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«Boubacar Boris DIOP, un intellectuel sénégalais, panafricaniste, nationaliste et anticolonialiste, un écrivain de la mémoire» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Ecrivain majeur et subversif du Sénégal, professeur de littérature et de philosophie, universitaire, préfacier, traducteur, journaliste, historien, linguiste, éditeur, Boubacar Boris DIOP s'est particulièrement distingué dans ses combats pour la dignité des Africains, leurs valeurs et leur culture. Il faudrait apprendre à croire en soi et se respecter : «Notre asservissement date de la traite négrière, de la colonisation et en même temps, on a l’impression que ce n’est pas fini. Être Africain reste une circonstance aggravante, en raison de cette négrophobie, les Africains représentant une anomalie, à mépriser. Le continent africain est associé à la misère, à la mal-gouvernance et aux désordres» dit-il à Sada KANE sur 2S TV. Pourtant sa riche contribution littéraire, une méditation sur le destin d’une Afrique martyrisée à travers diverses tragédies (esclavage, colonialisme et ses massacres, régimes autocratiques) est aussi une espérance, qu’un jour, après la nuit, viendra l’aube, pour paraphraser Victor HUGO. En effet, il milite pour la souveraineté et une vraie indépendance des pays africains, avec une revalorisation des langues nationales. «La France se comporte dans ses anciennes colonies comme nulle part ailleurs» dit-il à «Jeune Afrique».
Miroir de l'âme et de la société par excellence, le roman, l'un des genres majeurs de la littérature, demeure un pont de soupir au relent thérapeutique. En effet, la production romanesque, de par sa polyphonie, est un espace de projection et un laboratoire d'expérimentation du vécu social. «L'œuvre de Boubacar Boris Diop tout entière se donne dans l'exploration des pouvoirs du langage, de ce paradoxal pouvoir du dire qui est aussi son impouvoir. Elle s'acharne à dire le monde, à exposer les blessures de l'Histoire, à reconstituer le puzzle laissé par la disjonction des temps et des espaces, à reconstruire une mémoire-refuge, mais elle sait avec certitude que, pendant ce temps, le mémorial de mots qu'elle tente de dresser contre l'oubli est d'une fragilité irrémédiable» écrit Ousmane N’GOM. Ainsi, c'est naturellement que «le Sénégalais Boubacar Boris Diop soucieux de juguler les maux dont souffrent le Sénégal, à savoir la prévarication utilise le roman pour dévoiler la logique des révoltes émergeant et contestant les idéologies du pouvoir dominant. En fait, la révolte sourde dans l'âme et l'esprit de tout individu houspillé et bafoué, requiert et exige vengeance et justice» écrit Thierno Boubacar BARRY.
Ecrivant aussi bien en français qu'en wolof, Boubacar Boris DIOP est, dans les deux langues, un auteur militant pour la conservation de la mémoire culturelle sénégalaise ou africaine (Murambi). En 2016, il a fondé un hebdomadaire en ligne, «Lu Défu Waxu», une école de langue en ligne, et surtout EJO éditions, une maison spécialisée dans la littérature écrite en Ouolof (Doomi Golo, Bammeelu Kocc Bqarma et Malaanum Lëndëm). «Ejo», un clin d’œil panafricaniste, est un mot rwandais signifiant à la fois hier et demain, le passé et le présent. Il a traduit en wolof de «Une saison au Congo», (Nawetu Deret), d’Aimé CESAIRE (voir mon article). Il a aussi créé, aux éditions Zulma, à Paris, «Céytu», une collection littéraire, en référence au village natal de Cheikh Anta DIOP, son mentor en politique.
On peut dire, avec une grande fierté, que Boubacar Boris DIOP représente un «ancrage local, mais avec une internationalisation de son œuvre» suivant Nathalie CARRE. «Qui sait se servir de sa langue, ne se trompera jamais de chemin» dit un dicton Ouolof. Son engagement anticolonialiste est bien affirmé. La Françafrique prétend se tenir aux côtés de ses alliés africains, pour défendre leur sécurité. En fait les Africains : « sont ses obligés ; faute de quoi, la France perdra toute influence en Afrique et dans le monde. C’est joliment dit, ça : «engagement global de sécurité». En fait, c’est la logique mafieuse du parrainage : «Je te protège, je garantis la survie de ton pouvoir, mais cela a un prix» dit-il à Fatoumata SECK. Boubacar Boris DIOP est considéré aujourd'hui comme un des porte-paroles du continent noir et un de ses meilleurs avocats pourfendeurs des discours néo-colonialistes, compte tenu d’une Françafrique défendue plus que jamais par le président Emmanuel MACRON, comme au temps de l’Empire. «La France n’a pas d’amis ; la France n’a que des intérêts. Le français et nous, de toute façon, c’est bientôt fini. Ce n’était pas un mariage d’amour, le divorce arrive» dit-il.
Boubacar Boris DIOP, par la portée qu'il a assignée à sa création romanesque, par son engagement, à travers la question de la mémoire, revendique, sans concession, la dignité de l'Afrique. «Lorsqu’un État-client comme le Rwanda de Habyarimana est menacé par une guérilla venue de l’Ouganda, il faut sortir le grand jeu. Parce que c’est ainsi que les rebelles du Front Patriotique Rwandais étaient perçus : comme des anglophones – ce qui était vrai, d’ailleurs. Il s’agissait de se porter au secours d’un bastion francophone coincé entre le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Et du coup, moi, cela me pose problème pour deux raisons : d’abord parce que je suis sénégalais et que mon pays fait partie de ces États-clients piégés par l’Empire français et son rêve de grandeur ; ensuite parce que plus d’un million de Rwandais sont morts dans cette défense de la langue française. Et cette langue française, elle est mon instrument de travail. Je me suis bien rendu compte que si les circonstances l’y obligeaient, Paris n’hésiterait pas à intervenir de manière aussi sanglante au Sénégal, directement ou non. Au Rwanda, je découvre aussi que, finalement, ce que nous appelons en Afrique, et peut-être même ailleurs, «la haine de l’autre», c’est surtout «la haine de soi» dit-il à Fatoumata SECK.
Enseignant de qualité, équilibré, réfléchi et profond dans ses analyses, résolu dans ses convictions, Boubacar Boris DIOP, dès son adolescence, voulait devenir écrivain. Dans son ambition littéraire, Boubacar DIOP estime que la meilleure façon de connaître une société, c’est d’exercer le métier de journaliste. «Je ne voulais ni être avocat, ni médecin ou autre. Je ne voulais pas faire de la politique. J’ai compris que pour être bon écrivain, il fallait bien comprendre sa communauté. Et pour cela, les journalistes sont les mieux placés. Quand on est critique littéraire, on apprend à éviter le futile, à bien rédiger, à exprimer sa pensée de manière concise ; ce qui donne de la nervosité aux écrits. Au moment d’écrire «Murambi», j’avais terminé ma formation de journaliste» dit-il. En effet, Boubacar Boris DIOP estime que pour être un bon écrivain, il ne suffisait pas de lire de bons auteurs ; il faudrait aussi passer par le journalisme, une recherche des faits, et donc de la Vérité. «I am both a journalist and a writer, and what I came to realise was that when I write a journalistic piece, the facts precede the text and, when I am writing a novel, the reverse is true. The text precedes the facts, which I can ‘work on’ at will. During my Rwandan experience I found myself at the edge of two worlds, the world of the journalist and that of the novelist» dit-il dans un entretien accordé à Véronique TADJO. Aussi, après l’école du journalisme, le CESTI, Boubacar Boris DIOP est devenu un critique littéraire, en commençant à la «Afrique Tribune» d’Ibrahima SIGNATE. Il a publié des articles notamment sur Cheikh Hamidou KANE, SEMBENE Ousmane et Cheikh Alioune N’DAO. «Les écrits de Diop, qui vont du compte rendu littéraire au reportage, en passant par l’interview et le dossier thématique, participent d’un processus de production du sens de la littérature africaine» écrit Serigne SEYE. Il a été Directeur de publication du mensuel d’analyses «Démocraties» de Pape Samba KANE et des quotidiens, «Le Matin» et «SenPlus». Auparavant, il avait participé à la création de «Sud», et y resté pendant 10 ans, de 1986 à 1996. Il continue encore à collaborer avec la presse internationale (La Neue Zürcher Zeitung, le Monde diplomatique, Internazionale, The African).
Boubacar Boris DIOP s'est illustré, depuis son entrée en littérature, par son engagement politique, en particulier, en 1994, dans l’affaire du génocide à l’encontre du peuple rwandais. Construit comme une enquête, avec une extraordinaire lucidité, «Murambi», en référence au massacre de Tutsis dans une école, le livre de Boubacar Boris DIOP nous éclaire sur l’ultime génocide du XXème siècle. «Ce roman est un miracle. Murambi, le livre des ossements, confirme ma certitude, qu’après un génocide, seul l’art peut essayer de redonner du sens. Avec Murambi, Boubacar Boris Diop nous offre un roman puissant, terrible et beau» écrit Toni MORRISON (1931-2019, Prix Nobel de littérature. Voir mon article). En effet, «Murambi», figurait sur la liste des 100 meilleurs livres africains du XXème siècle de la Foire internationale du livre du Zimbabwe. Après un crime de masse aussi odieux, il était nécessaire de dénoncer le Mal et se souvenir des victimes. Cependant, un véritable travail de mémoire consécutif à un crime de masse n’est possible qu’a la faveur d’une émotion politique désignant, sans ambiguïté, victimes et bourreaux. «La sérénité de l’historien peut- elle dire ce déchainement des passions humaines les plus folles ? Je ne le crois pas. Le roman, qui trouve le tueur sur son terrain, celui de l’émotion et de la falsification, me parait plus apte à remplir cette tâche» écrit Boubacar Boris DIOP.
Qui est Boubacar Boris DIOP ?
Boubacar DIOP est né le 26 octobre 1946, à la Médina, à la rue 5 Angle Blaise Daigne, en face du Stade Iba Mar Diop, dans un quartier populaire de Dakar. Il a suivi son père, affecté à Thiès et y a effectué ses études, à l’école Randuleen, puis au collège, jusqu’en classe de 4ème. Son père étant de nouveau en mobilité et logé, en sa qualité d’intendant ou «dépensier», au lycée Van Vollenhoven, il est revenu avec lui à Dakar. A l’époque, à deux exceptions près, tous les enseignants de ce lycée sont des Français, comme l’écrasante majorité des élèves. Boubacar a donc subi le racisme d’une partie de ces colons, et dont le plus odieux était Luc NEGRE, un nom qui ne s’invente pas. A l'âge de 15 ans, Boubacar a écrit son premier livre, «La Cloison», un titre faisant allusion à une sorte de séparation métaphorique entre deux mondes de dominants et dominés, en référence à cette barrière raciale que le colon imposait et faisait subir au peuple sénégalais, avec la complicité de Léopold Sédar SENGHOR.
Son père, Amadou Charles DIOP, natif en 1906, à Gorée, un comptable, endetté, un francophile et amoureux de la France, «la Mère-patrie», avait une grande bibliothèque richement dotée. C’est ce a qui accentué le goût de la lecture du petit Boris qui aimait jouer au football et chasser les moineaux. «J’étais trop jeune pour réaliser que la langue de ces livres se suffisait à elle-même, que leur contenu était quasi accessoire. J’ai réussi, par chance, à en faire bon usage. La bibliothèque paternelle était en parfaite résonance avec un système éducatif plus soucieux de formater que de former : enfant, il m’était interdit de parler wolof dans la cour de récréation et nos leçons de géographie me faisaient sinuer entre les plus petits ruisseaux de France et de Navarre» écrit Boubacar Boris DIOP. Il finira par découvrir Birago DIOP, Aimé CESAIRE, Mongo BETI, et surtout Jean-Paul SARTRE. En effet, pendant son enfance, Boubacar était d’un bégaiement sévère, mais qui a été soigné. Passionné du football, mais très réservé, casanier et taiseux, il s’est réfugié dans la lecture, notamment les ouvrages d’un philosophe français, Jean-Paul SARTRE (1905-1980). En particulier, il lisait plusieurs fois «Les chemins de la liberté», une trilogie (L’âge de raison, le sursis et la mort dans l’âme), et voulait s’identifier à Boris Serguine, le personnage central de ce livre, d’où son deuxième surnom «Boris». Ce livre, en trois volets, décrit la défaite de la France et son Occupation en 1940, une grande déroute. : «Ils sont vivants mais la mort les a touchés : quelque chose est fini ; la défaite a fait tomber du mur l'étagère aux valeurs. Paris, célèbre le triomphe de la mauvaise conscience, on fait l'inventaire des dégâts : Paix, Progrès, Raison, Droit, Démocratie, Patrie, tout est en miettes, on ne pourra jamais recoller les morceaux» écrit J-P SARTRE. Mais le personnage de Boris Serguine, à l’instar de Boubacar DIOP, en dépit des tragédies africaines, est habité par l’Espérance : «Ne désespérez pas ! Car le désespoir n’est pas seulement péché contre l’adorable bonté divine : les incroyants mêmes conviendront avec moi, que c’est un attentat de l’Homme contre lui-même et, si je puis dire, un suicide moral» écrit Jean-Paul SARTRE. En effet, comme Youssou N’DOUR (voir mon article), un artiste et chef d’entreprise avisé, Boubacar Boris DIOP a démontré que, même si la vie est difficile en Afrique, c’est un continent d’avenir ; on peut étudier, vivre au Sénégal, et en dépit des grandes contraintes sociales, être prolifique et assurer une production littéraire riche, variée et de qualité. En effet, contrairement aux gens de sa génération, Boubacar Boris DIOP, après son baccalauréat, a renoncé à une bourse pour se rendre à Lille, en France. Il a choisi de rester au Sénégal, par amour pour sa mère, Mme SALL, une Peule, et sa fratrie, afin de les aider avec sa bourse et divers petits boulots (cours dans les écoles privées, ouvrier à l’usine Bata de Rufisque, au port de Dakar, pour une société de transit, etc.). Boubacar Boris DIOP, dans les années 70, a été professeur en Lettres modernes, au Lycée Charles de GAULLE de Saint-Louis. Ensuite, il a enseigné la philosophie au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque. Sa mère, Mme SALL, lui racontait des contes la nuit. Dans son roman, «le cavalier et son ombre», il réhabilite la culture orale : «J’avais envie de faire un texte littéraire, un texte écrit qui prendrait en compte l’oralité. Je pense que c’est pour cette raison que le personnage principal de ce roman, Khadidja, est une conteuse. Et je dois dire que lorsque j’étais gamin, ce qui est à l’origine de ma vocation d’écrivain, c’est que j’entendais beaucoup de contes et qu’ils avaient sur moi un très fort impact. J’étais très impressionné par les contes que j’entendais et ces contes étaient dits par une conteuse, justement, par ma mère. Et voilà, j’ai eu envie de travailler sur ça. La frontière entre le monde de l’écriture et le monde de la parole» dit-il à Yolande BOUKA et Chantal THOMPSON.
Boubacar Boris DIOP est issu d’une famille, historiquement hostile, à la mouvance politique de Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001, voir mon article), premier président du Sénégal indépendant. En effet, sa grand-mère, Fa GUEYE BAFA, militante engagée auprès de la Section française de l’internationale ouvrière, la S.F.I.O. de Lamine GUEYE (voir mon article), combattait le Bloc démocratique du Sénégal (B.D.S.), le parti présidentiel. Classé sur l’échiquier politique à gauche, une gauche radicale, membre du Forum Social Africain, Boubacar Boris DIOP est fondamentalement un disciple de Cheikh Anta DIOP (1923-1986, anthropologue et égyptologue). «Dans les années 70, le chic gauchiste, c’était de se promener sur le campus de l’université de Dakar en tenant certains livres bien en vue : Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop, Mao Tsé-Toung, Cabral. Avides d’idées simples et de solutions brutales, nous étions, à vrai dire, peu de gens raisonnables» dit-il. Sa polémique, en septembre 2019, contre le professeur Souleymane Bachir DIAGNE, a été violente ; il lui a reproché d’être «animé de la pire des mauvaises foi et d’une pincée de cynisme. Pourquoi faire passer un vieil article de plus de vingt ans pour une récente interview ?». En effet, dans un article paru, en 2018, dans une revue sud-africaine, Chimurenga, en langue anglaise «In the Den of the Alchimist» ou «Dans l’antre de l’alchimiste», le professeur Souleymane Bachir DIAGNE décrivait Cheikh Anta DIOP comme un «solitaire quasi halluciné» et lui reprochait de vouloir imposer «une langue unique africaine». En quelle langue donc l’écrivain africain colonisé devrait-il s’adresser à sa société ou à son peuple et quel médium devrait-il utiliser pour une meilleure diffusion de sa contribution littéraire ?
Pour Cheikh Anta DIOP, dont l’université de Dakar porte le nom, l’Afrique, dans son unité culturelle, est le berceau de l’Humanité, avec sa civilisation négro-africaine, dont seraient issus les Peuls. Il va ainsi à l’encontre des thèses de Maurice DELAFOSSE (1870-1926, voir mon article) qui avait soutenu que les Peuls seraient d’origine juive. Cheikh Anta DIOP, un panafricaniste, est un grand avocat pour la défense des langues africaines. Privilégiant, de plus en plus en Ouolof, sans cesser d’écrire en français, l’artiste sénégalais ne pourrait-il pas être confronté à un risque de «schizophrénie» ? s'interroge Boubacar Boris DIOP. En effet, il est en conflit avec la langue de l’ancien colonisateur, qu'il maîtrise parfaitement, au passage. Son engagement en faveur des peuples du tiers-monde le pousse, désormais, à œuvrer à la promotion, en littérature, de sa langue maternelle : le Ouolof. Boubacar Boris DIOP a posé un mythe fondateur, à savoir que l’intérêt, pour les langues nationales, aurait commencé avec le livre, en 1954, de Cheikh Anta DIOP, «Nations nègres et culture» ; un groupe a été constitué en 1958, à Grenoble, pour la promotion de la langue Ouolof. Bien des auteurs (Cheikh N’DAO, Assane SYLLA, Massamba SARRE, Assane DIA, Mame Younousse DIENG, Arame FALL, Pathé DIAGNE, etc.), ont donc continué cette mission. En dépit de l’importance de ces dates, il faudrait nuancer ce propos. Pour ce qui est de la langue Wolof et du Sérère, c’est l’abbé Paul David BOILAT (1814-1901, voir mon article), un métis ne connaissant que le Cap-Vert, le premier à s’intéresser aux langues nationales. En particulier, en 1858, il a publié «la grammaire de la langue ouolofe» et chose tout à fait extraordinaire avec des maximums de Kocc Barma FALL. Auparavant, en 1825, Jean DARD (1789-1833) avait déjà publié un dictionnaire français - ouolof. C’est ici l’occasion de souligner, pour ce qui est du Peul, de l’extraordinaire travail accompli, par administrateur colonial de la Mauritanie, linguiste et traducteur, Henri GADEN (1867-1939, voir mon article), qui avait une femme peule, avec résidence à Saint-Louis et il y est enterré. En effet, Henri GADEN et Maurice DELAFOSSE (voir mon article) ont traduit du peul vers le français, en 1912, les «Chroniques du Fouta-Toro», une des bases essentielles de l’histoire du Sénégal, ainsi que la vie d’El Hadji Omar TALL (voir mon article) en 1935. Depuis lors, il existe de très nombreux dictionnaires en anglais ou en français du Ouolof ou du Peul. En France, il faudrait rendre un vibrant hommage à l’INALCO, Léopold Sédar SENGHOR, avant l’indépendance y avait enseigné des rudiments de Peul et Ouolof. Les éditions L’Harmattan, ont réalisé un excellent travail en faveur des langues des autres pays (voir ma bibliographie jointe). C'est quoi donc le problème ?
«Ceux qui écrivent en Wolof ou en Pulaar sont plus nombreux, mais peu connus ou reconnus» dit Boubacar Boris DIOP. En effet, de nos jours la langue peule, à travers une association, «Tabital Pulaaku International» ou «la Renaissance du Peul», a entrepris la rédaction d’un gigantesque dictionnaire et des livres d’alphabétisation (Yéro Doro DIALLO, Mamadou Samba DIOP dit Mourtouddo, Bathia BA, et son «Mandacratie», Thierno MONENEMBO, Abdourahmane N’GAIDE, Abass DIALLO aux Mureaux en France). En effet, une vaste zone géographique de l’Afrique (Guinée Conakry, Mali, Mauritanie, Niger, Burkina-Faso, Cameroun, Nigéria, Sierra-Léone, Guinée-Bissau, Gambie, Tchad, République centrafricaine, Soudan, etc.). Au Mali, il y a un festival annuel sur le Peul. «L’Afrique n’existe plus, elle a été dépossédée de son espace», dit Cheikh Hamidou KANE président de «Tabital Pulaku du Sénégal». Les Peuls sont minorités, mais ils sont présents dans une vingtaine de pays en Afrique et partout dans le monde, à travers leurs diasporas. On dit même que le premier homme, rencontré, en 1969, par que Neil ARMSTRONG (1930-1912) sur la lune, est un Peul. Si le Ouolof est largement parlé dans un espace restreint du Sénégal et de la Gambie, cette langue, comme le Peul, souffrent de défaut d’études linguistiques poussées, pour réduire leurs lacunes. En effet, dans les médias sénégalais beaucoup de mots en langue française se glissent encore dans les discours. Il serait judicieux, comme au Japon et en Chine, de diligenter des thèses de doctorat en Ouolof et en Peul, afin d’enrichir et de nationaliser davantage les langues sénégalaises.
A ce stade, il est indubitable que Boubacar Boris DIOP, en raison de son engagement, de sa visibilité au plan national et international, a considérablement mis en lumière et valorisé les langues africaines. En 1967, N’Gugi Wa Thiongo’, figure majeure de la littérature kenyane, a désormais fait le choix de n’écrire que dans sa langue maternelle, le Kikuyu. Abdilatif ABDALLA, un opposant kenyan, écrit en Swahili : «Le combat est le même, mais nos générations et nos contextes linguistiques diffèrent. Personne ne demande à N’Gugi wa Thiong’o de se battre pour le rayonnement de la langue anglaise. Nous sommes, nous francophones, des auteurs sous influence. Je ne pense pas, non plus, qu’il faille délégitimer la littérature africaine écrite en langues étrangères, qualifiée par N’Gugi d’«afro-européenne». Je préfère l’approche moins radicale de David Diop et de Cheikh Anta Diop, qui y voient une littérature de transition correspondant à un moment donné de notre évolution historique. Peut-être que N’Gugi Wa Thiong’o a un sentiment d’isolement plus grand que le mien, car au Sénégal la littérature en langues nationales, essentiellement en wolof et en Pulaar, est en plein essor» dit-il à Fatoumata SECK. Une partie des livres de Boubacar Boris DIOP a été traduite en langue anglaise (Murambi et Kaveena) et les éditions Philippe REY ont publié certains de ses livres. Il s’y ajoute que Boubacar Boris DIOP, éditeur et traducteur, s’engage aussi à publier les livres en Peul. On connait les objections contre la promotion des langues nationales africaines. Les Africains lisent peu, commentent des livres qu’ils n’ont jamais lus, et descendent en flèche les écrivains, au lieu de les soutenir, en s'abstenant d'acheter leurs livres. Ainsi, le professeur Iba Der THIAM (1937-2020, voir mon article), historien, comme Mohamed M’Bougar SARR, Prix Goncourt 2021, ont été crucifiés par les forces du Chaos.
Qualifié de «mendiant du souvenir» par Hamidou DIA (1953-2018), dans la démarche de Boris DIOP sur la mémoire et l’identité, des thèmes surgissent : l'histoire de l'Afrique, la colonisation, les indépendances, les guerres civiles, le génocide rwandais. «Les romans de Boris DIOP doivent une grande part de leur originalité à la présence obsédante des discours de la mémoire et de l'histoire. Son esthétique s'inscrit dans une revisitation permanente des récits de l'historiographie. Cette écriture convoque le passé et l'investit comme matériau dans cette exploration des formes du roman. Une telle démarche scripturale semble être la pierre angulaire de cette fiction aux confluences desquelles se rencontrent et s'intègrent systématiquement, aussi bien les genres romanesques hétérogènes de l'oralité (contes, épopées, mythes), que des disciplines non romanesques» écrit Fodé SARR.
Les Africains sont au courant du moindre fait divers qui se passe dans les pays occidentaux. En revanche, peu d’Africains ont bien saisi ce qui s’est passé réellement, en 1994, au Rwanda : «Je me rappelle avoir entendu à la radio l’annonce de la mort, dans un attentat, des présidents rwandais et burundais, mais c’est à peu près tout. C’était trop loin. Qu’est-ce qui se passait là-bas exactement ? Un avion abattu, des massacres, des exécutions, des Hutus, des Tutsis Je ne savais pas vraiment ce que tout ça voulait dire. Dans ces cas-là, on se représente des ethnies qui s’opposent de manière sauvage depuis des millénaires. On ne fait pas dans le détail, car on n’a pas les clés. Au terme des cent jours qu’a duré le génocide, je n’avais toujours rien compris» dit-il à «Jeune Afrique». En fait, le génocide au Rwanda a décillé les yeux de l’écrivain et intellectuel Boubacar Boris DIOP et l’a aidé à nommer les choses. Il existe un colonialisme mental : «Si moi je n’avais rien compris, comment le Sénégalais moyen, moins équipé pour s’informer, aurait-il pu comprendre ? La profondeur de notre aliénation est telle que nous sommes parfois semblables à des zombies. Nous avons intégré une vision racialisée de notre histoire : le Rwanda, c’est moi, noir et africain, pareil pour la Centrafrique. Ce qui s’y déroule, ce sont des secrets de famille honteux à ne surtout pas exposer sur la place publique. Au final, nous nous percevons nous-mêmes avec les yeux des autres, car cette Afrique-là est plus un fantasme qu’une réalité. L’Afrique reste le continent des lieux lointains» dit-il.
Par conséquent, en 1998, dix écrivains et journalistes : Abdourahman WABERI, Véronique TADJIO, Koulsy LAMKO, Thierno MONEMEMBO, Nocky DJIDANOU, Monique ILDOUDO, Meja MWANGI et Boubacar Boris DIOP, se sont rendus, quatre ans après la tragédie de 1994, au Rwanda, pour enquêter : «Personnellement, j’y suis allé à reculons. Mais au bout d’une semaine sur place, j’ai pris conscience que je n’avais rien compris et que je n’en avais pas le droit. J’étais écrivain, journaliste, universitaire. Ce qui m’a aidé, c’est ma formation de journaliste : je sais écouter. Et là-bas, j’ai beaucoup écouté. Et j’entendais tout, même ce qui n’était pas formulé. Nous sommes restés deux mois. Mais après mon retour au Sénégal, j’ai eu besoin d’y revenir. J’ai écrit Murambi avec beaucoup de dépouillement et de simplicité. J’ai simplifié mon écriture» dit-il à «Jeune Afrique». Il y a eu plus d’un million de morts en majorité des Tutsis, dans ces massacres au Rwanda. «Nous sommes venus, en frères africains», écouter les victimes des massacres de 1994 et essayer, grâce à nos livres, de faire connaître leurs souffrances au monde entier, une initiative louable qui fut d’abord reçue avec méfiance par les autorités rwandaises, en raison de l’indifférence dont le monde a tristement fait preuve lors des événements de 1994. Notre groupe a été un pionnier, car quand nous allions au Rwanda en 1998, le sujet n’intéressait pas du tout le grand public. On continuait à voir dans le génocide des Tutsis de simples massacres interethniques. Mais après la publication des romans de témoignage, cela a radicalement changé la perception de cette tragédie» dit-il à Alice METOT, «Les Librairies» 24 mai 2011.
A partir de cette expérience au Rwanda, Boubacar Boris DIOP est devenu un autre homme : «Cela a transformé ma vision du monde ; j’ai su que je ne valais rien. J’ai commencé à écrire en Ouolof. L’écrivain doit être proche de sa communauté» dit-il. Son anticolonialisme s’est radicalisé, ainsi que son rapport l’écriture : «Une place importante est accordée au génocide des Tutsi du Rwanda que trop de gens cherchent à nier. J’ai mis l’accent sur l’implication de l’Etat français, parce que sa responsabilité, dans cette tragédie, via François Mitterrand, est aussi évidente ; les faits ne manquent pas pour l’étayer» dit-il. Dans «L’Afrique au-delà du miroir», Boubacar Boris DIOP estime que l'image que les médias donnent de l'Afrique ne correspond en aucune façon à la réalité. Cette propagande et ces calomnies visent surtout à faire honte à chaque Nègre de sa mémoire et de son identité. Ce n'est pas acceptable et la prise de parole est un impératif moral pour tous ceux qui ont la possibilité de se faire entendre. Par conséquent, Boubacar Boris DIOP a pour souci de dire et de raconter, en tant qu'intellectuel africain, sa part de vérité, notamment dans un contexte de négrophobie, d’islamophobie et de xénophobie grandissant. «Projeter le regard, au-delà du miroir, c’est essayer de montrer quels mensonges se dissimulent sous tant de lieux communs proférés au sujet de l’Afrique» écrit-il.
Après l’intervention française au Mali, Boubacar Boris DIOP a dénoncé «la gloire des imposteurs». Dans la propagande officielle, le succès de l’opération Serval au Nord-Mali en janvier 2013, quarante-neuvième intervention militaire de la France dans son pré-carré africain, aurait dépassé toutes les attentes. Ses soldats y auraient été accueillis en libérateurs, tandis que des intellectuels africains de renom, jusque-là peu suspects de complaisance à l’égard de la Françafrique, se sont bruyamment réjouis de son action, jugée énergique et courageuse. «C’est le plus beau jour de ma vie» avait dit, prématurément et imprudemment, le président François HOLLANDE. En fait, l’Histoire est un grand juge ; la Françafrique n’ayant rien réglé au Mali, a fini par y déguerpir. Finalement, les armes de ce combat pour la souveraineté africaine, sont devenus le combat à travers les écrits des intellectuels africains.
Boubacar Boris DIOP, dans ses écrits en langue française, sont sous forme de romans policiers, avec une grande interpellation de la conscience des Africains sur les problèmes majeurs de notre temps. Ainsi, dans «Kaveena», lorsque le colonel Asante Kroma, chef de la police, entre dans une maison solitaire, il fait une découverte stupéfiante, le président N’Zo Nikiema, en fuite, vient de mourir, dans un village isolé. Un mystère : qui a violé et tué autrefois la petite Kaveena, fille unique de Mumbi, artiste peintre et maîtresse du président défunt ? Nous sommes dans un pays africain qui pourrait bien être n'importe lequel et un coup d'état chasse l'autre. Le chef de la police découvre alors un bunker sous la maison et plusieurs documents, dont une sorte de journal intime ou plutôt une longue lettre de justification à l'intention de Mumbi, l’artiste. Enfermé dans la case pour un tête-à-tête macabre, le colonel va se remémorer le passé, refaire l'histoire de l'accession au pouvoir du président défunt. Le chef de la police n'a-t-il pas contribué à l'arrivée au pouvoir de ce président maintenant mort, et exécuté toutes ses sales besognes afin de maintenir au pouvoir ? N'a-t-il pas commis toutes les pires exactions pour la conservation du pouvoir ? L’ancien président, à l’image des gouvernants autocratiques africains, était un homme politique avide et corrompu, sans foi, ni scrupules. Par conséquent, «Kaveena», est un long monologue lucide, précis et désespéré, décrivant, sans ambiguïté, et avec force détails, l'histoire d'une Afrique doublement meurtrie et humiliée, par ses colonisateurs, ces hommes conscients «de représenter une race supérieure», avec la complicité d’hommes de paille africains, des dictateurs avides et sans pitié pour leurs ennemis et aussi pour ceux qui furent, un jours, leurs amis ou leurs alliés.
Dans «L’Afrique au-delà du miroir», Boubacar Boris DIOP estime que l'image que les médias donnent de l'Afrique ne correspond en aucune façon à la réalité. Elle vise surtout à faire honte à chaque Nègre de sa mémoire et de son identité. C'est surtout tirer la sonnette d'alarme, car on voit bien quel inquiétant projet politique se profile derrière la négrophobie triomphante. Aussi, dans son livre, «Négrophobie», Boubacar Boris DIOP dénonce cette information surveillée, filtrée, truffée de mensonges et d’instrumentalisations. En fait, ce discours pervers de négrophobie, jouant avec le feu du racisme, vise à mieux masquer la face honteuse de la Françafrique. Ce n'est pas acceptable ; face à ce discours nauséabond, la prise de parole des Africains est devenue un impératif moral, pour tous ceux qui ont la possibilité de se faire entendre.
Dans «Le cavalier et son ombre», c’est une vision d’horreur quand le narrateur s'apprêtant à porter la cuiller à sa bouche, voit apparaître un énorme cancrelat ébloui par la lumière et pas encore tout à fait assommé par la chaleur. Étourdi, le cancrelat se retrouvait parfois sur le dos et se débattait, les élytres péniblement entrouverts par moments. La bestiole s'agita un peu, se raidit, demeura inerte entre un morceau de manioc et un bout de piment. Morte : «Si vous n'avez jamais entendu un flic vous parler avec autant de naturel des goûts culinaires du cancrelat, vous ne savez rien de la vraie misère» écrit Boubacar Boris DIOP.
Dans ses trois romans, écrits en Ouolof, Boubacar Boris DIOP témoigne d’une grande détermination pour la défense et la dignité de l’Homme noir. Contrairement à ce qu’indique son titre, «Bàmmeelu Kocc Barma», ne traite pas de l’histoire et de la vie du philosophe ouolof, mais de la tragédie du bateau le «Joola», survenue le 26 septembre 2003. Ici, les 1863 victimes de ce naufrage, plus importantes que le Titanic (1500 morts en 1912), n’ont attiré, ni l’attention des cinéastes de Hollywood, ni de cette presse à sensation. Ces personnes gisent au fond la mer et accueillies par Birima FALL alias Kocc Barma FALL (N’Dande 1586-1655 à N’Dongué Fall), maître de la parole en ouolof, moraliste et poète, que Boubacar Boris DIOP assimile à une incarnation de la nation sénégalaise ; la mer est devenue la sépulture de ces victimes et Kocc Barma leur a accordé sa protection. Ce drame innommable du «Joola», survenu sous le mandat de maître Abdoulaye WADE, témoigne bien, parfois, des conséquences de l’incurie et de la mal-gouvernance des autorités publiques africaines. Or, Kocc Barma, né à N’Dande, près de Louga, par son imagination fertile, anticonformiste et insoumis à travers ses quatre touffes de cheveux refusant d’avoir la tête rasée devant le Roi, sa vivacité d'esprit et ses maximes métaphoriques, incarne la morale, la sagesse et le civisme. Il est surnommé «Suñu Màam Kocc» ou «Notre grand-père». Kocc Barma combattait l'injustice et la tyrannie des Damels ou roi du Cayor, envers leur peuple. «Le Roi n’est pas un parent» disait-il. Pour Kocc Barma, un Roi a pour obligation de bien administrer la Cité et gouverner convenablement son pays. Cheikh Anta DIOP a eu parfaitement raison de parler de l’unité culturelle de l’Afrique. En dépit de la diversité culturelle du Sénégal, la construction de la nation sénégalaise remonte bien loin. C’est ainsi que mon ancêtre, Thierno Sileymane BAL (voir mon article) avait bien posé, en 1776, une charte de bonne gouvernance, à savoir que le «Jagoordo», cette assemblée des notables peuls, pouvait, à tout moment, destituer un Almamy (chef spirituel et politique de l’Etat du Fouta-Toro), ayant abusé de son pouvoir ou s’étant enrichi illicitement. De nos jours, cette règle devrait une Constitution coutumière applicable à l’échelle du continent africain.
Son deuxième livre, en ouolof, «Doomi Golo», a déjà été traduit en français, «Les petits guenons». Certains critiques se sont gaussés : comment un écrivain, en guerre contre la langue française, peut-il capituler si vite, sous l’autel de la notoriété ?
En fait, le «Chaka» de Thomas MOFOLO (1876-1948, voir mon article) écrit en Sesotho en 1909, traduit par les religieux français au Lesotho en 1931, est maintenant devenu un grand classique, avec une version de nombreuses langues dont l’Afrikans. En effet, bien de grands écrivains n’ont pas été reconnus de leur vivant, mais la postérité a fini par les consacrer. L’écrivain est, en fait, un éclaireur, mais il doit rester, fondamentalement, proche de sa communauté et de son temps : «Au moment d’écrire en Ouolof, il faut considérer que l’on plante une graine pour l’avenir. L’Histoire de la littérature montre que les écrits sont pour la postérité, et se révèlent, parfois, même après des siècles et des siècles» dit Boubacar Boris DIOP.
En réalité, ce récit, «Doomi Golo», une fable politique et narration intimiste, revisite sans relâche un passé mythique pour éclairer une troublante modernité, la question de la mémoire. Au soir de sa vie, un très vieil homme, N’Guirane Faye, souffre d'être sans nouvelles de N’Guirane Faye, son petit-fils, émigré dans quelque lointain pays étranger. Ils ne se reverront plus, il le sait. Il décide alors de tout lui raconter dans sept Carnets que le jeune homme trouvera à son retour à Niarela. Mais ce qui devait être une simple relation de la vie quotidienne d'un quartier dakarois devient, peu à peu, une fiction foisonnante. N’Guirane Faye dresse le bilan de sa propre vie et nous fait découvrir, par un subtil croisement des récits, l'histoire de ses aïeux, les royaumes anciens, les grands écrivains wolofs et le Sénégal de notre temps.
Son dernier, et troisième livre, paru en février 2022, en Ouolof, «Malaanum Lëndëm» ou «récits nocturnes», «Aayawo Nibbéré» en Peul suivant Abdourahmane NGAIDE, commence justement à la tombée de la nuit. L’action se déroule au Nigéria «J’ai l’habitude de lire les journaux de là où je réside, et j’ai vécu dans plusieurs pays de presque tous les continents. Je ne lis pas l’actualité politique, que je ne comprends d’ailleurs pas, mais je lis les faits divers pour comprendre les marges de la société. Je voyais beaucoup de choses assez singulières, par exemple cette usine clandestine où on «fabrique» des bébés. On fait appel à des conjoints qui reçoivent des enfants qu’on vend ensuite. C’est illégal, mais ça se fait. Un des faits divers m’a inspiré Malaanum Lëndëm. Un milliardaire a perdu son père et a voulu lui offrir des funérailles et un dernier voyage exceptionnel. Il a commandé une tombe immense, une voiture de luxe, 16000 dollars comme argent de poche» dit-il au journal «Le Soleil».
Boubacar Boris DIOP a déjà remporté, en 1990, le Grand prix littéraire de la République sénégalaise, en 2000 le Grand prix littéraire d’Afrique noire, en 2019, Prix Harold et Ethel STELLFOX de l’université américaine Dickinson, en Pennsylvanie, après Mario VARGAS LLOSA, Prix Nobel de littérature. Boubacar Boris DIOP a été «reconnu comme l’un des écrivains les plus importants sur le plan artistique et philosophique de sa génération, avec des œuvres caractérisées par l’exploration et la réflexion sur la condition postcoloniale en Afrique» souligne l’université de Dickinson. Boubacar Boris DIOP sera, un jour, un prétendant très sérieux au Prix Nobel de littérature. En effet, il fait partie de ces Africains, «par un engagement constant et contre l’adversité âpre, construisent les pyramides du futur» écrit le collectif pour le Renouveau Africain, (CORA).
Professeur de «Creative Writing» ou cours d’écriture, Boubacar Boris DIOP, en dehors de ses romans à succès, est un éminent enseignant invité à diverses universités. Comment donc écrire et surtout bien écrire ?
Boubacar Boris DIOP, à l’instar de Rainer Maria RILKE (1875-1926, voir mon article), dans ses fameuses «Lettres à un jeune poète», a dégagé des pistes de réflexion. Pour lui, un intellectuel et écrivain devrait distinguer le politique et son projet d’écriture apporter «une parole réfléchie, nuancée et courageuse. On ne demande pas d’être pour un tel ou contre un tel, au contraire, il faut même oser être contre tout le monde si on pense que c’est cela qui est mieux. L’importance, c’est l’authenticité, la sincérité» dit-il à «SenPlus». Cependant, tout étant dans et hors de la société, pour paraphraser Sénèque, Boubacar Boris DIOP estime que l’écrivain n’en reste pas moins un citoyen et que la parole publique ne devrait pas rester l’exclusivité de la classe politique : «L’écrivain a le devoir de se positionner face aux conflits. Mon idée c’est qu’on n’a pas le droit de dire ah ! Cela ne me regarde pas, c’est ce que les gens appellent l’art pour l’art. Non seulement, on se positionne dans ses textes, mais aussi on prend position en tant que citoyen. Quand la société est interpellée, on ne se dit pas, moi je suis écrivain, cela ne me regarde pas, je laisse les hommes politiques parle» dit Boubacar Boris à «SenPlus».
«Si on veut devenir romancier, il faut lire des romans» dit-il. Admirateur de Jean-Paul SARTRE, il a lu notamment SEMBENE Ousmane, Mongo BETI, Olympe BHELY-QUENUM, Stendhal, Balzac, Ernesto SABATO. Ses romans ne sont pas des récits linéaires, mais on y décèle plusieurs voix, une polyphonie, digne de William FAULKNER et Virginia WOOLF.
Un bon écrivain devrait relire, au moins 43 fois, son texte, le mitonner, le faire reposer jusqu’à l’oublier, puis le reprendre. «Il n’y a pas d’écrivains nés ; il n’y a que d’écrivains qui ont de la retenue et d’autres qui n’en ont pas» dit-il à Pap SENE.
Références bibliographiques
I – Contributions de Boubacar Boris DIOP
1 – 1 – Ouvrages de Boubacar Boris DIOP
DIOP (Boubacar, Boris), Bammelu Kocc Barma, Dakar, éditions Ejo, 2017, 235 pages, texte Ouolof ;
DIOP (Boubacar, Boris), Doomi Golo : The Hidden Note Books, traduction de Vera Wulfing-Leckie et El Hadji Moustapha Diop, Michigan State University Press, 2016, 328 pages, texte en anglais ;
DIOP (Boubacar, Boris), Doomi Ngolo : Nettali, Dakar, éditions Papyrus Afrique, 2012, 283 pages, texte Ouolof ;
DIOP (Boubacar, Boris), Kaveena. L’impossible innocence, Paris, éditions Philippe Rey, 2006, 304 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Kaveena, traduction de Bhakti Shringarpure et Sara C. Hanaburgh, préface d’Ayo A. Coly, Bloomington, Indiana University Press, 2016, 246 pages, texte en anglais ;
DIOP (Boubacar, Boris), L’Afrique au-delà du miroir, Paris, Philippe Rey, 2013, 216 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Le temps de Tamango. Roman, préface de Mongo Béti, Monaco et Paris, Motifs n°158, 2010, 180 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Les petits guenons, Paris, éditions Philippe Rey, 2009, 442 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Les tambours de la mémoire, Paris, Nathan, 1987, 237 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Les traces de la meute. Roman, Paris, L’Harmattan, 1993, 269 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Murambi, le livre des ossements, Paris, Zulma, 2020, 224 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Murambi, The Book of Bones, traduction de Fiona Mac Laughlin, préface de Eileen Julien, Bloomington, Indiana University Press, 2006, 228 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), TOBNER (Odile), VERSHAVE (François-Xavier), Négrophobie, Paris, Les Arènes, 2005, 201 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), GASSAMA (Makhily) et autres, L’Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar, Paris, Philippe Rey, 2008, pages 480 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), TRAORE (Aminata, Dramane), La gloire des imposteurs, lettre sur le Mali et l’Afrique, Paris, Philippe Rey, 2014, 240 pages ;
DIOP (Boubacar, Boris), Malaanum Lëndëm, Dakar, éditions EJO, 2022, 261 pages.
1 – 2 – Articles, interviews et entrevues accordés par Boubacar Boris DIOP
DIOP (Boubacar Boris) «Quand la mémoire va ramasser du bois mort», in Nasrin Qader et Souleymane Bachir Diagne, Des mondes et des langues. L’écriture de Boubacar Boris Diop, Paris, Présence Africaine, 2014, page 26 ;
DIOP (Boubacar, Boris) «Une littérature de transition», entretien avec Lila Azam ZANGANEH, Le Monde, 14 avril 2010 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Au Sénégal, le français a perdu son pouvoir de séduction», entretien avec Fatoumata SECK, Le Monde Afrique, 17 mars 2019 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Boubacar Boris Diop parle de Cheikh Anta Diop», entretien accordé à Jotna TV, 7 février 2020, durée de 1 h 14 minutes et 33 secondes ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Boubacar Boris Diop, l’écrivain entre deux langues», entretien accordé à Sada KANE, 2S TV, 22 juillet 2019, durée de 1 h et 35 secondes ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Boubacar Diop, écrivain et panafricaniste» entretien accordé à Pap SENE, Héritages, 6 septembre 2020 durée 1h 33 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Dances with Wolofs», conversation avec Charles J. SUGNET, Transition, 25 janvier 2016, n°87, pages 138-159 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Entretien», accordé à Virginie BRINKER, La Plume francophone, 5 novembre 2009 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Entretien», avec Véronique TADJO, African Identities, 20 novembre 2010, Vol 8, n°4, pages 425-430 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Interview», Yolande BOUKA et Chantal THOMPSON, Lingua Romana, 2003, Vol 1, n°2 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «L’histoire est un éternel recommencement», entretien accordé à Rémi Armand TCHOKOTHE, Etudes littéraires africaines, 2018, n°46, pages 107-112 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «L’illusion d’être une grande puissance», entretien avec Maria MALAGARDIS, Libération, 5 janvier 2014 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «La bibliothèque de mon père», Etudes françaises 2019, Vol 55 n°3, n°spécial, 200 pages, spéc pages 109-125 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «La France se comporte dans ses anciennes colonies comme nulle part ailleurs», entretien avec Bios DIALLO, Jeune Afrique, du 10 juin 2011 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «La littérature ne fait plus peur», entretien avec Anne BOCANDE Africultures, 2016, Vol 1, n°105, pages 26-39 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «La vie en %£ ! : Why France is still Propping up Africa’s Dictators ?», Foreign Policy, juillet-août 2010, n°180, pages 102-103 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Le nouveau roman, Malaanum Lëndëm» accordé à Ousseynou BEYE, SenPlus, 20 avril 2022 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Les artistes sont les plus à même de réconcilier le monde», entretien Mamadou Oumar KAMARA, Le Soleil du 12 mars 2022 et All Africa, 15 mars 2022 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Mettre sa langue à la première place», entretien accordé à Fatoumata SECK, Etudes littéraires africaines, 2018, n°46, pages 91-105 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Montpellier, la Françafrique à bout de souffle», billet de blog, Médiapart, 8 octobre 2021 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Ne pas écrire couché», entretien accordé à Théo ANANISSOH, La CENE Littéraire, Genève, 16 juin 2018, durée de 2 h 33 ;
DIOP (Boubacar, Boris), «Un écrivain doit accepter de se mouiller», SenPlus, 30 juin 2022 ;
DIOP (Boubacar, Boris), SUGNET (Charles, J), «Dakar noir», Transition, 2001, pages 90-107.
II – Critiques de Boubacar Boris DIOP
2 – 1 Ouvrages généraux sur Boubacar Boris DIOP
2- 1 – 1 Dictionnaire, Grammaire, syntaxe et langues,
traductions en Ouolof ou en peul
BARRY (Abdoulaye, NGarra), CISSE (Moussa), SCHULTZ (Harald), Wolof, 2012, éditions Laaf, 31 pages ;
BOILAT (Paul, David, abbé), Grammaire de la langue Ouoloffe, Paris, L’Imprimerie nationale, 1858, 430 pages, spéc. les maximes, adages et proverbes Ouolof (Kothje Barma, Masséni et Biram Thiam), pages 371-404 ;
BOLAND (Bob), Wolof from English, CRE, Creative Relaxation Exercise, octobre 2003, 37 pages ;
CAVROIS (Benjamin), Approche de la langue Wolof, de sa lexicologie, ainsi que ses particularités morphologiques et syntaxiques, Master II, Toulon (Var), Université du Sud, 2009, 188 pages ;
DARD (Jean), Dictionnaire Français-Wolof, Français-Bambara, suivi de dictionnaire Wolof-Français, Paris, Imprimerie Royale, 1825, 300 pages ;
DIAGNE (Pathé), Grammaire de Wolof moderne, Paris, Présence africaine, 1971, 229 pages ;
DIOUF (Jean-Léopold), YAGUELLO (Marina), J’apprends le Wolof, Paris, Karthala, 1991, 228 pages ;
FAL (Arame) SANTOS (Rosine), DONEUX (Jean, Leone), Dictionnaire Wolof-français, suivi d’un index Français-Wolof, Paris, Karthala, 1990, 339 pages ;
GADEN (Henri), «Note sur le dialecte Foul, parlé par les Foulbé du Baguimi», Journal Asiatique, 1908, tome 11, janvier-février, 10ème série, pages 5-66 et Paris, Imprimerie Nationale, 1908, 70 pages ;
GADEN (Henri), Poular, dialecte Peul du Fouta, Paris, E. Leroux, 1912, tome 1, 338 pages et tome II 263 pages ;
GADEN (Henri), Proverbes et maximes peuls et toucouleurs, traduits, expliqués et annotés, Paris, Institut d’ethnologie, 1931, 368 pages ;
GAYE (Pape, Amadou), Practical Course in Wolof. An Audio-Aural Approach, Washington DC, Peace Corps, décembre 1980, 357 pages ;
GUERIN (Maximilien), Le syntagme nominal en Wolof. Une approche typologique, Mémoire sous la direction de Pollet Samvellian, Université de Paris III, 28 juin 2011, 168 pages ;
DIALO (Amadou), Eléments systématiques du Wolof contemporain, Dakar, UCAD, Centre de linguistique appliqué, 1983, 85 pages ;
JALLO (Ammadu), Naany Seetlu Lakku Wolof, Tostan, Unicef/Sénégal, Ministère du développement social, 1989, 80 pages ;
KANTOREK (Nyima), Wolof-English – English-Wolof. Dictionary and Phrase Book, New York, Hippocrene Books editions, 2006, 200 pages ;
KOBES (Aloyse, Monseigneur), Grammaire de langue volofe, Saint-Joseph de N’Gasobil, Imprimerie de la Mission, 1869, 360 pages ;
MALHERBE (Michel), SALL (Cheikh) Parlons ouolof. Langue et culture, Paris, L’Harmattan, 1989, 181 pages ;
MUNRO (Pamela), GAYE (Dieynaba), Ay Baati Wolof. A Wolof Dictionary, University of California, Department of Linguistics, UCLA, n°19, 1997, 362 pages ;
NGOM (Fallou), Wolof, Lincoln, Europa, The Langage of the World, Material 333, 2003, 111 pages ;
ROBERT (Stéphane), Approche énonciative du système verbal. Le cas du Wolof, Paris, éditions du CNRS, 1991, 352 pages ;
Société internationale de linguistique, Jangal Wolof. Syllabaire Wolof, Dakar, 6ème édition, Vol 3, 2010, 31 pages ;
SOH (Siré Abbas), Chroniques du Fouta sénégalais, traduites de deux manuscrits arabes inédits de Siré Abbas Soh, et accompagnées de notes, documents, annexes et commentaires, d’un glossaire et de cartes, par Maurice DELAFOSSE, avec la collaboration d’Henri GADEN, Paris, 1913, collection de la revue du monde musulman, E. Leroux, 328 pages ;
TORRENCE (Harold), The Clause of Structure of Wolof Inside to the Left Periphery, Amsterdam, Philadelphia, John Benjamin Publishing Company, 1984, 289 pages ;
TYAM (Mohammadou Aliou), La vie d’El hadji Omar, Qacida en Poular, Paris, Institut d’ethnologie, transcription, traduction, notes et glossaire d’Henri GADEN, 1935, 289 pages.
2 – 1 – 2 – Autres références de fond
ALESSANDRI (Brigitte), L’école dans le roman africain, des premiers africains francographes à Boubacar Boris Diop, préface de Pierre Erny, Paris, L’Harmattan, 2005, 182 pages ;
BARRY (Thierno Boubacar), L’expression de la révolte dans «Le temps de Tamango» de Boubacar Boris Diop et Tout au contraire d’André Brink, Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, Lettres et Langues, 2016, 114 pages ;
BECK (Rose, Marie), KRESSE (Kai), Abdilatif Abdallah : Poet in Politics, Dar-es-Salaam, Mkuki na Nyota, 2016, 154 pages ;
BOZOUZOUA (Larissa, Dogbo), Histoire, esthétique romanesque et identité culturelle : aux sources de l’imaginaire de Boubacar Boris Diop, thèse sous la direction d’Alain Michel-Boyer, 2014, 394 pages ;
CAMARA (Boubacar) N’GOM (Ousmane), sous la direction de, Boubacar Boris Diop : une écriture déroutante, Paris, L’Harmattan, Gell, hors-série, n°1, janvier 2019, 374 pages ;
COULIBALY (Youssouf), La technique de focalisation dans «Murambi, le livre des ossements», et dans «L’Aîné des orphelins» de Thierno Monémembo, mémoire de Master II, sous la direction d’Abdoulaye Berté, Dakar, Faculté des Lettres, 2016-2017, 126 pages ;
MACADAMS (Alison, Joyce), Secretly Numinous : The Role of Joseph Campbell's Monomyth in James Joyce's «Ulysses», Mário de Andrade's «Macunaíma», and Boubacar Boris Diop's «Le Cavalier et son ombre», Phd, Brandeis University, 2004, 190 pages ;
NASRIN (Qader), DIAGNE (Souleymane Bachir), sous la direction de, Des mondes et des langues, l’écriture de Boubacar Boris Diop, Paris, Les Cahiers de Présence africaine, 2014, 222 pages ;
NISSIM (Liana), Boubacar Boris Diop, Lecce, Alliance française, 2010, 346 pages ;
NISSIM (Qader), Narratives of Catastrophe. Boris Diop, ben Jelloun, Khatibi, New York, Fordham University Press, 2009, 238 pages ;
SARR (Fodé), Histoire, fiction et mémoire dans l’œuvre de Boubacar Boris Diop, Université de Montréal, 2010, 326 pages ;
SOB (Jean), L’impératif romanesque de Boubacar Boris Diop, Ivry-sur-Seine, A3, Revue nouvelles du Sud, 2007, 249 pages ;
SOUMARE (Zakaria), Le génocide rwandais dans la littérature africaine francophone, Paris, L’Harmattan, «Critiques littéraires», 2013, 231 pages ;
THIEL (Mag, Veronika), Une voix ce n’est pas assez : la narration multiple dans trois romans, «Le temps de Tamango» de Boubacar Boris Diop, «L’amour, la fantasia» de Assia Djebbar, et «Solibo magnifique» de Patrick Chamoiseau, thèse sous la direction de Jorg Turschmann, Vienne, 11 décembre 2011, 306 pages, spéc pages 65-134 ;
THIOUNE (Birahim), Trois romanciers sénégalais devant l’histoire. Cheikh Hamidou Kane, Abdoulaye Élimane Kane et Boubacar Boris Diop, Paris, L’Harmattan 2013, 75 pages ;
THIOUNENA (Birahim), Trois romanciers sénégalais devant l’Histoire : Cheikh Hamidou Kane, Abdoulaye Elimane Kane et Boubacar Boris Diop, Paris, L’Harmattan, 2013, pages.
2 – 2 Articles sur Boubacar Boris DIOP
ALESSANDRI (Brigitte), «Un romancier contemporain sénégalais : Boubacar Boris Diop», dans L’école dans le roman africain. Des premiers écrivains francophones à Boubacar Boris Diop, préface de Pierre Erny, Paris, L’Harmattan, «Éducations et sociétés», 2004, pages 133-168 ;
AMIDOU (Ibrahim B.), «L’exotisme (philosophique) de l’Afrique et des Africains dans «Tamango» de Mérimée [Tamango]», Présence Africaine, 2003, Vol 1-2, n°167-168, pages 290-302 ;
BAZIÉ, Isaac, «Au seuil du chaos : Devoir de mémoire, indicible et piège du devoir dire», Présence Francophone, 2004, Vol. 63, pages 29-45 ;
CARRE (Nathalie), «Boubacar Boris Diop et ses publics, en français et en ouolof, ancrage local et internationalisation de l’oeuvre», Études littéraires africaines, 2018, Vol 46, pages 73-89 ;
DIA (Hamidou), «Boubacar Boris Diop et le roman total», Éthiopiques, 2019, Vol 55, n°3, pages ;
DIOP (Cheikh, Mouhamadou, Soumoune), «Boubacar Boris Diop auteur, traducteur et éditeur en Ouolof», Études françaises, 2019, Vol 55, n°3, pages 109-125 ;
DIOP (Papa Samba), «Introduction à l’œuvre littéraire de Boubacar Boris Diop : du français au ouolof», Notre Librairie, Revue des Littératures du Sud, juillet 2005, vol. 159, pages 90-97 ;
DIOP (Papa Samba), «Voyages entre les langues : Pratiques plurilingues chez Patrice Nganang et Boubacar Boris Diop», Etudes littéraires africaines, 2018, Vol 46, pages 19-29 ;
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Paris, le 26 octobre 2022, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/