1 août 2022
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«Sénégal : Victoire du président Macky SALL aux législatives du 31 juillet 2022» par M. Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Ces législatives au Sénégal du 31 juillet 2022 sont marquées par une très forte abstention à plus de 60%. Il y avait eu une forte pluie torrentielle la veille du scrutin qui aurait démobilisé certains électeurs.
Depuis le 31 juillet 2022 la tension était à son comble, la Commission nationale électorale a finalement, le 4 août 2022, publié les résultats provisoires : 82 députés pour le président Macky SALL, 80 députés pour la coalition Wallu-Yéwwi, et trois petits partis s’adjugent chacun un siège (Bokk Gis Gis de Pap DIOP, Les Serviteurs-MPR de Pap Djibril FALL et AAR-Sénégal de Thierno Alassane SALL). La majorité absolue est de 83 sièges, et d’ores et déjà, l’avocat mandataire du camp présidentiel, a déclaré des alliances seront nouées pour trouver cette majorité absolue.
Le président Macky SALL revendique la victoire aux législatives, dans un contexte de très forte poussée de l'opposition, mais qui n'a pas pu imposer la cohabitation : «Nous avons gagné 30 départements sur les 46 ; ceci nous donne incontestablement une majorité à l’Assemblée nationale» dit Mme Aminata TOURE dit Mimi, une ancienne première ministre et tête de liste de BENNO, la majorité présidentielle. Ces départements sont : Diourbel, Fatick, Foundiougne, Gossas, Birkilane, Kaffrine, Kounghel, Malem Hodar, Guinguinéo, Kaolack, Nioro, Kédougou, Salémata, Kolda, Médina Yoro Foula, Vélingara, Louga, Linguère, Kanel, Matam, Bounkiline, Ranérou, Dagana, Podor, Goudomp, Bakel, Goudiry, Koumpentoum, Tambacounda et M’Bour. La majorité présidentielle a aussi gagné l’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre.
La majorité présidentielle de Macky SALL a essentiellement gagné dans les zones rurales. Ce qui a lui confère cette victoire à l'assemblée nationale. La majorité obtenue par le président Macky SALL est relative, mais il pourra gouverner. Dans la législature 2017-2022, la majorité détenait 125 sièges ; elle a aurait donc perdu 43, au profit de l’opposition.
Dans ce résultat, il est indéniable que Fouta-Toro resté très fidèle au président Macky SALL. Maître Malick SALL qui n’était candidat ni aux municipales, ni à ces législatives, en soldat du Chef de l’Etat, a fait une très belle campagne dans le Nord, est devenu incontestablement le patron du Nord. Les Foutankais ont suivi les recommandations de maître Malick SALL, Garde des Sceaux Ministre de la Justice, une pièce-maîtresse de l’équipe gouvernementale du président Macky SALL.
En définitive, tout semble donc indiquer que le spectre de la cohabitation s'éloigne. «Nous récusons toute possibilité de cohabitation et rassurons nos militants que nous restons majoritaires à l'issue de ce scrutin, malgré une avancée de l'opposition» dit Mme Aminata TOURE. En effet, les électeurs ont apprécié, très hautement, le bilan positif du président Macky SALL, un Pharaon des temps modernes. Les Sénégalais sont fait «le bon choix» en référence à une formule du président Valéry GISCARD D’ESTAING en 1978.
Naturellement, l'opposition, avant la publication des résultats avait déja cette déclaration de Mme Aminata TOURE, tête de liste de la majorité présidentielle, et parle de «vulgaire mensonge» ou de «majorité préfabriquée» dit Barthélémy DIAS, dans une radio privée. Barthélémy DIAS, maire de Dakar, avait commencé à pavaner dans les rues de la capitale sénégalaise, comme si l’opposition avait imposé la cohabitation. Se fondant sur les tendances dans les villes, l’opposition faisait semblant de faire croire que la victoire lui serait acquise. «Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tannée» dit un dicton français. Juste avant la publication des résultats de la Commission nationale, l’opposition a estimé que ces résultats ne l’engageraient pas. Par conséquent, des recours sont possibles devant le juge constitutionnel.
Tout le monde a admis une forte percée de l'opposition à ces législatives qui a obtenu 80, entamée aux municipales qui se confirme, mais il s'agit de succès essentiellement dans les grandes villes. L'alliance entre Wallu et Yéwwi semble être profitable à l'opposition. La victoire de Guy Marius SAGNA, un homme estimable et de conviction, sans déclarations outrancières, est hautement symbolique pour l'opposition. Cependant, et en dépit de ce succès, l’opposition a raté son pari d’une cohabitation.
Il est incontestable que le Sénégal, «ce Grand Petit», est une véritable démocratie qui a déjà connu deux grandes alternances en 2000, maître Abdoulaye WADE ayant battu Abdou DIOUF, et en 2012, Macky SALL a vaincu son mentor, maître Abdoulaye WADE, et aux municipales du 23 janvier 2022, l’opposition a gagné des grandes villes ; ce qui se traduit maintenant en gain électoral à Dakar, en Casamance et à Saint-Louis.
L’opposition met en cause le résultat des votes au Fouta-Toro. Mais quand elle gagne à Touba, à Dakar et à Ziguinchor, c’est normal. Cette stigmatisation permanente des Peuls, des Foutankais, est insupportable. En effet, depuis que le président Abdou DIOUF a libéré les médias, et cela est peu souligné par les observateurs politiques, il est particulièrement difficile de frauder aux élections. En effet, le résultat des élections est annoncé, bureau par bureau, en direct, dans les télévisions et les radios privées. Par ailleurs, les observateurs, dans les bureaux de vote, avec leurs portables, publient, dans les réseaux sociaux, instantanément, partout au Sénégal et dans le monde, le résultat de leur secteur.
Au Sénégal, plus personne ne peut plus tenter de manipuler les chiffres des votes, en raison de ce phénomène de la modernité, et d’une presse privée libre ayant contribué, de façon décisive, à la transparence des élections. C’est pour cela, et en dépit des grandes gueules, de ce tapage ou terrorisme intellectuel d’une partie de l’opposition, le résultat des élections au Sénégal finit toujours par être accepté de tous.
Par conséquent, le président Macky SALL pourra donc nommer, librement, son Premier ministre, un poste qui avait été supprimé, puis rétabli. L'opposition avait espéré, vainement, par une victoire à ces législatives, pour essayer d’empêcher le président Macky SALL de se présenter aux présidentielles de 2024. Cette hypothèque est donc levée. Le président Macky SALL, élu pour la première fois, en 2012 pour sept ans, est réélu le 24 février 2019 pour cinq ans, soit jusqu’en 2024. Le referendum constitutionnel du 20 mars 2016, combattu violemment à l’époque par l’opposition, interdit de briguer plus de deux de deux mandats. Mais deuxième mandat à partir de quand ? L’opposition bipolaire, tirant à boulets rouges, sans discernement, y compris les infrastructures, ne s’était intéressait pas lors des débats parlementaires, à cette question importante de l’application des lois dans les temps. Pour ma part, j’estime que le mandat en cours, celui de 2012 de 7 ans, ne compte pas, en raison de l’interdiction de la non-rétroactivité des lois. Seul le Conseil constitutionnel et le peuple sénégalais, sont les juges en matière électorale en vue des présidentielles de 2024, comme c’est le cas dans ces législatives du 31 juillet 2022. Ce n’est donc pas à l’opposition, qui n’a pas respecté le principe de parité dans ces législatives, de s’improviser, très hasardeusement en juge électoral.
Dans tous les cas le Sénégal est un «Grand petit pays», en référence au titre de mon troisième livre. Les députés de la majorité présidentielle qui ont perdu ont félicité leur adversaire. Un fair-play remarquable signe de maturité politique et de démocratie.
Quelle recomposition politique après ces législatives ?
Il est évident que certains membres du PDS ou certains Socialistes dissidents peuvent être «compatibles» avec la majorité présidentielle ; mais seulement le Président Macky SALL, en maître des horloges, a les cartes en mains.
Au sein de l’opposition les lignes concernant le leadership ont gravement bougé. En effet, M. Ousmane SONKO, qui était sous la lumière, ne sera pas au Parlement. Il risque d’être éclipsé par Guy Marius SAGNON ou le bouillant Barthélémy DIAS. Par ailleurs, maître Abdoulaye WADE, en dépit de son grand âge, n’a pas encore perdu le Nord. On l’a vu dans l’affaire des salons de massage recadrer Ousmane SONKO, accusé d’être imprudent d’aller dans ces endroits peu recommandables.
En définitive, c’est la première fois depuis l’indépendance en 1960, qu’un président en exercice n’obtienne pas une majorité absolue à des législatives. On a donc le scénario à la française. La majorité présidentielle qui s’en sort bien, mais de justesse, devrait faire un examen de conscience, un bilan d’étape, en se posant de bonnes questions. Qu’est-ce qui marche et que faudrait améliorer, pour de meilleures conditions de vie et de sécurité pour les Sénégalais ?
Toute victoire oblige la majorité présidentielle, sans triomphalisme, chaque fois un engagement à faire toujours plus et mieux, afin de consolider cette démocratie vivante et parfois turbulente, dans un Sénégal de paix, uni et prospère. Dans une démocratie, rien n’est acquis définitivement ; c’est un combat de chaque instant.
Qui sera le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, après le départ de Moustapha NIASSE (voir mon article) ?
Les débats au sein de la nouvelle législature, en raison de la poussée de l’opposition seront animés. Cependant, il n’y a pas de bonne démocratie, mais il n’y a que de grands démocrates. La démocratie, c’est l’affaire des partis politiques, des forces vivantes de la société civile, mais aussi de chaque citoyen. Ce qui nous unit, avec certes des convictions politiques différentes, c’est le Sénégal, et cela est plus grand que ce qui nous divise.
Paris, le 1er août 2022, par M. Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/