte de la maladie de Parkinson. Le 24 avril 1916, les Irlandais proclament leur indépendance. Mais en six jours, cette révolte des républicains, nationalistes dite aussi «Bloody Sunday», est mâtée par les Britanniques dans le sang, plus de 400 morts avec une vague de mises à mort pour l’étouffer. Samuel, un enfant peureux et timide, en horreur de l’injustice, est en conflit avec sa mère, en raison de son caractère assez rebelle, son goût de l’indépendance ; il refusait de se plier aux exigences de sa mère, une puritaine irlandaise. Influencé par le Livre de Job, Samuel BECKETT, victime inconsolable et ne pouvant être consolé, n’a jamais compris pourquoi Dieu a accepté cette injustice dans le monde ; cette souffrance, pour lui c’est «Le scandale du Mal». Aussi, dans sa création littéraire, «En attendant Godot» et «Oh, les beaux jours», il s’insurge contre la religion, l’absence d’intervention de Dieu contre l’injustice, et monte une parodie et le cynisme des forces religieuses, regrettant ainsi la souffrance humaine «L’écriture de Samuel Beckett n’est pas sur la souffrance, elle devient de plus en plus cette souffrance elle-même. Après la guerre, elle se fait souffrance» écrit Diane LUSCHER-MORATA.
En 1915, il entre à l’Earlsfort House School, à Dublin où l'on enseigne le français, puis à «Portora Royal School» à Enniskillen, qu’avait fréquenté Oscar WILDE une éducation rigoureuse et une vie à la fois studieuse. L’Irlande du Nord, connaissant à partir de 1916, Samuel va grandir dans un monde protégé, mais de solitude «J’avais peu de disposition pour le bonheur» dira-t-il. Depuis 1923, Samuel BECKETT est étudiant à l’université de Trinity College de Dublin, et apprend aussi le français. Au cours de sa première année universitaire, il a suivi ici des cours de littérature anglaise, là des cours de philosophie. Mais très vite son choix se fixe sur l’étude des langues romanes, français, italien, espagnol, et il approfondit également sa connaissance de la littérature allemande, dont il maîtrise déjà la langue.
BECKETT ne sait pas si, comme ses maîtres l’y encouragent, il prépare ainsi une carrière d’enseignant, peut-être en doute-t-il fort déjà. Mais il a dès lors la révélation d’un goût très vif. À vingt ans, en 1926, BECKETT fait son premier grand voyage, en Touraine (France) et à Florence (Italie). Le jeune, Samuel, voyageur, jouisseur, alcoolique, dépressif et ne recherchant une bonne situation professionnelle entre en conflit avec sa mère. Adolescent, BECKETT ne pensait pas devenir un écrivain. Ses études achevées, il s’engagea dans une carrière universitaire. Il fut d’abord lecteur de français à l’université de Dublin. Mais après un an, ne pouvant plus supporter cette vie, il s’est littéralement enfui. Jusqu’en Allemagne. Et c’est de là-bas qu’il a envoyé sa lettre de démission. Aussi, BECKETT arrive à Paris, en 1928, en qualité de lecteur d'anglais à l’Ecole normale supérieure. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance de James JOYCE, dont la vue commence à devenir déficiente ; il devient son secrétaire, et c'est en partie sous son influence qu'il choisit de devenir écrivain. Polyglotte, passionné par les langues, il traduit du français, de l’allemand ou de l'italien en anglais, notamment «le bateau ivre» d’Arthur RIMBAUD (1854-1891) et se passionne pour Alighieri DANTE (1265-1321), s'intéresse à la philosophie, écrit de la poésie que publie Nancy CUNARD (Voir mon article), dont il sera l’amant, un court instant. Jeune lecteur à l’école normale supérieure, «son ami, Tom McGreevy lui suggéra de gagner dix livres sterling en participant au concours organisé par Nancy Cunard ; mais, il ne restait qu’un jour. C’était en 1929» écrit A.J. LEVENTHAL, dans les Cahiers de l’Herne.
En 1933, son père meurt, et il hérite d’une petite somme d’argent et gagne Londres où il loge dans un meublé et vit très pauvrement. En 1936, à la suite d’une longue période de crise, il visite l’Allemagne, pour rencontre sa cousine dont il est amoureux.
En été 1937, BECKETT débarque à nouveau à Paris, où il s’installe et fréquente notamment Marcel DUCHAMP. En France, la guerre ayant brisé son élan littéraire, il entre en résistance, quand sa cellule est démasquée, et se réfugie d’abord à Janvry, dans la vallée de Chevreuse, chez Nathalie SARRAUTE (1900-1999), réfugiée qui sera dénoncée et part en Roussillon, une zone libre. C’est durant cet exil, que BECKETT écrit sa pièce, Watt, et écrire quand, on a personne pour vous lire, c’est une de ses théories de l’absurde. «Quand tout fout le camp, il n’y a rien d’autre à faire que de jouer des jeux idiots» disait Simone de BEAUVOIR (1908-1986, voir mon article), dans «Les mandarins». BECKETT voulait, à travers l’écriture, garder la tête froide et ne pas perdre la main. «Watt est l’œuvre d’un homme assoiffé de repos, de quiétude intellectuelle, et de cette paix spirituelle que son environnement physique lui interdit. Le livre touche parfois à l’autobiographie déguisée, lorsque Beckett recrée la réception donnée par ses parents le soir qui précéda sa naissance, des descriptions de la campagne autour de Foxrock, des allusions à son enfance, des références constantes aux cycles saisonniers en Islande» écrit Deirdre BLAIR dans les Cahiers de l’Herne. L’éditeur anglais, Routledge, refuse de publier Watt, considéré comme inintelligible et délirant, l’ouvrage ne sera publié que dix plus tard. A partir de là, BECKETT décide de n’écrire qu’en français.
A la Libération, de GAULLE le décore de la Croix de Guerre. Après le séjour de 1945, BECKETT était en Irlande chez sa mère, mais il retourne «vivre dans la France en guerre plutôt que dans l'Irlande en paix». Cependant, BECKETT reste, aux côtés de William Butler YEATES (1865-1939) et James JOYCE, l’incarnation littéraire de l’Irlande du Nord. Tous ses personnages ont des noms à consonnance irlandaise. BECKETT devient écrivain à temps plein, et survit surtout grâce aux travaux de couture de sa femme, qu'il a rencontrée à la fin des années 1930 à Montparnasse. BECKETT écrira en langue anglaise jusqu’en 1945, puis en français de 1946 à 1960, et enfin en français et traduits ses œuvres en anglais. BECKETT estime que c’est à lui de traduire ses livres. S’il en laisse le soin à quelqu’un d’autre, il doit revoir le texte mot à mot, et c’est encore plus de travail et de difficultés.
Après avoir essuyé six de refus des éditeurs, Samuel BECKETT est enfin accepté par Jérôme LINDON (1925-2001), aux Editions de Minuit, sises au 7 rue Bernard Palissy, à Paris 6ème, un ancien bordel. «Une bonne partie de l’existence des mots de Beckett, synonyme de l’existence de l’homme s’est passée dans le silence, et a été passée sous silence. De 1929 à 1951 «Molloy» devient publiquement les mots de son existence grâce à Jérôme Lindon et Georges Lambrichs qui, les premiers ont reconnu la valeur de ces mots, peu sont ceux qui ont entendu les mots de Beckett» écrivent Tom BISCHOP et Raymond FEDERMAN dans «Beckett, les cahiers de l’Herne». En effet, «un jour, un de mes amis, Robert Carlier, me dit «vous devriez lire le manuscrit d’un écrivain irlandais qui écrit en français». Quelques semaines plus tard, j’aperçus trois manuscrits sur nos bureaux «Molloy », «Molloy meurt», «L’innommable». Dès la première ligne, la beauté écrasante de ce texte m’assaillit. C’était un manuscrit inédit, et non seulement inédit : refusé par plusieurs éditeurs. Je n’arrivais pas à y croire» écrit Jérôme LINDON, dans «Beckett, les cahiers de l’Herne». La trilogie romanesque «Molloy, Malone meurt et L'Innommable» voit le jour. En désespoir de cause, sur un ton fiévreux, il dira «J’ai écrit «Molloy» et la suite le jour où j’ai compris ma bêtise. Alors je me suis mis à écrire les choses que je sens. J’entrevis le monde que je devais créer pour pouvoir respirer» dit BECKETT. «Molloy et Malone, deux livres prodigieux» écrit Richard SEAVER .
Dans «Molloy», allongé dans un lit, un homme se remémore certains passages de sa vie, qu’on lui a demandé d’écrire. Il se souvient être parti à la recherche de sa mère en bicyclette alors qu’il était paralysé d’une jambe. Pendant son voyage, il erre en ville et dans la campagne, écrase un chien et est recueilli par sa propriétaire, puis tue un homme dans une forêt. Désormais paralysé de tout son corps, il tombe ensuite dans un fossé et se retrouve dans le lit de sa mère. De son côté, le détective Moran reçoit l’ordre de retrouver Molloy. Il part alors à sa recherche en bicyclette, accompagné de son fils, qu’il perd mystérieusement en route. Petit à petit, il perd l’usage de sa jambe, puis son éthique : il tue un homme. Finalement, on lui ordonne de retourner chez lui sans qu’il ait réussi à retrouver Molloy.
Dans «Malone meurt», deuxième volet de la trilogie romanesque de Samuel BECKETT, le roman relate la fin de vie d’un homme, alité dans une chambre close, qui attend de mourir. Sa seule distraction : écrire dans un cahier. Il a pour projet de relater l’histoire d’un homme, d’une femme, d’un objet et d’un animal, ainsi que d’établir l’inventaire de tout ce qu’il possède. Il parle également de son état psychologique et physique, et de ses plans pour sortir de la pièce où il est enfermé.
Dans état de claustration, et c’est l’une des œuvres, les plus hermétiques de BECKETT, troisième volet de sa trilogie «l’Innommable» relate les délires autour du néant d’un individu assis dans un endroit indéterminé, mais tellement confiné qu’il est incapable de bouger.
«En attendant Godot» marque le début du triomphe et de la célébrité de Samuel BECKETT, son entrée dans la postérité. Il s’agit d’une mise en scène deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui attendent un homme qu’ils ne connaissent pas : un certain Godot. Durant cette attente interminable, ils rencontrent Pozzo et Lucky, son esclave, traîné en laisse comme un chien. Dans cette longue et vaine attente, on parle sans cesse de Godot. En effet, le théâtre de BECKETT fondé sur la dérision et l’absurdité de la vie, est en rupture avec le théâtre conventionnel, dans ces échanges entre les personnages, par une absence d’action contrastant avec l’incontinence des paroles. Première pièce écrite directement en français, et en deux actes, rassemblant une personnalité individuelle et collective, sans thèse, sans morale, sans espoir, met en scène cinq acteurs, deux sans-abri misérables, fantômes indigents, menant une vie à tâtons, des incarnations, des représentants d’une condition humaine dans l’attente de quelqu’un qui n’arrivera pas, une espérance déçue, donc un absence totale d’une réponse au cri de l’homme souffrant. Deux mimes ou muses, et un petit jeune jouant l’oracle.
«En attendant Godot», pièce écrite en 1948, mais la première représentation a lieu le 4 janvier 1953, au théâtre de Babylone à Paris avec Roger BLIN (1907-1984) qui a rencontré en 1948. A cette époque, Roger BLIN, metteur en scène de «la dernière bande» de Jean VILAR (1912-1971), était le directeur du théâtre de la Gaité de Montparnasse. Samuel BECKETT : «venait me voir, il avait envoyé sa pièce ; c’était sa femme, Suzanne, qui s’était occupé de cela. J’ai été plus saisi par «Godot» et j’ai mis quatre ans à pouvoir la monter. Il n’y avait pas de rôle féminin, pas d’histoire sur l’humain. Aux théâtre que je proposais Godot, on m’a ri au nez. Je suis obstiné. Les grands textes, tant qu’ils n’ont pas passé une période historique, on est à leur service ; c’est le cas de Sam», dit Roger BLIN. Par conséquent, «En attendant Godot», une pièce onirique, est, pour certains, un drame fantastique, une pièce curieuse, obscure, déracinée de la vie, abstraite, étrange, capricieuse, une résurgence posthume du surréalisme, une extravagante philosophie de l’existence. Pour d’autres, c’est une pièce réaliste «Je n’ai jamais vu un drame aussi réaliste, une œuvre moins fantastique. C’est une représentation existentielle simplifiée d’un rapport complexe : celui de l’homme et de son prochain. Nous rions, mais notre rire est faux. Godot, c’est une tragédie-comédie pure, la possibilité d’un changement révolutionnaire, un théâtre d’avant-garde, détruisant le fétiche gréco-romain, un constat de l’acte de décès de l’espérance, un spectacle de l’impiété, de l’absence de solidarité, un déchainement métaphysique de l’ennui. Il n’arrive pas Godot. C’est la trame de notre vie» écrit Alfonso SASTRE, dans les Cahiers de l’Herne. Dans son pessimisme, BECKETT nous pousse, dans un cri de révolte, à ne pas se résigner ; il faut refuser l’inacceptable, et c’est là un puissant aux racisés souvent défaitistes. Apparemment BECKETT «dénonce qu’il n’y a pas de moyens de s’en sortir, et ceci est bien sûr exaspérant ; ses pièces sont tellement négatives, nous sommes englués dans la boue, le sable ou même enfoncés dans des amphores. L’homme, dans la boue, est martyrisé, incompris, que ses malheurs lui font sortir de rage ; c’est une boue réconfortante, pluie de chaleur humaine, vibrante de sentiments et de désespoir, met en jeu l’anti-désespoir ; cette charge intense aboutit à l’acteur créateur. Nous sommes esclaves, et ces lois n’existent que parce que nous le permettons» écrit Peter BROOK (1925-2022, voir mon article, 3 juillet 2022, Médiapart), dans les Cahiers de l’Herne.
Voué à se singulariser, minoritaire, bourgeois et individualiste, Samuel BECKETT dépeint, dans sa dramaturgie, des personnages égarés ou hagards, incapables de lutter contre un destin dont ils ne conçoivent clairement que l'absurdité. «En attendant Godot», sa pièce la plus célèbre, où les personnages attendent en vain quelqu’un ou quelque chose qui puisse donner un peu de valeur à la vie inutile qu’il faut mener seule. La pièce fait scandale, puis connaît dans les années qui suivent un succès international. Samuel BECKETT écrit également «Fin de partie», qu'il traduit l'année suivante, «Actes sans paroles I» et Actes sans paroles II», ou encore «Happy Days», qui voit dans la version française «Oh les beaux jours» de 1963 Madeleine RENAUD (1900-1994) s'illustrer dans le rôle de Winnie. Mais le dramaturge, insatisfait par certaines mises en scène, participe lui-même à la création de ses pièces à partir de 1967. Messager ou l’oracle de la vérité de l’«être», dans «L’Innommable» une œuvre particulièrement difficile à lire, BECKETT y dépeint «un être sans être qui ne peut ni vivre ni mourir, ni cesser ni commencer, le lieu vide où parle le désœuvrement d’une parole vide» écrit Maurice BLANCHOT. Avec «Cap au pire», BECKETT a créé un pur objet de langage, totalement autonome puisqu’il ne renvoie à rien d’autre qu’à lui-même. «Comme un travail vers un trait noir d’où ne pourrait surgir aucune trace de représentation, aucune forme pouvant rappeler, même vaguement, un corps. Sans sujet, sans décor, se détachant sur un fond noir (pénombre) et vide, libérées de tout repère temporel ou spatial, les images de «Cap au pire» inaugurent la littérature abstraite : elles vont vers l’épure de l’abstraction ou le noir» écrit Pascale CASANOVA.
«Ecrivain du silence» suivant Madeleine CHAPSAL, une des grandes particularités de BECKETT, ce sont les moments de pause qu’ils s’autorise dans toute sa création littéraire ; ils font partie très importantes du texte ou des indications scéniques dans sa dramaturgie : «Que ce qui m’avait le plus impressionné, c’était cet étrange silence qui règne dans les «Textes pour rien», un silence qu’on ne peut atteindre qu’à l’extrême de la plus extrême solitude, quand l’être a tout quitté, tout oublié, qu’il n’est plus que cette écoute captant la voix qui murmure alors que tout s’est tu. Un étrange silence, oui, et que prolonge la nudité de la parole. Une parole sans rhétorique, sans littérature, jamais parasitée par ce minimum d’affabulation qui lui est nécessaire pour développer ce qu’il lui faut énoncer» écrit Charles JULIET.
Samuel BECKETTT meurt à Paris 14ème, le 22 décembre 1989, au Service neurologique de Sainte-Anne, à l’âge de 83 ans, et repose au cimetière de Montparnasse. Dans sa réflexion sur la vieillesse et la mort, «J’ai toujours souhaité avoir une vieillesse tendue, active. L’être ne cessant pas de brûler alors que le corps fout le camp. J’ai souvent pensé à Yeats. Ses meilleurs poèmes, il les a écrits après soixante ans» dit-il à Charles JULIET. Il était marié, depuis le 25 mars 1961, à Folkestone, (Kent, UK) à Suzanne DESCHEVAUX-DUMESNIL (1900-1989). Ils se connaissaient depuis plus longtemps. En effet, le 7 janvier 1938, poignardé par un clochard, et transporté à l’hôpital Broussais, il recevait régulièrement la visite d’une pianiste Suzanne, avec qui il jouait au tennis. Samuel BECKETT avait auparavant séduit, Lucia (1907-1982), la fille de James JOYCE (1882-1941). Jeune, il voulait se marier avec sa cousine, Péguy, dont les parents résident en Allemagne, mais morte à 21 d’une tuberculose. Il aura aussi une liaison avec Péguy GUGGENHEIM (1898-1979), un mécène, collectionneuse d’art et galeriste américaine. Initialement, Samuel BECKETT habitait au 6 rue des Favorites, dans le 15ème arrondissement, mais quand le succès littéraire arrive avec «En attendant Godot», il s’achète une maison secondaire à Bussy-Saint-Georges en Seine-et-Marne, ainsi qu’un appartement à la rue Saint-Jacques, à Paris 5ème .
Samuel BECKT est incorrigible : même mort, il continue d'exaspérer les forces du Chaos. «L'homme se tait, l'œuvre se refuse à servir», écrit Ludovic JANVIER. Les démunis de la société, qu'ils soient pauvres, difformes ou déranges mentalement, retiennent tout spécialement l’attention de Samuel BECKETT. En effet, Samuel BECKETT est l’un plus négrophile des grands écrivains. Enfant, il dessinait des vagabonds et des clochards. En s'emparant de ce texte mythique sur l'absurdité de notre condition, celles des migrants, des metteurs en scène, Jean LAMBERT-WILD, Lorenzo MALAGUERRA et Marcel BOZONNET, remettent à l’honneur, «En attendant Godot», au Théâtre de l'Aquarium à la Cartoucherie de Vincennes, près de Paris. Deux vagabonds se retrouvent sur un bout de terre à la tombée de la nuit. Deux comédiens ivoiriens tiennent les rôles de Vladimir et Estragon, tel un couple de clowns outrés par la violence de l'Occident. «Devant son œuvre, je ne puis que m'incliner, ébahi, émerveillé. Je me propose de souligner ici l'influence de l'une des qualités les plus pénétrantes de l’œuvre de Samuel Beckett : la compassion, une profonde compassion pour les conditions d'existence de l'être humain. Samuel Beckett était un incroyant qui avait une conscience aigüe des malheurs infligée à l'humanité par l'intolérance religieuse : son message était tout de tolérance et de compassion» écrit O’BRIEN, dans «Samuel Beckett et le poids de la compassion».
REFERENCES
A – Contributions de Samuel BECKETT
BECKETT (Samuel), Bande et sarabande, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 1995, 296 pages ;
BECKETT (Samuel), Cap au Pire, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 1991, 61 pages ;
BECKETT (Samuel), Comédies et actes divers, Paris, éditions de Minuit, 1966 et 1972, 144 pages ;
BECKETT (Samuel), Comme c’est, Paris, éditions de Minuit, 1961, 180 pages ;
BECKETT (Samuel), Compagnie, Paris, éditions de Minuit, 1980, 96 pages ;
BECKETT (Samuel), En attendant Godot, Paris, éditions de Minuit, 1952, 124 pages ;
BECKETT (Samuel), Fin de partie, Paris, éditions de Minuit, 1957, 128 pages ;
BECKETT (Samuel), La dernière bande. Suivi de Cendre, Paris, éditions de Minuit, 1959, 76 pages ;
BECKETT (Samuel), Le dépeupleur, Paris, éditions de Minuit, 1970, 58 pages ;
BECKETT (Samuel), Le monde et le pantalon, Paris, éditions de Minuit, 1989, 64 pages ;
BECKETT (Samuel), Les Os d’Echo, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 2002, 64 pages ;
BECKETT (Samuel), Nouvelles et Textes pour rien, Paris, éditions de Minuit, 1955, 210 pages ;
BECKETT (Samuel), Oh les beaux jours. Suivi de pas moi, Paris, éditions de Minuit, 1963, 96 pages ;
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B- Critiques de Samuel BECKETT
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Paris, le 25 février 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/