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  • : Le blog de BA Amadou Bal, Paris 19ème ISSN 2555-3003 (BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE France B.N.F GALLICA. Http://baamadou.overblog.fr/
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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 22:01

 

«Ibn KHALDOUN (1332-1408) et sa Kahina, ou Dihya, la Reine belle et rebelle, la Jeanne d’Arc des Berbères» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

C’est Ibn KHALDOUN, né à Tunis d’une famille arabe andalouse d’origine yéménite, un historien et philosophe, faisant appel au rationalisme en excluant le fait religieux, qui nous a fait découvrir la Kahina ou Dihya, la reine des Berbères. «Aux yeux des historiens contemporains, Ibn Khaldoun est considéré comme le fondateur génial de l’histoire scientifique telle que la conçoivent aujourd’hui certaines écoles, telles que l’école des Annales, l’histoire des mentalités et autres. Plus simplement, nous dirons qu’Ibn Khaldoun a introduit la sociologie et la plupart des sciences humaines dans la trame historique» écrit Gabriel CAMPS. Le traducteur de la magistrale histoire des Berbères, William Mac GUKIN, baron de SLANE (1801-1878) a rendu plus clair le récit en arabe d’Ibn KHALDOUN sur la vie de la Kahina. Le traducteur y loue «le savoir, la haute philosophie, la sagacité du génie et le bon sens» de l’historien, Ibn KHALDOUN, resté depuis le XIVème siècle, la source la plus solide et la plus fiable, sur la vie de la Kahina. Une partie de l’histoire de la Kahina, cette reine de l’Aurès, passionnée de l’indépendance, au destin tragique, qui commanda les Berbères, les Arabes, les Juifs et les Chrétiens, émane aussi de la tradition orale. «Que ma parole coule comme un ruisseau d’eau claire, je vais raconter l’histoire d’une Reine au temps des hommes libres. Que celles qui m’écoutent en soient dignes. Elles aussi sont des princesses qui vont vivre et témoigner à leur tour. Écoutez et retenez !» écrit Derri BERKANI dans sa «Kahéna de la Courtille».

La Kahina, qui a tenu tête aux envahisseurs arabes qui, officiellement, sont venus en Afrique du Nord pour répandre les préceptes de l'Islam. Femme belle et rebelle, fille de Thabet Ben NIFAK, chef d’une tribu Zénète de l’Aurès, les Djéraoua ; lui qui voulait vaille que vaille avoir un garçon, sa femme mettra au monde qu'une fille. La déception du père a fait son effet sur la vie de la Kahina qui, pour satisfaire la volonté de Thabet, apprend à manier les armes et à guerroyer. La Kahina est affublée de différents noms : Dihya, en berbère ou la reine, également surnommée Al-Kahina ou Kahéna, qui signifie «devineresse» ou «sorcière», en hébreu, «Cohen» veut dire prêtre, une hérédité quasi sacerdotale, en raison de ses dons sibyllins. On dit de la Kahina que «cette femme prédisait l’avenir, et tout ce qu’elle annonça ne manqua pas d’arriver» dit Ibn KHALDOUN. La légende a entouré la jeunesse de cette belle «Jeanne d’Arc berbère» de récit merveilleux. Dotée d’une beauté hors du commun, elle est courtisée par les plus puissants guerriers et notables du pays. Elle repousse toutes les offres en raison de son caractère cruel et odieux. A la mort de son père, c’est un prétendant évincé qui le succéda. Ce tyran avait l’habitude d’exiger de toute jeune fille qui se mariait le droit du Seigneur. La Kahina se résolut de se débarrasser de ce tyran avec son droit de cuissage. La Kahina lui plongea le couteau dans la poitrine et le peuple la proclama la nouvelle Reine de Berbérie. Par conséquent, La Kahina devint, après la mort de son père, le guide de tout un peuple Berbère. Si l’on en croit les repères donnés par Ibn KHALDOUN La Kahina, ou la «Jeanne d’Arc des Berbères», serait née en 616 et morte en 693, soit à l’âge de 77 ans. «Jamais figure de femme n’a cristallisé au Maghreb autant de passions que celle de la Kahina, personnage sans doute historique, mais surtout construction mythique» écrit Nadia SAOU. Si elle a réussi à unifier les tribus berbères, à cultiver le patriotisme, «l’intelligence alerte et lucide de Dihia, sa haute ambition, le caractère de sa féminité» l’ont élevée au rang de mythe écrit Magali BOISNARD (1882-1945). «Toute l’histoire de ce pays tient dans notre propre histoire. Il n’y a d’éternité que pour les gestes de Berbères» dit La Kahina.

I - Quel était l’état de la Berbérie avant les invasions arabes ? Quelle autorité y avaient les Romains ? Quelle résistance la Kahina a-t-elle opposé aux conquêtes musulmanes ?

Avant la conquête musulmane arabe, la religion chrétienne introduite par les Romains était limitée sur le littoral, la majorité des Berbères, organisés autour de diverses tribus, étaient idolâtres. Tout commence par le déclin de l’empire de Byzance dans l’Afrique septentrionale et donc l’expansion de l’Islam en dehors de l’Arabie Saoudite avec la conquête l’Egypte en 641, la Cyrénaïque, une province de Lybie. La Kahina vivait au Moyen-âge, une période d’histoire ténébreuse et tragique, parfois de règles d’exactitude absolue, faite de mythes ou de constructions a posteriori. Le IVème siècle marque la décadence de la domination romaine en Afrique, Carthage se christianise, le Vème siècle est le triomphe des Vandales et le VIème siècle les Byzantins, puis le VIIème siècles les Musulmans débarquent. L’Aurès de la Kahina est une forteresse montagneuse facile  à défendre et difficile de pénétration. Ibn KHALDOUN dit des Berbères de la Kahina qu’ils ont toujours été un peuple puissant, redoutable, sobres laborieux, aimant la guerre, ils sont jaloux de leur indépendance. La conquête arabe de la Berbérie durera 70 ans. Les Berbères apostasièrent jusqu’à 12 fois. L’Aurès taciturne et hautain, rude et voluptueux de la Kahina est resté rebelle.

Dans la seconde moitié du VIIème siècle, à 15 ans, Dihya, héroïne guerrière et prophétesse, est vénérée sous le nom de Kahina, la sorcière, devient reine des Aurès, une tribu berbère. Fille de Thabet, chef guerrier de la tribu des Djéraoua, ayant perdu sa mère et son frère dans un incendie, presque reniée par son père déçue de n’avoir pas eu un garçon, la Kahina va progressivement s’imposer dans ce monde d’hommes. Dès l’enfance, elle est destinée à mener une lutte incessante contre les Arabes, ces ennemis venant du Levant, qui adorent un dieu unique. On dispose de peu d’indications sur son physique. La Kahina aurait yeux lavande, des cheveux couleur de miel. Les historiens la considèrent comme belle, mais ce physique avantageux est parfois ambigu ; la Kahina se servirait de son charme pour envoûter et conquérir ses adversaires ; ce qui lui vaut autant d’admiration que de crainte superstitieuse. Lors de la bataille de Kairouan, la Kahina livre son premier combat contre Uqba le cruel et lui tranche la tête. Cet acte héroïque lui vaudra la vénération immédiate des siens et l’adoration d’Aksel, le plus vaillant des chefs berbères.

Lors de ces premières conquêtes arabes, «accablés d’impôts par l’avarice de leurs préfets (romains), les populations Berbères n’attendaient que ce moment pour secouer un joug détesté : l’invasion arabe leur en a fourni l’occasion. Les Berbères accueillirent avec empressement leurs envahisseurs. Mais les Berbères, après avoir salué ce nouveau drapeau, s’aperçurent, le moment d’enthousiasme passé, qu’ils n’avaient fait que changer de maîtres. Ecrasés bientôt sous une tyrannie de leurs nouveaux oppresseurs, ils ne tardèrent pas à regretter leurs anciens maîtres» écrit Ernest MERCIER (1840-1907) dans son «histoire de l’établissement des Arabes dans l’Afrique septentrionale» de 1925. En effet, Okba Ben NAFA (622-683)  conquit l’Ifriqiya et installa sa capitale à Kérouane en 681, sous le califat de Yazid 1er (645-683). Les Berbères, au début, satisfaits d’échapper au joug des Romains, mais s’allièrent avec eux en 683, à la bataille de Tahouda, pour battre les musulmans, Oqba Ibn NAFA, conquérant du Maghreb, et fonder le premier empire berbère ; car ils étaient «fatigués bientôt d’une religion qui leur prescrivait de fréquentes prières et leur enlevait près de la moitié de leurs récoltes à titre d’impôts» écrit Ibn KHALDOUN. Okba sera vite vaincu par Koceila Ben LEMZEN (639-688) : «L’orage éclate à nouveau au moment où, plein de confiance, ayant renvoyé son armée à Kérouane, rentrait à la tête de quelques cavaliers. Parvenu à l’oasis de Téhouda, il se vit entouré par une nuée d’indigènes et périt avec toute son escorte» écrit Ernest MERCIER. En effet, c’est alors que Koceila, de la tribu des Arouba, devient le premier chef de tous les Berbères. Koceila noua une alliance avec les Romains. Koceila, converti à l’Islam, d’abord traité dignement par le précédent gouverneur sera humilié par son successeur et ravalé au rang d’esclave.

De 683 à 688, Koceila Ben LEMZEN, chef de Berbères, gouverna le pays, une partie de l’Algérie et de la Tunisie, «avec une justice qui mérita l’approbation des Arabes qu’il avait vaincu» écrit Ibn KHALDOUN. En 688, Zoheir Ibn KAIS, chargé de venger Oqba, renversa Koceila ; Mais Zoheir manquait de troupes, il fut lui-même tué par Barka et remplacé par Hassane Ibn Al-NOMAN, gouverneur de l’Egypte entre 692 et 705. Les Berbères retombèrent dans l’anarchie et les divisions «puis par la voix d’une femme, Dihya, fille de Thabet Ben Nifak, reine de l’Aourès, leurs querelles s’apaisèrent» écrit Ernest MERCIER. A la mort de Zoheir, la révolte gronda au sein du peuple berbère, composé de différentes tribus indépendantes. «Parmi leurs chefs, les plus puissants, on remarqua surtout la Kahéna, reine du Mont Aurès, dont le vrai nom est Dihya, fille de Tabeta, fils de Tifan. Sa famille fait partie de Djeraoua, tribu qui fournissait les rois et les chefs à tous les Berbères» écrit Ibn KHALDOUN. «La première révolte victorieuse, reconnue par le chef berbère Koceila ; dans une autre s’illustra une femme, Kahéna, dite Doumiah, guerrière juive des monts Aurès, qui fit reconnaître son pouvoir aux débris des Romains, comme aux Berbères et battit, en maintes rencontres, les troupes musulmanes» écrit Jules DUVAL. En effet, Koceila connaissait La Kahina et l’appréciait «pour la valeur de son énergie, son intelligence et sa volonté téméraire. Il l’aimait pour sa souple et voluptueuse vigueur, sa beauté bizarre, et pour ce qu’il trouvait en elle de semblable à lui-même» écrit Magali BOISNARD.

En 687, le calife omeyyade, Abd Al-Malik (646-705), demanda à Hassane EL-GHASSANI, gouverneur de l’Egypte de porter la guerre contre la Kahina. Le général Hassane avait conquis Kairouan (Nord Tunisie) et Carthage (Tunisie), mais sa victoire était incomplète. Mais les Arabes s’arrêtèrent aux portes des montagnes de l’Aurès, farouchement gardées par la Kahina, une païenne alliée aux Byzantins et qui avait conseillé et aidé Koceila. Les stratèges firent remarquer au général Hassane qu’il «n’y a aucun monarque plus puissant que la Kahina, reine de l’Aurès ; tous les habitants de l’Ifriqiya la craignent, et les Romains lui écoutent et l’obéissent. Si tu l’as tues, les Berbères et les Romains ne pourront plus séjourner en Afrique». Rebelle et libre, la Kahina rassembla toutes les tribus berbères et leur demanda de résister aux forces étrangères et de défendre l’élément vital de leur race. Devant le péril les Berbères se sont unis pour résister à l’invasion de leur pays : «La Kahéna mena ses troupes contre les Musulmans, et les attaquant avec acharnement extrême, elle les força à prendre la fuite, après avoir tué beaucoup de monde. Kaled Ibn Yezid resta prisonnier entre les mains des vainqueurs. La Kahéna ne perdit pas un instant à poursuivre les Arabes, et les ayant expulsé du territoire, elle contraignit le général à chercher refuge en province de Tripoli» écrit Ibn KHALDOUN. A Gabès, le triomphe de la Kahina fut complet ; ce lieu de la déroute de l’adversaire s’appelle, depuis lors, «El-Bla» ou la calamité. Le Calife, Abd Al-Malik déclarera que c’est une honte que son général puisse s’enfuir devant une femme. «Les Arabes avaient l’avantage des armes et de la position, mais Berbères avaient celui du nombre et surtout le courage porté à son paroxysme» écrit Ernest MERCIER. La Kahina rentra dans son pays, après avoir Khaled Ibn Yazid Al-KAIS (668-709), un beau guerrier, noble et courageux, fils de Yazid 1er, comme troisième fils. La Kahina, guerrière et reine des Berbères, est à la fois maternelle et amoureuse, avec captif Khaled Ibn Yazid al Absi. Ce dernier a été emprisonné après la défaite de son oncle Hassane Ibn Thabet face à l'armée des Berbères. La Kahina, en donnant le sein à son captif, l'adopte, et il devient, de ce fait, l'un de ses enfants. Toutefois, au fil du temps, cette adoption dépasse la simple relation maternelle ou filiale et les rapports deviennent de plus en plus amoureux. La Kahéna gouvernera son pays pendant cinq ans.

Kaled, le garçon adopté, a trahi la Kahina. Il a livré aux Musulmans le secret des sentiers perdus, de cavernes inviolées et a dévoilé à Hassane Ibn Al-NOMAN AL-GHASSANI les plans de guerre de la Kahina dans la paille d’une selle ou dans un plan. Il a recommandé au général arabe d’attaquer au bon moment, les Berbères et les Grecs mécontents de leur Reine, commencent à se diviser. Par conséquent, en 693 Hassane AL-GHASSANI attaqua à nouveau la Berbérie. Mais à son approche, la Kahéna brûla fermes et villages de la Berbérie : «Cette vaste région avait offert l’aspect d’un immense bocage, ne montrant plus que des ruines. Les Berbères virent avec un déplaisir extrême la destruction de leurs propriétés, et abandonnèrent la Kahéna pour faire soumission à Hassan» écrit Ibn KHALDOUN. «Les Arabes veulent s’emparer des villes, de l’or et de l’argent, tandis que nous, nous ne désirons que posséder des champs pour la culture et le pâturage. Je pense donc qu’il n’y a qu’un plan à suivre : c’est de ruiner le pays afin de les décourager» dit-elle à la Berbérie. Cependant, ces destructions fut mal comprises par les populations indigènes qui désavouèrent la Kahina. «Pendant les dernières années de paix, les querelles intestines s’étaient ravivées de toute part ; le sacrifice imposé par la Kahina acheva l’œuvre commencée par la discorde. Aucun contingent ne répondit à l’appel, et la Reine, se voyant abandonnée, se disposa à mourir, pour la cause qu’elle avait défendue» écrit Ernest MERCIER. En sorcière, la Kahina sentait sa défaite et sa mort arriver «Mes fils vont bien sont disparus et votre défaite est proche dans ce que les hommes mangent» dit-elle, trois fois. On raconte qu’elle prévoit l’avenir à travers ses rêves prémonitoires. On dit, par exemple, qu’elle voit venir la trahison de Yazīd, un otage que certains pensent son fils adoptif et que d’autres considèrent comme son amoureux caché. La légende dit que ce dernier captif mais très bien traité, espionne la reine pour le compte du gouverneur Hassān Ibn NOMAN. Le calife Yazīd 1et écrit une lettre qu’il remet à un messager dans une galette de pain. Aussi, après un siège de plus de 6 mois autour de la citadelle de Thysdrus ou El-Djam où s’était retranchée La Kahina, le général Hassane la mit en déroute et la tua dans le Mont Aurès, Bir El-Kahéna, le puits de la Kahéna. «La Kahéna fut atteinte et tuée pendant qu’elle s’enfuyait» écrit Ibn KHALDOUN. Hassan coupa la tête de la Kahéna et l’envoya à Bagdad, au Calife Abd Al-Malik. En 693, Hassane Ibn Al-NOMAN, prit la ville de Carthage et Tunis en 698, et les Omeyyades réclament 12000 hommes aux Berbères afin de poursuivre la conquête musulmane en Espagne.

Ibn KHALDOUN rattache estime que la Kahina est d’origine juive : «Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu’ils avaient reçu de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs on distinguait les Djéraoua, tribu qui habitait l’Aurès, et à laquelle appartenait la Kahéna» écrit-il. Par conséquent, de nombreux intellectuels juifs ont repris cette interprétation d’Ibn KHALDOUN «Dans la terre judaïque, la Kahina, n'était pas la seule femme à avoir pris les rênes de son peuple, mais il y avait aussi Judith, et Tabora» écrit Gisèle HALIMI (1927-2020) dans sa «Kahina». Auparavant, Albert MEMMI (1920-2020, voir mon article), un Juif franco-tunisien, rattache également la Kahina au peuple juif. André CHOURAQUI (1917-2007), auteur d’une magistrale «l’histoire des Juifs en Afrique du Nord», pense que la Kahina est également une judéo-berbère. Au VIème siècle de notre ère, la Numidie, Algérie actuelle, était sous la domination byzantine. C’est à moment, les Juifs,  fuyant la conversion forcée, se seraient réfugiés dans les régions éloignées ou montagneuses, chez les Berbères, dans le pays de la Kahina. Albert MEMMI, un Juif français en Tunisie, revendique d’être un descendant de la Kahina : «La première mention sûre de notre présence ici […] se trouve chez l’historien arabe El-Milli qui, dans ses «Chroniques arabo-berbères», cite parmi les compagnons de la Cahéna, la fameuse reine judéo-berbère, un certain El-Mammi» écrit-il. Magali BOISNARD, poète et romancière s’inscrit dans cette mouvance visant à démontrer que la Kahéna serait  «reine juive des Aurès» et s’appuie sur d’anciens textes arabes : «La confédération des Djeraoua, sur laquelle régnait la Kahina, avait des origines juives, explicables par le grand exode qui suivit la révolte des Juifs de Cyrénaïque, en l’an 115 de J.-C. Après la terrible répression exercée par Trajan, et dont son général Marius Turbo fit une extermination, des lambeaux de tribus israélites s’enfuirent par le mont Demmer, en Tripolitaine, vers l’Aourès et vers la Numidie. Les uns se mêlèrent aux Nefouça tripolitains, d’autres, les Djeraoua, s’établirent dans l’Aurès» écrit Magali BOISNARD dans son «roman de la Kahina» de 1925.

II - Quel héritage de la Kahina ? et en quoi, interpelle encore notre conscience ?

Figure algérienne d’abord, reine des Aurès, dans le sud de l'Algérie et de la Tunisie actuelles, la Kahina est l’objet d’appropriations multiples, arabes et juives. «L’Histoire est la gardienne fidèle du passé. Quant à la littérature, elle peut avoir  fonction de reprendre l’Histoire et de la transfigurer dans un mélange de réel et d’imaginaire» écrit François GUIZOT (1787-1874), homme d’Etat et historien, dans «mémoire pour servir à l’histoire de mon temps».

Ce que je retiens, avant tout, de cette exceptionnelle Kahina, c’est que l’Afrique au Moyen-Age, une femme reine, avait résisté vaillamment aux conquêtes musulmans, et donc les clichés misogynes de notre temps et les instrumentalisations sur la condition de la femme dans ce continent, sont dérisoires. En effet, l’Afrique a bien connu des femmes sensuelles, fortes, vaillantes et guerrières qui avaient su se dresser contre les forces du Chaos.

De nos jours, la Kahina s’est emparée des imaginaires littéraires et a fait l’objet de nombreux biographies, de récits romanesques ou de pièces de théâtre ou de thèses,  l’élevant au rang d’un mythe, dans la construction de l’identité nationale africaine. Le président Emmanuel MACRON a prétendu, le 30 septembre 2021, que la Nation algérienne n’existerait pas avant 1830, début de la colonisation française et que l’histoire de l’Algérie indépendante serait «totalement réécrite et ne s’appuie pas sur des vérités, mais sur un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France, sur une rente mémorielle, entretenue par le système politico-militaire» dit-il. L’histoire de la Kahina, une reine berbère du VIIème siècle, atteste bien de l’ancienneté de la nation algérienne, autour des combats des Berbères pour leur dignité et leur indépendance. En effet, l’écrivain et dramaturge algérien, KATEB Yacine (1929-1989, voir mon article), dans «La Kahina ou Dihya», met en scène l’héroïne berbère qui, au VIIème siècle, résista aux Romains et au christianisme. KATEB Yacine assigne un rôle particulier, dans la construction de la nation et de l’identité algériennes, aux Ancêtres, dont la Kahina, qui ne sont pas Arabes, mais Berbères «ce sont des âmes d’ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente» écrit-il dans son roman «Nedjma». Pour KATEB Yacine, l’Algérie des temps anciens n’était pas arabe, mais berbère, comme l’était la Kahina. Du moins, l’Algérie officielle de notre temps, n’est pas seulement qu’Arabe et musulmane, elle est multiple, païenne, savante et sauvage, contradictoire, agitée des soubresauts de sa longue et violente histoire. Or, la loi fondamentale algérienne est un immense déni des origines berbères de son peuple, et donc des combats et de l’héritage de la Kahéna : «L'Islam est la religion de l'État. L'arabe est la langue nationale et officielle. L'arabe demeure la langue officielle de l'État» édictent les articles 2 et 3 de la Constitution algérienne, dans sa version du 30 décembre 2020.

Gisèle HALIMI (1927-2020), indépendantiste et féministe, a fait de la Kahina une héroïne immortelle : «Est-ce un ouvrage historique ? Est-ce un roman ? Un roman historique ? Le lecteur est désemparé dès qu’il plonge dans l’ouvrage que Gisèle Halimi a consacré à la grande héroïne judéo berbère. Si l’on comprend bien l’intérêt de l’avocate féministe – par ailleurs juive et née en Tunisie – pour cette figure féminine de résistance, la gêne s’installe au fur et à mesure de la lecture, face à l’impossibilité de l’auteur de choisir un genre littéraire et de s’y tenir. Alors que le destin légendaire de cette femme intrigue, que son altière figure fascine, que viennent faire au milieu d’une description de paysages, ou de la relation de ses amours, telle ou telle note savante de bas de page ?» s’interroge Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN. Gisèle HALIMI a écrit un roman historique, avec une démarche autobiographique permettant de «combler les zones obscures par l’imagination ; et aussi parce que l’identification à l’héroïne, l’empathie manifeste de l’auteure pour la chef de guerre, pour la femme indépendante, permettent, plus qu’un essai rigoureux, de la présenter avec ses doutes, ses hésitations, ses coups de cœur» précise Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN. Gisèle HALIMI qui se battait pour les causes de la liberté des peuples sous le joug du colonialisme et pour celle des femmes, que d’aucuns estimaient perdues, est restée, comme La Kahina qui commandait les hommes, droite dans ses bottes : «Mon grand-père paternel me racontait souvent, par bribes, l'épopée de la Kahina. Cette femme qui chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu'aux reins. Vêtue d'une tunique rouge - enfant, je l'imaginais ainsi, d'une grande beauté, disent les historiens. J’ai voulu clore ce cycle par la Kahina. Dans son contexte historique, je l'ai fait vivre, aimer, guerroyer, mourir» écrit Gisèle HALIMI, dans sa «Kahina».

La Kahina est le dernier livre de Gisèle HALIMI évoquant l'histoire de la Kahina qui souhaitait unifier les berbères de la Berbérie et de l’Ifriqiya Elle avait décidé de réunir les tribus de nomades, les sédentaires, ceux des montagnes et ceux de la cote. La Kahina repoussa les armées du général arabe Hassane, La passionaria berbère mis son engage ment pour la cause du peuple berbère contre l'envahisseur. Humaine, elle renvoya les prisonniers dans leur camp et adapta le prisonnier Khaled, le neveu de son ennemi selon le rite berbère qui consiste à goûter sur le sein de la reine la pâte d'amende. C'était un rituel. Elle s'éleva contre la violence religieuse «Nous n'imposas jamais notre dieu. Dieu ne doit pas être pris comme alibi» dit-elle. Elle porta la Khamsa la main à cinq doigts ouverts. Trahie par son fils adoptif, la Kahina mourut décapitée. Avant sa mort la Kahina demanda à ses deux fils naturels, dont Ifrane, de se convertir à la religion du vainqueur pour avoir la vie sauve : «Vous allez vous rendre au général Hassane, vous convertir à l'Islam pour avoir la vie sauve». En ce début du VII siècle la tête de la Kahina a été exhibée au palais d'Abd AL-MALIK : «Ce n'était qu'une femme» dit-il dédaigneusement.

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MERCIER (Ernest), «Une page de l’histoire de l’invasion arabe : La Kahéna», Recueil des notices et mémoires de la société archéologique de la province de Constantine, 1868, pages 241-254 ;
MERCIER (Ernest), Histoire de l’établissement des Arabes dans l’Afrique septentrionale selon les documents fournis par les auteurs arabes et notamment par l’histoire des Berbères Khaldoun, Constantine, L. Marle, Alger Julien-Saint Léger, Paris, Challamel,  1875, 406 pages, spéc chapitre IV, pages 59-63 ;
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ROUDIE (Emile), La Kahéna, pièce en quatre actes en vers, Paris, Librairie théâtrale, 1922, 99 pages ;
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STORA-SUDAKA (Hélène), «Premières immigrations juives en Berbérie. Une Debora berbère : La Kahéna», Société des Conférences juives d'Alger, Bulletin n°3, 1928-1929, pages 219-243 ;
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WYNCHANK (Anny), «Deux visions d’une reine berbère, la Kahéna : héroïne féministe ou hétaire sorcière ?», Australian Journal of French Studies, janvier 2009, vol 46, pages 83-96  ;
ZERAOUI (Nahla), Les différents statuts de la Kahéna dans la littérature d’expression française, thèse sous la direction de Bruno Curato, Université de Franche Comté, 2007, 545 pages.
Paris, le 1er novembre 2021 par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
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