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  • : Le blog de BA Amadou Bal, Paris 19ème ISSN 2555-3003 (BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE France B.N.F GALLICA. Http://baamadou.overblog.fr/
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1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 19:51
«Stefan ZWEIG (1881-1942) cosmopolite, humaniste, un lumineux et tragique portraitiste du déchirement intérieur» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Ecrivain, dramaturge, chroniqueur, traducteur, nouvelliste et biographe, Stephan ZWEIG, contrairement à bien de grands écrivains, peu reconnus de leur vivant, a été auréolé d’un immense succès, bien avant sa mort tragique, à Petrópolis, au Brésil. Prolifique, d’une œuvre dense et diversifiée, par la sereine puissance de son élégante et sobre expression écrite, la pureté de sa prose, Stefan ZWEIG n’a jamais connu de Purgatoire, et a même éclipsé de grands écrivains contemporains. «J'admire l'art avec lequel votre langue épouse les pensées, tout comme les vêtements que l'on imagine transparents épousent le corps de certaines statues antiques» lui écrit Sigmund FREUD. De nos jours, plus de 80 ans sa mort, la vente de ses livres témoigne d’un grand engouement encore jamais démenti. Auteur le plus lu, ses livres inspirent des réalisateurs de cinéma. «Ce parfait homme de lettres en apparence est un artiste qu’attire la foudre – les folies d’Amok ou les tabous de la vie des femmes, que celles-ci osent à peine s’avouer à elles-mêmes, leurs voluptés secrètes. Ami de Romain Rolland, d’Emile Verhaeren, de Thomas Mann, de Joseph Roth, tous grands Européens qui croyaient comme lui à la paix, à l’amitié, dans un monde ouvert et concilié, cet écrivain raffiné, choyé par les élites, aurait pu demeurer comme l’archétype d’une civilisation disparue. On aime son style, rapide et sûr. Sa compassion, inégalable. Sa sensibilité d’écorché vif. Peut-être aussi les lueurs sombres, les fumées délétères de son œuvre, qui correspondent si bien à nos angoisses, à nos tourments contemporains» écrit Dominique BONA, un de ses biographes. Héritier d’Emmanuel KANT (1724-1804), précurseur de l’idéal européen, visionnaire, il voulait mettre son talent littéraire, au service de la Raison, à rebours des idées dominantes, pour un monde de paix, de fraternité et du multiculturalisme. «Les idées n’ont pas véritablement de patrie sur terre, elles flottent dans l’air entre les peuples» dit Stephan ZWEIG. Tout ce qui encore largement défaut à notre époque, avec la résurgence des forces du Chaos. «Stefan Zweig appartient à une espèce qui n’est peut-être pas en voie de disparaître, du moins, je l’espère, mais qui est sérieusement menacée par les conditions actuelles, et qui ne se perpétue qu’à travers toutes sortes de difficultés : celles de grands Européens» disait déjà en 1939, Jules ROMAINS (1885-1972).
Ame inquiète et sensible, séducteur, mélancolique, hyperactif, animé d’une passion intérieure, disséquant les moindres recoins émotionnels de ses personnages, entre biographies et fictions, Stefan ZWEIG, c’est du FREUD en littérature, une contribution littéraire psychologique, un voyage dans les zones inexplorées et obscures de l’esprit humain, au carrefour de la souffrance, de la solitude et de l’incompréhension. «J'appartiens à cette génération d'esprits qui n'est redevable presque à personne autant qu'à vous en matière de connaissance, et je sens, avec cette génération, que l'heure est proche où votre exploration de l'âme, d'une si considérable importance, deviendra un bien universel, une science de dimension européenne» écrivait Stefan ZWEIG à Sigmund FREUD. En effet, sa contribution littéraire est dominée par le déchirement de ses personnages par de fortes émotions, une explosion et un déchirement intérieur, des douleurs, à peine contenues, et, dans son pessimisme, une faible lueur d’espoir dans cette exploration de l’âme humaine. Il associe l’inquiétude à la curiosité et à la création intellectuelles «Qui éprouve de vifs sentiments observe peu. Les gens heureux sont de mauvais psychologues. Seul un individu inquiet aiguise ses sens au maximum. L’instinct du danger lui insuffle une perspicacité qui dépasse de loin celle qui est naturelle» dit Stefan ZWEIG. En particulier, homme anxieux, voire dépressif et s’insurgeant contre toutes les formes d’intolérance des esprits étriqués, Stefan ZWEIG a célébré Baudelaire et Nietzsche, des destinées fulgurantes et sombres, où les éclairs du génie créateur illuminent des vies brèves, en proie à l’excès, à la démesure, parfois à la folie. «On peut tout fuir, sauf sa conscience» dit-il. Stefan ZWEIG est, dit-on, à la littérature ce que Johannes VERMEER (1632-1675) est à la peinture : des oeuvres de petit format, rares et délicates, où l'on voit entrer la lumière par un puits invraisemblablement limpide et se poser comme un voile de gaze sur les personnages pour délimiter leurs courbes en clair-obscur et laisser suggérer le reste.
Les mémoires de Stefan ZWEIG ont un titre évocateur : «Le monde d’hier, souvenirs d’un Européen», une réflexion prémonitoire et pessimiste du triomphe du fascisme. «Même la plus pure vérité, quand on l’impose par la violence, devient un pêché contre l’esprit» écrit Stefan ZWEIG. Ayant connu la Première guerre mondiale qui a ruiné l’empire Austro-hongrois, il s’est insurgé contre la montée du nazisme «J’ai été le témoin de la plus effrayante défaite de la Raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu’atteste la chronique des temps» écrit-il. «Le sentiment provisoire domine ma vie» écrit-il dans ses mémoires. Stephan ZWEIG est célèbre pour ses nouvelles. Ses écrits, d’une rare concision, avec une grande profondeur, relate les tourments intérieurs «Cette voix, c’est d’abord une écriture sobre, élégante et fluide, qui a l’air de couler de source» écrit Dominique BONA. Homme discret et silencieux, Stefan ZWEIG, un cosmopolite, d’une grande curiosité, est surtout d’une redoutable efficacité narrative ; il sait constamment captiver l’attention du lecteur.  
Stephan ZWEIG est moins connu en sa qualité de biographe. Et pourtant, au carrefour de l’histoire, de la littérature et de la philosophie, c’est un excellent portraitiste (Cicéron, Baudelaire, Balzac, Dostoïevski, Erasme, Fouché, Marie-Antoinette, etc.). Stefan ZWEIG est un intellectuel et un humaniste qui a consacré sa vie à la paix et à la conciliation à travers ses discours et ses œuvres littéraires. Dans la biographie qu’il a consacrée à Erasme, il condamne les esprits étriqués et haineux : «Au lieu d’écarter les vaines prétentions des roitelets, des sectateurs et des égoïsmes nationaux, la mission de l’Européen est au contraire d’insister sur ce qui lie et unit les peuples, d’affirmer la prépondérance de l’européen sur le national». Erasme est l’humaniste qui a subi, sous LUTHER, les mêmes avanies que les humanistes allemands sous Adolphe HITLER. Aussi, ZWEIG veut proposer une analogie, donc une haine du fanatisme, des visions nationalistes et revanchardes ; c’est un visionnaire, un Européen avant la lettre.
Second fils de la riche bourgeoisie juive viennoise, Stefan ZWEIG né le 28 novembre 1881, à Vienne, alors capitale de l’empire austro-hongrois. Son père, Moritz ZWEIG (1845-1926), originaire de Moravie, a donc fait fortune comme fabricant de tissus, un homme distingué et modeste ; Stefan hérite de lui le goût de la discrétion. Sa mère, Ida BRETTAUER (1854-1938), est la fille de banquiers suisses allemands, originaires d’Ancône (Région des Marches, Italie), et réinstallés à Vienne. Stefan ZWEIG n’a pas repris l’entreprise familiale. Sa situation de fortune le délivrant des préoccupations matérielles, c’est la seule curiosité qui guide ses études. Curieux, Stefan ZWEIG l’est à la fois de philosophie et de belles-lettres, d’histoire et de voyages, à la découverte des littératures étrangères. Il voulait «donner à son existence l’amplitude, la plénitude, la force et la connaissance, de la lier aussi à l’essentiel et à la profondeur des choses». Par conséquent, né avant la Première guerre mondiale, le jeune Stefan a vécu dans son enfance, dans une ère de paix et de prospérité et habité, avec sa famille, les beaux quartiers de Vienne, une ville multiculturelle légère, une capitale des arts et lettres. En dehors de banales «taquineries occasionnelles», il se souviendra, dans ses mémoires, avec beaucoup de nostalgie, que personne alors ne lui a jamais «suscité le moindre embarras ou témoigné du mépris, parce qu’il était Juif». Après le lycée, il est entré à l’université. Mais ce qui a le plus séduit à Vienne, ce sont ses cafés, hauts de rencontres et de bouillonnement culturel. Jeune adolescent timide et réservé ses lectures de Johann Wolfgang Von GOETHE (1749-1832) et de Friedrich Von SCHILLER (1759-1805) ont fait naître en lui une ambition littéraire. A Vienne, il fera de belles rencontres avec de nombreux artistes, notamment avec Johannes BRAHMS (1833-1897), Arnold SCHOENBERG (1874-1951), Rainer-Maria RILKE (1875-1928, voir mon article). Il commence en 1900 par faire éditer des poèmes, «Les cordes d’argent» et en 1907, «Les guirlandes précoces». Il écrit aussi des nouvelles dès ses débuts, qui seront ses chefs d'œuvre. Mais les éditeurs les ont refusées, sauf l'une «Dans la neige» relatant l'histoire tragique d'une communauté juive. Cette nouvelle paraît dans «Die Welt» un journal viennois sioniste, fondé par Théodor HERZL (1860-1904) fondateur, au congrès de Bâle (Suisse), du mouvement sioniste, dont l’objectif  de rassembler les Juifs du monde entier, et créer pour eux un Etat.
A Berlin, Stefan ZWEIG découvre les romans du russe Féodor DOSTOEIVSKI (1821-1881), spécialiste du roman psychologique, et lui consacrera une biographie. Zweig s’identifie souvent aux personnages sur lesquels il écrit, retrouvant en eux des similitudes avec sa propre personne, ou bien admirant les qualités de l’un, enviant le courage d’un autre. Les qualités humaines priment à ses yeux, les héros peuvent être de nature différentes. Les trois biographies de Balzac, Dickens et Dostoïevski, représentent des types de constructeurs épiques de l’univers, qui, dans le «cosmos» de leurs romans, juxtaposent une seconde réalité à celle existante. La route que suivent ces trois auteurs ne conduit pas comme chez les précédents dans le monde réel ou dans l’infini, mais elle les ramène simplement à eux-mêmes. Ils sentent instinctivement que la mission essentielle de leur art n’est pas de dépeindre le macrocosme, la plénitude de la vie, mais de dérouler devant le monde le microcosme de leur vie.
Stefan ZWEIG soutiendra à Vienne, une thèse de doctorat sur l’historien et philosophe français, Hyppolite TAINE (1828-1893). Aussi, d’une famille aisée, Stefan ZWEIG entame une série de voyages à travers l’Europe et le monde entier. Polyglotte, outre l’allemand, l’anglais et l’italien, Stefan ZWEIG a étudié le grec et le latin, et a une grande appétence pour la langue française qu’il parle et l’écrit couramment. Il est «un pèlerin passionné et toujours en voyage, parcourant tous les champs de la civilisation» écrit Joseph GIUDICIANNI. Stefan ZWEIG découvre donc Paris, la ville lumière et de culture qu’il affectionne, «ce Paris de ma jeunesse» et fréquente Café Vachette, 27 boulevard Saint-Michel, Paris 5ème, aujourd’hui disparu, où le poète Paul VERLAINE (1844-1896) consommait l'absinthe. En 1910, il écrira une biographie sur cet artiste français et fera traduire ses ouvrages en allemand. En février 1911, il fera la connaissance de Romain ROLLAND (1866-1944, voir mon article), résidant à l’époque, au 162 boulevard de Montparnasse, à Paris 14ème ; ils partagent le même idéal de paix et de fraternité entre les peuples.
Entre 1919 et 1934, Stefan ZWEIG s’installe à Salzbourg ; C’est là qu’il écrit quelques-unes des nouvelles qui lui apportent une célébrité mondiale : (Amok en 1922, la Confusion des sentiments en 1926, les Heures étoilées de l’humanité en 1928, Vingt-Quatre Heures de la vie d’une femme en 1934, Freud, la guérison par l’esprit en 1931). Avec la nouvelle, Stefan trouve  voie et s’affirme bientôt comme le peintre minutieux et magistral des drames de l’être intime. Parallèlement, il fait œuvre de biographe et d’essayiste avec, en 1919, Trois maîtres (Dostoïevski, Balzac, Dickens), en 1925 la Lutte avec le démon (Kleist, Hölderlin, Nietzsche). Lorsqu’il interroge la vie de ces écrivains, il mêle librement le portrait clinique à la biographie et, par l’analyse des tourments et des motivations intérieurs, tente d’éclairer les mécanismes de la création. Son goût pour l’histoire lui inspire encore des vies de Fouché, de Marie-Antoinette, de Marie Stuart. Plus que par le rôle historique qu’ont joué ces personnages, Stefan ZWEIG explore ces figures pathétiques ou leurs destins d’exception.
En 1934, Stefan ZWEIG vient s’établir à Londres pour y poursuivre les recherches préparatoires à sa vie de Marie Stuart. Son voyage n’a aucun motif politique, mais bientôt l’invasion de l’Autriche par les troupes d’Adolphe HITLER et sa réunion à l’Allemagne nazie dissuadent l’écrivain de rentrer dans son pays. C’est durant cet exil qu’il écrit Brûlant Secret (1938) et son unique roman, la Pitié dangereuse (1939). En 1940, il devient sujet britannique.
Au début de la Deuxième guerre mondiale, en compagnie de sa seconde femme, Lotte, il quitte l’Angleterre pour les États-Unis et réside quelques mois dans la banlieue de New York. Puis, en août 1941, il décide de s’installer au Brésil, un pays multiculturel. «Ici, l’absurdité de toute différence faite entre les races est démontrée quotidiennement avec une évidence absolue qui chaque jour nous semble également merveilleuse. Dans l’armée, à l’école, dans l’administration, des Noirs, des gens de couleur et des Blancs, joyeusement mélangés, pas de honte, de la fierté même à avoir en soi le sang d’Indiens, et même de Noirs. Le Brésil est la plus grande expérience de notre époque en la matière» écrit-il dans le «Brésil, un pays d’avenir». C’est à Petrópolis qu’il achève de rédiger son autobiographie, le Monde d’hier, portrait de l’Europe d’avant 1914, vue avec le regard enchanté de la mémoire.
Stefan ZWEIG, intellectuel cosmopolite, menant sa vie à grandes brides, fut un aristocrate de l'esprit ; Juif, pacifiste, détesté des nazis qui organisèrent un autodafé de ses oeuvres à Berlin, il dut s'exiler au Brésil, où il se suicida. Dans sa vie, en grand séducteur, Stefan ZWEIG mènera d’abord une vie de Dandy, avec de nombreuses liaisons passagères. Il sera marié deux fois. D’abord, en 1920 avec Fritzi BURGER (1882-1971), une écrivaine, journaliste et traductrice, qu’elle connaissait depuis 1912, puis après une longue liaison, en 1939, avec Elizabeth Charlotte dit Lotte ALTMANN (1908-1942), originaire de Catovice (Silésie, Pologne), petite-fille d’un rabbin de Francfort ; elle était sa secrétaire et amie, depuis 1934. Ils se sont suicidés ensemble, au Brésil. En effet, le 22 février 1942, avec son épouse Lotte, atteinte d'une maladie grave, Stefan ZWEIG, se donnera la mort en absorbant du véronal, à Petrópolis, sur les hauteurs de Rio, pendant le carnaval. Il avait appris la chute de Singapour. «Maintenant que le monde de mon langage a disparu et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même [...] mes forces sont épuisées par les longues années d'errance. Je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps et la tête haute à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit. Moi je suis trop impatient, je pars avant eux» écrit-il. «On peut appartenir à son peuple, mais quand les peuples sont devenus fous, on est pas obligé de l’être en même temps qu’eux» disait Stefan ZWEIG.
Par conséquent, Stefan ZWEIG est resté essentiellement pessimiste : «N'allez pas croire que j'aie foi en une amélioration prochaine de l'humanité, ce visqueux monstre aux mille têtes. Mais ne s'améliorera-t-elle pas, l'humanité, que si l'on cesse de lui répéter qu'elle a emprunté quelque voie mystérieuse, alors qu'elle ne fait vraisemblablement que s'entortiller autour de son propre axe ? Allez, «l’illusion» fait partie intégrante de la mixture magique de l'existence» disait-il. «La plus volontaire mort, c’est la plus belle. La vie dépend de la volonté d’autrui, la mort de la nôtre» dit Stefan ZWEIG. Evoquant la vie d’Empédocle (Vème siècle avant J-C) qui s’était jeté dans l’Etna, il parle d’une magnifique apothéose, d’une fin privilégiée, d’une chute héroïque «La douleur du génie est un plus haut trésor, qui n’appartient déjà plus à lui-même, cette souffrance est «sacrée» ; «la douleur des dieux n’appartient qu’à eux seuls» écrit-il dans «le combat avec le démon». La geste désespérée de Stefan ZWEIG n’est pas inutile ou vaine, et nous interpelle à ce moment précis où, dans cette démocratie ethnique, essentiellement celle de l’Homme blanc, les racisés sont devenus les Juifs d’Europe. «I am a Man» disait Martin Luther KING (1929-1968) qui a été crucifié. Habités par l’Espoir et l’Espérance, je considère que le suicide Stefan ZWEIG, pour un monde meilleur, ne sera vain «On croit que tout est fini, mais il y a toujours un rouge-gorge qui se met à chanter» disait Paul CLAUDEL (1868-1955). Dans cet affrontement en Ukraine, avec des interventions à peine déguisées des Occidentaux, ces guerres locales injustes contre les faibles, la troisième guerre mondiale nucléaire, n’aura pas lieu, et nous apprendrons à vivre ensemble, dans la difficulté certes, mais dans le respect mutuel.
I – Stefan ZWEIG, un portraitiste et maître à penser de la Cité
Stefan ZWEIG, moins célèbre pour ses biographies, pourtant s’y révèle, merveilleusement bien comme un guide, un directeur de conscience. Sa contribution littéraire fait de lui un maître à penser de la Cité, annonciateur de la construction européenne, un monde fondé sur le multiculturalisme. Agissant en maître à penser de la Cité, traumatisé par la Première guerre, une faillite de la Raison humaine, Stefan ZWEIG veut rapprocher les peuples européens. Educateur de la liberté, NIETZSCHE estime «qu’être grand, c’est donner une direction». La vocation de l’artiste est l’appel pour un monde de justice, de paix et de fraternité «Ceux-là seuls croient au divin, qui sont eux-mêmes divins» dit Friedrich HOLDERLIN. Après tant de ruines, de larmes et de guerres, il faudrait reconstruire une immense cathédrale spirituelle «mon but serait un jour de devenir non un grand critique, une célébrité littéraire, mais une autorité morale», écrit-il le 21 janvier 1918, à Romain ROLLAND. En directeur de conscience, Stefan ZWEIG s’est fixé une orientation pour sa contribution littéraire : «Il me fallait, par la parole, aider à surmonter le désastre. Alors que j’étais superflu pendant le conflit, il me semblait qu’après la défaite ma véritable place était là. (…) Il ne restait qu’un parti à prendre : travailler à son œuvre dans le silence et la retraite» dit-il. Aussi, il va s’attacher, à travers diverses biographies, dans lesquelles, il se reconnait en termes de valeurs d’humanisme, de tolérance, de fraternité et d’amour de la paix ainsi que la compréhension entre les peuples. «Toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur» dit Stefan ZWEIG.
Critique littéraire et biographe, Stefan ZWEIG a consacré de nombreux écrits à ses amis, un culte de l’amitié. En effet, c’est la rencontre avec le poète flamand belge d’expression française, Emile VERHAEREN (1855-1916) qui le conforte dans son ambition littéraire «J’avais environ vingt ans lorsque je fis la connaissance de Verhaeren : il fut le premier grand poète que je connus en tant qu’homme. J’éprouvais la plus grande envie de me trouver face à face, «âme à âme», avec un véritable poète dont l’exemple fût pour moi décisif. C’est ainsi que cet être merveilleux fit un jour irruption dans ma vie au moment propice et devint la bonne étoile de ma jeunesse» écrit-il dans «Ses souvenirs». Jusqu’ici, prisonnier de son monde et de son temps, il s’en libéra pour la création littéraire. Il est fasciné par le personnage du musicien, Arturo TOSCANINI (1867-1957), en raison de la très exigence qu’il a envers lui-même : «Toscanini hait la conciliation sous toutes ses formes, il abhorre dans l’art comme dans la vie la résignation facile, la modération complaisante, le compromis. Semblable au héros démoniaque de Balzac, il passera sa vie dans la «recherche de l’absolu». Mais toute volonté qui s’efforce constamment d’atteindre l’inaccessible, de rendre possible l’impossible, acquiert une force irrésistible : seul l’excès est productif, la modération jamais» écrit-il dans «Ses souvenirs». GOETHE fait dire à son «Faust» : «J’aime celui qui désire l’impossible» et l’art est un élément vital pour cet auteur allemand «La poésie lui est tout aussi indispensable et naturelle pour l’interprétation permanente de sa vie que le rayonnement à la lumière et la croissance à l’arbre. Elle est pour lui un phénomène organique, une fonction de l’élément Goethe, une activité dont il ne peut se passer» dit Stefan ZWEIG de GOETHE. Le mystique Rainer Maria RILKE fait partie de ses idoles, «car il était l’unique d’entre nous chez qui le verbe fût véritablement mélodie. Son verbe créateur savait exprimer toute la multiplicité des choses, toutes les formes de la vie se reflétaient dans le miroir sonore de ses vers, et la mort, la mort elle-même, surgissait, grandiose, tangible, de ses poèmes, comme la plus nette, la plus absolue des réalités» écrit-il dans «Ses souvenirs».
Au cours de la préparation de sa thèse, Stefan ZWEIG découvre que Romain ROLLAND (1866-1944)  et Ernest RENAN (1823-1892) avaient une affinité d’esprit et affective avec Hyppolite TAINE (1828-1893). Stefan ZWEIG aime la France et ses intellectuels. Ernest RENAN «faisait partie de la conscience française, européenne et mondiale qui résiste au déferlement violent de la haine par le simple fait qu'elle existe et persiste» écrit Stefan ZWEIG dans «Ses souvenirs». En effet, pendant longtemps Allemands et Français s’étaient combattus, et pourtant, des intellectuels du juste milieu, comme Ernest RENAN, prônaient la fraternité : «Renan n’a point énoncé de dogme, n’en a combattu aucun ; sa nature compréhensive, conciliante, mettait en lumière les différences entre les langues et les civilisations non pour en souligner les contrastes, mais pour prouver l’éternelle unité de l’esprit qui revêt toutes les formes, dieu invisible que chaque nation, chaque époque façonne à sa propre image. Il demeurait en dehors de toute religion, mais se penchait au-dessus de chacune, proche de toutes, les aimant toutes, quoique dénonçant leurs faiblesses et leurs imperfections. Il passa toute sa vie dans le temple du dieu inconnu. Encore une fois pour fuir ces heures déchirantes il se réfugie dans le royaume de l’esprit qui ne connaît ni provinces ni luttes fratricides, royaume de l’éternelle concorde pour qui sait voir les liens entre les choses les plus différentes» écrit-il dans ses «souvenirs».
Il a célébré le poète maudit, Arthur RIMBAUD (1854-1891) : «La poésie n’était rien pour lui qu’une tentative de libération, une soupape pour déverser l’excès de vitalité qui l’oppressait. La force jaillit de lui comme un blasphème. Il essaie d’user cette force. Tel un malade à qui la douleur tord les entrailles, qui court, grimpe, danse, gesticule, entreprend des choses insensées, Rimbaud prend sa course à travers le monde. A l’aventure, comme s’il s’évadait d’une prison, toujours plus loin vers les grands espaces, vers la liberté» écrit-il dans «Ses souvenirs».
Stefan ZWEIG admire chez Michel de MONTAIGNE (1533-1592), son attitude face à la vie, comme celle de tous les libres penseurs, aboutissant à la tolérance. Il n'est pas de croyance ou d'opinion qu'il refuse de prime abord, et son jugement ne se laisse troubler par aucun préjugé : «Je n'ai point cette erreur commune de juger d'un autre selon que je suis». Il met en garde contre la violence et la force brutale qui, plus que tout, peuvent gâter et insensibiliser une âme en soi bien faite. «Montaigne a fait la tentative la plus difficile qui soit sur terre : vivre par soi-même, être libre et le devenir toujours» écrit Stefan ZWEIG. «Il n’y a qu’une chose qui ne se donne pas, une chose essentielle : sa liberté. Car il n’existe pas de liberté humaine sans responsabilité. Il n’y a qu’une chose, rester soi-même», dit MONTAIGNE.
Pour Stefan ZWEIG, Honoré de BALZAC (1799-1850) est un génie universel qui observe et analyse la société, pour mieux cerner «La comédie humaine». Il sait «séparer l’essentiel de l’embrouillamini des choses insignifiantes» écrit-il. BALZAC connait bien le monde et la puissance, ainsi que les rudesses et les mesquineries de la vie quotidienne : «C’est parce qu’il a, dans sa jeunesse, passé par tant de métiers différents et tiré au clair leur contexte intime qu’il a pu vraiment peindre son temps» écrit Stefan ZWEIG. En effet, BALZAC comprime le réel et en arrive à l’essence des choses.  C’est cela  «Comédie Humaine» ; non seulement les personnages se complètent pour reformer entre eux la totalité du genre humain, mais les romans s’emboîtent également les uns dans les autres, le but étant toujours la description de l’univers dans sa globalité. «Constructeur du monde», Honoré de BALZAC, doté d’une immense imagination, la plus fertile, la plus dense entrainait, avec lui, la puissance créatrice et le rêve. En raison de sa prodigalité, des nombreux créanciers qui le poursuivaient «Balzac qui doit payer tous ses rêves de bonheur d’un lourd tribut dans la vie réelle, la malédiction s’abat de nouveau. Il restera pour l’éternité non seulement l’auteur, mais le héros douloureux des «Illusions perdues» écrit Stefan ZWEIG.
Stefan ZWEIG, qui voulait être poète, s’est intéressé à des artistes maudits, comme Charles BAUDELAIRE (1821-1867) «Baudelaire, qui réglait tout de même ses vers pour qu’ils provoquent un effet puissant, n’a rien de commun, dans sa retenue élégante, avec ce romanichel génial et pervers qu’était Paul Verlaine. C’est seulement dans les motifs les plus cachés que les racines de leurs natures entrent en contact : dans la nostalgie de l’individu, cette nostalgie fatiguée par la civilisation et qui cherche vainement à échapper à une époque sans nerfs, décadente et malade, parce qu’il se sent comme son enfant le plus propre et le reflet le plus fidèle» écrit Stefan ZWEIG. A côté de Victor HUGO, le poète à la main puissante, au rythme ferme et sonore, l’artiste d’une poésie de combat, se dresse Charles BAUDELAIRE. Ce poète, cet artiste de la beauté mélancolique, fait partie est des gens «qui ont reçu en don, à leur naissance, une autre nature et une autre humeur que le commun des hommes, leur cœur est plus vaste et leur sang plus impétueux, leurs désirs plus profonds, leurs passions plus violentes, plus sauvages et plus brûlantes que chez ceux qui portent communément le nom de noblesse.» écrit-il à propos de BAUDELAIRE.
Stefan ZWEIG, un nationaliste, a toujours refusé de prendre parti dans le débat politique. «La raison et la politique suivent rarement le même chemin» dit-il. «Quand un homme intelligent, mais pas très courageux, est confronté à quelqu’un de plus fort que lui, la plus sage des réactions qu’il puisse avoir, c’est de se mettre à l’écart, et d’attendre sans aucune honte le moment où il aura de nou­veau le champ libre» écrit-il dans sa biographie sur Cicéron. Cette attitude de distanciation, du juste milieu, ne signifie nullement qu’il s’intéresse pas aux grands enjeux de son temps. En 1934, pour justifier son silence face au nazisme, Stefan ZWIEG publie un essai historique sur Érasme (1466-1536), une véritable apologie. Par contre, Luther (1483-1546), l’irréductible opposant d’Érasme, disparaît presque entièrement sous la figure de Hitler, et n’a guère de consistance historique. Pour Stefan ZWEIG l’intellectuel doit rester impartial «L’intellectuel ne doit pas prendre parti, son domaine est l’équité laquelle plane toujours au-dessus de la discorde», écrit-il. Un intellectuel devrait rester dans le juste milieu, mais ne devrait pas fuir le champ bataille, il doit rechercher à instaurer la paix, à réconcilier les opposés, soit «Apaiser les conflits par une bienveillante compréhension mutuelle, éclaircir ce qui est trouble, démêler ce qui est embrouillé, raccommoder ce qui est déchiré» écrit-il. Dans la montée du racisme, raisonnable et rationaliste, Erasme est «affranchi de tous les préjugés de race», il est citoyen du monde, ennemi de tout débordement passionnel. En particulier, Stefan ZWEIG voyait dans «l’intolérance le mal héréditaire de notre société». Défenseur de la paix, Erasme est un adversaire résolu de l’emprisonnement de l’intelligence, de toutes les formes de fanatismes religieux, national ou philosophique.
Stefan ZWEIG oppose, par contraste, le personnage craintif et de sceptique d’Erasme, à la nature bouillante et volcanique du théologien Martin LUTHER un «fils de mineur et descendant d’une famille de paysans, Luther est plein de santé, débordant même ; il est doué d’une vitalité dont il se réjouit grossièrement. “Je mange comme un Bohémien et je bois comme un Allemand” ; toute la vie, l’élan, la brutalité d’un peuple se trouvent amassés dans cette nature trop riche, prête à éclater. Quand il élève la voix, on croirait entendre mugir un orgue» écrit-il à propos de LUTHER.  Dans sa colère, LUTHER n’a aucune compassion pour ses victimes : «On retrouve encore cette fureur, cette haine effroyable sous sa plume lorsqu’il tourne celle-ci contre Érasme [...] la colère de Luther se transforme en rage» écrit Stefan ZWEIG. Dans ce combat entre le religieux et l’humaniste, Erasme finira au bûcher. LUTHER, grand orateur et réformateur, est cependant, l’incarnation du fanatisme et le produit des forces les plus obscures du peuple allemand.
La biographie de Stefan ZWEIG consacrée la reine Marie-Antoinette, d’origine autrichienne, tranche avec celle des Goncourt datant de 1858, une vaste peinture de la société de la fin de l'Ancien Régime réduisant la Reine,  à un corps féminin, comme un objet uniquement sexuel. «La vie particulière, ses agréments, ses attachements sont défendus aux souverains. Leur plaisir doit être grand et royal, leurs amitiés hautes et sans confidences. Leur cœur même ne leur appartient pas. Cette reconnaissance fut longue et douloureuse chez Marie-Antoinette, elle fut la perte d’une illusion» écrivent les frères Goncourt. En 1932, Stefan ZWEIG publie une brillante biographie psychologique sur Marie-Antoinette, une femme moyenne et médiocre «l'Histoire  ne cesse de harceler  cette âme molle et faible, d'éprouver cette femme dans son corps pour la proposer  en exemple à la postérité» écrit-il. «Écrire l'histoire de Marie-Antoinette, c'est reprendre un procès plus que séculaire, où accusateurs et défenseurs se contredisent avec violence. Le ton passionné de la discussion vient des accusateurs. Pour atteindre la royauté, la Révolution devait attaquer la reine, et dans la reine la femme. Or, la vérité et la politique habitent rarement sous le même toit, et là où l'on veut dessiner une figure avec l'intention de plaire à la multitude, il y a peu de justice à attendre des serviteurs complaisants de l'opinion publique. On n'épargna à Marie-Antoinette aucune calomnie, on usa de tous les moyens pour la conduire à la guillotine» écrit Stefan ZWEIG. La Marie-Antoinette de Stefan ZWEIG est avant tout un corps sensuel et sexuel, exposé et souffrant, non divinisé :  «La vérité psychologique, comme c'est le cas le plus souvent, se rapproche ici du juste milieu. Marie-Antoinette n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande «grue» de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire, pas trop intelligente, pas trop niaise, un être ni de feu ni de glace, sans inclination pour le bien, sans le moindre amour du mal, la femme moyenne d'hier, d'aujourd'hui et de demain, sans penchant démoniaque, sans soif d'héroïsme, assez peu semblable à une héroïne de tragédie» écrit Stefan ZWEIG. Sous le poids du malheur et de l'Histoire, Marie-Antoinette se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. «Mais le destin, parfois, sait bouleverser ces natures moyennes et de sa poigne impérieuse les sortir de leur médiocrité ; la vie de Marie-Antoinette en est peut-être un des plus éclatants exemples de l'Histoire. C'est dans le malheur qu'on sent davantage ce qu'on est. Et grâce à cette conscience d'un devoir supérieur à remplir son caractère grandit au-delà de lui-même. A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin».
Stefan ZWEIG est l’auteur d’une remarquable biographie, «Sigmund FREUD. La guérison par l’esprit» et pose souvent la question des tourments intérieurs dans ses écrits «C'est la souffrance tout d'abord qui a créé chez l'homme le sentiment de la religion, l'idée de Dieu. La santé étant l'état normal de l'homme ne s'explique pas et ne demande pas à être expliquée. Mais tout être qui souffre cherche à découvrir le sens de sa souffrance. Lutter pour la santé, aux premiers âges de l'humanité, ne signifie donc pas combattre sa maladie, mais lutter pour conquérir Dieu. Toute médecine au début n'est que théologie, culte, rite, magie, réaction psychique de l'homme devant l'épreuve envoyée par Dieu.» écrit-il. Sigmund FREUD, médecin de l’âme, propose une guérison psychique ; il a vu pendant toute sa carrière la souffrance humaine. «Ce regard qui contemple l'humanité est sombre ; seul le côté triste et aboulique de l'humanité est apparu inexorablement à cet homme durant toute une vie» écrit Stefan ZWEIG, à propos de son maître. Finalement, contre tous ses détracteurs, FREUD a réussi à administrateur la preuve scientifique qu’il existe des «forces curatives de l'âme, la «volonté de la santé» : elle est née de la conviction qu'en dehors de l'arsenic et du camphre on peut injecter à l'organisme humain des reconstituants purement spirituels comme le courage, la confiance en soi, la confiance en Dieu, l'optimisme actif» écrit-il. «Grâce à Freud on s'est rendu compte pour la première fois dans un sens nouveau et actif de l'importance de l'individu, de la valeur unique et irremplaçable de toute âme humaine» dit Stefan ZWEIG, chargé de l’oraison funèbre de FREUD.
La biographie sur Cicéron (106-43 avant J-C), est une réflexion profonde et humaniste sur le rôle de l’homme de lettres face au pouvoir et à la barbarie. En effet, Cicéron, un avocat et philosophe, un défenseur de la République, symbole universel de la lutte tragique menée par l’humanisme contre la dictature, a été assassiné. Dans un contexte de haine et de violence, «fatigué de la vie», il s’était retiré de l’action publique, pour se consacrer à la réflexion et à l’écriture. Le Cicéron de Stefan ZWEIG est une tentative de décrire et de comprendre la folie des temps antiques comme de sa propre époque. La description du peuple romain, oppressé, peut ainsi, s’appliquer à tout peuple victime d’une dictature, en particulier ceux sous le joug du régime nazi, mais aussi à la Françafrique et aux démocraties devenues ethniques européennes. L’Afrique est un continent riche, mais habitée par des populations pauvres martyrisées.
Stefan ZWEIG, en 1925, dans son livre, «combat avec le démon» écrit à Salzbourg, rassemble trois grands penseurs : Heinrich Von KLEIST (1777-1811), poète maudit et dramaturge allemand qui s’est suicidé, utilisant la psychanalyse ses personnages ayant déconcerté ses contemporains, Friedrich HOLDERLIN (1770-1843), un luthérien, discret, vivant en ermite que Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) fera sortir du purgatoire,  et Léon TOLSTOI (1828-1910, voir mon article), une force de la nature, écrivain désespéré, à qui la vie a tout donné, le génie, la gloire, l'amour, la santé, est constamment hanté par l'idée de la mort : «Si dans nos livres nous avons coutume de rapprocher certains portraits, c’est uniquement à la manière du peintre, qui choisit pour ses oeuvres la place favorable, où, sous l’action réciproque de la lumière et de l’ombre et par une disposition symétrique, se manifeste avec évidence l’analogie, d’abord cachée, du type. La comparaison nous a toujours paru un élément fécond, créateur, et nous l’aimons en tant que méthode parce qu’elle s’applique sans violence. Elle enrichit dans la mesure où la formule appauvrit ; elle rehausse toutes les valeurs en provoquant des clartés par des reflets inattendus et en enveloppant d’espace profond, comme d’un cadre, le portrait qui se dégage. Psychologue par passion, créateur volontaire, nous n’exerçons notre art qu’au gré de nos affinités profondes» écrit Stefan ZWEIG. Il décrit ainsi trois artistes, et héros tragiques, possédés par le démon, un esprit supérieur, poussant ces êtres supérieurs, dans un tourbillon, une ivresse, une exaltation, une exagération et une démesure, à se dépasser, et donc à réaliser une création littéraire féconde, hors du commun : «Nous appelons démon l’inquiétude primordiale et inhérente à tout homme qui le fait sortir de lui-même et se jeter dans l’infini. Tout esprit créateur est donc inévitablement amené à entrer en lutte avec son démon, et c’est toujours un combat passionné, héroïque, le plus magnifique de tous les combats. Souvent cette lutte grandiose et mystérieuse dure toute une vie. Elle prend sa forme visible dans l’œuvre de l’artiste, où vibre le souffle ardent des noces de l’esprit et de son éternel séducteur. C’est chez le créateur qui lui a succombé que le démon réussit à se dégager de l’ombre, devient verbe et lumière»  écrit Stefan ZWEIG.
«Je fais cas d’un philosophe dans la mesure où il est capable de fournir un exemple» écrit ZWEIG. Friedrich NIETZSCHE, ce philosophe hors du commun, est resté un lutteur solitaire et malade : «Pas un seul humain n’ose se risquer à entrer pleinement dans le cercle intérieur de cette destinée ; Nietzsche parle toujours, lutte toujours, souffre toujours pour lui seul. Il n’adresse la parole à personne et personne ne lui répond. Et, ce qui est encore plus terrible, personne ne l’écoute» écrit Stefan ZWEIG. Mais dans cette tragédie, NIETZSCHE n’est ni un spectateur, ni un auditeur, face à lui-même, il est resté une voix singulière du XIXème siècle, entonnant le chant de la grandeur de l’Homme, la posture du «Surhomme». Génie des oppositions violentes et contradictoire, la psychologie, l’intellectualité de NIETZSCHE «poussent  l’homme impressionnable vers la souffrance et jusque dans l’abîme du désespoir ; mais la psychologie, l’esprit, le ramènent à la santé. Comme sa maladie, la guérison de Nietzsche vient de la connaissance profonde qu’il a de lui-même. La psychologie devient ici une thérapeutique» écrit Stefan ZWEIG. La création littéraire devient, pour ce traqueur du domaine de la connaissance solitaire, un amour de la vérité, un amour honnête, durable, tout à fait fidèle. Amoraliste et athée, par ses questionnements NIETZSCHE a bien secoué les cocotiers du conservatisme. Ce qui domine sa philosophie, c’est le retour à soi : «Deviens qui tu es» dit-il.
Stefan ZWEIG est l’auteur d’un biographie sur Léon TOLSTOI (1828-1910, voir mon article). «Il n’y a rien qui produise une aussi forte impression et qui unisse aussi impérieusement tous les hommes dans le même sentiment, que l’œuvre d’une vie, et finalement toute une vie humaine» dit Léon TOLSTOI. Homme riche et comblé par sa famille et ses 700 serfs, TOLSTOI, subitement et à cinquième année, devient acariâtre, sombre et irritable. Il a subitement «aperçu l’immense néant comme étant sa destinée et celle de tout homme. Jamais un homme n’a entrepris avec une force aussi gigantesque la lutte contre l’indicible, contre l’angoisse primitive» écrit Stefan ZWEIG. En effet, TOLSTOI s’est fixé une nouvelle direction dans sa vie : sauver, non seulement sa propre personne, mais encore toute l’humanité, par sa lutte pour la Vérité. Il veut tout abandonner, ses biens et sa famille, et c’est en cours de route qu’il va mourir.
Stefan ZWEIG est également le biographe de Fiodor DOSTOIEVSKI (1821-1881), dont les personnages sont tourmentés. Peintre de la vie intérieure, avec son œuvre unique, puissante et immense, lointaine et effrayante : «Rien de gracieux n’y arrête notre regard, rarement une heure paisible nous incite au repos. Un crépuscule mystique du sentiment, tout chargé d’éclairs, alterne avec un esprit d’une lucidité froide et souvent glaciale ; au lieu d’un soleil qui nous réchauffe, une aurore boréale et sanglante illumine le ciel. En pénétrant dans l’univers de Dostoïevski on découvre un paysage antédiluvien, un monde mystique, primitif et virginal : une douce angoisse vous étreint comme à l’approche de forces élémentaires et éternelles ; bientôt l’admiration et la foi vous incitent à rester» écrit Stefan ZWEIG.
II – Stefan ZWEIG, un nouvelliste du drame intérieur et psychologique
Abandonnant la poésie, Stefan ZWEIG, très prolifique, s’est essayé au théâtre (Jérémie en 1916, l’Agneau du pauvre en 1930 et Volpone en 1927), Brûlant secret, connaîtra la consécration littéraire avec ses nouvelles, les plus célèbres étant écrites à Salzbourg. Son style bref et épuré a conquis les lecteurs. Ses nouvelles restant une partie vivante et moderne de sa création,  il a livré le secret de la conception de son art : «Le désir répété de résumer le destin d'un individu dans un minimum d'espace et à l'exemple de Maupassant, l'effort fait en vue de donner dans une nouvelle la substance d'un livre» dit Stefan ZWEIG. Conteur et poète, il sait dans ses nouvelles, exprimer les instants fugaces pour les rendre impérissables. Stefan ZWEIG est peintre minutieux et extraordinaire des drames de l’âme humaine. «Chaque livre est une harmonie, calculée et réalisée avec un art précis et raffiné. Rien de plus exceptionnel, à notre époque d’incohérence naturelle ou voulue, d’impromptus et d’impressions heurtées. Ce haut et fin sens musical, que ne remarque pas assez l’oreille tumultueuse du temps, est ce qui m’attache le plus à l’œuvre de Zweig. Et je tiens à le mettre en lumière» écrit Romain ROLLAND, dans la préface d’Amok. Le destin, sans être d’origine surnaturelle, occupe un grand rôle dans ses récits. Fidèle disciple de Sigmund FREUD, dans sa contribution littéraire, Stefan ZWEIG explore le processus de  fatalité dont ses personnages sont victimes, avec une grande dose de déterminisme de l’inconscient.
«Brûlant secret», une nouvelle de 1908, est une exploration du désir et de la passion enracinés au fond de chaque être, pouvant le révéler à lui-même et bouleverser son destin. Dans cette nouvelle, un jeune fonctionnaire en villégiature dans une station du Semmering se languit de Vienne et de ses plaisirs. L’exercice de la séduction offrant un dérivatif à son ennui, il jette son dévolu sur une jeune femme qui réside dans le même hôtel, en compagnie de son fils, Edgar, un garçon d’une douzaine d’années venu fortifier sa constitution chétive au grand air des montagnes. Comme le ferait tout bon séducteur, il se lie avec l'enfant, qui est très content d'avoir un ami adulte, pour mieux approcher la mère qui ne se montre guère farouche. Son rayonnement est tel qu'il séduit autant l'enfant que la mère. Mais, bientôt, Edgar devient une gêne pour le couple qui voudrait des tête-à-tête plus tranquilles. Ils en viennent donc à mentir, et l'enfant sent qu'il y a là un secret qu'il ne comprend pas. Il les épie donc, allant jusqu'à les suivre dans une promenade nocturne en forêt. Soudain, il entend sa mère protester, s'imagine que son grand ami est en fait un criminel et fait du bruit. Inquiets, les amants rentrent à l'hôtel sans avoir découvert la présence de l'enfant. Lorsqu'il entend sa mère passer devant sa chambre sans s'y arrêter, il se précipite dans le noir, frappe l'homme au hasard tandis que sa mère s'esquive. Le lendemain, elle exige de son fils qu'il écrive une lettre d'excuses à leur ami qui a quitté l'hôtel. Il refuse et prend le train pour trouver refuge chez sa grand-mère. Le soir même, il est retrouvé par ses parents. Sa mère a vite donné l'alarme et son père est là qui demande l'explication d'une telle conduite. Par-dessus l'épaule de son père, il perçoit la prière muette de sa mère : qu'il ne dise rien de ce qui s'est passé à l'hôtel. Il exulte : il est maintenant dépositaire d'un terrible secret par lequel il possède sa mère qui désormais n'appartiendra plus qu'à lui. «Alors commença le rêve profond de sa vie.»  
Dans «Amok, ou le fou de Malaisie», la pathologie étant donc une source d’inspiration féconde, flotte un désir, un volupté, une passion destructrice et irrésistible, semblable à la folie des thèmes traités dans deux autres nouvelles («Joueur d'échecs», «La Confusion des sentiments»). Sur le pont du transatlantique qui doit le ramener de Calcutta en Europe, le narrateur est brusquement arraché à sa rêverie par la présence quasi fantomatique d'un autre passager, qui se décide, lors d'une seconde rencontre, à lui confier le secret qui le torture. Amok, «avec son odeur de fièvre, de sang, de passion et de délire malais est des plus lucides tragédies de la vie moderne, de l’éternelle humanité» écrit Romain ROLLAND. Amok est l'enfer de la passion au fond duquel se tord, brûlé, mais éclairé par les flammes de l'abîme, l'être essentiel, la vie cachée. «Amok», une ardente curiosité psychologique, avec tous les caractères d’une «passion charnelle», est publié quelques années après la Première guerre mondiale, «La faim (de culture) s’est réveillée plus vive, et, les frontières rouvertes, elle a accepté de toutes mains, les aliments. Cette jeune vie vorace, qui renaît, est un heureux symptôme, qui rappelle l’ardente curiosité européenne de la génération française. Le trait le plus frappant de sa personnalité d’artiste est la passion de connaître, la curiosité sans relâche et jamais apaisée, ce démon de voir et de savoir et de vivre toutes les vies» écrit Romain ROLLAND, dans la préface de l’édition française de 1926. L'Amok, en Malaisie, est celui qui, prix de frénésie sanguinaire, court devant lui, détruisant hommes et choses, sans qu'on puisse rien faire pour le sauver. Le narrateur rencontre sur un paquebot un malheureux en proie à cette forme mystérieuse de démence. «Je voudrais vous raconter quelque chose. Je sais, je sais combien il est absurde, de ma part, de m’adresser ainsi à la première personne qui me rencontre, mais je suis dans un état psychique terrible. J’en suis à un point où il faut absolument que je parle à quelqu’un, sinon je suis perdu» dit l’inconnu ; un médecin qui avait détourné de l’argent pour une histoire de femme, ruinant ainsi sa réputation. Amok relate la puissance démoniaque, dans la vie de l'être humain, cette force psychique qu’est la passion, poussant l'individu à se mettre dans des situations pénibles et parfois périlleuses. Mais la passion peut faire de l'homme dominateur et méprisant, un être humilié et ridiculisé.
La «Peur», en 1925 relate les plus subtils mouvements de l'âme et de l'esprit de cette grande bourgeoise qui trompe son mari et qui est habitée par la peur. Irène, mariée à un avocat aisé, s'ennuie et, prend un amant. Pourtant, chaque fois qu'elle quitte la chambre de celui-ci, elle est en proie à une terrible peur. Un jour, son anxiété se justifie : une femme particulièrement vulgaire l'arrête sur le palier, dit être l'ancienne maîtresse du jeune homme et lui réclame de l'argent à titre de dédommagement. Irène lui en donne. Mais, dévorée par l'angoisse, elle s'enferme chez elle et envoie une lettre de rupture à son amant. Mais elle continue d’être victime de remords, de chantage et hésite, dans la conduite cohérente et efficace à tenir. Observateur de génie, dans une analyse psychologique des comportements humains, Stefan ZWEIG incarne «ce démon de voir, de savoir et de vivre toutes les vies, qui a fait de lui un pèlerin passionné, et toujours en voyage» écrit Romain ROLLAND.
Dans le «joueur d’échec», une dénonciation du nazisme, écrit en 1941 et publié  à titre posthume en 1943, sur le grand paquebot devant quitter New York à destination de Buenos-Aires, le narrateur apprend que se trouve Mirko Czentovic, le champion mondial des échecs. Il a traversé les États-Unis d’est en ouest, sortant vainqueur de tous les tournois, et maintenant il s’en va cueillir de nouveaux lauriers en Argentine. Czentovic, orphelin à l’âge de 12 ans, adopté par le curé du village, qui lui a apprend le jeu d’échecs, est champion d’échecs très orgueilleux, jusqu’ici enchaine des victoires. Un personnage mystérieux intervient dans la partie et amène les amateurs du jeu au match nul. Ce génie du jeu d’échecs s’efface rapidement en prononçant cette phrase énigmatique «il y a vingt ou vingt-cinq ans que je n’ai pas vu d’échiquier». L'orgueil de Czentovic est blessé : il explique qu'il a conduit à une partie nulle pour ménager ses adversaires. Cette excuse met le groupe de joueurs hors de lui, et déterminé à écraser le champion. Ils sont marqués par le contraste entre la modestie de l'homme pâle et l'arrogance de Czentovic, et veulent absolument provoquer une partie entre les deux génies. L’inconnu accepte une partie avec Czentovic ; il raconte au narrateur sa vie et sa relation avec les échecs. Il appartenait à une riche famille viennoise d'administrateurs de biens dont la discrétion protégeait leurs clients, membres de congrégations religieuses. Les nazis voulurent s’approprier ces biens et trompèrent leur vigilance par un espion à leur solde. «La veille du jour où Hitler entrait à Vienne», il fut arrêté «par des hommes de la SS». Il fut enfermé à l’hôtel “Métropole”, seul dans une chambre où il fut soumis à un isolement absolu, bientôt irrégulièrement interrompu par des interrogatoires de la Gestapo. Après quelques mois de ce traitement, alors qu'il se sentait sombrer dans la folie, il avait pu dérober, dans la poche d'un officier, un livre qui se révéla être un manuel d'échecs. Sa détention fut alors plus douce en jouant seul contre lui-même aux échecs. Atteint d'un dédoublement de personnalité dû à sa pratique solitaire des échecs, il avait agressé un de ses gardiens et s'était blessé en cassant une vitre. Le médecin comprit son problème, usa de son influence pour qu'il fut libéré et lui recommanda de ne plus jamais jouer aux échecs. L’inconnu gagne la partie contre Czentovic. Le champion réclame une revanche que l’inconnu (M. B), qui avait pourtant assuré n’en vouloir faire qu'une, accepte avec précipitation. Mais le champion, ayant perçu la faiblesse de son adversaire, joue très lentement. Hors de lui, recommençant à jouer contre lui-même, continuant dans sa tête une partie fictive au lieu de s'en tenir à son jeu sur un échiquier bien réel, oubliant la partie qui est en train de se dérouler, l’inconnu revient à ses errances hystériques, devient violent. Le narrateur l'interrompt et lui rappelle ses excès passés. La partie cesse. Le champion daigne admettre que son adversaire était «très remarquablement doué».
Références bibliographiques
I – Contributions de Stefan ZWEIG
ZWEIG (Stefan), Amok ou le fou de Malaisie, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le livre de Poche, 2013, 128 pages ;
ZWEIG (Stefan), Balzac : le roman de sa vie, traduction de Fernand Delmas, Paris, Le Livre de poche, 1996, 508 pages ;
ZWEIG (Stefan), Baudelaire et autres poètes, traduction d’Olivier Mannoni, Paris, Payot et Rivages, 2021, 125 pages ;
ZWEIG (Stefan), Brésil, terre d’avenir, traduction de Jean Longville, New York, éditions de la Maison française, 1942, 379 pages ;
ZWEIG (Stefan), Brûlant secret, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le livre de Poche, 2019, 112 pages ;
ZWEIG (Stefan), Cicéron, préface et traduction de Michel Magniez, Paris, Payot et Rivages, 2020, 90 pages ;
ZWEIG (Stefan), Conscience contre violence ou Castillon contre Calvin, traductrice Alzir Hella, préface de Hervé Le Tellier, postface de Sylvain Reiner, Paris, Le livre de Poche, 2010, 290 pages ;
ZWEIG (Stefan), Dostoïevski, bibliothèque russe et slave, 1928 et 2019, 88 pages ;
ZWEIG (Stefan), Ecrits littéraires d’Homère à Tolstoï, avant-propos et traduction de Brigitte Cain-Hérudent, Paris, Albin Michel, 2021,  368 pages ;
ZWEIG (Stefan), Emile Verhaerhen, sa vie, son œuvre, traduction Paul Morisse et Henri Chervet, Paris, Mercure de France, 3ème édition, 1910, 352 pages ;
ZWEIG (Stefan), Erasme, grandeur et décadence d’une idée, traduction d’Alzir Ella, Verlag, 1935, Paris, Le Livre de poche, Bernard Grasset, 1996, 185 pages ;
ZWEIG (Stefan), Essais, Isabelle Hausser-Duclos, éditrice scientifique, Paris, Le livre de Poche, 1996, Vol III, 1273 pages ;
ZWEIG (Stefan), Hommes et destins, préface de Hélène Denis-Jeanroy, traduction de Raymond Jeanroy,  Paris, Belfond, 1999, 218 pages ;
ZWEIG (Stefan), Joseph Fouché, traduction d’Alzir Ella et Olivier Bournac, Paris, Le Livre de poche, 2000, 284 pages ;
ZWEIG (Stefan), L’amour inquiet, correspondances 1912-1942, traduction de Jacques Legrand, Paris, Des Femmes, 1987, 497 pages ;
ZWEIG (Stefan), La confusion des sentiments, Paris, Le Livre de poche, 1992, 160 pages ;
ZWEIG (Stefan), La fuite dans l’immortalité, traduction d’Olivier Mannoni, Paris, Payot et Rivages, 2019, 96 pages ;
ZWEIG (Stefan), La peur, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le Livre de poche, 2002, 250 pages ;
ZWEIG (Stefan), La pitié dangereuse, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le livre de Poche, 2012, 504 pages ;
ZWEIG (Stefan), Le combat avec le démon : Kleist, Holderlin, Nietzsche, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le livre de poche, 2004, 340 pages ;
ZWEIG (Stefan), Le joueur d’échecs, traduction de Brigitte Verne-Cain et Gérard Rudent, Paris, Le livre de Poche, 1991, 94 pages ;
ZWEIG (Stefan), Le monde d’hier : souvenirs d’un Européen, traduction de Serge Niémetz, Paris, Belfond, 1993, 531 pages ;
ZWEIG (Stefan), Lettre d’une inconnue, traductrices Alzir Hella et Elsa Zylberstein, Paris, Stock, 2009, 105 pages ;
ZWEIG (Stefan), Magellan, Paris, Le Livre de poche, 2012, 288 pages ;
ZWEIG (Stefan), Marie-Antoinette, portrait d’un caractère moyen, Paris, Bernard Grasset, 1932, 520 pages ;
ZWEIG (Stefan), Montaigne, traduction de Corinna Gepner, introduction d’Olivier Philiponnat, Paris, Librairie générale française, 2019, 144 pages ;
ZWEIG (Stefan), Pas de défaite pour l’esprit libre, préface de Laurent Seksik, Paris, Le livre de Poche, 2022, 448 pages ;
ZWEIG (Stefan), Paul Verlaine, traduction de Corinna Gepner, introduction d’Olivier Philiponnat, Le Pré-Saint-Gervais, Le Castor Astral, 2015, 160 pages ;
ZWEIG (Stefan), Pays, villes et voyages, traduction de Hélène Denis-Jeanroy, préface de Raymond Jeanroy, Paris, Le Livre de poche, 1998, 250 pages ;
ZWEIG (Stefan), Romans, et nouvelles, Brigitte Verne-Cain et Gérard Rudent, éditeurs scientifiques, traducteurs Alzir Hella, Olivier Bournac et Manfred Schenker, Paris, Le livre de Poche, 1991, Vol I, 1340 pages ;
ZWEIG (Stefan), Romans, et nouvelles, traducteurs Alzir Hella et Olivier Bournac, Paris, Le livre de Poche, 2011, 126 pages ;
ZWEIG (Stefan), Romans, nouvelles et théâtres, Brigitte Verne-Cain et Gérard Rudent, éditeurs scientifiques, Paris, Le livre de Poche, 1995, Vol II, 1340 pages ;
ZWEIG (Stefan), Seuls les vivants créent le monde, traduction de David Sanson, Paris, Robert Laffont, 2018, 165 pages ;
ZWEIG (Stefan), Sigmund Freud, la guérison par l’esprit, traduction d’Alzir Ella et Hélène Denis-Jeanroy, Paris, Le Livre de poche, 2010, 160 pages ;
ZWEIG (Stefan), Souvenirs et rencontres, traduction d’Alzir Hella, Paris, Bernard Grasset, 2005, 252 pages ;
ZWEIG (Stefan), Tolstoï, traduction d’Alzir Hella et Olivier Bournac, Paris et Neuchâtel, Victor Attinger, 1928, 233 pages ;
ZWEIG (Stefan), Trois poètes : Stendhal, Casanova, Tolstoï, traduction d’Alzir Hella, Paris, Le Livre de poche, pages ;
ZWEIG (Stefan), Vienne, ville de rêve, traduction d’Alzir Hella, David Sanson et Guillaume Ollendorf, Paris, Bouquins, 2021, 430 pages ;
ZWEIG (Stefan), Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, traduction d’Alzir Hella et Olivier Bournac, Paris, Le livre de Poche, 2003, 128 pages.
II – Critiques de Stefan ZWEIG
ALLDAY (Elizabeth), Stefan Zweig, a Critical Biography, Chicago, J-P O’hara, 1972, 258 pages ;
ARENS (Hanns), Stefan Zweig : A Tribute to his Life and Work, Londres, W.H Allen, 1951, 191 pages ;
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Paris, le 31 janvier 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Stefan ZWEIG (1881-1942) cosmopolite, humaniste, un lumineux et tragique portraitiste du déchirement intérieur» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
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