Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de BA Amadou Bal, Paris 19ème ISSN 2555-3003 (BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE France B.N.F GALLICA. Http://baamadou.overblog.fr/
  • : Ce blog personnel de M. Amadou Bal BA est destiné à l'échange en politique, littérature, histoire, faits de société et le bien-vivre ensemble. Google News BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE ISSN 2555-3003 BNF GALLICA. Http://baamadou.overblog.fr/
  • Contact

Recherche

15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 18:42
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«La littérature ne change ni l'homme ni la société. Pour autant, l'absence de littérature rendrait l'homme encore plus infréquentable» dit Tahar BEN JELLOUN. «J’ai conscience que chaque livre, bref ou long, roman ou essai, est une pierre qui vient se poser sur d’autres pierres jusqu’à former un jour une demeure de mots et de doute» dit Tahar BEN JELLOUN, académicien depuis 2008. Vivant entre Tanger et Paris, écrivain prolifique et prodigieux, de plus cinquante ouvrages, traduits en 43 langues, Tahar BEN JELLOUN, après remporté avoir le premier Prix Goncourt du monde arabe, pour son roman «La Nuit sacrée», reste le plus sérieux prétendant au Prix Nobel de littérature, tant les thèmes qu’il traite sont riches et exaltants, avec finesse, subtilité, sensibilité et lyrisme, notamment l’identité, la politique, la sexualité, la religion, la tradition dans l’étrangeté et la modernité, l’amitié, la fraternité, le racisme, les immigrés, les enfants, les droits de l’homme, la poésie. «Depuis toujours j'écris sur le même thème, celui de la violence de la vie. Mes premiers livres parlaient de la condition de la femme dans mon pays, puis j'ai abordé la question des relations entre l'homme et la femme dans la société marocaine musulmane, traditionnelle» dit Tahar BEN JELLOUN.  «L’art, la beauté, l’amitié m’ont aidé à aboli l’obsession de la mort» dit-il. En effet, Tahar BEN JELLOUN a un culte de l’amitié «L’amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier. Sans diable non plus. Une religion qui n’est pas étrangère à l’amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible. Ce pourrait être l’état idéal de l’existence. Un état apaisant. Un lien nécessaire et rare. Il ne souffre aucune impureté. L’autre, en face, l’être qu’on aime, est non seulement un miroir qui réfléchit, c’est aussi l’autre soi-même rêvé. L’amitié se tiendrait alors dans cette réciprocité sans faille, guidée par le même principe d’amour : le respect qu’on se doit à soi-même pour que les autres nous le rendent, naturellement» écrit-il dans «l’amitié, ombre de trahison». Dans «l'auberge des Pauvres». Tahar BEN JELLOUN s’insurge contre la haine raciale, la médiocrité conjugale et la pauvreté.
Tahar BEN JELLOUN créé une rupture avec la tradition arabe «En littérature, il n'y a de sujet qu'individuel. C'est à travers l'individu que se raconte une société. C'est ce qui explique par ailleurs que le roman, dans sa forme occidentale, n'est apparu que tardivement dans les sociétés arabes, lesquelles ne reconnaissent pas l'individu en tant qu'entité unique et singulière. Je pense que tous mes romans visent à faire prendre conscience de cette nécessité essentielle : l'émergence de l'individu. C'est la base d'une réelle démocratie et du progrès d'une société moderne» dit-il. «J'écris sur la douleur du monde et je peins la lumière de ce même monde» dit Tahar BEN JELLOUN. Amoureux du cinéma, d’Ava GARDNER du Jazz de John COLTRANE, peintre et combattant de la Justice, sa devise reste «Vivre. Habiter la lumière de l’enfance. Résister. Ne jamais s’habituer à la douleur du monde» dit-il. Entre roman, poésie et théâtre, arrêté, tué, enterré, Moha ne cesse de parler, et sa parole ne peut tarir, car elle est la tradition maghrébine et la vérité qui résistent. Pour dénoncer la dictature, dans son roman, «Moha, le fou, Moha, le sage», Tahar BEN JELLOUN règle ses comptes avec le roi du Maroc, Hassan II. Il n’y a que les fous pour dénoncer les injustices, dire des vérités crues et exprimer publiquement leur haine de l’oppression. «J’ai toujours été extrêmement sensible à la manière dont on peut humilier l’être humain, quel qu’il soit […] j’ai vécu à Fès une enfance pendant laquelle je voyais des injustices, ne serait-ce que sur le plan social» dit Taha BEN JELLOUN.
Loin d’être le combattant de la 25ème heure, défendant constamment les gens humiliés, sans être arabisant, ni un écrivain exotique, travaillant en accord avec son temps et la société marocaine, habité par le mysticisme du Soufisme, refusant l’injustice, l'hypocrisie sociale, le folklore décadent, le mensonge et la corruption, Tahar BEN JELLOUN reste profondément marocain «Ce que j’exprime ne trahit pas ce fonds marocain essentiel à la nourriture de mon imaginaire. Je dirais même que le fait d’avoir recours à une langue autre m’aide à mieux pénétrer l’univers que je perçois» dit-il. «La plupart des écrivains de ma génération ont prouvé par leurs écrits qu'ils n'étaient ni des «traîtres», ni des renégats. Ce qui compte c'est le travail qu'ils ont fait ces trois dernières décennies : écrire, travailler, donner le meilleur de soi en disant le pays et la société. Qu'importe le lieu où on écrit et qu'importe la langue aussi. L'important était de briser le silence et de ne pas se taire face à ceux qui nous faisaient des procès d'intention, des gens qui voulaient censurer nos souffles et nos aspirations. Certains lecteurs marocains me disent qu'en me lisant ils entendent la langue arabe, surtout dialectale. Je ne les contredis pas. La langue casse les mots, déchire leur enveloppe et cherche de nouveaux parfums. C'est du français qui voyage et qui se laisse séduire par d'autres rivages, d'autres rêves et d'autres exigences. C'est un imaginaire qui joue, chante, se trompe et rectifie les apparences» dit-il.  «Je ne peux écrire que des choses délirantes... L'âme humaine ne s'explique pas par la psychologie. Elle ne peut être expliquée, elle est à vivre. Dans tous mes romans, j'épouse la manière de penser, de parler, de sentir des personnages. Le style n'est jamais indépendant de l'histoire, comme un pinceau il suit le modelé des visages» précise-t-il. En effet, Tahar BEN JELLOUN maîtrise la langue française, l’arabe classique et dialectal : «J’appartiens à une catégorie particulière d’écrivains, qui s’expriment et écrivent dans une langue qui n’est pas celle de leurs parents. J’ai une culture arabe, islamique, mais c’est dans la langue de l’ancien colonisateur, la langue française, que je me suis, spontanément, exprimé quand j’ai commencé à écrire. Cela dit, le fait de ne pas utiliser la langue de mon peuple m’a permis sans doute de prendre des libertés, avec certains thèmes, que la langue arabe ne m’aurait laissé prendre. Il y a d’un côté les tabous et les interdits ; de l’autre, il y a ma propre pudeur. Il est difficile, pour nous, de maltraiter la langue arabe» dit-il.
Romancier, poète, peintre, essayiste, académicien, chroniqueur, Tahar Ben JELLOUN est un écrivain franco-marocain né le 1ᵉʳ décembre 1944 à Fès. «Toute ville natale porte en son ventre un peu de cendre. Fès m’a rempli la bouche de terre jaune et de poussière grise. Une suie de bois et de charbon s’est déposée dans mes bronches et a alourdi mes ailes. Comment aimer cette ville qui m’a cloué à terre et a longtemps voilé mon regard ? Comment oublier la tyrannie de son amour aveugle, ses silences lourds et prolongés, ses absences tourmentées ? Le Caire est brouillée, l’eau manque, Fès est fermée, recroquevillée dans ses légendes avec des maisons immenses ouvertes sur le ciel, des maisons belles, fraîches l’été, froides l’hiver, avec des citronniers dans les cours, des portes en bois sculpté, lourdes et hautes, des cours carrées, des cuisines non aérées, des salles d’eau obscures, Fès est quadrillée par des labyrinthes aux sept tournants débouchant sur des impasses ou sur une rivière souvent en crue, charriant les égouts de toute la Médina» dit-il dans «écrivain public». Très jeune, Tahar était déjà un doux rêveur, savait observer son environnement : «Enfant malade, je rêvais la vie. J’ai passé plus de trois années sur le dos, dans un grand couffin, à regarder le ciel et à scruter le plafond. Ainsi de quatre à sept ans je n’ai fait que regarder. Loubaba n’avait ni une grosse poitrine ni une longue chevelure ; fille d’une concubine amenée du Sénégal par un riche commerçant de Fès, elle avait la peau mate et très brune. On l’avait mariée à un artisan borgne qui lui fit deux enfants et la délaissa avant de disparaître. Elle vivait avec sa mère qui ne parlait toujours pas l’arabe et avec laquelle elle communiquait par les gestes des sourds muets» dit-il dans «écrivain public». Il fréquente l’école coranique «À l’école coranique, on n’avait pas le temps de se faire des amis. On nous déposait le matin dans la petite mosquée du quartier. Nous enlevions nos chaussures, nous nous asseyions sur des nattes dures et répétions à l’infini les versets du jour. Nous devions apprendre par cœur le Coran. Le maître énonçait la première phrase et nous la reprenions après lui en chœur. C’était ennuyeux et lassant. Quel plaisir un enfant de cinq ans peut-il trouver à apprendre par cœur des versets dont il ne comprend pas le sens ?» écrit dans «l’Amitié».
En 1955, le jeune Tahar suit, avec son frère, ses parents à Tanger et y fait ses études secondaires, au lycée Regnault, le plus ancien lycée français du Maroc. Il y obtient le baccalauréat en 1963. «Je quitte Fès comme on abandonne une épouse infidèle ou une mauvaise mère. Nous sommes partis en train à Tanger. Partis à la sauvette, sur la pointe des pieds, à l’aube, comme des voleurs, coupables, vraiment fautifs. Je sais, on ne quitte jamais la ville natale. Elle vous poursuit, peuple votre sommeil de cauchemars, de rêves prémonitoires, de rappels à l’ordre et au retour. Elle vous laisse crever n’importe où mais tient à se nourrir de votre corps. Tous les jours des corps sont rapatriés dans tous les sens de la géographie. L’appel de la terre est inscrit dans la chute du destin. On ne peut y échapper» écrit-il. Son père, à cinquante ans, a toujours travaillé, mais est resté pauvre ; comme il sorte d’exil, il quitte Fès, sa ville natale, pour à Tanger, recherchant une nouvelle vie. A l’âge de douze ans, son père, devenu seul et responsable, avait quitté ses parents pour suivre son frère aîné, émigré à Melilla, la ville marocaine qu’occupe l’Espagne et y séjourna de 1918 à 1936. Il a rencontré le nationaliste rifain, Abdelkrim (1862-1963, voir mon article du 6 août 2020, Médiapart) et sera emprisonné 15 jours, suite à une dénonciation. Son père avait vécu avec une première femme, pendant 11 ans sans enfant. Aussi, il prit une deuxième épouse, une veuve, Lalla Fatma, la future mère de Tahar. A Mellila, son père accompagnait les contrebandiers qui passaient du sucre et de la farine de la zone espagnole au reste du Maroc. Ses deux enfants sont sa seule passion, et Fès lui manquait «Mon plaisir c’est de prendre un café l’après-midi, quand il fait beau, et de m’imaginer dans une de ces grandes maisons de Fès avec un superbe jet d’eau au milieu de la cour. Ici, Fès me manque beaucoup. Et je sais que Fès n’est plus dans Fès» dit le père à son fils, Tahar. En raison de ses conditions de vie très dures, son père traitait sa mère, sans ménagement ; sa mère n’avait rien à dire et encaissait les cris et les colères. Tahar BEN JELLOUN, par fierté, regrette n’avoir pas bien compris son père de son vivant, et le regrettera «Son aspect le plus fascinant est ailleurs : il ne se résigne jamais. Je sens que je suis en face de quelqu’un d’exceptionnel, une mémoire riche et tourmentée, une exigence dure. Je baisse les yeux, par orgueil ou par pudeur, je ne lui montre rien de mes sentiments ; je ne manifeste pas ma tendresse, je tais cet amour et je m’en veux» écrira Tahar BEN JELLOUN.
A Tanger, bien qu’habitant une maison sombre, aux murs délabrés et fissurés, il existe des compensations : c’est la ville des lumières et de la mer, l’odeur d’algues, le cinéma, invitant à la création artistique : «La ville était illuminée. La mer, une grande tache noire, était éclairée par la pleine lune. Des lumières scintillaient du port à la montagne. Un ciel en fête, presque artificiel. Tout brillait dans cette ville. Je voyais déjà dans ce décor la fascination du jeu, du mensonge et de la fuite. Je respirais profondément l’odeur de la mer. Une façon de m’enivrer et préparer la délivrance. Me libérer de la présence moite de Fès, de ses rues pierreuses et de son oued qui fend la terre comme une fatalité ou un signe précurseur de la mort» écrit Tahar BEN JELLOUN. A Tanger, Tahar dont la date de naissance a été modifiée, en retard d’une année à cause d’une maladie (né en 1944, au lieu de 1943) y commence des études à l’école française, avec parfois des sévices corporels. «Notre institutrice, enceinte, fut remplacée par son mari, un militaire. Il s’appelait Pujarinet. On l’avait surnommé Jrana, «grenouille». Il était grand de taille, laid et méchant. Je me souviens de ses mains très larges qui s’abattirent en un seul et même mouvement sur mes joues. C’était une gifle double qui laissa des traces rouges sur le visage durant toute la journée. Il aimait aussi donner des coups secs avec sa règle en acier sur nos doigts joints. Nous tendions la main qu’il battait méthodiquement. Et pour finir il nous remettait la règle pour battre le voisin qu’il avait puni» dit-il dans «écrivain public». Son père irrité, a failli égorger l’instituteur, en raison de ce scandale, le militaire est renvoyé. La violence n’est pas absente dans la rue, et le jeune Tahar savait se défendre «Dans notre quartier, il y avait deux catégories de gosses : les faibles, ceux qui donnent leur cul, et les autres, ceux qui le prennent. Tout tournait autour de cette division. J’observais, planqué dans mon coin. Il y avait Hmida, un gars au crâne rasé, venu des environs de Fès, et qui s’était imposé comme le chef de la rue et prétendait avoir «eu» tous les culs d’un quartier périphérique. Il aimait ceux qui lui résistaient et qui se défendaient. C’était une brute qui n’hésitait pas à exhiber son sexe pour effrayer les petites filles qui allaient chercher de l’eau à la fontaine publique. On apprit plus tard qu’il avait battu un gosse d’un autre quartier ; il fut arrêté par le père qui faillit l’égorger. Il lui laissa des marques sur le visage avec une lame de rasoir» écrit-il. Tahar arrive à Tanger en pleine guerre d’Algérie : «J’eus une passion pour mon professeur de philosophie, une jeune femme remarquable qui ne cachait pas ses opinions politiques. Elle était marxiste et réunissait chez elle, le soir, les élèves arabes. Il y avait parmi nous deux ou trois Français qui soutenaient la cause de l’indépendance de l’Algérie. La première fois que j’entendis parler du Tiers-monde ce fut chez elle. Elle nous lisait des pages d’un certain Frantz Fanon. Les parents d’élèves l’accusaient de subversion et de mauvaise moralité. L’Église dénonça son athéisme. Cela lui fit mal, très mal. Elle en mourut.» écrit-il.
A Tanger, ville internationale que fréquente Samuel BECKETT et Roland BARTHES, le jeune Tahar relate sa première conquête féminine : «Ma première fiancée, ma première femme ! Le premier corps enlacé, caressé, embrassé. Aimé. J’ai tremblé pour ce corps, je l’ai fait mien. Des seins fermes et lourds. Je ne les caressais pas, je les serrais, je ne les embrassais pas mais les mordais, les suçais. Affamé, assoiffé, sevré depuis des siècles, privé de plaisir, accroché à mes images, renvoyé à mes rêves humides, enveloppé dans des draps tachés de sperme, j’étais un adolescent à la tête lourde, devenue réservoir de clichés qui se bousculent, se décolorent, se mélangent, disparaissent, s’évanouissent pour revenir changés, méconnaissables, sales, osés, transformés par ce séjour dans la mécanique du rêve, non pas érotique, mais simplement pornographique. Elle était vierge et devait le rester. La présence de la tradition et convention sociale a fait que notre sexualité a été infirme, inachevée et frustrée.» écrit-il. Les parents de la fille ont estimé que sa famille prolétaire venant de Fès, la différence sociale, les inégalités économiques, aurait des «origines obscures». Point donc de mariage. Chacun devrait rester à sa place. Mais en dépit de cela le mariage est célébré. Le lendemain, Tahar BEN JELLOUN est arrêté par Hassan II «Je devais rejoindre dans la journée, avant le coucher du Soleil, un camp disciplinaire où étaient regroupés des étudiants contestataires. Je pensais qu’avec ces fiançailles le destin avait été forcé et qu’ainsi je venais de mettre le doigt dans l’engrenage du malheur» écrit-il.
En 1964, Tahar BEN JELLOUN étudie la philosophie à l'université de Rabat. C’est la période au cinéma et au sentiment amoureux : «À l’époque, j’étais amoureux d’une cousine aux yeux bleus. Nous en parlions avec détachement. Un ami me disait : il n’y a d’amour que dans le mariage, sinon, ce n’est que cinéma et décadence. Or ma passion pour les images et le cinéma date précisément de cette époque» écrit-il. Tahar BEN JELLOUN participe à l'action de «Souffles» d’Abdellatif LAABI, une avant-garde littéraire, un mélange d’idéologie et de poésie : «Voir pour la première fois son texte publié, son nom imprimé et apprendre que des lecteurs s’intéressent à votre travail a de quoi tourner la tête» écrit-il. Abdellatif LAABI sera condamné, avec 138 autres intellectuels, à 10 ans de prison, pour ce délit d’opinion, à Kénitra. « À la violence du pouvoir et à l’urgence de l’action, les écrivains répondent par une violence du texte où la désarticulation des formes traditionnelles, l’éclatement syntaxique et l’hallucination de la parole, vont devenir les caractéristiques de l’écriture narrative de la nouvelle génération» écrivent Charles BONN et Xavier GARNIER. En effet, dès 1961, la situation politique au Maroc, à la suite du décès de Mohammed V (1909-1961), et son remplacement par Hassan II, se crispe. L’Istiqlal revendiquant de devenir un Parti-Etat, les arrestations s’amplifient au sujet des frontières avec l’Algérie, la question du Sahara espagnol, ainsi que la montée de fondamentalisme musulman. La pauvreté et inégalités sociales sont endémiques au Maroc, et donc sources de contestation. En 1966, alors que Tahar Ben JELLOUN n'a pas encore vingt ans, deux officiers font irruption dans la maison familiale pour lui servir des insultes, il est transféré au camp d'entraînement militaire, près de Meknès sous la férule du général Mohamed OUFKIR (1920-1972), auteur d’un coup manqué contre le Roi, du commandant M’Hamed ABABOU (1938-1971) et de l’adjudant EL HAJEB, pendant 18 mois,  et traité, avec 95 autres jeunes, en prisonniers, en rebelles qu’il fallait dresser et ramener dans les rangs. C’est l’époque aussi où des opposants marocains sont torturés ou disparaissent, comme Mehdi BEN BARKA (1920-1965). En effet, en 1965, Tahar avait participé à une manifestation pacifique d'étudiants appelant à la lutte contre «l'injustice, la répression et le manque de liberté», sous le régime autoritaire du roi Hassan II (1929-1999). Tahar purge sa peine dans deux camps, tous deux dirigés par une armée qui a entretenu «un profond racisme entre ceux du sud, les Amazigh et ceux du nord, les Rif ; entre les gens des villes et ceux des campagnes, entre ceux qui savent lire et écrire et ceux qui jacassent de colère. J'aurais pu sortir du camp changé, endurci, adepte de la force et de la violence, mais je suis parti comme je suis arrivé, plein d'illusions et de tendresse pour l'humanité. Je sais que je me trompe. Mais sans cette épreuve et ces injustices, je n'aurais jamais rien écrit» dit-il. «Parce que la littérature ne change ni l'homme ni la société. Pour autant, l'absence de littérature rendrait l'homme encore plus infréquentable. J'écris pour agir. Je ne suis pas bien préparé pour vivre dans les conflits, et c'est pour cela que j'écris. Pour faire face. Autrement... Pour me débarrasser de mon fardeau. Comme dans Les mille et une nuits, je raconte des histoires pour ne pas être miné jusqu'à en crever» dit Tahar BEN JELLOUN. C’est pendant cette détention que Tahar en écoutant des chansons de Jean FERRAT sur une poésie de Louis ARAGON, débute sa vocation littéraire en écrivant des poèmes. Sur ces années de plomb au Maroc, sous la férule de Hassan II, Tahar BEN JELLOUN écrira plus tard, notamment «la punition», «cette aveuglante lumière» ou «au pays».
A sa libération, le jeune Tahar veut tenter sa chance à Paris à l'IDHEC pour devenir réalisateur. Sans argent, il retourne au Maroc, se dirige vers la philosophie. Tahar BEN JELLOUN est d’abord nommé, en octobre 1968, à Tétouan, «Quand j’y fus nommé professeur de philosophie, au lycée Charif Idrissi, j’acceptai le poste parce que cette ville est à une heure de Tanger. Ville prisonnière du vent, de la pluie, du froid et de la mélancolie. Ville abandonnée, l’été, au soleil et aux gens de passage. Ville qui n’aime ouvrir ni ses portes, ni ses fenêtres. Propice à la névrose, à la nostalgie maladive» écrit-il. Célibataire, dans une étroitesse d’esprit, et donc suspect pour les familles conservatrices, «En deux années scolaires je n’ai rencontré aucune femme tétouanaise, et n’ai été invité que dans une seule famille» écrit-il. A partir de 1970, il est nommé enseignant, au lycée Mohamed V, à Casablanca, sa situation ne s’améliore pas, mais entame l’écriture de son roman, Harrouda : «Des grèves d’élèves se succédaient, et la police poursuivait les grévistes jusque dans la cour du lycée. Je pensais, en venant dans cette grande ville, y vivre mieux qu’à Tétouan et me faire des amis. Je fus en fait happé par ma famille. Je soupçonnai bien vite un projet de mariage qu’on tramait en cachette avec une de mes cousines ou parentes. Cette année m’apporta une amertume, une déception qui me prédisposèrent à l’écriture, mon refuge, mon espace de confidence. Les mots prirent la place de l’ami espéré» écrit-il. C’est à ce moment, que Tahar BEN JELLOUN, rencontre une certaine Odette, entretenant une relation compliquée avec un autre homme, qui l’a éconduit, tout en restant une amie disponible, généreuse, à l’écoute pour l’échange et fidèle : «C’est peut-être par réaction au milieu marocain, traditionnel ou soi-disant moderne, que j’aime développer des relations d’amitié avec des femmes. C’est pour moi un défi essentiel. Respecter une femme, c’est pouvoir envisager l’amitié avec elle ; ce qui n’exclut pas le jeu de la séduction, et même, dans certains cas, le désir et l’amour» écrit-il. Plus tard, en 1974, d’autres amitiés vont se nouer : «J’ai connu Leïla, belle Palestinienne venue faire ses études à Paris et je suis tombé amoureux de sa meilleure amie. J’ai été comblé pendant quelque temps : deux belles femmes. Avec Leïla s’est développée une amitié de qualité ; avec Dima ce fut une histoire de désir et d’amour qui allait durer cinq ans, jusqu’à devenir une amitié amoureuse» écrit-il. Dans «Le premier amour est toujours le dernier» Tahar BEN JELLOUN, tout jeune, relate sa première amoureuse. Je suis resté sous le traumatisme de cette rencontre qui s'est terminée brutalement. Ce qui est terrible, c'est le caractère vivace de cette histoire qui surgit dans beaucoup de mes livres alors que c'est de l'histoire ancienne» dit-il.

 

Tahar BEN JELLOUN revient donc à Paris, le 11 septembre 1971, dans l’après-midi. Une ville où vont s’affirmer et se développer son ambition et sa vocation littéraire. «Était-ce une ville, une île ou un corps ? Une image grise, traversée de temps en temps par un faisceau de lumière sublime. Je l’avais déjà rencontrée : la première fois pour voir des films ; la seconde pour oublier ma fiancée ; la troisième pour constater les ruines et séquelles de mai 68. Là, je venais avec mes bagages pour poursuivre des études et écrire. Figure hautaine qui me fit don d’une longue nuit engendrant des rêves de mon pays ; elle me donna un miroir légèrement éteint où subsistaient encore les traces de vies éphémères ; je devais le déchiffrer, me souvenir et écrire» dit Tahar BEN JELLOUN de Paris. Cette ville des Lumières est aussi celle de l’incarnation de l’individualisme, ainsi que déplorable condition des migrants qu’ils cachaient aux Marocains, une fois de retour au pays : «Je découvrais lentement que les habitants de Paris avaient un problème avec le temps, c’est-à-dire avec l’argent, en tout cas avec eux-mêmes. La générosité, une forme de disponibilité, paraissait condamnée, éloignée, irréalisable. Cela me choquait. Sur la pointe des pieds. Ils se savaient indésirables. Ils étaient obsédés par la peur, la peur de réveiller la colère ou la haine. Obsédés d’être en règle. Travailler. Économiser. Envoyer l’argent au pays. Se taire» écrit-il.
Tahar BEN JELLOUN suit des cours de psychologie sociale. «Ce fut aussi Abdel qui m’aida à quitter l’enseignement et même à trouver une petite bourse pour partir à Paris. C’est dire que je dois un certain nombre de choses à cet homme. Dès que je fus à Paris, que François Maspero, un homme de qualité, publia mon deuxième recueil de poésie et que Maurice Nadeau accepta d’éditer mon premier roman» écrit-il dans «l’Amitié». En France, il a exercé comme psychothérapeute et écrit pour diverses revues dont la quotidien «Le Monde»,  avec l’appui de François BOTT (1935-2022). Tahar BEN JELLOUN a soutenu une thèse, à Paris VII, Jussieu, en 1975 sur la misère affectueuse et sexuelle des émigrés Nord-africains, publiée en 1997 chez Seuil. «Pour des hommes obligés de s’expatrier afin de vendre leur force de travail, l’absence d’affectivité se traduit, quotidiennement ; abstinence forcée, refoulement croissant de leurs désirs sexuels. Ils vivent dans la plus grande solitude» écrit-il. Tahar BEN JELLOUN révèle que bon nombre de ces immigrants finissent par devenir impuissants «Il est des blessures violentes, des blessures fulgurantes qui entraînent la mort. Il en est d’autres, avec une autre violence, moins apparente ; une violence plus sourde, profonde, diffuse et invisible. La violence coloniale d’hier, se perpétue aujourd’hui de manière encore plus pernicieuse. Le système de l’immigration, la presse raciste, a forgé une image de l’immigré : un forçat de travail brute, sans cœur, sans testicule, sans famille ; bref, à peine un homme. Ce qui est paradoxal alors, c’est que la presse raciste le présente véhicule aussi l’image d’un perpétuel danger sexuel pour la paisible famille française» écrit-il.
Dans «l’enfant de sable», renouant avec la tradition des Mille et Une nuits, Tahar BEN JELLOUN, pour sa création romanesque se fait conteur, pour faire l’éloge de la Femme. Dans ce récit d’Ahmed, un père humilié de ne pas de garçon, se sentant diminuer fait passer sa fille pour un mâle. Ahmed, née Zahra, est la huitième fille de Hadj Ahmed. Malgré la souffrance, elle jouera jusqu’au bout le jeu imposé par son père, et va jusqu’à demander une fille en mariage. «Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être un homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être tout simplement est un défi. Je suis las et lasse. S'il n'y avait ce corps à raccommoder, cette étoffe usée à rapiécer, cette voix déjà grave et enrouée, cette poitrine éteinte et ce regard blessé, s'il n'y avait ces âmes bornées, ce livre sacré, cette parole dite dans la grotte et cette araignée qui fait barrage et protège, s'il n'y avait l’asthme qui fatigue le cœur et ce kif qui m'éloigne de cette pièce, s'il n'y avait cette tristesse profonde qui me poursuit. J'ouvrirais ces fenêtres et escaladerais les murailles les plus hautes pour atteindre les cimes de la solitude, ma seule demeure, mon refuge, mon miroir et le chemin de mes songes» écrit l’héroïne, dans son journal intime. Ahmed s’habitue vite à la situation et n’hésite pas à tirer le profit de son statut masculin. Il usurpe les droits et les privilèges réservés aux hommes. Pendant l’intrigue, il passe par sept portes de médina, donc chacune signifie une nouvelle étape de sa vie. C’est un enfant qui, «comme le sable, liquide minéral, échappe finalement à tout modelage» écrit Taha BEN JELLOUN. Sa quête d’identité se ressemble à la marche dans le désert, où on enlise à chaque pas plus profondément dans le sable. On veut avancer, mais le sable échappe sous nos pieds et du coup on reste immobile. Ce n’est qu’au moment où Ahmed prend conscience de sa féminité, qu’il peut passer par la dernière porte sortant en dehors de médina : la Porte des sables, et entamer ainsi la reconquête de son être. Il devient Lalla Zahra.
C’est «Nuit sacrée», avec le Prix Goncourt en 1987, un prolongement, ou un complément de l’enfant de sable, qui confère à Tahar BEN JELLOUN sa consécration. «Nuit sacrée», un roman du merveilleux et du tragique, faisant référence à la 27ème nuit du Ramadan, la nuit du destin, celle où les destins sont scellés, celle où un père va mourir, celui-ci raconte à sa fille pourquoi il a voulu la sceller dans le simulacre et le mensonge. La fille, entre sensualité, viol et inceste, crime, libère son corps, découvre l’amour et la jouissance, se dégageant ainsi de cette vie factice, faite de dissimulations. La femme infériorisée est valorisée. On retrouve Ahmed qui se fait conteuse d’elle-même. Après avoir enterré son père, elle quitte sa famille et reprend son identité féminine. La voilà sur les routes du Maroc, y fait de bonnes et, surtout, de mauvaises rencontres. Elle sera violée, tuera son oncle, ira en prison, s’entraînera à être aveugle en se bandant les yeux, subira les sévices cruels de ses sœurs qui lui en veulent d’avoir été, en tant que garçon, l’enfant préférée de leur père. Dans ce récit onirique, entre conte, allégorie et réalité ou barbarie, Taha BEN JELLOUN, dénonce, avec brio, Maroc misogyne et conservateur, dominé par le règne absolu du mâle : «Je touchai mes seins. Ils émergeaient lentement. J'ouvris mon chemisier pour les offrir au vent du matin, un petit vent bénéfique qui les caressait. J'avais la chair de poule et les pointes durcissaient. Le vent traversait mon corps de haut en bas. Mon chemisier gonflait, je lâchai mes cheveux. Ils n'étaient pas très longs mais le vent leur faisait du bien. Je marchai pieds nus, orteils en éventail sans savoir où j'allais. Une envie folle m'envahit : j'ai retiré mon saroual puis ma culotte pour faire plaisir au vent, pour me faire plaisir et sentir la main légère et froide de cette brise matinale passer sur mon ventre et réveiller mes sens» dit le personnage d’Ahmed.
Passionné de la peinture, admirateur d’Henri MATISSE (1869-1954), il considère que «Genet était un être exceptionnel, mais empli de contradictions. À la fois fascinant et énervant car il était capable de se contredire en toute mauvaise foi, trahir ses amis après les avoir instrumentalisés, mentir sans scrupules. Il était complètement amoral, et en rébellion contre la société et ses institutions. Son comportement vis-à-vis des autres était souvent choquant pour moi, car nous n’avions pas les mêmes règles de vie. Le titre de mon livre exprime tout ça, mon énervement et mon admiration» dit-il. Jean GENET avait écrit dans l’Humanité pour défendre son premier roman, paru en 1973, «Harrouda». Ce roman a part autobiographique et fantastique ; il le puise dans ses souvenirs d’enfance à Fès «J’habitais dans la Médina de Fès, il y avait une vieille dame qui mendiait. Avec les autres enfants, on lui demandait de nous montrer son sexe, en échange de morceaux de sucre. Elle soulevait brièvement sa robe, et recevait quelque chose en retour» dit Tahar BEN JELLOUN. De cette histoire, Tahar BEN JELLOUN en a tiré un roman, au centre une femme étrange sorcière, prostituée et errante, dans un style onirique, poétique «Je célèbre l’irréalisme de l’écriture» dit-il. Harrouda commence par lâcher ses cheveux en avant et tourne sur place. Puis elle relève sa robe. Les enfants n'ont que le temps d'y croire, déjà le rideau est baissé. Le reste, ils le retrouvent dans leur rêves et, pour le narrateur, à chaque étape de son adolescence. Tahar BEN JELLOUN, écrivain transgressif du monde arabe, est le premier à avoir écrit, avec des termes explicites, sur le sexe, et cela a suscité des vagues : «Les Marocains ont une relation quasi névrotique avec l'amour du pays. Il ne faut jamais en dire du mal. Or, je ne conçois pas que l'on puisse être écrivain sans exercer un regard critique sur sa propre société» dit-il. «Voir le sexe fut la préoccupation de notre enfance. Pas n’importe quel sexe. Pas un sexe innocent et imberbe. Mais celui d’une femme. Celui qui a vécu et enduré, celui qui s’est fatigué. Celui qui hante nos rêves et nos premières audaces. Sous l’effigie de ce sexe, nous éjaculons des mots. Harrouda n’apparaît que le jour, le soir elle disparaît dans une grotte. Nous attendons le jour, en caressant notre pénis nerveux. Lorsqu’elle lève sa robe, nous avons juste le temps d’y croire. Le rideau est déjà baissé. Le reste est à retrouver dans nos insomnies. Notre première éjaculation tremblante remplissait notre main» écrit-il dans «Harrouda».
Cependant, dans ce roman, Harrouda, d’autres thèmes majeurs et profonds y apparaissent, en particulier, la condition de la femme, dans les pays du tiers-monde, mariées souvent jeunes à des vieillards, sans connaître la vie. Aussi, Harrouda est dédié à sa mère, une femme qu’on écoute, probablement, pour la première fois : «Je suis né dans la souffrance d’une procréatrice qui a coupé le cordon ombilical de l’endurance dans le sang aveugle. Ma mère, une femme, une épouse, ma mère une fillette qui n’a pas eu le temps de croire à sa puberté. Ma mère deux fois mariée à des vieillards morts d’avoir vécu sur son corps à peine pubère ; ma mère enfin, mariée à mon père pour lui donner deux enfants, qu’un autre n’avait pu lui donner» écrit-il. Son premier mari, un homme pieux, occupé à sa boutique et à ses prières, toute la journée, ne lui rendait visite que furtivement la nuit «Je ne pouvais exister pour lui, dès qu’il se mettait au lit, j’écartais les jambes et j’attendais. Il me pénétrait en silence. Pas un souffle. Pas un cri. Ni plaisir, ni extase. Quand, il a fini, il me tournait le dos, et entamait son sommeil. Tranquille, le chapelet entre les doigts» écrit-il. A la mort de son mari, elle était déjà enceinte de trois mois. L’image de la mort de son mari l’obsédait «C’est la naissance de mon premier enfant qui me délivra de l’obsession. J’étais guérie. Le bonheur devient possible» écrit-il. Sa mère, une femme obéissante a toujours vécu une autre vie. Voilée et recluse, elle ne découvrait la ville, qu’en montant sur la terrasse de sa mère. «Je n’avais fait que l’apprentissage de la solitude et de la douleur. Je m’appliquais à suivre la ligne du destin, la face voilée. En dehors de Fass (Fès), je ne pouvais pas soupçonner l’existence d’un autre monde» dit-elle. Un autre thème apparaît dans ce roman, celui de la justice sociale, la situation des parias de la société. Dans Fass capitale de la blessure, des inégalités, «l’artisan y a souffert. Reprise. Rabaisse. Rejeté. Travailleurs manuels, il n’y a pas de place dans la société qui se faisait. Las d’être méprisé, l’artisan, l’artisan voudrait en finir avec l’infériorité.» écrit-il.
Harrouda, prostituée déchue, fut son premier amour et la maîtresse de deux villes : Fès, lieu de toutes les vertus et de la tradition, Tanger, que Jean GENET appelle «Tanger-la-trahison». En effet, Tanger, ville de Harrouda, sirène-pin-up, est aussi la ville du thé et de la parole contre l’innommable, notamment la pédophilie de certains touristes : «Les mots qui peuvent être dits sont en fait incapables de contenir l’autre violence, celle qui s’accumule, jusqu’au jour où elle éclate. Le langage, c’est toujours de la puissance ; parler, c’est exercer une volonté de pouvoir» écrit-il dans Harrouda.
Pour mieux le combattre, le racisme et le terrorisme aux enfants à travers le monde, Tahar BEN JELLOUN se propose de faire la propagande du bien-vivre ensemble, et démystifier les idées fausses. «L'amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier, écrit-il. Sans diable non plus. Une religion qui n'est pas étrangère à l'amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible» écrit-il dans son livre autobiographique, l’éloge fraternelle. Dans ce tintamarre des forces du Chaos, et de la faible réplique des Républicains, Tahar BEN JELLOUN, celui était venu se réfugier en France sous Hassan II, sait remettre les choses à l’endroit. C’est une erreur politique et factuelle que de lier terrorisme solitaire et immigration «Des immigrés qui rêvent de l’Europe ont fui des dictatures, des pays de non-droit. Ils ne viennent pas en France pour tuer des innocents. Ceux qui ont opté pour le terrorisme sont une petite. Ils ne peuvent en aucun cas être assimilés à toute la population immigrée qui travaille, paye ses impôts et espère un avenir à ses enfants. Qu’il y ait des éléments atteints par une folie particulière, non visible, et qui visent à commettre des crimes, cela n’est en aucun cas une tare qui serait intrinsèquement installée dans le corps immigré. Les Musulmans de France, dans leur écrasante majorité, sont horrifiés par ces actes barbares, qu’ils sont assimilés à ce terrorisme non repérable. L’amalgame est vite fait» dit-il. Tahar BEN JELLOUN, dans le «racisme expliqué à ma fille», met en scène, le personnage de Pipo, un odieux mafioso antisémite : «J'avais déjà écrit une partie de mon roman, et c'est justement parce que ce Pipo me faisait peur, parce que je tremblais en racontant sa haine des juifs, parce que je me rendais compte que nous sommes tous capables, si nous nous laissons aller, de devenir des monstres, que j'ai écrit Le racisme expliqué à ma fille. Pour m'extirper du risque de complaisance auquel l'on doit toujours faire face lorsque l'on met en scène un personnage. Pipo est inspiré d'un homme que je connais» dit-il.
Tahar BEN JELLOUN a aussi abordé la question de l’esclavage et du racisme au Maroc, à travers, le fils caché de son oncle, dont la mère est noire «Je suis le fils de ton oncle et ton père est mon oncle, je suis un Nègre, fils d’une Négresse que mon père avait achetée à Fès même, il y a de ça une cinquantaine d’années, je suis venu aujourd’hui pour te montrer mon visage et que tu me montres le tien, pour que notre sang soit vivifié et reconnu, je suis venu pour le pardon de l’absence après trente ans d’errance, fils maudit par mon père, j’ai fait mal à ma mère, et aujourd’hui je viens à vous avec mes enfants pour que soient dissipés les malentendus du silence» dira son cousin, dans «écrivain public». Les enfants des esclaves, c’est la peur du «Grand remplacement» ou de la révolte contre l’ordre établi : «Il faut se méfier de la progéniture des esclaves. Si ça continue, elles nous mettront bientôt hors de chez nous ! Il faut se méfier ; le garçon vengera un jour sa mère !  Je pensais que les Noires ne servaient qu’à faire le ménage, pas à faire les enfants !» disent des femmes, dans «Jours de silence à Tanger».
Père de quatre enfants, Tahar BEN JELLOUN, a un fils trisomique, «champion de natation» dit-il. «Le mariage est une convention sociale idiote, renouvelable tous les ans ou résiliable. Pense à payer tes contraventions de voiture, elles s’entassent» fait-il dire à Ingmar BERGMAN, dans «Scènes de la vie conjugale». Dans sa création littéraire, vantant le bonheur conjugal, Taha BEN JELLOUN attire l’attention de tous sur la question du handicap.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A – Contribution de Taha Ben JELLOUN
BEN JELLOUN (Taha), Harrouda, Paris, Denoël, 1982, 189 pages ;
BEN JELLOUN (Taha), Par le feu, Paris, Gallimard, 2011, 49 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), «Écrire dans toutes les langues françaises», La Quinzaine littéraire, 16-31 mars 1985, n°436, pages 23-24 ;
BEN JELLOUN (Tahar), «L’émergence de sociétés plurielles», in Les mouvements en Méditerranée Occidentale, Barcelone, Institut Catalan d’Etudes méditerranéennes, 1989, pages 405-411 ;
BEN JELLOUN (Tahar), «Ni poète, ni guide, ni prophète», in La mémoire future d’anthologie de la nouvelle poésie du Maroc, Paris, François Maspero, 1976, pages 207-211 ;
BEN JELLOUN (Tahar), A l’insu du souvenir, Paris, La Découverte, 1987, 134 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Alberti Giacometti, Paris, Flohic, 1991, 80 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Amours sorcières, Paris, Seuil, 328 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Au pays, Paris, Gallimard, 2010, 171 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Au Seuil du paradis, Paris, éditions des Busclats, 2012, 88 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Beckett et Genet, un thé à Tanger, Paris, Gallimard, 2010, 108 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Belle au bois dormant, Paris, Seuil jeunesse, 2004, 56 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Cette aveuglante lumière, Paris, Seuil, 2001, 256 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Cicatrices de soleil, Paris François Maspero, 1977, 268 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), DORT (Bernard) et autres, Le nègre au port de la lune : Genet et les différences, Paris, éditions de la Différence, 1988, 286 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Eloge de l’amitié. La soudure fraternelle, Paris, Arléa, 1996, 126 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Hospitalité française, racisme et immigration maghrébine, Paris, Seuil, 1984, 156 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), J’essaie de peindre la lumière du monde, préface de Jack Lang, Paris, Gallimard, 2017, 111 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Jean Genet, menteur sublime, Paris, Gallimard, 2010, 208 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’ablation, Paris, Seuil, 2014, 144 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’amour fou, Paris, Epoints, 2015, 28 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’ange aveugle, Paris, Seuil, 1992, 203 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’auberge des pauvres, Paris, Seuil, 1999, 295 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’école perdue, Paris, Gallimard, 2007, 88 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’écrivain public, Paris, Seuil, 190, 197 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’enfant du sable, Paris, Seuil, 1985, 208 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’étincelle, révolte dans les pays arabes, Paris, Gallimard, 2011, 122 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’homme corrompu, Paris, Seuil, 1997, 225 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’homme rompu, Paris, Seuil, 1994, 228 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’insomnie, Paris, Gallimard, 2019, 160 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), L’Islam expliqué en images, Paris, Seuil, 2017, 156 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La mémoire future. Anthologie de la nouvelle poésie du Maroc, Paris, François Maspero, 1976, 213 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La nuit de l’erreur, Paris, Seuil, Points, 2016, 312 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La nuit sacrée, Paris, Seuil, 1987, 191 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La plus haute des solitudes, Paris, Seuil, 1977, 171 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La prière de l’absent, Paris, Seuil, Points, 2016, 233 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La punition, Paris, Gallimard, 2018, 160 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), La réclusion solitaire, Paris, Gallimard, 2015, réédition Denoël 1976, 128 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le bonheur conjugal, Paris, Gallimard, 2012, 386 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le dernier ami, Paris, Seuil, Points, 2016, 147 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le désir du Maroc, Paris, Marval, 1999, 192 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le jour de silence à Tanger, Paris, Seuil, 2016, 128 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le mariage du plaisir, Paris, Gallimard, 2016, 260 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le premier amour est toujours le dernier, Paris, Seuil, 1995,  200 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le racisme expliqué à ma fille, Paris, Seuil, 1998, 63 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Le terrorisme expliqué à nos enfants, Paris, Seuil, 2016, 150 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Les amandiers sont morts de leurs blessures, Paris, Seuil,  1998, 265 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Les pierres du temps et autres poèmes, Paris, Seuil, 2007, 134 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Les raisins de la galère, Paris, Fayard, 1997, 144 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Les yeux baissés, Paris, Seuil, 1991, 297 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Lettres à Delacroix, Paris, Gallimard, 2010, 104 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Misère sexuelle d’émigrés Nord-africains. Présentation de 27 cas d’impuissance sexuelle, thèse sous la direction de Claude Revault D’Allonnes, Paris, Seuil, 1997, 183 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Moha, le fou, Moha, le sage, Paris, Seuil, 1980, 200 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Pensée pour la liberté, Paris, Cherche Midi, 1999, 98 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), préface sur Alphonse de Lamartine, Mahomet, Paris, Bayard, 2017, 204 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), Sur ma mère, Paris, Gallimard, 2007, 269 pages ;
BEN JELLOUN (Tahar), «Langue de feu pour la littérature maghrébine», Géo, Paris, 1990 n°138, pages 89-90 ;
BEN JELLOUN (Tahar), Un pays sur les nerfs, La Tour d’Aigues, éditions de l’Aube, 136 pages.
B – Critiques de Tahar BEN JELLOUN
AIT ALLAOUA (Kahina), Le discours de la folie dans «Moha, le fou, Moha, le sage», mémoire sous la direction d’Afifa Berarhi, Université de Mouloud Mammeri, Tizou-Ouzou (Algérie), 2009, 116 pages ;
AKALAY (Lotfi), «Tahar Ben Jelloun et moi», Jeune Afrique, 12-18 mars 1997, n°1888, pages 52-55 ;
AMMAR (Sonia), «De quelques exilés sociaux dans l’univers romanesque de Tahar Ben Jelloun», Lettres romanes, février-mai 2007, pages 75-87 ;
AREZKI (Mokrane), «Tahar Ben Jelloun, le fou, le poète, le sage», Algérie Actualité, 7-13 janvier 1988, n°1160, pages 31 ;
ARGAND (Catherine), «Tahar Ben Jelloun», L’Express, du 1er mars 1999 ;
ATTAFI (Abdellatif), «Le soufisme dans cette «aveuglante absence de lumière» de Tahar Ben Jelloun», Nouvelles études francophones, printemps 2012, Vol 27, n°1, pages 194-205 ;
BADRA (Boulkenafed), Les voix narratives dans le dernier ami de Tahar Ben Jelloun, sous la direction de Nabti Amor, Université Ben M’Hidi El Bouaghi (Algérie), 2015, 72 pages ;
BENCHEIKH (Souleïman), «Entretien avec Tahar Ben Jelloun», Agora Mag, 15 novembre 2009 ;
BONN (Charles), «Tahar Ben Jelloun, la soudure fraternelle, 1994», Hommes et migrations, avril 1994, n°1175, pages 48-49 ;
BOURGET (Catherine), «L’intertexte islamique de l’Enfant de sable et la Nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun», The French Review, mars 1999, Vol 72, n°4, pages 730-741 ;
BOURKHIS (Ridha), Tahar Ben Jelloun, la poussière d’or, la face masquée, Paris, Harmattan, 1995, 222 pages ;
CHRAIBI (Soundouss), «Mon premier roman, Tahar BEN JELLOUN raconte Harrouda», Quitab, 13 mai 2022 ;
DEJEUX (Jean), «La nuit sacrée par Tahar Ben Jelloun, Prix Goncourt 1987», Hommes et Migrations, janvier 1988, n°1109, pages 8-10 ;
DIOP (Cheikh, Mouhamadou), Fondements et représentations identitaires chez Ahmadou Kourouma, Tahar Ben Jelloun, et Abdourahman Wabéri, Paris, Harmattan, 2009, 358 pages ;
EL QASRI (Jamal), «Le sujet lyrique entre autobiographie fiction dans «Harrouda» de Tahar Ben Jelloun», Dalhousie French Studies, printemps 2005, Vol 5, pages 105-110 ;
FATIH (Zacharia), «L’incorporation narrative de la féminité dans Harrouda de Tahar Ben Jelloun», The French Review, mars 2000, Vol 73, n°4, pages 690-698 ;
FAYE (Catherine), «Tahar Ben Jelloun, aller vers la lumière», Afrique Magazine, mars 2023 ;
GAILLARD (Philippe), «Tahar le fou, Tahar le sage», Jeune Afrique, 2 décembre 1987, n°1404, page 45 ;
GONTARD (Marc), «Entretien avec Tahar Ben Jelloun», Montrey Kréyol, 24 août 2008 ;
LARAOUI (Farid), «Tahar Ben Jelloun : Genet soutenait toutes les causes perdues», Jeune Afrique, 19 octobre 2010 ;
M’HENNI (Mansour), Tahar Ben Jelloun, stratégie d’écriture, Paris, Harmattan, 1995, 147 pages ;
MAURY  (Pierre), «Tahar Ben Jelloun : deux cultures, une littérature», Magazine littéraire, février 1995, n°329, pages 110 ;
MEMMES (Abdallah), «Entretien avec Tahar Ben Jelloun», L'opinion culturelle, Rabat, 2 août 1976 ;
OTTE (Pierre), «Entretien de Tahar Ben Jelloun», Le journal des poètes, 1974, pages 14-17.
Paris, le 15 mars 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Tahar BEN JELLOUN, de l’Académie Goncourt, un sérieux prétendant au Prix Nobel de Littérature», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 15:38
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Safi FAYE, réalisatrice sénégalaise, très attachée à l’Afrique et à sa culture, une artiste pionnière qui a montré le chemin d'une possible création cinématographique féminine et africaine, a ouvert la voie à d’autres femmes cinéastes africaines, comme Rose BEKALE du Gabon, Aminata OUEDRAOGO du Burkina-Faso et Yangba LEONIE de Centrafrique. Le Sénégal est donc «un Grand petit pays» en référence au titre de mon troisième ouvrage. Les réalisatrices africaines ont pris leur destin en main, «s'approprient la parole, se représentent, s'expriment sur des questions qui les concernent en tant que femme : le mariage forcé, la polygamie, l'oppression patriarcale, l'excision, la santé, l'éducation, le travail, le droit de vote, la religion, la guerre» écrit Mélissa THACKWAY. «Les femmes devraient avoir un rôle important à jouer dans le cinéma africain, compte tenu de leur sensibilité et de leur véracité» dit-elle. Son premier documentaire, «La passante», en 1972, concerne l’histoire d’une femme noire face aux remarques sexistes d'un homme blanc, ainsi que d'un homme noir. Pour ce documentaire, Safi FAYE s’est inspirée d’un poème de Charles BAUDELAIRE (1821-1867, voir mon article sur ce poète). Safi, femme étrangère à Paris, est actrice dans ce documentaire. Au cœur de sa contribution artistique se trouve la revendication d’émancipation mais aussi la situation des populations paupérisées rurales, ainsi que les forces de l’esprit, le poids des traditions, le conflit entre tradition et modernité, ainsi que la défense de l’oralité. Les questions qu’elle dénonce sont plus que jamais d’une grande actualité, notamment les inégalités sociales ou les exclusions, les injustices, la précarité du monde rural et la défense de l'écologie. Sa mère n’a pas été à l’école «J’ai fait du cinéma pour que ma mère, qui n'est pas allée à l’école, puisse lire mes images» dit Safi FAYE. «Je pense que le cinéma est éducatif. C’est un instrument de lecture. Que l’on soit allé à l’école ou pas, chaque individu peut lire l’image et l’interpréter. C’est cela la force du cinéma. Ce que j’aime le plus dans le 7ème art, c’est faire un produit et il ne m’appartient plus. Il appartient au public. Il est libre de l’interpréter comme il l’entend, de faire son film de mon propre film. C’est cela qui me fascine dans le cinéma» dit Safi FAYE.
Safi FAYE, née le 22 novembre 1943 à Fad’jal, région de Fatick, au Sine-Saloum, en pays Sérère, au Sénégal, est une réalisatrice de documentaires, anthropologue et ethnologue sénégalaise. Issue d’une famille aristocratique de l’ethnie Sérère, installée en zone rurale, son père est un homme d’affaires polygame et chef du village. Safi a une fratrie treize demi-frères et treize demi-sœurs : «J’ai choisi le monde rural, parce que je suis paysanne. J’ai voulu mettre l’accent sur ce monde qui seul peut sauver l’Afrique. J’ai imposé que je suis paysanne, que je ne suis pas de la ville et qu’aucun Africain n’est de la ville» avait déclaré Safi Faye lors de sa «Leçons de cinéma» au Festival du film de femmes de Créteil en 2009. En 1979, Safi FAYE réalise un documentaire sur Fad’jal son village natal, en pays, sérère, une esthétique du quotidien, de la lenteur et de la civilisation de l’oralité ; un documentaire dédié à Jean-René DEBRIX (1906-1978). «J'avais fait une étude de plusieurs centaines de pages sur mon village pour un certificat d'ethnologie à la Sorbonne. Il s'agissait de l'histoire du village telle que l'avait retenue la mémoire collective. C'était pour moi un moyen de mettre en valeur une tradition orale longtemps méprisée du fait de la colonisation. C'est à cette tradition que j'ai voulu donner la parole. C'est l'histoire, certes, mais l 'histoire telle qu'on a voulu la retenir et la part d'interprétation, la part d'oubli aussi sont des éléments fondamentaux de mon film. La côte est à huit kilomètres de chez moi et pourtant, lorsque je leur parlais de la traite, c'était le silence effacé. Même chose pour la colonisation» dit Safi FAYE à Marc MANGIN. En effet, Safi FAYE encourage attentivement les téléspectateurs à réfléchir sur l’histoire et la narration africaines. Au pied d’un fromager, l’ancêtre et un griot racontent l’histoire du village aux enfants, et la difficulté d’exploiter les terres à cause de la sécheresse. «En niant, en refusant dans le récit la domination étrangère, ils manifestent qu’ils ne sont pas des esclaves, qu'ils ne sont pas des colonisés. Ils tentent ainsi de maintenir leur identité. Et c'est normal parce que c'est leur propre histoire, une histoire qui se poursuit, qui est leur vie et qu'ils ne vivent ni comme esclaves, ni comme colonisé» dit  Safi FAYE. Dans la tradition, un Sérère doit savoir travailler, danser et lutter. Cependant, en 1964, la loi sur le domaine national, est une expropriation déguisée des terres des paysans, au profit des spéculateurs fonciers. Safi FAYE est informée à plusieurs reprises des difficultés de la culture de l'arachide, contribuant à l’abandon des cultures vivres vivrières et de l’endettement des paysans. «Si l’État dit que la terre lui appartient et que nous aussi nous disons la même chose, notre terre, personne ne le volera, personne ne s’en appropriera tant que nous l’occuperons ! Cette terre qui appartenait à ma famille depuis quatorze générations, j’en ai hérité de mon aïeul qui l’a reçu du roi en contrepartie d’un sabre en argent que ce dernier lui a offert» dit un vieux sage.
Issue de l’école normale des jeunes filles de Rufisque, enseignante à Dakar au début de sa vie, pendant sept ans, Safi FAYE fait une rencontre décisive en 1966 à l’issue du Festival mondial des arts nègres : celle du réalisateur Jean ROUCH (1917-2004), qui lui fait participer, en 1969, dans «Petit à Petit», le rôle, avec une grande d’humour, d’une courtisane sénégalaise, qui fait «boutique mon cul», un film relatant les aventures drôles et singulières de Damouré et Lam, deux hommes d'affaires de l'Afrique moderne, à la recherche de leur modèle. En effet, Jean ROUCH «mon père» comme l’appelle affectueusement, Safi FAYE, un ancien ingénieur en 1941 à la colonie du Niger, est un spécialiste du documentaire ethnographique. «Petit à Petit » est donc cinéma d’anthropologie inversée, permettant aux Africains d’écrire leurs «Lettres persanes» en observant ironiquement les mœurs parisiennes. «J’étais institutrice. Je sortais de l’Ecole normale, vouée à enseigner. Née pendant la colonisation, l’indépendance, je n’ai jamais eu de maître africain, ni de professeur africain, ce qui ne me gêne pas. J’enseignais pendant 7 ans dans une école fréquentée que par les enfants d’Européens, de ministres. Nous n’étions que deux ou trois institutrices africaines qui devaient prendre le relais des enseignants européens. Au bout de 7 ans, même si j’avais pris un engagement de 10 ans, dans ma tête j’avais rempli ma mission. Ainsi, après le Festival des arts nègres (1966), j’ai remis tout en question. Il fallait que j’apprenne ce que c’est l’Africanité. Les chercheurs, les intellectuels qui en parlent sont tous en Europe. Il fallait que je quitte le Sénégal. Je suis allée m’inscrire à la Sorbonne, à l’Ecole pratique des hautes études, pour apprendre l’anthropologie, l’ethnologie. Par hasard, les chercheurs comme Jean Rouch, qui maniaient la caméra depuis les années 40, ont laissé des documents, pour moi, qui sont le patrimoine de l’Afrique contrairement à ce que les autres pensent. Parce que filmer l’Afrique en 40, presque l’année à laquelle je suis née, cela ne peut être qu’un document d’étude qui me sert et relate mon histoire d’Africaine. Ainsi, après nos cours théoriques d’anthropologie, Jean Rouch venait tout temps montrer un film qu’il a tourné chez les Dogons, au Niger» dit Safi FAYE au journal «Le Soleil».
Safi FAYE part étudier, l’ethnologie, l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), à Paris et s’inscrit également à l’école Louis-Lumière de 1972 à 1974. Safi FAYE soutient en, une thèse de doctorat, en 1976, sous de Michel CATRY, intitulée : «Contribution à l’étude de la vie religieuse d’un village sérère (Fad’jal), Sénégal».
Safi FAYE filme, le Sénégal, et mettre en lumière des personnages qui résistent au poids de l’histoire coloniale, de la corruption politique et du patriarcat. La cinéaste devient ainsi une pionnière, s’imposant comme l'une des premières femmes réalisatrices du continent africain et réalisé treize films.
Dans «Kaddu Beykat» ou «Lettre paysanne», en 1975, en hommage à son grand-père, le récit se situe dans un petit village d'agriculteurs-éleveurs au Sénégal habitent Ngor et Coumba. Il y a maintenant deux ans que Ngor désire épouser Coumba. Et cette année encore, la récolte est mauvaise, et les paysans croulent sous le poids des impôts et des dettes. Les pluies sont insuffisantes, irrégulières. Or l'arachide, culture coloniale, la seule commercialisable, ne se récolte qu'une fois par an. Ce film est une violente dénonciation de la monoculture de l’arachide héritée de la colonisation. «Je me suis dit, bien que je sois Safi Faye, je suis une paysanne. J’ai donné la parole aux courageux agriculteurs par admiration, car ne parvenant pas à vivre de leurs récoltes» dit Safi FAYE. En effet, Safi FAYE y soulève une revendication pour une véritable indépendance économique, une prise en compte de la culture et des traditions africaines et une mise en garde contre la corruption des gouvernants. «Au départ, j’avais toujours derrière ma tête, de prendre ma place dans le cinéma mondial. Mon idée n’était pas de faire un film sénégalais, africain, mais de réaliser une œuvre qui sera valable aussi bien pour les Japonais que pour le reste du monde. Pour ce choix, je suis tombée par hasard en posant ma caméra dans le monde rural. Je me suis dit bien que je sois Safi Faye, je suis une paysanne. J’ai donné la parole aux courageux agriculteurs par admiration car ne parvenant pas à vivre de leurs récoltes. Quand je montre mes films ailleurs, les salles sont remplies parce qu’il y a une similitude paysanne qui est internationale» dit Safi FAYE. Parti de Fad’Jal avec un baluchon, Ngor y est revenu avec une grosse valise bourrée de cadeaux pour sa belle Coumba et ses parents, mais aussi de nouvelles habitudes de citadin, à l'image de cette cigarette qui ne quitte plus ses lèvres, mais aussi des idées révolutionnaires comme celle consistant à reboiser la terre afin de stopper la sécheresse. Ce film subversif, en raison de sa dimension politique, censuré, par le président SENGHOR «le film a fait grand bruit à l’époque, parce que c’est un film qui critiquait la politique du Sénégal, avec l’exploitation des paysans confrontés à la sècheresse, mais que l’on contraignait à payer des impôts. Et quand ils ne pouvaient pas le faire, on les enfermait dans des seccos et on les saupoudrait de Ddt (un produit chimique), en guise de punition et d’humiliation. Senghor et son gouvernement qui étaient les auteurs de ces méfaits, n’appréciaient pas que l’on en parle» dit Baba DIOP, cité par le journal «Le Quotidien».
Ce film, «Lettre paysanne », reste, plus que jamais, d’une très grande actualité, en raison de l’absence d’un modèle de consommation au Sénégal, l’irruption de grands magasins français (Casino, Carrefour) les produits venant directement de France, mais aussi de l’absence, de la part de l’Etat d’une stratégie agricole viable, notamment les questions des terres, de l’accès à l’eau pendant douze mois, et non pas seulement les trois mois de l’hivernage, mais aussi de l’énergie et des équipements. L’agriculture française est subventionnée, à coups de milliards, par l’Union européenne, mais les paysans sénégalais, la grande masse de la population, sont depuis SENGHOR abandonnés par les gouvernants. Le monde agricole se paupérise chaque jour d’avantage et les populations rurales se ruent vers la ville ou l’immigration. L’opposition reste, dans la stricte posture de la dénonciation, c’est une partie de son rôle, mais elle reste fondamentalement faible et divisée, en ce qui concerne des propositions alternatives crédibles, en ce qui concerne le monde rural, une bombe à retardement en raison de la natalité galopante (200 000 habitants en 1848 et 17 millions de «mendiants» de nos jours). Safi FAYE, une écologiste, dans ce film qui n’a pas pris une ride, interpelle les gouvernants, mais propose aussi une réflexion sur l’avenir à travers le reboisement et la protection de la nature. Par conséquent, et c’est à juste titre que «Lettre paysanne», en raison du caractère visionnaire et audacieux de Safi FAY a fini par remporter de nombreux prix au FIFEF (Festival International du Film d’Expression Française), au FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma d’Ouagadougou), au Festival du Film de Berlin et par la réception du Prix Georges Sadoul en France.
En 1982, dans «Selbé et tant d’autres», c’est l’histoire  d’une femme mise en situation de responsabilité. Son mari est allé en ville pour essayer de gagner un peu d'argent, lui laissant la lourde charge de s'assumer et d'assurer la survie d'une grande famille de huit enfants. Elle emploie son temps, son énergie, au travail. À côté de Selbé, d'autres femmes ont voix au chapitre. Celles-là mêmes ont des charges aussi écrasantes les unes que les autres : subvenir aux besoins de tous les membres de leur famille, astreintes aux corvées domestiques et au travail agricole. Confrontées, ces femmes parlent de leurs droits et de leurs devoirs, de leurs rapports avec l'homme qu'elles aiment ou qu'elles critiquent, de leur vie, de ce qu'elles ont enduré. Au cœur de la misère, Selbé et tant d’autres femmes paysannes triomphent.
Dans «Mossane», en 1990, sélectionné à Cannes, une fiction, une fiction culte qui a apporté la célébrité à Safi FAYE. «Mossane», symbole de la pureté, de la noblesse et de la fierté, est un puissant hymne d’amour dédié à la femme africaine, à son courage, à son désir d’émancipation, de liberté et d’indépendance. «Mossane», est filmé à MBissel, entre mer et savane, où les traditions et les rites religieux marquent le rythme de la vie du village : Les femmes sont «marquées par le statut d’infériorité que leur imposent nos sociétés patriarcales, les femmes savent souvent mieux que les hommes se mettre à la place de l’Autre et ne pas penser automatiquement que l’Autre pense comme elles . La femme est celle qui se soulève, qui refuse un ordre établi qui la réduit» écrit Olivier BARLET. Le thème central est du droit des femmes de disposer leur propre corps, de leurs propres désirs et de choisir leur époux, dans un monde rural en encadré par une éducation rigide, des coutumes et des traditions d’un autre âge. En effet, «Mossane» est la tragédie d’une divinement belle jeune fille convoitée à la fois par les mortels et par les esprits qui hantent les eaux du fleuve. Ce désir qu'elle suscite ne lui apporte pas le bonheur puisqu'elle ne peut choisir celui qu'elle aime. A 14 ans Mossane, la «perle» du village de MBissel, est promise à Diogoye, un cousin émigré qui travaille au Concorde Lafayette à Paris. Mais elle trouble jusqu'à son frère de sang, et elle vibre elle-même pour un étudiant pauvre et contestataire de Dakar. Les chastes sentiments de la jeune fille ne pèsent pas lourd face aux «arrangements» qui conviennent à l'ambition de sa mère, Mingué, interprété par la divine Isseu NIANG (1938-2000). En essayant d'échapper au mariage forcé imposé par ses parents, elle se noie dans le fleuve, domaine des esprits qui depuis sa naissance attendent impatiemment qu'elle soit des leurs. «Même s’il rappelle avec mélancolie que le bonheur n’est pas de ce monde, ce film est un vigoureux et touchant appel contre les immobilismes, une affirmation de vie» écrit Olivier BARLET. Dans ce film, le corps féminin n'est plus l'objet du désir de la cinéaste,  mais plutôt un centre d'intérêt pour l'héroïne curieuse de sa propre sexualité et de son plaisir. Les conversations très explicites entre Mossane et son amie reflètent l'importance que la jeune femme donne à sa sensualité. «A 14 ans, la Mossane du film obéit à ses parents mais ressent les pulsions de l’adolescence. Point. Faire une fixation sur la tradition et la modernité seulement parce que Mossane est une Africaine est superflu. Mossane est une adolescente comme toute autre. Vouloir lui faire porter l’étiquette d’adolescente africaine serait aberrant. C’est l’âge où le corps, le visage, l’être changent à chaque instant. J’ai voulu capter ces images dans le film. A cet âge-là, tous les adolescents se confondent. Et Samba, un acteur, le dit bien :  «Ce n’est pas grave, (Mossane) elle grandit, c’est le début de l’adolescence, l’éclosion de la personnalité» dit Safi FAYE. Les forces de l’esprit, l’animisme, à travers les Pangols, sont présentes dans ce film, sur fond de la musique sérère de Yandé Codou SENE (1932-2010), la griotte du président SENGHOR «Si je mets en scène les Pangol (dénomination sérère pour les esprits des ancêtres), c’est parce que je crois moins aux religions monothéistes et donc je défends la religion africaine fondée sur les esprits. Si Mossane est trop belle pour appartenir à ce monde, elle ne peut appartenir qu’au monde des esprits, des ancêtres» dit Safi FAYE.
Safi FAYE est morte, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 80 ans, à la veille de l’ouverture du FESPACO de Ouagadougou, le mercredi 22 février 2023, à Paris, où elle résidait. Safi FAYE a vécu entre le Sénégal, les Etats-Unis et l’Allemagne et la France, pour finalement s’installer à Paris «La cinéaste a inspiré de nombreuses femmes à passer derrière la caméra. Nous devons beaucoup» écrit, dans un communiqué du 28 février 2023, la Société des réalisatrices de films (SRF). Safi FAYE avait une fille, Zeiba MONOD, occupant une place centrale dans sa création artistique et l’a interviewée. Dans «Fad’jal», les images sont réalisées par Jean MONOD, le père de Zeiba. Née en 1976, à Paris, Zeiba MONOD, a étudié au collège et lycée Paul Bert, à Paris 14ème, aux universités de Cambridge et Bristol, et vit à Londres avec ses trois enfants ; elle y travaille comme consultante dans une entreprise informatique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A – Contributions de Safi FAYE
FAYE (Safi), Contribution à l’étude de la vie religieuse d’un village sérère (Fadial), Sénégal, thèse sous la direction de Michel Cartry, Paris, EPHE, 1976, 1 volume ;
FAYE (Safi), réalisatrice,  Les ambassadrices nourricières, Paris, Antenne 2, INA, 1984 ;
FAYE (Safi), réalisatrice,  Souls in the Sun (Les âmes au soleil), documentaire, 1981 ;
FAYE (Safi), réalisatrice,  Tésito, documentaire, 1989 ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Fad’jal : Grand-père raconte-nous, documentaire avec Ibou N’Dong et sa famille, 1979, durée 1H53 minutes ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Goob Na Nu (La récolte est finie), 1979 ;
FAYE (Safi), réalisatrice, La passante, documentaire, 1972, 10 minutes ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Lettre paysanne, documentaire, 1975, 98 minutes ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Man Sa Say (Moi ta mère), documentaire, 1980, durée 42 minutes ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Mossane, fiction, Jürgens Jürges à la caméra, Paris, Agence gouvernementale de la francophonie, 2006, durée 1H45 ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Premier arbre, documentaire, 1979, 108 minutes ;
FAYE (Safi), réalisatrice, Selbé et tant d’autres, documentaire, 1980, 30 minutes.
B – Critiques de Safi FAYE
ASSIBA (Irène) LEE (Sonia), Essais et documentaires des Africains. Un autre regard sur l’Afrique, Paris, Harmattan, 2015, 195 pages ;
BARLET (Olivier), «Entretien avec Safi Faye», Africultures, 31 octobre 1997, n°170, pages 8-11 ;
BARLET (Olivier), «Interview with Safi Faye», Africultures, Cannes, mai 1997 ;
BARLET (Olivier), «La représentation de la femme dans les cinémas d’Afrique Noire», Africultures, 2008, Vol 3-4, n°74-75, pages 56-67 ;
BARLET (Olivier), Cinémas d’Afrique des années 2000 et perspectives critiques, Paris, Harmattan, 2012, 440 pages ;
BINET (Jacques), «Classes sociales et cinéma africain», Positif, 1976, n°88, pages 34-42 ;
BONETTI (Mahen), REDDY (Prera), Through African Eyes, Dialogues with the Directors, The African Film Festival, 2003, 122 pages, spéc «Safi Faye with Zeiba Monod», pages 17-20 ;
BUET (Jackie), «La leçon de cinéma de Safi Faye», Dailymotion, 17 juillet 2017, durée 10 minutes et 10 secondes ;
DIOUF (Oumar), «Safi Faye, réalisatrice», Journal Le Soleil 6 mars 2022 ;
ELLERSON (Beti), «Reflections on Cinema Criticism and African Women», Feminist Africa, 2012, Vol 16, pages 37-52 ;
ELLERSON (Beti), «Africa Through Women’s Eyes : Safi Faye’s Cinema», in Françoise PFAFF, Focus on African Films, Indiana University Press, 2004, pages 185-202 ;
ELLERSON (Beti), «Safi Faye’s Mossane : A Song to a Woman, to Beauty, To Africa», Indiana University Press, printemps 2019, Vol 10, n°2, pages 250-265 ;
FAYE (El Hadji, Massiga), «Safi Faye, réalisatrice», Journal Le Soleil relayé par N’Dar Info, 31 décembre 2017 ;
KONE (Seydou), «Hommage à une pionnière du 7ème art, Safi Faye disparue à l’âge de 80 ans», Allo Ciné, Côte-d’Ivoire, 2 mars 2023 ;
MANE (Alioune, Badara), «Décès de la réalisatrice, Safi Faye»,  Seneweb, 26 février 2023 ;
MANGIN (Marc), «Entretien avec Safi Faye», Droit et libertés, 1980, n°389, pages 35-36 ;
MARKER (Cinthia), «Safi Faye and Sara Maldoror : Cinécrivaines of Africain Cinéma», French Studies Review, 2000, Vol 4, n°2, pages 453-469 ;
PALMIER (Jean-Joseph), La femme noire dans le cinéma contemporain, Paris, Harmattan, 2006, 200 pages, spéc pages 126 et suivantes ;
PFAFF (Françoise), A l’écoute du cinéma sénégalais, Paris, Harmattan, 2010, 288 pages ;
PUJANTE-GONZALEZ (Domingo), «Rites et rythmes de l’eau et du désir dans «Mossane», València. Universitat Politècnica de València, 20-22 avril 2016, pages 57-64 ;
ROUCH (Jean), réalisatrice, Petit à petit, documentaire, 1969, sorti en 1971, 1H36 minutes ;
SCHEINFEIGEL (Maxime), Jean Rouch, préface de Michel Marie, Paris, CNRS éditions, 2008,240 pages ;
THACKWAY (Mélissa), «Les Africaines à Créteil», Africine.org, 1er juin 1998 ;
THACKWAY (Mélissa), Africa Shoots Back : Alternatives Perspectives in Sub-Saharan Francophone African Film, Indiana University Press, 2003, 230 pages ;
THIOUBOU (Mame Woury), «Cinéma, hommage à Safi Faye, «une lettre paysanne» encore actuelle», Le Quotidien, 3 mars 2022 ;
THIOUBOU (Mame Woury), «Safi Faye, générique de fin, pour une pionnière», Le Quotidien, 25 février 2023 ;
UNGAR (Steven), «Jean Rouch, regards croisés sur Paris», Revue de la B.N.F, 2018, Vol 2, n°57, pages 103-111.
Paris, le 11 mars 2023 par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Safi FAYE, cinéaste sénégalaise, anthropologue, anticolonialiste et féministe» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
10 mars 2023 5 10 /03 /mars /2023 18:49
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Pour cette 2ème édition 2023 du Salon du Livre Africain, à Paris, sont à l’honneur, la Guinée mais aussi des hommages, 10 ans après la mort de Nelson MANDELA (1918-2013, voir mon article) et le centenaire de la naissance du cinéaste sénégalais, SEMBENE Ousmane (1923-2007, voir mon article du 4 janvier 2023, Médiapart). Alain SEMBENE, son fils, sera présent.
C'est une initiative heureuse et hautement symbolique de M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6ème arrondissement, en cette montée des forces du Chaos, témoignant ainsi que les valeurs républicaines et le bien-vivre ensemble ont un grand sens pour cette majorité silencieuse. Il faut le dire encore plus fort et plus haut. L'engouement et vos réactions positives, pour ce Salon du livre africain à Paris, m'encouragent à redire à Mme Anne HIDALGO, maire de Paris, que nous avons besoin plus que jamais d'une Maison d'Afrique à Paris, là où «dialogueront les cultures» suivant une expression du président Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001, voir mon article). Je le dis souvent, Paris où est née la Négritude est la capitale culturelle de l'Afrique.
Seront présents à cette 2ème édition du Salon du livre africain, notamment nos amis Souleymane Bachir DIAGNE, Alain SEMBENE, Bénaouda LEBDAI, Boniface Mongo BOUSSA, Valérie BERTY, Anne BOCANDE, Samba DOUCOURE, Nimrod BENA, Sidiki BAKABA, et bien d'autres encore.
I - Programme du Vendredi 17 mars 2023, (14 H – 18 H)
A - Salle des conférences
12H00-13H00 : Comment dynamiser le marché des droits en Afrique ? (réservés aux éditeurs et écrivains)
Avec Pierre Astier, agent littéraire, Sansy Kaba Diakité, Directeur de L’Harmattan Guinée, Abdelkader Retnani, Directeur de La Croisée des Chemins (Maroc), Anne Sophie Stéfanini, Responsable des droits étrangers et organisatrice du prix Voix d’Afrique, Editions JC Lattès.
Modération : Mariane Cosserat, Institut français, projet Livres des deux rives.
14H00-15H00 : Les enjeux du développement de la littérature jeunesse en Afrique francophone
Avec Aicha Diara, Directrice des Editions Gafé (Mali), Patricia Defever, co-fondatrice des éditions Langages du Sud (Maroc), Sarah Mody, Directrice éditoriale de Nimba Editions, Johari Ravaloson, auteur et éditeur chez Dodo Vole (Madagascar) et Aliou Sow, Directeur général des éditions Ganndal (Guinée).
Modération : Solène Leblanc-Maridor, Chargée de projet Ressources éducatives – Lire pour apprendre de l’Institut français.
15H00-16H00 : streaming, Ebooks et audiolivres : les nouvelles tendances de consommation et de lecture en Afrique
Avec  Dramane Boare, Directeur des éditions Les Classiques africains (Côte d’Ivoire), Zakia Bouassida de Livox audiobooks (Tunisie),  Sami Mokaddem, auteur, éditeur de Pop Libris et de la plateforme de streaming Oreadz (Tunisie), Anne Sophie Steinlein, Directrice des opérations – COO de la plateforme You Scribe.  
Modération : Agnès Debiage, Adcf Africa.
B – Salle des Mariages
14H45-15H45 : Manifeste pour la lecture : 17 auteurs francophones célèbrent le livre
Présentation en avant-première du Manifeste pour la lecture (Ed Atelier des nomades) qui rassemble les témoignages, récits et histoires de dix-sept auteurs francophones du monde entier partageant leurs expériences de la lecture à travers des récits de vie, des anecdotes, des histoires, des témoignages de rencontres ou encore des ressentis personnels. Avec quelques auteur(e)s signataires de ce recueil : Gaël Béllem, Nassuf Djailani, Gaël Octavia, Shenaz Patel, Michèle Rakotoson et Johary Ravaloson.
Modération : Hortense Assaga, journaliste.
15H50-16H50 : L’héritage de Nelson Mandela, l’icône africaine
Avec Malick Diawara, Journaliste au Point Afrique, Sami Tchak, auteur de Le continent du Tout et du presque Rien (Ed JC Lattès) et Kouamé Loukey Yocoly, Docteur en études sud-africaines.
Modération : Benaouda Lebdai , Professeur des Universités, spécialiste d’études postcoloniales à l’Université du Mans, auteur de Winnie Mandela, entre mythe et réalité (Ed L’Harmattan Guinée).
17H00-18H00 : Madagascar : regards croisés sur l’insurection de 1947
Avec Jennifer Cole, professeur d'anthropologie, Présidente du département de développement humain comparatif et co-présidente du comité des études africaines de l'Université de Chicago, Michèle Rakotoson, auteure de Ambatomanga, le silence et la douleur (Ed Atelier des nomades) et Marie Ranjanoro auteure de Feux, fièvres, forêts (Ed Laterit).
II - Programme du  samedi 17 mars 2023 (11H – 18H)
A - Salle des conférences
11H00-12H00 : De l’écriture à la publication : conseils, astuces et découverte des opportunités de publication en Afrique et du concours le Trophée des Plumes
Avec Fatou Doumouya, lauréate 2022 du concours de nouvelles Trophée des Plumes et Sarah Mody, Directrice éditoriale de Nimba Editions, Abdelkader Retnani, Directeur des éditions La Croisée des Chemins (Maroc), Bertille Sindou-Faurie, chargée des partenariats éditeurs chez YouScribe. Table parrainée par Orange Money et organisée par YouScribe 
12H00-13H30 : Projection en avant-première (sortie en salle de le 5 avril 2023) du documentaire de Volker Schlöndorff, The Forest Maker (Tamasa distribution) sur Tony Rinaudo, Prix Nobel alternatif 2018, qui à œuvré à la reforestation du Sahel au Niger et qui présentera son film.
13H40-14H40 : Une ceinture verte pour arrêter le désert : les expériences innovantes  des pionniers de l’agro-écologie en Afrique : Ibrahim Abuleish (Sekem), Wangari Maathai, Tony Rinaudo, Yacouba Sawadogo
Avec Damien Deville, géographe, anthropologue et auteur de Yacouba Sawadogo, L’homme qui arrêta le désert (Ed Tana), Lucie Hubert, co-auteure du livre Trésor des plantes médicinales, le livre qui soigne (Ed du Dauphin), Tony Rinaudo, Prix Nobel alternatif 2018, auteur de The Forest Underground: Hope for a planet in crisis (Ed Iscast) et Marie Monique Robin, journaliste, réalisatrice, Prix Albert Londres et auteure de Les Moissons du Futur ( Ed La Découverte).
Modération : Aminta Dupuis, auteure de L’enfant de Dindeffelo (Ed L’Harmattan).
14H45-15H45 : Afrique du Nord-Afrique sub-saharienne : mémoires ancestrales et visions contemporaines
Avec Calixthe Beyala, romancière, Abdelkader Djemaï, auteur de Mokhtar et le figuier (Ed du Pommier), Sarah Kouider, Professeure de littératures africaines à l’Université de Bilda 2.
Modération : Benaouda Lebdai , Professeur des Universités, spécialiste d’études postcoloniales à l’Université du Mans.
15H50-16H50 : Quel est ton monstre derrière la porte?
Avec Gaëlle Bélem, auteure de Un monstre est là, derrière la porte (Ed Gallimard), Asya Djoulaït, auteure de Noire précieuse (Ed Gallimard), Gaston-Paul Effa, auteur de Le miraculé de Saint-Pierre (Ed Gallimard), Eric Mukendi, auteur de Mes deux papas (Ed Gallimard) et Anne Terrier auteure de La malédiction de l'Indien (Ed Gallimard).
Modérateur : Jean-Noël Schifano, Directeur de la collection Continents Noirs, Editions Gallimard.
17H00-18H00 : Exclusions : exclusions économiques, sociales, familiales, ethniques, sexuelles... quels sont les points communs entre toutes ces relégations ?
Avec Abibatou Kemgné Traoré, auteure de L’homme de la maison (Ed Présence Africaine), Jean-Baptiste Lanne,  auteur de Rives d’où je vous veille (Ed Présence Africaine), Khalid Lyamlahy auteur de Évocation d’un mémorial à Venise (Ed Présence Africaine)  et Valérie CADIGNAN, auteure de L’enfant du Morne – Prix Éthiophile 2022 (Ed Présence Africaine)
Modération : Samba Doucouré, Africultures.
B - Salle des Mariages
15H00-16H00 : L’Afrique comme horizon de générosité : langues, rythmes et saveurs  Intervention du Professeur et auteur Eugène Ebodé, administrateur de la Chaire des littératures africaines de l’Académie Royale du Maroc.
Modération : Jean Celestin Edjangue, journaliste.
 16H00-17H00 : Les contributions guinéennes à la littérature africaine.
Avec Allasane Cherif, Vice-Président de l’Association des écrivains de Guinée, Mamadi Lamine Conde, Ecrivain, Marie-Yvone Curtis, écrivaine, Stéphane Kaba, écrivain et  Aliou Sow, Directeur des éditions Ganndal.
Modération : Sansy Kaba Diakité, Directeur de L’Harmattan Guinée.
17H00-17H40 : Rencontre avec Djaïli Amadou Amal, Prix Goncourt des Lycéens 2020, auteure de Les impatientes et Cœur de sahel (Ed Emmanuelle Collas)
Modération : Yvan Amar, journaliste à Radio France.
III - Programme du  dimanche 18 mars 2023 (11H – 18H)
A - Salle des conférences
11H15-13H30 : Mahamat Saleh Haroun : d’une image à l’autre suivi de la projection de son dernier film Lingui, les liens sacrés
Réflexions sur les correspondances entre les écritures cinématographique et romanesque, suivies de la projection de Lingui, les liens sacrés, film sélectionné au Festival de Cannes 2021. Son dernier livre, Les culs-reptiles (Ed Gallimard) a reçu le Prix  Jean Cormier 2023.
13H40-14H40 : La condition féminine en Afrique : Etat des lieux
Avec Tanella Boni, poète, romancière, essayiste, philosophe et Professeure à l'Université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, Gaël Octavia, auteure de La bonne histoire de Madeleine Démétrius (Ed Gallimard) et membre du Parlement des écrivaines francophones et Fawzia Zouari, Présidente du Parlement des écrivaines francophones, auteure de Par le fil, je t’ai cousu (Ed Plon) et Le corps de ma mère (Ed Joëlle Losfeld).
14H45-15H30: Comment faire de Conakry la capitale africaine du livre ?
Avec Pierre Astier, agent littéraire, Jean- Célestin Edjangue, journaliste et écrivain, Isabelle Dapiedade, écrivaine, Eugène Ebodé, Ecrivain, Erick Monjour, Directeur du salon du livre africain de Paris et Sansy Kaba Diakité, Directeur de L’Harmattan Guinée et des 72 heures du livre de Conakry.
15H40-16H40 : Ecrire à corps et à cris perdus
Avec Théo Ananissoh, auteur de Perdre le corps (Ed Gallimard), Eugène Ebodé, auteur de Habiller le ciel (Ed Gallimard), Eric Mukendi, auteur de Mes deux papas (Ed Gallimard), Gérard Prunier, auteur de L'amour est plus dangereux que la mâchoire des crocodiles(Ed Gallimard).
Modérateur : Boniface Mongo-Mboussa, auteur de Désir d’Afrique (Ed Gallimard), livre préfacé par Ahmadou Kourouma.
 16H50-17H50 : La philosophie en toutes lettres
Avec Jean-Luc Aka-Evy, auteur de Le Cri de Picasso (Ed Présence Africaine), Souleymane Bachir Diagne, auteur de L’encre des savants et Directeur de la collection La philosophie en toutes lettres (Ed Présence Africaine) 
et Daniel Dauvois, auteur de Anton Wilhelm AMO, une philosophie de l’implicite (Ed Présence Africaine).
B - Salle des Mariages
11H30-12H00 : Rencontre avec Christian Kader Keita pour la sortie de son livre Yoro le pêcheur (Ed Sydney Laurent), un récit sur la douloureuse construction du chemin de fer Congo Océan en 1921.
12H00-12H30 : rencontre avec Joël Békalé pour la sortie de son livre Coup d’éclat (Ed La croisée des chemins / Maroc) sur la problématique de la transmission du pouvoir en Afrique.
12H40-13H40 : L’héritage inattendu de l’Afrique aux Amériques
Avec Hervé Assah-Matsika (Congo), auteur de la trilogie Lumineuse Afrique (Ed L’Harmattan)  et Jose Nzolani, auteur de Apprendre le lingala par la rumba et animateur de l’émission de radio Au son de la rumba.
 Modération : Violaine Binet, journaliste.
13H45-14H45:  Nimrod : L'amitié ou l'invention de la négritude
1932: Senghor, Césaire et Damas, jeunes étudiants, se rencontrent à Paris, deviennent amis, fondent la revue l’Etudiant noir et créent le mouvement de la négritude sous les encouragements de Guillaume Apollinaire, inventeur du surréalisme. Le poète et auteur Nimrod, (Le temps liquide, Ed Gallimard) nous raconte ces moments intenses.
15H00-16H00 : Conversation entre Souleymane Bachir Diagne et Rodney Saint-Éloi autour du Contrat racial de Charles Mills publié pour la première fois en français
Souleymane Bachir Diagne est philosophe, Directeur de l’Institut d’Etudes africaines (USA) et Professeur à l’université de Columbia (USA), Rodney Saint-Eloi est écrivain et fondateur des éditions Mémoire d’encrier (Canada) qui fêtent leur 20 ans.
16H00-17H00: Hommage à Ousmane Sembène pour le centenaire de sa naissance
Avec Valérie Berty, auteure de Ousmane Sembène, un homme debout (Ed Présence Africaine), accompagnée de Alain Sembène, fils du cinéaste et écrivain sénégalais et Sidiki Bakaba, acteur et réalisateur.
Salon africain du livre 17-18 mars 2023 : Mairie du 6ème arrondissement, 78 rue Bonaparte, métro Saint-Sulpice ou Mabillon.
Paris, le 6 mars 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Salon du livre africain de Paris à la mairie du 6ème arrondissement, du 17 au 19 mars 2023» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 18:50
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Ecrivain de la modernité, de la solitude et de la souffrance, polyglotte, traducteur, poète, dramaturge de l’absurde, Samuel BECKETT a considérablement bouleversé la littérature par une écriture condensée, intense, fulgurante et pleine de profondeur. «Là où nous avons à la fois l’obscurité et la lumière, nous avons aussi l’inexplicable» dit BECKETT à Charles JULIET. Pendant longtemps, les écrivains de la Belle époque, avaient perpétué le romantisme, une glorification de l’innocence, l’insouciance et le plaisir de vivre, les romans de mœurs ou des romans psychologiques. La tragédie de la Seconde guerre mondiale et la barbarie du nazisme, changent la donne, les écrivains, notamment les surréalistes, travaillent sur la beauté de la langue, et son essentiellement sur la structure du récit. Samuel BECKETT est donc dans le prolongement de ces modernistes, comme André GIDE (1869-1951), Marcel PROUST (1871-1922, voir mon article), James JOYCE (1882-1941), Raymond QUENEAU (1903-1976), Jean-Paul SARTRE (1905-1980 voir mon article), Eugène IONESCO (1909-1994), et Franz KAFKA (1883-1924). En effet, les modernistes, notamment les existentialistes, donnent à la littérature une orientation audacieuse ; il ne s’agit plus de raconter une histoire rigoureuse, avec un récit linéaire. Désormais, en rupture avec les conventions littéraires, pour BECKETT, il est question d’appréhender le réel autrement, en abandonnant les récits entièrement construits autour des traits psychologiques des personnages ; sa langue littéraire doit dénoncer le Mal. Les modernes, estimant en raison des horreurs du nazisme, que l’homme est incapable de communiquer avec l’autre, car il n’a pas réussi à éviter les massacres, travaillent davantage sur la beauté de la langue plutôt que sur la réussite de l’histoire. Homme «séparé», se tenant à l’écart de tout, marqué par une solitude et une occupation souterraine, un travail implacable et sans fin, ignorant la fonction hygiénique de la malveillance et donc d’une grande aménité, homme noble, Samuel BECKETT, totalement étranger à l’idée de réussite ou d’échec, est «un destructeur qui ajoute à l’existence, qui l’enrichi en la sapant ; Beckett ou l’art inégal d’être soi . Il ne vit pas dans le temps, mais parallèlement au temps. Il est un de ces êtres qui font concevoir que l’histoire est une dimension dont l’homme aurait pu se passer», écrit Emil CIORAN (1911-1995), dans les Cahiers de l’Herne. BECKETT est un admirateur de Marcel PROUST, mais entre fidélité et trahison «L’effort de mémoire est de beaucoup inférieur à une réminiscence spontanée, Proust l’atteste, soutenu en cela par Beckett, lequel affirme que tout effort pour se rappeler le passé fournit une image aussi éloignée du réel que le mythe et la caricature, issus respectivement de notre imagination et de la perception directe» écrit A J LEVENTHAL dans les cahiers de l’Herne.
Par conséquent, dans son ambition littéraire incomprise par sa mère, solitaire, dormant jusqu’à midi, dépressif et fortement alcoolisé, BECKETT a fini par avoir une illumination, le succès viendra de l’intérieur, écrire sur tous les démons et les souffrances qui l’assaillent : «J’ai toujours eu la sensation qu’il y avait en moi un être assassiné. Assassiné avant ma naissance. Il me fallait retrouver cet être assassiné. Tenter de lui redonner vie. Une fois, j’étais allé écouter une conférence de Jung. Il parla d’une de ses patientes, une toute jeune fille. À la fin, alors que les gens partaient, Jung resta silencieux. Au fond, elle n’était jamais née. J’ai toujours eu le sentiment que moi non plus, je n’étais jamais né. L’obscurité que je m’étais toujours acharné à refouler est en réalité mon meilleur, indestructible association jusqu’au dernier soupir de la tempête et de la nuit avec la lumière de l’entendement et le feu» dit-il Charles JULIET. En effet, BECKETT, dans sa souffrance et la tension intérieure, obnubilé par la vieillesse, est un écrivain neuf, singulier, doté d’une énergie et d’une force exceptionnelles, compose des phrases brèves au style tranchant, aux mots décapés, avec des silences, une œuvre en accord avec son époque. En effet, pendant tous les siècles passés, l’Occident s’est évertué à se donner de lui-même une image rassurante, gratifiante et glorieuse. «Beckett réalise en premier lieu que toute son œuvre, toute son écriture, doivent venir du dedans de lui-même, des faits et des souvenirs, réels ou imaginés, de sa vie passée, aussi laids et aussi pénibles soient-ils ; il prend ensuite conscience qu’aucun personnage de fiction n’est nécessaire pour les relater, de même qu’aucune distance n’est nécessaire entre le conteur et le récit» écrit Deirdre BLAIR, dans les Cahiers de l’Herne.
Finalement, Samuel BECKETT, dans sa contribution littéraire, dans un grand pessimisme, dans une détresse absolue, expose sa souffrance fonctionnant comme le moteur de sa création artistique, «c’est un prélude à l’art qui est à l’origine de toute création littéraire» écrit Diane LUSCHER-MORATA. Durant sa vie, Samuel BECKETT a fait plusieurs cures psychanalytiques pendant lesquelles d’un côté il a appris à connaître les mécanismes de la vie intérieure et prénatale et de l’autre côté il a appris à mieux se connaître ; la douleur et la souffrance faisant partie de la vie, il faut apprendre à se connaître pour trouver sa voie.
Ecrivain atypique, mal vu et mal lu, BECKETT a réalisé «une révolution littéraire», en introduisant une subversion aussi radicale que celle de Marcel DUCHAMP (1887-1968) en art moderne ; ce sont les regardeurs qui font les tableaux (objet tout-fait, dadaïsme, surréalisme). En effet, BECKETT a inventé l'art littéraire abstrait, «Beckett, tel qu’en ses photos terribles et hiératiques imposées par l’imagerie officielle, est devenu l’incarnation de la mission prophétique et sacrée que les dévots de la littérature assignent à l’écrivain. Alors on l’a rangé du côté d’une métaphysique vague, dans un curieux lieu solitaire, là où la souffrance ne laisserait place qu’à un langage presque inarticulé, informe, une sorte de cri de douleur à l’état pur, jeté tel quel sur le papier» suivant Pascale CASANOVA. «Il a sauvé l’honneur» disait de lui, Jacques LACAN (1901-1981). Cependant, et peut-être par coquetterie, BECKETT récuse d’être l’artiste du théâtre de l’absurde «Les valeurs morales ne sont pas accessibles. Et on ne peut pas les définir. Pour les définir, il faudrait prononcer un jugement de valeur, ce qui ne se peut. C’est pourquoi je n’ai jamais été d’accord avec cette notion de théâtre de l’absurde. Car là, il y a jugement de valeur. On ne peut même pas parler du vrai. C’est ce qui fait partie de la détresse. Paradoxalement, c’est par la forme que l’artiste peut trouver une sorte d’issue. En donnant forme à l’informe» dit-il. Samuel BECKETT reçoit, en 1969, le prix Nobel de littérature pour «son œuvre, qui à travers un renouvellement des formes du roman et du théâtre, prend toute son élévation dans la destitution de l’homme moderne». Contrairement à SARTRE, son éditeur accepte le Prix, mais refuse de se rendre à Stockholm, et part en voyage en Tunisie, qualifiant au passage de «Foutu jour !» celui de sa consécration.
La contribution littéraire de BECKETT, pessimiste, déprimée, pleine de peur, est traversée par un thème récurrent, la tragédie de la naissance, mais aussi une création humoristique, sarcastique suscitant un rire jaune, celui de la solitude et de la souffrance. Décrit comme quelqu’un de timide «il est racé et impressionnant. Un visage aussi beau, de face que de profil, où se lisent l’hypersensibilité et l’énergie. Un regard de voyant, d’une formidable intensité. Le front entaillé de rides profondes. Le nez aquilin. Les sourcils hirsutes et mal élagués. Les joues creuses et mal rasées. La bouche large. Les lèvres fines. Les cheveux gris, drus et en bataille» dit de lui, Charles JULIET. BECKETT a décidé de rester lui-même «Confronté au dur métier de rester vivant, Samuel Beckett a su faire «Métier d'être homme», c'est pourquoi le vingt et unième siècle devrait le prendre très au sérieux. Beckett disait : On n'écrit pas pour publier, on fait ça pour respirer. "Être ou ne pas être" ici n'est pas la question, mais dire précis, sans relâche, mot à mot, jusqu'à se faire Inventeur de soi-même selon sa belle expression. Tout Beckett est là : s'inventer, pas se créer car à se faire inventeur de soi-même, c'est de son présent qu'il saura faire création» écrit Marie JEJCIC. En particulier, BECKETT, écrivain transgressif, de la révolte, s’est attaché dans ses écrits à donner la parole aux exclus, aux vaincus, ses personnages en marge des conventions sociales, avec leurs mauvaises manières d’être mal et de mal dire, envers et contre tout : «Nul n’est censé ignorer la loi : ainsi demeure encore, pour finir enfin, quelque plaisir à la transgresser. Les personnages beckettiens n’ont pas toujours ignoré les usages du monde: mais ils ne sont plus de ce monde. La rébellion à l’encontre des normes, la mise à mal des législations coercitives, vont de pair avec l’invention de figures d’exclus, qui s’affirment négativement et n’ont de cesse que de se défaire, autant que faire se peut, de tout ce qui les rattache à une socialité convenue» écrit Florence GODEAU.
Samuel BECKETT est né le vendredi 13 avril 1906, à Cooldrinagh, dans le village de Foxrock, comté de Dublin, dans une famille irlandaise aisée, protestante d’ascendance de Huguenots français. «Tu naquis un vendredi saint au terme d'un long travail. Oui je me rappelle. Le soleil venait de se coucher derrière les Mélèzes. Oui je me rappelle. Ou encore, Tu vis le jour au soir du jour oh sous le ciel noir a la neuvième heure le Christ cria et mourut » écrit-il dans «Compagnie». A côté de son frère Frank, son aîné de 10 ans, il est le deuxième fils de William Franck BECKETT (1871-1933), un ingénieur exerçant le métier d’architecte, d’une grande complicité avec son père, bienveillant et affable, mais qui disparaîtra d’une crise cardiaque. Sa mère, Mae Barclay ROE (1871-1950), une infirmière, insomniaque et acariâtre, s’inquiétait de l’avenir professionnel de son fils, et sera atteinte de la maladie de Parkinson. Le 24 avril 1916, les Irlandais proclament leur indépendance. Mais en six jours, cette révolte des républicains, nationalistes dite aussi «Bloody Sunday», est mâtée par les Britanniques dans le sang, plus de 400 morts avec une vague de mises à mort pour l’étouffer. Samuel, un enfant peureux et timide, en horreur de l’injustice, est en conflit avec sa mère, en raison de son caractère assez rebelle, son goût de l’indépendance ; il refusait de se plier aux exigences de sa mère, une puritaine irlandaise. Influencé par le Livre de Job, Samuel BECKETT, victime inconsolable et ne pouvant être consolé, n’a jamais compris pourquoi Dieu a accepté cette injustice dans le monde ; cette souffrance, pour lui c’est «Le scandale du Mal». Aussi, dans sa création littéraire, «En attendant Godot» et «Oh, les beaux jours», il s’insurge contre la religion, l’absence d’intervention de Dieu contre l’injustice, et monte une parodie et le cynisme des forces religieuses, regrettant ainsi la souffrance humaine «L’écriture de Samuel Beckett n’est pas sur la souffrance, elle devient de plus en plus cette souffrance elle-même. Après la guerre, elle se fait souffrance» écrit Diane LUSCHER-MORATA.
En 1915, il entre à l’Earlsfort House School, à Dublin où l'on enseigne le français, puis à «Portora Royal School» à Enniskillen, qu’avait fréquenté Oscar WILDE une éducation rigoureuse et une vie à la fois studieuse. L’Irlande du Nord, connaissant à partir de 1916, Samuel va grandir dans un monde protégé, mais de solitude «J’avais peu de disposition pour le bonheur» dira-t-il. Depuis 1923, Samuel BECKETT est étudiant à l’université de Trinity College de Dublin, et apprend aussi le français. Au cours de sa première année universitaire, il a suivi ici des cours de littérature anglaise, là des cours de philosophie. Mais très vite son choix se fixe sur l’étude des langues romanes, français, italien, espagnol, et il approfondit également sa connaissance de la littérature allemande, dont il maîtrise déjà la langue.
BECKETT ne sait pas si, comme ses maîtres l’y encouragent, il prépare ainsi une carrière d’enseignant, peut-être en doute-t-il fort déjà. Mais il a dès lors la révélation d’un goût très vif. À vingt ans, en 1926, BECKETT fait son premier grand voyage, en Touraine (France) et à Florence (Italie). Le jeune, Samuel, voyageur, jouisseur, alcoolique, dépressif et ne recherchant une bonne situation professionnelle entre en conflit avec sa mère. Adolescent, BECKETT ne pensait pas devenir un écrivain. Ses études achevées, il s’engagea dans une carrière universitaire. Il fut d’abord lecteur de français à l’université de Dublin. Mais après un an, ne pouvant plus supporter cette vie, il s’est littéralement enfui. Jusqu’en Allemagne. Et c’est de là-bas qu’il a envoyé sa lettre de démission. Aussi, BECKETT arrive à Paris, en 1928, en qualité de lecteur d'anglais à l’Ecole normale supérieure. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance de James JOYCE, dont la vue commence à devenir déficiente ; il  devient son secrétaire, et c'est en partie sous son influence qu'il choisit de devenir écrivain. Polyglotte, passionné par les langues, il traduit du français, de l’allemand ou de l'italien en anglais, notamment «le bateau ivre» d’Arthur RIMBAUD (1854-1891) et se passionne pour Alighieri DANTE (1265-1321), s'intéresse à la philosophie, écrit de la poésie que publie Nancy CUNARD (Voir mon article), dont il sera l’amant, un court instant. Jeune lecteur à l’école normale supérieure, «son ami, Tom McGreevy lui suggéra de gagner dix livres sterling en participant au concours organisé par Nancy Cunard ; mais, il ne restait qu’un jour. C’était en 1929» écrit A.J. LEVENTHAL, dans les Cahiers de l’Herne.
En 1933, son père meurt, et il hérite d’une petite somme d’argent et gagne Londres où il loge dans un meublé et vit très pauvrement. En 1936, à la suite d’une longue période de crise, il visite l’Allemagne, pour rencontre sa cousine dont il est amoureux.
En été 1937, BECKETT débarque à nouveau à Paris, où il s’installe et fréquente notamment Marcel DUCHAMP. En France, la guerre ayant brisé son élan littéraire, il entre en résistance, quand sa cellule est démasquée, et se réfugie d’abord à Janvry, dans la vallée de Chevreuse, chez Nathalie SARRAUTE (1900-1999), réfugiée qui sera dénoncée et part en Roussillon, une zone libre. C’est durant cet exil, que BECKETT écrit sa pièce, Watt, et écrire quand, on a personne pour vous lire, c’est une de ses théories de l’absurde. «Quand tout fout le camp, il n’y a rien d’autre à faire que de jouer des jeux idiots» disait Simone de BEAUVOIR (1908-1986, voir mon article), dans «Les mandarins». BECKETT voulait, à travers l’écriture, garder la tête froide et ne pas perdre la main. «Watt est l’œuvre d’un homme assoiffé de repos, de quiétude intellectuelle, et de cette paix spirituelle que son environnement physique lui interdit. Le livre touche parfois à l’autobiographie déguisée, lorsque Beckett recrée la réception donnée par ses parents le soir qui précéda sa naissance, des descriptions de la campagne autour de Foxrock, des allusions à son enfance, des références constantes aux cycles saisonniers en Islande» écrit Deirdre BLAIR dans les Cahiers de l’Herne. L’éditeur anglais, Routledge, refuse de publier Watt, considéré comme inintelligible et délirant, l’ouvrage ne sera publié que dix plus tard. A partir de là, BECKETT décide de n’écrire qu’en français.
A la Libération, de GAULLE le décore de la Croix de Guerre. Après le séjour de 1945, BECKETT était en Irlande chez sa mère, mais il retourne «vivre dans la France en guerre plutôt que dans l'Irlande en paix». Cependant, BECKETT reste, aux côtés de William Butler YEATES (1865-1939) et James JOYCE, l’incarnation littéraire de l’Irlande du Nord. Tous ses personnages ont des noms à consonnance irlandaise. BECKETT devient écrivain à temps plein, et survit surtout grâce aux travaux de couture de sa femme, qu'il a rencontrée à la fin des années 1930 à Montparnasse. BECKETT écrira en langue anglaise jusqu’en 1945, puis en français de 1946 à 1960, et enfin en français et traduits ses œuvres en anglais. BECKETT estime que c’est à lui de traduire ses livres. S’il en laisse le soin à quelqu’un d’autre, il doit revoir le texte mot à mot, et c’est encore plus de travail et de difficultés.
Après avoir essuyé six de refus des éditeurs, Samuel BECKETT est enfin accepté par Jérôme LINDON (1925-2001), aux Editions de Minuit, sises au 7 rue Bernard Palissy, à Paris 6ème, un ancien bordel. «Une bonne partie de l’existence des mots de Beckett, synonyme de l’existence de l’homme s’est passée dans le silence, et a été passée sous silence. De 1929 à 1951 «Molloy» devient  publiquement les mots de son existence grâce à Jérôme Lindon et Georges Lambrichs qui, les premiers ont reconnu la valeur de ces mots, peu sont ceux qui ont entendu les mots de Beckett» écrivent Tom BISCHOP et Raymond FEDERMAN dans «Beckett, les cahiers de l’Herne».  En effet, «un jour, un de mes amis, Robert Carlier, me dit «vous devriez lire le manuscrit d’un écrivain irlandais qui écrit en français». Quelques semaines plus tard, j’aperçus trois manuscrits sur nos bureaux «Molloy », «Molloy meurt», «L’innommable». Dès la première ligne, la beauté écrasante de ce texte m’assaillit. C’était un manuscrit inédit, et non seulement inédit : refusé par plusieurs éditeurs. Je n’arrivais pas à y croire» écrit Jérôme LINDON, dans «Beckett, les cahiers de l’Herne». La trilogie romanesque «Molloy, Malone meurt et L'Innommable» voit le jour. En désespoir de cause, sur un ton fiévreux, il dira «J’ai écrit «Molloy» et la suite le jour où j’ai compris ma bêtise. Alors je me suis mis à écrire les choses que je sens. J’entrevis le monde que je devais créer pour pouvoir respirer» dit BECKETT. «Molloy et Malone, deux livres prodigieux» écrit Richard SEAVER .
Dans «Molloy», allongé dans un lit, un homme se remémore certains passages de sa vie, qu’on lui a demandé d’écrire. Il se souvient être parti à la recherche de sa mère en bicyclette alors qu’il était paralysé d’une jambe. Pendant son voyage, il erre en ville et dans la campagne, écrase un chien et est recueilli par sa propriétaire, puis tue un homme dans une forêt. Désormais paralysé de tout son corps, il tombe ensuite dans un fossé et se retrouve dans le lit de sa mère. De son côté, le détective Moran reçoit l’ordre de retrouver Molloy. Il part alors à sa recherche en bicyclette, accompagné de son fils, qu’il perd mystérieusement en route. Petit à petit, il perd l’usage de sa jambe, puis son éthique : il tue un homme. Finalement, on lui ordonne de retourner chez lui sans qu’il ait réussi à retrouver Molloy.
Dans «Malone meurt», deuxième volet de la trilogie romanesque de Samuel BECKETT, le roman relate la fin de vie d’un homme, alité dans une chambre close, qui attend de mourir. Sa seule distraction : écrire dans un cahier. Il a pour projet de relater l’histoire d’un homme, d’une femme, d’un objet et d’un animal, ainsi que d’établir l’inventaire de tout ce qu’il possède. Il parle également de son état psychologique et physique, et de ses plans pour sortir de la pièce où il est enfermé.
Dans  état de claustration, et c’est l’une des œuvres, les plus hermétiques de BECKETT, troisième volet de sa trilogie «l’Innommable» relate les délires  autour du néant d’un individu assis dans un endroit indéterminé, mais tellement confiné qu’il est incapable de bouger.
«En attendant Godot» marque le début du triomphe et de la célébrité de Samuel BECKETT, son entrée dans la postérité. Il s’agit d’une mise en scène deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui attendent un homme qu’ils ne connaissent pas : un certain Godot. Durant cette attente interminable, ils rencontrent Pozzo et Lucky, son esclave, traîné en laisse comme un chien. Dans cette longue et vaine attente, on parle sans cesse de Godot. En effet, le théâtre de BECKETT fondé sur la dérision et l’absurdité de la vie, est en rupture avec le théâtre conventionnel, dans ces échanges entre les personnages, par une absence d’action contrastant avec l’incontinence des paroles. Première pièce écrite directement en français, et en deux actes, rassemblant une personnalité individuelle et collective, sans thèse, sans morale, sans espoir, met en scène cinq acteurs, deux sans-abri misérables, fantômes indigents, menant une vie à tâtons, des incarnations, des représentants d’une condition humaine dans l’attente de quelqu’un qui n’arrivera pas, une espérance déçue, donc un absence totale d’une réponse au cri de l’homme souffrant. Deux mimes ou muses, et un petit jeune jouant l’oracle.
«En attendant Godot», pièce écrite en 1948, mais la première représentation a lieu le 4 janvier 1953, au théâtre de Babylone à Paris avec Roger BLIN (1907-1984) qui a rencontré en 1948.  A cette époque, Roger BLIN, metteur en scène de «la dernière bande» de Jean VILAR (1912-1971), était le directeur du théâtre de la Gaité de Montparnasse. Samuel BECKETT : «venait me voir, il avait envoyé sa pièce ; c’était sa femme, Suzanne, qui s’était occupé de cela. J’ai été plus saisi par «Godot» et j’ai mis quatre ans à pouvoir la monter. Il n’y avait pas de rôle féminin, pas d’histoire sur l’humain. Aux théâtre que je proposais Godot, on m’a ri au nez. Je suis obstiné. Les grands textes, tant qu’ils n’ont pas passé une période historique, on est à leur service ; c’est le cas de Sam», dit Roger BLIN. Par conséquent, «En attendant Godot», une pièce onirique, est, pour certains, un drame fantastique, une pièce curieuse, obscure, déracinée de la vie, abstraite, étrange, capricieuse, une résurgence posthume du surréalisme, une extravagante philosophie de l’existence. Pour d’autres, c’est une pièce réaliste «Je n’ai jamais vu un drame aussi réaliste, une œuvre moins fantastique. C’est une représentation existentielle simplifiée d’un rapport complexe : celui de l’homme et de son prochain. Nous rions, mais notre rire est faux. Godot, c’est une tragédie-comédie pure, la possibilité d’un changement révolutionnaire, un théâtre d’avant-garde, détruisant le fétiche gréco-romain, un constat de l’acte de décès de l’espérance, un spectacle de l’impiété, de l’absence de solidarité, un déchainement métaphysique de l’ennui. Il n’arrive pas Godot. C’est la trame de notre vie» écrit Alfonso SASTRE, dans les Cahiers de l’Herne. Dans son pessimisme, BECKETT nous pousse, dans un cri de révolte, à ne pas se résigner ; il faut refuser l’inacceptable, et c’est là un puissant aux racisés souvent défaitistes. Apparemment BECKETT «dénonce qu’il n’y a pas de moyens de s’en sortir, et ceci est bien sûr exaspérant ; ses pièces sont tellement négatives, nous sommes englués dans la boue, le sable ou même enfoncés dans des amphores. L’homme, dans la boue, est martyrisé, incompris, que ses malheurs lui font sortir de rage ; c’est une boue réconfortante, pluie de chaleur humaine, vibrante de sentiments et de désespoir, met en jeu l’anti-désespoir ; cette charge intense aboutit à l’acteur créateur. Nous sommes esclaves, et ces lois n’existent que parce que nous le permettons» écrit Peter BROOK (1925-2022, voir mon article, 3 juillet 2022, Médiapart), dans les Cahiers de l’Herne.
Voué à se singulariser, minoritaire, bourgeois et individualiste, Samuel BECKETT dépeint, dans sa dramaturgie, des personnages égarés ou hagards, incapables de lutter contre un destin dont ils ne conçoivent clairement que l'absurdité. «En attendant Godot», sa pièce la plus célèbre, où les personnages attendent en vain quelqu’un ou quelque chose qui puisse donner un peu de valeur à la vie inutile qu’il faut mener seule. La pièce fait scandale, puis connaît dans les années qui suivent un succès international. Samuel BECKETT écrit également «Fin de partie», qu'il traduit l'année suivante, «Actes sans paroles I» et Actes sans paroles II», ou encore «Happy Days», qui voit dans la version française «Oh les beaux jours» de 1963 Madeleine RENAUD (1900-1994) s'illustrer dans le rôle de Winnie. Mais le dramaturge, insatisfait par certaines mises en scène, participe lui-même à la création de ses pièces à partir de 1967. Messager ou l’oracle de la vérité de l’«être», dans «L’Innommable» une œuvre particulièrement difficile à lire, BECKETT y dépeint «un être sans être qui ne peut ni vivre ni mourir, ni cesser ni commencer, le lieu vide où parle le désœuvrement d’une parole vide» écrit Maurice BLANCHOT. Avec «Cap au pire», BECKETT a créé un pur objet de langage, totalement autonome puisqu’il ne renvoie à rien d’autre qu’à lui-même. «Comme un travail vers un trait noir d’où ne pourrait surgir aucune trace de représentation, aucune forme pouvant rappeler, même vaguement, un corps. Sans sujet, sans décor, se détachant sur un fond noir (pénombre) et vide, libérées de tout repère temporel ou spatial, les images de «Cap au pire» inaugurent la littérature abstraite : elles vont vers l’épure de l’abstraction ou le noir» écrit Pascale CASANOVA.
«Ecrivain du silence» suivant Madeleine CHAPSAL, une des grandes particularités de BECKETT, ce sont les moments de pause qu’ils s’autorise dans toute sa création littéraire ; ils font partie très importantes du texte ou des indications scéniques dans sa dramaturgie : «Que ce qui m’avait le plus impressionné, c’était cet étrange silence qui règne dans les «Textes pour rien», un silence qu’on ne peut atteindre qu’à l’extrême de la plus extrême solitude, quand l’être a tout quitté, tout oublié, qu’il n’est plus que cette écoute captant la voix qui murmure alors que tout s’est tu. Un étrange silence, oui, et que prolonge la nudité de la parole. Une parole sans rhétorique, sans littérature, jamais parasitée par ce minimum d’affabulation qui lui est nécessaire pour développer ce qu’il lui faut énoncer» écrit Charles JULIET.
Samuel BECKETTT meurt à Paris 14ème, le 22 décembre 1989, au Service neurologique de Sainte-Anne, à l’âge de 83 ans, et repose au cimetière de Montparnasse. Dans sa réflexion sur la vieillesse et la mort, «J’ai toujours souhaité avoir une vieillesse tendue, active. L’être ne cessant pas de brûler alors que le corps fout le camp. J’ai souvent pensé à Yeats. Ses meilleurs poèmes, il les a écrits après soixante ans» dit-il à Charles JULIET. Il était marié, depuis le 25 mars 1961, à Folkestone, (Kent, UK) à Suzanne DESCHEVAUX-DUMESNIL (1900-1989). Ils se connaissaient depuis plus longtemps. En effet, le 7 janvier 1938, poignardé par un clochard, et transporté à l’hôpital Broussais, il recevait régulièrement la  visite d’une pianiste Suzanne, avec qui il jouait au tennis. Samuel BECKETT avait auparavant séduit, Lucia (1907-1982), la fille de James JOYCE (1882-1941). Jeune, il voulait se marier avec sa cousine, Péguy, dont les parents résident en Allemagne, mais morte à 21 d’une tuberculose. Il aura aussi une liaison avec Péguy GUGGENHEIM (1898-1979), un mécène, collectionneuse d’art et galeriste américaine. Initialement, Samuel BECKETT habitait au 6 rue des Favorites, dans le 15ème arrondissement, mais quand le succès littéraire arrive avec «En attendant Godot», il s’achète une maison secondaire à Bussy-Saint-Georges en Seine-et-Marne, ainsi qu’un appartement à la rue Saint-Jacques, à Paris 5ème .
Samuel BECKT est incorrigible : même mort, il continue d'exaspérer les forces du Chaos. «L'homme se tait, l'œuvre se refuse à servir», écrit Ludovic JANVIER. Les démunis de la société, qu'ils soient pauvres, difformes ou déranges mentalement, retiennent tout spécialement l’attention de Samuel BECKETT. En effet, Samuel BECKETT est l’un plus négrophile des grands écrivains. Enfant, il dessinait des vagabonds et des clochards. En s'emparant de ce texte mythique sur l'absurdité de notre condition, celles des migrants, des metteurs en scène, Jean LAMBERT-WILD, Lorenzo MALAGUERRA et Marcel BOZONNET, remettent à l’honneur, «En attendant Godot», au Théâtre de l'Aquarium à la Cartoucherie de Vincennes, près de Paris. Deux vagabonds se retrouvent sur un bout de terre à la tombée de la nuit. Deux comédiens ivoiriens tiennent les rôles de Vladimir et Estragon, tel un couple de clowns outrés par la violence de l'Occident. «Devant son œuvre, je ne puis que m'incliner, ébahi, émerveillé. Je me propose de souligner ici l'influence de l'une des qualités les plus pénétrantes de l’œuvre de Samuel Beckett : la compassion, une profonde compassion pour les conditions d'existence de l'être humain. Samuel Beckett était un incroyant qui avait une conscience aigüe des malheurs infligée à l'humanité par l'intolérance religieuse : son message était tout de tolérance et de compassion» écrit O’BRIEN, dans «Samuel Beckett et le poids de la compassion».

 

REFERENCES
A – Contributions de Samuel BECKETT
BECKETT (Samuel), Bande et sarabande, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 1995, 296 pages ;
BECKETT (Samuel), Cap au Pire, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 1991, 61 pages ;
BECKETT (Samuel), Comédies et actes divers, Paris, éditions de Minuit, 1966 et 1972, 144 pages ;
BECKETT (Samuel), Comme c’est, Paris, éditions de Minuit, 1961, 180 pages ;
BECKETT (Samuel), Compagnie, Paris, éditions de Minuit, 1980, 96 pages ;
BECKETT (Samuel), En attendant Godot, Paris, éditions de Minuit, 1952, 124 pages ;
BECKETT (Samuel), Fin de partie, Paris, éditions de Minuit, 1957, 128 pages ;
BECKETT (Samuel), La dernière bande. Suivi de Cendre, Paris, éditions de Minuit, 1959, 76 pages ;
BECKETT (Samuel), Le dépeupleur, Paris, éditions de Minuit, 1970, 58 pages ;
BECKETT (Samuel), Le monde et le pantalon, Paris, éditions de Minuit, 1989, 64 pages ;
BECKETT (Samuel), Les Os d’Echo, traduction d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 2002, 64 pages ;
BECKETT (Samuel), Nouvelles et Textes pour rien, Paris, éditions de Minuit, 1955, 210 pages ;
BECKETT (Samuel), Oh les beaux jours. Suivi de pas moi, Paris, éditions de Minuit, 1963, 96 pages ;
BECKETT (Samuel), Poèmes suivis de Mirlitonnade, Paris, éditions de Minuit, 1978 et 1992, 48 pages ;
BECKETT (Samuel), Premier amour, Paris, éditions de Minuit, 1970, 60 pages ;
BECKETT (Samuel), Proust, traduction et présentation d’Edith Fournier, Paris, éditions de Minuit, 1990, 128 pages ;
BECKETT (Samuel), Tous ceux qui tombent, traduction de Robert Pinget, Paris, éditions de Minuit, 1957, 80 pages ;
BECKETT (Samuel), Watt, Paris, éditions de Minuit, 1968, 272 pages.
B- Critiques de Samuel BECKETT
ABRAHAMSE (Astrid), Beckett : la solitude, la souffrance et désintégration totale, en combinaison avec l’humour ironique, mémoire sous la direction de J.MM Houppermans, Université de Leyde, (Pays-Bas) 2016, 49 pages ;
ACKERLEY (Chris, J.), GONTARSKI (S.E) sous la direction de, The Grove Companion to Samuel Beckett. A Reader’s Guide to His Work, Life and Thought, New York, Grove Press, 2004,  713 pages ;
ANZIEU (Didier), Beckett, Paris, Seuil, 2004, 272 pages ;
BADIOU (Alain), Beckett. L'Increvable désir, Paris, Hachette, coll. «Coup double», 1995, 93 pages ;
BERNARD (Michel), Samuel Beckett et son sujet. Une apparition évanouissant, Paris, Harmattan, 1996, 303 pages ;
BERTRAND (Kim), Ecrire l’empêchement. Critique d’art et création littéraire chez Samuel Beckett, Québec, Université Trois Rivières, mai 2003, 105 pages ;
BISHOP (Tom), FEDERMAN (Raymond), sous la direction de, Samuel Beckett, Paris, éditions de l’Herne, 1997, 368 pages ;
BLANCHOT (Maurice), «Où maintenant ? Qui maintenant ?», in Le Livre à venir, collection «Idées», Paris, Gallimard, 1959, spéc pages 308-313 ;
BRYDEN (M), «Samuel Beckett : une tragédie de la banalité?», Michèle Touret éditeur, in Lectures de Beckett, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1998, 2004, spéc pages 155-162 ;
BUCHLER (Danièle, J.), Le bouffon et le carnavalesque dans le théâtre français d’Adam de la Halle à Samuel Beckett, thèse Université de Floride, mai 2003, 210 pages ;
CASANOVA (Pascale), Beckett, l’abstracteur. Anatomie d’une révolution littéraire, Paris, Seuil, 1997, 176 pages ;
CHAPSAL (Madeleine), «Samuel Beckett, le  Nobel à l’écrivain du silence», L’Express, 26 mars 2015 ;
CLÉMENT (Bruno) NOUDELMANN (François), Samuel Beckett, Paris, A.D.P.F., Association pour la diffusion de la pensée française, Ministère des affaires étrangères, 2006, 84 pages ;
CLÉMENT (Bruno), L’Œuvre sans qualités. Rhétorique de Samuel Beckett, Paris, Seuil, coll. «Poétique», 1994, 442 pages ;
COHEN (Ruby), A Beckett Canon, The University of Michigan Press, 2005,  432 pages ;
CONNOR (Steven), Beckett : Modernism and the Material Imagination, Cambridge, The University Press, 2014, 240 pages ;
DELEUZE (Gilles), «L'Épuisé», Quad de Samuel Beckett, Paris, Minuit, 1992,  spéc pages 55-106 ;
DURIVAGE (Isabel), La dramaturgie du silence de Samuel Beckett et son héritage dans l’écriture dramaturgique de Nathalie Sarrault, Marguerite Duras et Franz Xaver Kroetz, Québec, Université de Laval, 2020, 88 pages ;
EDWARDS (Michel), Éloge de l'attente : TS Eliot et Samuel Beckett, Paris, Belin, coll. «L'extrême contemporain», 1996, 121 pages ;
FERRINI (Jean-Pierre), Dante et Beckett, Paris, Herman éditeurs des sciences et des arts, coll. «Savoir, Lettres», 2003, 240 pages ;
FLETCHER, (John), The Novels of Samuel Beckett, Château Vindus, 1970, 256 pages ;
GENETTI (Stefano), Les Figures du temps dans l’œuvre de Samuel Beckett, Vérone, Schena Editore, 1992, 145 pages ;
GRAVER (S), FEDERMANN (R), Samuel Beckett : The Critical Heritage, London, New York, Routledge, 1999, 417 pages ;
GROSSMAN (Evelyne), L'Esthétique de Beckett, Paris, éditions Sedes, collection
«Esthétique», 1998, 219 pages ;
HANSEN-LOVE (Igor), «Dans la peau des vagabonds de Beckett, des migrants africains», L’Express, 27 octobre 1969 ;
HARVEY (Lawrence, E.), Samuel Beckett, Poet and Critic, 1970, Princeton University Press, 2019, 464 pages ;
HUBERT  (Marie-Claude), sous la direction, Lectures de Samuel Beckett, Rennes, Presse universitaire de Rennes, 2009, 182 pages ;
HUNKELER (Thomas), Echos de l'Ego dans l'œuvre de Samuel Beckett, Paris, Harmattan, 1997, 300 pages ;
JEJCIC (Marie), Le métier d’être homme. Samuel Beckett, l’invention de soi-même, Paris, Harmattan, 2021, 288 pages ;
JULIET (Charles), Rencontre avec Beckett, Paris, POL, mai 1999, 80  pages ;
KAMYABI MASK (Ahmad), «Rencontre avec Samuel Beckett», in Beckett in Conversion Yet Again, 2016, Vol 28, n°1, pages 77-83 ;
KENNER (Hughes), Samuel Beckett. A Critical Study, New York Grove Press, 1961,  208 pages ;
KNOWLSON (James), Beckett, Biographie traduite de l’anglais par Oristelle Bonis, Paris, Babel, 1999, 1115 pages ;  
LAWRENCE (Tim), Samuel Beckett. Critical Aesthetics, Palsgrave, Macmillan, 2018, 258 pages ;
LÉGER (Nathalie), Les vies silencieuses de Samuel Beckett, Paris, Éditions Allia, 2006, 118 pages ;
LIBERA (Antoni), Godot et son ombre, Paris, Éditions noir sur Blanc, 2012, 430 pages ;
LUSCHER-MORATA (Diane), La souffrance portée au langage dans la prose de Samuel Beckett, Amsterdam, Rodopi, 2005, 312 pages ;
MARISSEL (André), Samuel Beckett, Paris, éditions universitaires, 1963, 122 pages ;
MARTIN (Jean-Pierre),  «Vite, vite avant de pleurer : l’absolu de l’affect dans «Textes pour rien», Samuel Beckett Today/Aujourd’hui, 2000, n°10, pages 97-103 ;
McNAUGHTON (James), Samuel Beckett and The Politics of Aftermath, Oxford, University Press, 2018, 226 pages ;
MÉLÈZE (Pierre), Beckett, Paris, Seghers, collection «Théâtre de tous les temps»,
1966, 192 pages ;
METZLER (Sammlung), Samuel Beckett, préface de Peter Brockmeier, Stuttgart, Verlag JB Metzler, 2001, 235 pages  texte en allemand ;
NADEAU (Maurice), «Samuel Beckett ou le droit au silence», Les Temps Modernes, janvier 1952, n°7,  pages 1273-82 ;
NAUGRETTE (Catherine), Samuel Beckett, Lausanne, Éditions Ides et Calendes, 2017, 118 pages ;
NYKROG (Per), «In the Ruins of the Past : Reading Beckett Intertextually», Comparative Literature, 1984, n°36, pages 289-311 ;
O’BRIEN (Eoin), «Samuel Beckett et le poids de la compassion», Critique, août-septembre 1990 n°519-520, pages 641-653 ;
OPPENHEIM (Lois), «Nous me regardons” : objectivation et dysfonctionnement affectif dans l’œuvre de Samuel Beckett», Samuel Beckett Today/Aujourd’hui, 2000, n°10, pages 125-35 ;
PINGAUD (Bernard) «Beckett le précurseur», in Molloy de Samuel Beckett, Paris, Minuit, collection 10/18,1961, spéc pages 287-331 ;
RAHBARI (Morvarid), Le féminin dans l’œuvre dramatique de Samuel Beckett, thèse sous la direction de Joseph Danan, 15 décembre 2017, Paris, Université Sorbonne Nouvelle, Paris III, 393 pages ;
SAINT-MARTIN (Fernande), «Textes pour rien ou les grandes interrogations», in Samuel Beckett et l'univers de la fiction, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1976, spéc pages 211-230 ;
TASSE (Marianne), Temps et mémoires dans les «Textes pour rien», de Samuel Beckett, mémoire sous la direction d’Anne Hélène Cliche, février 2009, 101 pages ;
TERESZEWSKI (Marsin), The Aesthetics of Failure : Inexpressibility in Samuel Beckett’s Fiction, New Castle Upon Tyne, Cambridge Scholar’s Publishing, 2013, 99 pages ;
TONNING (Erik), FELDMAN (Matthew), ENGELBERTS (Mathijs), VAN HULLE (Dirk), Samuel Beckett : Debts and Legacies, Amsterdam, New York, Rodopi, 2010, 482 pages ;
VERBURGH (Clémence), Samuel Beckett : l’écrivain du néant, comment faire anti-littérature, Kindle Scribe, 2015, 36 pages ;
VIALAS (Philippe), «Figures de l’errance», Critique, août-septembre 1990, n°519-520 pages 719-724 ;
WEBER-CAFLISCH (A), «Lumière de Bram van Velde sur Beckett», in Bram van Velde, Catalogue du centenaire, Genève, Musée Rath, 1996, pages 277-88 ;
WINSTON (Mathew), «Watt’s First Footnote», Journal of Modern Literature, 1977, n°6, pages 69-82.
Paris, le 25 février 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

 

«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
«Samuel BECKETT (1906-1989), Prix Nobel de Littérature, poète, dramaturge de l’absurde, écrivain transgressif, de la solitude et de la souffrance» par Amadou Bal BA -
Partager cet article
Repost0
4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 18:52
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

Jean-Michel ROSENFELD, né à Paris 4ème, le 5 mars 1934, mort à Paris le 4 mars 2023, était un militant Socialiste du 20ème arrondissement, donc un voisin que je côtoyais régulièrement et de très longue date. Notre dernière rencontre se situe le 22 septembre 2022, lors de la projection d’un film, sur l’immigration, à l’Hôtel de Ville de Paris, sous le patronage de Mme Geneviève GARRIGOS et M. Hamidou SAMAKE, adjoints à la Maire de Paris. Militant de la SFIO, depuis 1960, à Bonneuil-sur-Marne, puis à Limeil-Brévannes de 1971 à 1980, après le Congrès de Metz, il occupe à Paris, auprès de Pierre MAUROY, le chargé de relations extérieures.

Conseiller spécial de Pierre MAUROY (1928-2013, Voir mon article du 15 janvier 2021, Médiapart) à la Fondation Jean-Jaurès, Jean-Michel a été chargé de mission auprès de Pierre MAUROY, Premier ministre, de la communication et les relations extérieures, de 1981 à 1984, et chef adjoint de cabinet auprès de Michel DELEBARRE (1946-2022), ministre du Travail, de 1984 à 1986. Membre de la section «Cadre de vie» au Conseil économique et social de 1988 à 1990 et de 1992 à 1994, Jean-Michel ROSENFELD a été sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM) de 1993 à 1998. Officier des Arts et Lettres, Officier de la Légion d’Honneur, notre Jean-Michel a été adjoint au maire du XXème arrondissement de Paris de 1995 à 2008.

Ce qui caractérisait Jean-Michel ROSENFELD, avant tout, c'est sa profonde sincérité dans son engagement anticolonialiste et antiraciste. Pour l'engagement aux côtés des racisés ce n'est pas cette tape dans le dos, ces lettres d'attente à la con, ce refus de se présenter à nos rencontres. Non, à chaque fois qu'on organisait nos rencontres d'Equité, pour la diversité et l'inclusion en politique, non seulement il était présent et il prenait la parole et restait jusqu'au bout.

J'ai donc, au cours de nos échanges, fini par apprendre que Jean-Michel a été 33 fois au Sénégal. Il avait une connaissance profonde, peut-être même intime du Sénégal. Aussi je suis profondément triste un Grand baobab est tombé, un arbre de la Fraternité au moment où la «Vieille Maison», en état de délabrement avancé, vacille et menace de s’écrouler. Jadis, Lionel JOSPIN, premier ministre de Gauche, avait boudé les funérailles du président socialiste, défenseur de la francophonie, Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001, voir mon article). «Alors j'ai honte, honte pour eux et pour nous, Français, qu'ils représentent, honte de leur oubli et de leur petitesse» écrit dans le Monde du 4 janvier 2002, Erik ORSENNA, écrivain, académicien.

La disparition de Jean-Michel est celle aussi d'un monde de la sincérité et de l'authenticité, contre ce bal des faux-culs. Enfant d’un juif polonais, Joseph ROSENFELD (1911-1976) dont la famille est installée en France depuis 1907, et de Jacqueline ALTMAN, une juive alsacienne, ayant vécu «sa guerre» dans Paris, plus tard, homme engagé dans la politique pétri d'humilité, Jean-Michel est resté à l'écoute des voix authentiques de la Cité. Comme il le raconte dans ses autobiographies, Jean-Michel a reçu de ses parents le refus de l'arrogance et le goût de l'humanisme, cette musique de la Fraternité.

On assiste, dans ce pays des droits de l’Homme, avec son message universel, à une résurgence grave des forces du Chaos. De nos jours face au déchaînement sans précédent des précédent des chaînes de Vincent BOLLORE, un torrent de boue et de haine, on préfère construire un mur à la Porte de la Villette pour contenir les réfugiés africains livrés aux intempéries et à la drogue. On préfère aussi aller montrer sa tronche en Ukraine. Et pourtant les portes de la Chapelle et de la Villette ce n'est pas loin, il suffit seulement de prendre le métro ! En dépit, du précédent de 1940, des succès électoraux de la petite entreprise familiale, de la large diffusion des idées conservatrices, négrophobes et islamophobes, la possibilité du fascisme est généralement balayée d’un revers de main par les commentateurs : la République française est la patrie autoproclamée des droits de l’Homme.

Pourtant un fait grave et récent, est une alerte sérieuse, c’est le cas de Christiane CONSTANT, première fédérale socialiste du Rhône, élue à 55,93% le jeudi 2 mars 2023, s’est réjouie, dans un SMS, selon le journal «Le Progrès», d’avoir éliminé tous ces «macaques». M. Olivier FAURE, dans un communiqué, a indiqué que Christiane CONSTANT est démise de ses fonctions, et suspendue au Parti Socialiste. Auparavant, Julien DRAY, membre fondateur de SOS-RACISME, disait que le Code noir, réifiant le corps des Noirs, serait un progrès social : «On se focalise sur Colbert. Mais la vérité historique, c’est que d’un certain point de vue, le Code Noir dans l’histoire de l’esclavage, c’est un progrès» dit-il le 24 juin 2020 sur CNews. Serge KLARSFELD, pourtant chasseur de nazi, acceptant d’être décoré par Louis ALLIOT, maire du R.N. de Perpignan, a estimé que le Rassemblement aurait favorablement évolué : «J’ai observé qu’il y a quand même une évolution : Marine Le Pen a pris position l’an dernier et cette année encore sur le Vél’ d’Hiv’. J’ai dit publiquement que c’était 'un pas en avant» dit-il au journal Libération du 15 octobre 2022. Le Rassemblement national, même s’il recherche une respectabilité, avec son «détail de l’Histoire», est toujours un Parti fasciste.

On profère, dans ce pays des droits de l’Homme avec son universalisme, devant de tels propos si ignobles, personne ne réagit, en appelant à manifester, à commencer par les racisés. Bien des gens pensent que le fascisme, comme le nuage de Tchernobyl, ne peut jamais triompher en France. Or le fascisme commence toujours par des mots et les actes suivent après, disait en substance, Victor KLEMPERER (1881-1960), dans son livre, «LTI, la langue du IIIème Reich». Les Américains disaient que les Indiens sont des sauvages dans ses Westerns, John WAYNE (1907-1979), un raciste assumé, les massacrait ; au cinéma sans y prendre garde on applaudissaient. La colonisation commence par prétendre poursuivre une «mission civilisatrice», puis arrive «la pacification» les massacres pour prendre nos terres et nos matières premières. Nicolas SARKOZY a inventé le concept «d'identité nationale», ou «l’Afrique n’est pas entrée dans l’Histoire», glorifiant du même coup, un peu plus, les idées du RN. SARKOZY  a zigouillé Mouammar KADHAFI (1942-2011) et répandu le terrorisme au Sahel, notamment au Mali. Depuis lors, le parti, les Républicains, est dirigé par Eric CIOTTI, un ami de Mohamed ZEMMOUR. François HOLLANDE a été odieux avec son concept de «déchéance de la nationalité», légitimant un peu plus les idées d’extrême-droite.

Emmanuel MACRON, un bébé HOLLANDE, qui a recruté des ministres Sarkozystes, a basé toute sa campagne sur des idées rassemblement national et donc la théorie du complot que les racisés seraient des ennemis de l'intérieur. Depuis qu’il est réélu, le président des riches a donné des postes de vice-présidents à l’assemblée nationale aux fachos, réactivé ses funestes réformes contre les faibles (retraites, chômage, nième loi encore plus répressive sur les étrangers) et maintenant on parle du gel du point d’indice pour les fonctionnaires jusqu’en 2027.

En particulier, la dématérialisation des dossiers de renouvellement de titres de séjours d’étrangers en situation régulière est l’un des plus grands scandales de notre temps, des préfectures, comme celle de l’Essonne, refusent d’instruire les dossiers des étrangers, les basculant ainsi dans l’illégalité. Stop à ce fascisme qui arrive !

Nous devons tous, quelles que soient nos origines ethniques, notre couleur po ou nos conditions sociales, rester solidaires devant les ennemis de la République, et c’est la meilleure façon d’honorer la mémoire de Jean-Michel ROSENFELD, en combattant plus énergiquement ce fascisme rampant.

Jean-Michel ROSENFELD restera, à jamais, dans nos cœurs !

Repose en paix, «Djambar» en Ouolof ou «Djambaro» en Peul, ce guerrier sincère et infatigable de la Fraternité !

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ROSENFELD (Jean-Michel), Je poursuis mon chemin : L’étoile, le triangle, la rose, juin 2005, éditions de l’Amandier, 90 pages.

ROSENFELD (Jean-Michel), Les lumières de l’espoir, décembre 2005, éditions La Bruyère, 84 pages.

Paris, le 4 mars 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean-Michel ROSENFELD (1932-2023) le plus sénégalais de tous les Socialistes français. Un Djambar de la Fraternité», par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 01:01
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/ #mackysall
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Le docteur, Ibra Mamadou WANE est né le 3 juillet 1927 à M’Boumba, dans la région de Podor, au Sénégal. Contrairement à une idée reçue, M’Boumba n’est pas la capitale du Lao, il n’y a pas de cimetière des Almamy. En revanche, le clan des WANE, venu de la partie mauritanienne du Fouta-Toro, y est puissant. Son frère, Birane Mamadou WANE, (1932-1974) résidant en Mauritanie, a été ministre des affaires étrangères de son pays de 1966 à 1968, en même temps que le sénégalais, docteur Ibra Mamadou WANE. Différents mariages, allant au-delà des castes ou catégories socio-professionnelles, s’y sont développés, formant un remarquable brassage des populations. Dans le passé, les conflits, pour la conquête ou la conservation du pouvoir, au sein de cette aristocratie des WANE, ont parfois conduit jusqu’au meurtre. Mais cette discorde, c’est de l’histoire ancienne. La légende raconte qu'initialement l'ancêtre lointain des WANE portait le patronyme de «DIENG» ; C'était un grand marabout que les habitants venaient consulter près d'un «Wandé» ou termitière en Peul, puis «Wandé», par déformation, est devenu «WANE».
M'Boumba était une ville sans tata, sans fortification, mais il y avait un «Touldé», une sorte de monticule, permettant au-loin de repérer, d’éventuels agresseurs venant attaquer, en ces temps sombres, la ville. Le premier instituteur de mon village, Danthiady, en 1961, Oumar NIANE (1931-2016), est originaire de M’Boumba.
Après des études coraniques, l’école primaire dans différentes villes (M’Boumba, Saldé avec comme instituteur Issa KANE de Matam, Boghé, Dagana et Saint-Louis, avec comme enseignant Abdoulaye SADJI (1910-1961), il entre à l’école primaire supérieure Blanchot de Saint-Louis.
Ibra Mamadou WANE fréquente d’abord l’école normale William Ponty de Sébikhotane, puis l’école normale supérieure de Dabou, en Côte-d’Ivoire. Il entre, par la suite, au Lycée Van Vollenhowen de Dakar, et obtient un baccalauréat.
Ibra Mamadou WANE a étudié à la faculté de Montpellier la médecine, où il a décroché sa thèse d’Etat de doctorat.
Docteur d’Etat en médecine, Ibra Mamadou WANE enseigne à la faculté de médecine de Dakar. Il est nommé chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Aristide Le Dantec. Directeur-adjoint et Secrétaire général, il est membre de l’Institut ouest-africain de lutte contre le cancer. Il devient également interne titulaire des hôpitaux de Nice, et instituteur du cadre supérieur à l’école de Colobane, à Dakar.
Dans sa longue, riche et noble vie, Ibra Mamadou WANE a occupé de nombreuses fonctions politiques ou administratives. Il a été, de 1962 à 1966, le premier à exercer les fonctions de Ministre de l’Education, par un échange de lettres avec la France du 20 mai 1964, un échange de lettres avec la France, dont le personnel technique est resté massivement présent au Sénégal, a permis la reconnaissance des diplômes sénégalais en France, la validation des programmes d’études, la scolarité et les examens, ainsi que le statut des enseignants français au Sénégal. Ibra Mamadou WANE a été aussi Ministre de l’Education nationale et de la culture. C’est à ce titre, qu’il a piloté, avec Alioune DIOP (1910-1980, voir mon article), le premier festival mondial des Arts Nègres à Dakar du 1er au 24 avril 1966, dont l’objectif est de faire ressortir toutes les contributions de la Négritude aux grands courants de pensée et à de nombreuses formes d’art et apporter l’occasion aux artisans africains de faire connaître leur talent. En 1966, à la suite de la réintégration de Amadou Makhtar M’BOW et Abdoulaye LY (1919-2013) dans le gouvernement, Ibra WANE a été en charge du poste de Ministre de l’Energie et de l’hydraulique du 15 juin 1966 à 1968.
La grève des étudiants et des travailleurs de 1968, s'inscrivant dans une conjoncture économique et sociale difficile, se traduisent par trois remaniements successifs en trois mois et provoquent le départ de plusieurs ministres ou personnalités, parmi les plus anciens, des poids lourds emblématiques de la vie politique sénégalaise, dont le docteur Ibra Mamadou WANE, Alioune Badara M’BENGUE (1924-1992), Doudou THIAM (1926-1999) et Amadou Racine N’DIAYE (1925-2007).
Cependant, Ibra Mamadou WANE est maintenu fonctions de parlementaire, pendant six législatures, un record absolu,  de 1959 à 1988, député, et il reste président de la commission des affaires étrangères, de 1966 à 1988.
Ibra Mamadou WANE, dit Samba Défa, a aussi été élu maire de Podor, président de l’association des maires du Sénégal et président de l’assemblée régionale du Fleuve. Le Centre de lecture et d’animation culturelle de M’Boumba porte désormais, d le nom de Docteur Ibra Mamadou WANE. Actuellement, c’est maître Sadel N’DIAYE, avocat au 47 avenue de la République, immeuble Sorano, 10ème étage, à Dakar, grand-frère de mon ami et voisin, d’Ibra Ciré N’DIAYE, est depuis plus de trois mandats, maire de M’Boumba.
Militant du Parti socialiste, Ibra Mamadou WANE a été le Secrétaire général de la coordination de Podor, Secrétaire de l’Union régionale du Fleuve et membre du Bureau politique.
Dans les domaines associatifs, Ibra Mamadou WANE a présidé l’association des lépreux du Sénégal, une maladie concentrant à seule la misère sociale de certaines populations, considérées comme des parias de la société et ostracisées. La persistance de la lèpre, comme de la tuberculose et la lèpre, est due à l’insuffisance non seulement au peu d’intérêt et aux faibles moyens consacrés par les pouvoirs publics, mais aussi aux conditions précaires de certaines personnes. Aussi, en janvier 1960, c’est-à-dire juste quelques mois après l’accession à l’indépendance, le docteur et député, Ibra Mamadou WANE, dans son empathie et sa compassion, a déposé un projet de loi à l’Assemblée nationale,  tendant à la création de formations hospitalières spéciales, tendant à combattre la lèpre et la tuberculose, des épidémies jugées infamantes.
Dans sa lutte pour l’indépendance, Ibra Mamadou WANE, l’un des pères fondateurs de la nation sénégalaise, a été membre fondateur et du conseil d’administration de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), mais aussi président de l’association générale des étudiants africains (AGEAM).
En 1983, Ibra Mamadou WANE était pressenti pour devenir président de l’Assemblée nationale du Sénégal. Un télex a même était envoyé à Jeune Afrique. Au dernier moment, il semble que c’est Abdou DIOUF qui aurait bloqué cette décision. C'est finalement Daouda SOW (1933-2009) qui a pris le perchoir.
Ibra Mamadou WANE nous a quittés le 3 mars 2023, à l’âge de 95 ans et 8 mois. Un communiqué du Ministre de la culture déclare que «le Sénégal perd un Grand bâtisseur de la Nation, un fils aux valeurs intellectuelles et morales de référence». Si on comprend bien cet hommage de l’Etat, je m’attends à ce que le docteur Ibra Mamadou WANE, cet illustre Foutankais, soit en conséquence, honoré à titre posthume, des rues, des espaces publics, devraient porter son nom. En effet, grand serviteur de l’Etat, homme généreux, discret, ayant le sens du partage et de la solidarité, Ibra Mamadou WANE était aussi le médecin personnel de El Hadji Seydou Nourou TALL (1862-1980), fils d’El Hadji Omar TALL Foutiyou (1794-1864, voir mon article). Même après sa retraite, il faisait chez lui des consultations médicales et payait les ordonnances de ses patients. D’une grande intégrité et probité, médecin, enseignant et homme politique de 1959 à 1988, il n’avait qu’une seule maison, à la Sicap, à Dakar. Il a réglé de ses deniers personnels les études de ses enfants en France.
Ibra Mamadou WANE était marié à Jacqueline Fatima, une Française originaire du Vercors, rencontrée à Montpellier, secrétaire à la faculté des sciences à l’Université de Dakar, elle lui a donné cinq enfants :
Deux de ses enfants sont déjà décédés : Almamy et Birane.
  • Sali, troisième enfant, est mère d’un médecin qui a repris le cabinet médical de son grand-père à Dakar ;
  • Défa, quatrième enfant est un médecin, réside au Rwanda ;
  • Thierno, cinquième enfant, un informaticien, vit en France, à Montpellier.
A ses descendants, à mon ami et frère, Ibra Ciré N’DIAYE du 20ème arrondissement, dit «Demba Moddjo», qui porte son nom, je leur adresse mes sincères condoléances. Yo Allah Yourmomo Yaffomo dit-on en Peul.
Paris, le 3 mars 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Ibra Mamadou WANE (1927-2023), médecin, député, maire et Ministre» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
2 mars 2023 4 02 /03 /mars /2023 18:42
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
En 2022 sort le premier long-métrage de fiction d’Alice DIOP, «Saint Omer», qui reconstitue à travers les yeux d’une romancière noire le procès d’une mère infanticide inspirée de Fabienne Kabou, une Sénégalaise habitant à Paris, traductrice à l’ONU, qui abandonna, le 19 novembre 2013 son bébé métis née le 9 août 2012 (15 mois), Adélaïde, sur une plage de Berck-sur-mer, dans le Nord de la France, à la marée montante, «pour que la mer emporte son corps» écrit Pascale ROBERT-DIARE du journal Le Monde. «Découvrant cette photo dans la presse, j’ai l’impression de reconnaître le visage de cette mère infanticide, de savoir qui elle est. J’ai en tout cas la certitude qu’elle est sénégalaise. Nous avons presque le même âge. Mon fils est métis comme l’était sa fille, et encore tout petit. Cette histoire me fascine. Quand survient le procès en juin 2016, poussée par une identification inavouable, je décide de m’y rendre malgré la mise en garde de certains de mes proches et le sentiment de danger que j’éprouve» dit Alice DIOP à Télérama. Alice DIOP épouvantée par le récit de la mère, décide de s’inspirer de ce fait tragique, pour en faire une fiction «La manière dont elle dit avoir bercé l’enfant et l’avoir offert aux flots, tel Moïse, avait une dimension mythologique. Mais le médecin légiste est venu à la barre et, à la vue des photos du corps, l’identification s’est effondrée. Je me suis enfuie de la salle et j’ai fait ma valise. J’étais dans la haine de Fabienne Kabou, d’autant plus dans la haine que je me défendais de m’être identifiée à elle» dit-elle. Fabienne Kabou, dans un délire paranoïaque, convoquant les forces de l’esprit, le maraboutage, derrière l’horreur de son crime, se retranche derrière dans tout son mystère, la violence de ce qu'elle a vécu, de ce qu'elle a fait, ses manières de défier et d'esquiver, de manipuler ou de mentir. «J'étais poussée dans le dos, guidée par la lune» dit Fabienne KABOU, à son procès. Dans cette tragédie, au-delà de l’horreur de ce crime et son mystère, Fabienne Kabou, véhémente, cassante et une intelligence supérieure, s’exprime dans une langue épurée, châtiée «Cette langue la met à distance, ne donne pas la possibilité de l’empathie, elle assigne le spectateur dans une position d’infériorité. Cette langue puissante, énoncée par une femme noire, vient faire vaciller tous les fantasmes, toutes les certitudes, que l’imaginaire colonial n’a pas l’habitude d’entendre d’une femme noire lettrée, intellectuelle» di Alice DIOP.
Le film «Saint-Omer», cette incursion dans la fiction, un scénario co-écrit avec Amrita DAVID et Marie N’DIAYE, Prix Goncourt, se révèle être un coup de maître : le film remporte le Lion d’argent, Grand Prix du jury et le prix du premier film à la Mostra de Venise, avant d’être choisi pour représenter la France aux Oscars en 2023. Alice DIOP obtient également le prestigieux Jean Vigo, qui distingue l’indépendance d’esprit, la qualité et l'originalité des cinéastes. La force du film c’est qu’il ne se contente pas de dénoncer les clichés, il travaille à les déconstruire et à ouvrir les yeux de ceux-là mêmes qui les subissent sans les remettre en cause, tant ils intègrent l’illégitimité où on les assigne. En effet, Fabienne Kabou, tantôt manipulatrice, tantôt pathétique, loin d’être une femme immigrée illettrée, s’exprime en français dans châtiée. «On ne sera ni de passage, ni un effet de mode» dit Alice DIOP.
«Faire du cinéma, pour moi c'est vital, au sens où cela m'aide à vivre, c'est une façon de réparer des blessures causées par le silence» dit Alice DIOP. Cette émergence de la réalisatrice Alice DIOP, en pleine montée des forces du Chaos en France, et en Europe recroquevillée sur elle-même et sûre de ses valeurs, détonne dans le paysage politique. «La France tu l’aimes ou tu la quittes» disait pourtant un facho, niant ainsi l’universalisme, les valeurs profondément républicaines et le multiculturalisme de de la France. En raison de ce discours haineux, allant au-delà des forces d’extrême-droite, la droite étant désormais lepénisée, la possibilité du fascisme, en dépit du précédent de 1940, est généralement balayée d’un revers de main par les commentateurs, considérée, par eux, comme le nuage de Tchernobyl, comme hautement improbable, la République française étant la patrie, par excellence autoproclamée des droits de l’Homme, de l’universalisme. Dans ces injonctions de hiérarchisation des cultures, dans ce racisme décomplexé, Nicolas SARKOZY a inventé le concept «d’identité nationale» ; les digues sont rompues, d’autres évoquant les «valeurs chrétiennes» de la France ou le risque d’un «Grand remplacement». En effet, «Le règne de Nicolas Sarkozy, ça été très violent. J’ai arrêté de regarder la télé et d’écouter la radio, j’avais l’impression à chaque fois de me faire agresser. La langue française a été corrompue par l’infiltration des mots du fascisme qui est d’abord des mots avant de devenir des actes. L’arrivée au pouvoir du socialiste, François Hollande n’a absolument pas transformé les choses. « Mille piqures de moustiques sont pires qu’un coup de massue. On s’accommode de l’horreur, de petites choses estimant que cela n’est pas grave, jusque cela le devienne. Qu’est-ce qu’on fait face à la montée du racisme, de ces haines. J’ai l’impression que rien ne bouge et qu’on accepte tout» dit, en 2013, Alice DIOP à Mehdi LALLAOUI. Victor KLEMPERER (1881-1960), un philosophe allemand, dans son livre la langue du IIIème Reich, a pu examiner la destruction de l'esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. Notre chère France républicaine et humaniste, a du mal à se guérir de cette langue contaminée ; et qu'aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations. En effet, on assiste, de plus en plus, à une profusion d’images dans les médias, mais essentiellement celles qui glorifient un système dominant, celui d’une démocratie ethnique, fondée sur un «privilège de l’homme blanc» en référence à une expression de Jean-Paul SARTRE (1905-1980, voir mon article). «La langue, comme performance de tout langage, n’est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement : fasciste ; car le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire» écrit Roland BARTHES. Sans aucune honte, fini les précautions d’usage, désormais, des personnalités politiques et médiatiques utilisent le racisme pour leur fonds de commerce, en se fondant sur le sentiment de la peur du racisé, notamment un prétendu «séparatisme» ou «communautarisme» ; d’autres, habillés d’un faux manteau d’humanisme, veulent parler à la place des racisés, mais pour faire uniquement leur promotion personnelle.
En réalité, le racisme n’est qu’une banale question de partage de gâteau ; les racisés, refusant d’être relégués au rang d’indigènes de la République, veulent occuper la juste place de citoyens qui leur revient, dans tous les lieux de décisions, notamment la culture et l'art, pour exprimer leur puissance créatrice et se faire respecter, en mettant de la couleur dans le cinéma. «Il n'y a rien à dire» signifie : «Nous n'avons rien à dire d'important car nous ne sommes rien, notre récit n'est pas glorieux, ni épique, c'est celui des vaincus» dit Alice DIOP. Par conséquent, Alice DIOP, dans son cinéma, est à la recherche de son identité «Tout ce que j'apprenais, c'est à dire toute cette histoire coloniale qui ne m'avait jamais été racontée, éclairait mon présent : ma vie intime, la femme que j'étais, les relations que je pouvais avoir avec mes parents, leur mélancolie, etc. C’étaient des découvertes extrêmement fortes, mais j'avais l'impression qu'elles étaient circonscrites dans un cadre où il n'y avait aucun écho. Et tout d'un coup, découvrir avec "Contes et décomptes de la cour" d'Eliane de Latour qu'un travail universitaire de sociologie, d'anthropologie et d'histoire pouvait finalement prendre une forme sensible et offrir la possibilité aux gens de partager un savoir qui peut être extrêmement pointu, ça a été ma première rencontre avec le cinéma» dit-elle. Dans cette optique, Alice DIOP a choisi un cinéma fondé l’engagement artistique, résolu et vigoureux, visant à remettre au centre du jeu ceux qui ont été marginalisés «Je filme la Seine-Saint-Denis pour montrer les gens qui y vivent, montrer la complexité de leurs vies. Cette plongée, c’est aussi une manière d’interroger le centre, d’interroger la société et les relations qu’elle entretient avec les espaces et personnes qui sont maintenus à la marge. Ces histoires que je recueille sont là pour compléter un récit national qui ne les intègre pas. On ne peut plus se contenter de ce qui est produit dans et par le centre. C’est pour ça que je vais dans ces marges afin de voir comment on peut recréer un autre modèle, une autre perspective» dit-elle. La réalisatrice, Alice DIOP, cette Séné-Gauloise, refuse d'être réduite à la couleur de peau ou à ses origines ; elle a relevé la tête et a pris la parole à travers son métier de cinéaste, pour changer la vie et le monde de ces personnes gagnées par le fatalisme. Différents, mais égaux. «Mes silences ne m’avaient pas protégée. Votre silence ne vous protégera pas non plus.  Nous ne nous tairons plus» avait dit à Venise Alice DIOP citant, dans «Sister Outsider», la poétesse, féministe et militante des droits civiques américaine, Audre LORDE (1934-1992). La peur et le silence ne protègent pas.
Alice DIOP est une scénariste et réalisatrice née en 1979, à Aulnay-sous-Bois, à la Cité des 3000, en Seine-Saint-Denis, de parents sénégalais. Son père, Ousmane DIOP (1934-2005), un Sérère, né le 20 juillet 1934, à Sokone, arrivé en France par bateau, à Marseille, le 16 mars 1966, est ouvrier dans l’industrie de l’automobile et sa mère, Rokhaya, est femme de ménage analphabète. À 9 ans, Alice voit le cadavre du fils de sa voisine dans la cage d'escalier. Mort d'une overdose. «C'est comme si je revêtais ma mémoire d'un habit féerique occultant la violence à laquelle on était aussi confronté» dit-elle à Marie-Claire. Cependant, le caïd du coin, qui va mourir du SIDA, savait aussi offrir des friandises aux enfants du quartier.  «Quand on grandit en banlieue, on est mû par un désir de partir. La survie, c'est la fuite» dit Alice DIOP. Elle lit beaucoup dès son jeune âge : «La solitude. Je suis la dernière d’une fratrie de cinq. Il y a une grande différence d’âge entre mes soeurs et moi. Adolescente, j’étais très timide, très mal dans ma peau, et je me suis totalement abritée dans la littérature, dans les livres. Les mots étaient un véritable refuge pour l’enfant que j’étais, et c’est encore le cas aujourd’hui. Dès que je ne vais pas bien, je prends un livre. Je suis une lectrice compulsive» dit-elle à Mame Fatou NIANG. Elle découvre SENGHOR et CESAIRE devenus ses références pour se forger une identité et c’est Nina SIMONE sa «mère spirituelle».
Après un Master en Histoire et un DESS en sociologie visuelle, Alice DIOP s'est lancée dans l'écriture et la réalisation de documentaires. Attirée par l’art et la culture, Alice est une lectrice avide et une excellente élève durant son enfance et son adolescence. Elle s’oriente vers des études d’histoire puis de sociologie visuelle à l’université Paris, Panthéon Sorbonne. Alice DIOP qui a réalisé un documentaire, «Mon père ici et là» estime que l’histoire des immigrés n’a jamais été racontée de façon positive ; il est donc question, pour elle, de mettre en lumière les marges et donc de les sortir de la marginalité. Les racisés restent encore une minorité invisible restée, étrangement silencieuse, face aux graves calomnies dont elle fait pourtant l’objet quotidiennement «J'ai fait des études d'histoire, de la «grande histoire» comme on dit, pour essayer de comprendre ce qui se passait chez moi, la mélancolie de ma mère, la tristesse de mon père. Cela m'a beaucoup éclairée sur ce que nous vivons, mais à un moment, l'approche historienne ne m'a plus suffi, à la fois pour comprendre et pour partager, et j'ai eu besoin du cinéma. Pour décrire et interroger le monde où je vis et qui est habité par ces fantômes. Tous mes films sont traversés par ces questions, même si ce n'est pas frontalement exposé» dit-elle à Slate. Cependant, Alice DIOP, refusant les assignations perpétuelles, n’est pas une cinéaste de la banlieue, c’est une cinéaste, tout court, sans autre élément réducteur : «Avant «Saint Omer» j'ai toujours tourné dans mes lieux et parmi les miens. Alors que non seulement ce n'est pas un parti pris conscient, mais aussi que je me suis toujours battue contre le fait d'être définie comme une cinéaste de la banlieue. Je suis, j'ai toujours considéré que j'étais, une cinéaste et point final» dit-elle.
L’année 2005 marque ses débuts de réalisatrice avec le court-métrage «La Tour du Monde»  et enchaîne avec d’autres courts et moyens métrages documentaires, dont certains comme «la Mort de Danton» et Vers «La Tendresse» sont sélectionnés et primés en festivals.
«Clichy pour l’exemple», en 2006, relate l’affaire Bouna et Zied qui avait provoqué en 2005 des émeutes urbaines, de Clichy-sous-Bois où tout est parti. La mort de deux adolescents, puis la révolte, la colère et l’indignation. D’ici est parti le brasier qui enflamma comme une traînée de poudre l’ensemble des villes limitrophes avant de se propager au reste de la France. En prenant Clichy pour exemple, ce film tente de sonder les raisons de la colère. J’ai voulu regarder d’ici l’ensemble des violences invisibles, celles qui font rarement la une des journaux, mais qui portent pourtant les germes de la révolte de novembre 2005. De la cité à l’école, de l’école à la mission locale, en passant par le cabinet du maire, chacun essaie chaque jour de lutter contre les injustices sociales qui empoisonnent toujours un peu plus la vie dans les banlieues. Un an après les émeutes, le constat est amer : «Rien de nouveau sous le soleil» à Clichy-sous-Bois. «Je voudrais dédier ce César à d’autres jeunes garçons dont les voix portent peu, pas assez et pour certains même plus du tout : Théo Luhaka, Adama Traoré, Zyed et Bouna, Amine Bentounsi, Wissam (El Yamni)» dit Alice DIOP, en 2017, pour son César «Vers la tendresse».
En 2007, dans «les Sénégalaises», en passant un mois au Sénégal, munie d'une petite caméra, Alice, la Sénégauloise, filme la vie quotidienne, en dressant le portrait de trois femmes de sa famille : Néné et ses deux filles Mouille et Mame SARR. «Définir, c’est réduire, je n’autorise  à personne le droit de dire qui je suis ou j’étais ; ce qui pose problème, c’est l’indifférence ; on ne sait plus regarder ce qui nous entoure, dans ce climat de choses immondes» dit Alice DIOP à Mehdi LALLAOUI. Ce film, c'est le portrait d'une cour et des femmes qui y vivent, trois Sénégalaises urbaines. Une mère et ses deux filles. Cette cour, c'est un peu la métaphore du gynécée au Sénégal : un espace cloisonné, exclusivement féminin, où face à l'adversité du quotidien, certaines luttent, tentent de se battre quand d'autres attendent, «lézardent» et rêvent de partir. Ici, il n'y a pas d'hommes, mais beaucoup d'enfants, des allées et des venues, un vaste chaos géré par ces femmes, qui seules, font en sorte que tout tienne. Cette cour, c'est la cour de ma mère, celle de son enfance. Cette cour, j'aurais pu y naître.
Le film, «Nous», en 2022, d’Alice DIOP, est une exploration de la banlieue parisienne en suivant la ligne du RER B du Nord au Sud. Alice DIOP y filme les catholiques rendant hommage à Louis XVI à Saint-Denis, la chasse à courre dans les Yvelines. En fait, la France, loin d’être monolithique comme le suggère l’esprit colonialiste et assimilationniste, est faite d’identités multiples, des républicains, comme des aristocrates et des monarchistes, des immigrants de tous les continents. En effet, Alice DIOP invite à la curiosité de l’autre et à refuser, fondamentalement le déterminisme social. Par conséquent, «Ce «nous» est une addition de singularités. Le cinéma me permet d’abolir ces frontières dans lesquelles les mondes restent côte à côte» dit-elle. Par conséquent, Alice DIOP née à Aulnay et habitant à Montreuil ; parle aussi de l’histoire de sa famille, à partir d’archives retrouvées, afin de reconsidérer ces lieux de relégation et les relégitimer. La vie des banlieusards est légitime d’être racontée et regardée. Son père était passionné de photographie et sa mère prenait le RER B, à 5 heures du matin, une France qui se lève tôt, mais minorité invisible «Ce qui m’intéresse dans ce film à partir de mes archives, c’est ce que mes archives manquantes racontent bien plus que moi, les lacunes de ces vies, la part manquante de toute une histoire française qu’on n’interroge pas» dit-elle. C’est un film en hommage à François MASPERO (voir mon article sur cet éditeur et écrivain), à travers «Les Passagers du Roissy Express», a appris à Alice DIOP à «aimer ce qu’elle avait sous les yeux». En effet, pour François MASPERO, le voyage est au bout de la rue, et de soi. Être poète, c’est regarder ce qu’il y a juste à côté, résister à l’exotisme du voyage au cours duquel on ne voit rien. Outre les questions que portent le titre (quel serait ce nous ? Que dessine-t-il ?), l'ensemble interroge plus largement le fondement politique de gestes artistiques, littéraires ou cinématographiques. D'Ismaël, mécanicien sans-papier penché sur le moteur d'une voiture, aux fidèles royalistes assistant à une messe à la basilique de Saint-Denis, du mémorial de la Shoah à Drancy à la tournée de la sœur de la cinéaste, infirmière, dans des zones pavillonnaires, l'ensemble compose un portrait disparate de la société française. Se dessinent également les réflexions intimes d'Alice DIOP sur le cinéma, à travers l'évocation de ses parents et la convocation d'archives familiales, comme par sa rencontre avec Pierre BERGOUGNIOUX, chez lui. Le dialogue avec cet auteur dont la démarche consiste à «dire les gens de peu» se donne comme programmatique du film. Quant à la séquence inaugurale où un homme observe avec son épouse et son petit-fils un chevreuil, elle porte en elle l'ambiguïté du geste documentaire, comme du film. Si filmer c'est aussi repérer un sujet, l'observer et s'en approcher, la scène finale de chasse à courre – renvoyant à l'introductive – énonce par ce bouclage de boucles les fractures profondes traversant ce dit «peuple».
«La permanence», en 2018, concerne les consultations médicales à l'intérieur de l'hôpital Avicenne, à Bobigny en Seine-Saint-Denis. C'est un îlot au fond d'un couloir. Une pièce vétuste où atterrissent des hommes malades, marqués dans leur chair, et pour qui la douleur dit les peines de l'exil. S'ils y reviennent encore, c'est qu'ils ne désespèrent pas de trouver ici le moyen de tenir debout, de résister au naufrage. Pour ces individus que le discours commun réduit à la figure de l'immigré, et pourtant chacun porte en lui, une singularité irréductible. «On m'a parlé de peuples et d'humanité. Mais je n'ai ­jamais vu de peuples ni d'humanité. J'ai vu toutes sortes de gens, étonnamment dissemblables» dit Fernando PESSOA (1888-1935), un écrivain, critique et polémiste, portugais.
«La mort de Danton», en 2012, relate la vie de Steve du haut de ses 25 ans, un jeune socialement défavorisé, la dégaine d’un «loulou des quartiers» ceux-là même qui alimentent chaque jour les faits-divers sur la violence des banlieues. «Le plus autobiographique de mes films, même si je maîtrise mieux que Steve les armes du langage pour me défendre contre la ­violence des rapports de domination. J'y raconte comment l'on peut être ­enfermé dans l'image que l'autre veut nous voir habiter» dit Alice DIOP. Il faut dire que «petite racaille», il l’était encore il y a quelques mois. Avec ses potes, compagnons d’infortunes, il «tenait les barres» de sa cage d’escalier, rêvant d’une vie meilleure entre les vapeurs des joints qu’ils se partageaient entre amis. En septembre 2008, il décide subitement de changer de vie. À l’insu de ses copains du quartier, il entame une formation d’acteur au cours Simon. Admirateur de Gérard DEPARDIEU, il veut jouer le rôle de «Danton», mais son professeur ne lui propose que des rôles réservés aux Noirs, et le renvoie à ses origines ethniques, à la marge, alors que la France est devenue multiculturelle. «Vers la tendresse» est une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue, leur sexualité. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles.
«La Tour du monde» en 2005, décrit une forte concentration de toutes les nationalités qu’on ne veut pas voir dans une zone de relégation. La rose des vents est un immense quartier constitué de plusieurs barres HLM construites en 1973 dans la banlieue nord de Paris. En trente ans, ces barres n'ont jamais été rénovées. L'allée de la Bourdonnais est une des rues principales du quartier. Deux grands ensembles la jalonnent. Ici il n'y a pas d'espaces verts. Le visiteur étranger dirait de ce lieu qu'il est lugubre, voire même insalubre. Il pourrait même dire que c'est sinistre. Il regarderait horrifié les vitres cassées, les volets endommagés, les murs délavés, les déchets entassés au pied des immeubles. Ce lieu a des allures de no man's land. Une boulangère s'arrête de travailler pour remplir au comptoir la déclaration d'impôts de ce vieux Sri Lankais. Ces quatre jeunes assis au pied de l'immeuble qui vont au-devant d'Alima pour lui monter ses courses. Jean aux faux airs de Renaud qui chaque mercredi depuis vingt ans, assis sur son banc, raconte aux enfants ses histoires farfelues. Le père Xavier, prêtre de la chapelle Saint-Jean, qui, attablé au café, discute avec des amis qui fument une chicha. Ici il y a autant de paraboles accrochées aux fenêtres que de nationalités. Plus de quatre-vingts pour quinze mille habitants. «Y'a du bruit et des odeurs dans cette rue !». Ici le raï, là-bas le Mbalax, à cet étage ça sent le mafé, ici on fait des nems ! La rue des Bourdonnais est en soi une invitation au voyage. C’est une chronique de ce lieu de vie, un voyage au cœur de la diversité culturelle de ce quartier populaire. À travers la cage d'escalier d'un immeuble de cette rue, nous nous immergeons d'étage en étage dans les vestiges des habitudes et traditions culturelles de plusieurs familles, du Sri Lanka au Mali en passant par la Turquie et le Congo.
Alice DIOP fait partie de cette génération montante, affranchie de la Nouvelle Vague, incarne un nouveau souffle du cinéma français, audacieux, réaliste et surtout très divers. Longtemps, les racisés ont subi ces calomnies des chaînes d’information continue de la Françafrique. Sa contribution artistique, comme celle d’Omar SY (voir mon article) peut redonner l’espoir et l’espérance. «Alice Diop montre la détresse, la solitude et la douleur de l’existence, veut susciter l’empathie. Le cinéma est pour elle« un instrument politique puissant. Filmer un visage peut se révéler plus efficace qu’un long discours, elle en est persuadée» écrit Audrey CELESTINE. Son heure de gloire coïncide avec le centenaire de la naissance d’un géant de l’histoire du cinéma sénégalais et africain, SEMBENE Ousmane (1923-2007, voir mon article), mais aussi avec la disparition d’une grande cinéaste sénégalaise, Mme Safi FAYE (Fad’jal (Sine-Saloum), 1943-Paris, 22 février 2023), première africaine à se lancer dans cet art. Le Sénégal et ses Sénégaulois, un «Grand petit pays» !
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A – Filmographie d’Alice DIOP
DIOP (Alice), réalisatrice,  Clichy pour l’exemple, Paris, Point du jour production, 2006, 50 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  La mort de Danton, Paris, Centre de Pompidou, 2012, 1 heure, 04 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  La Permanence, Paris, Doc 66, 2018, durée 2 h et 36 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  La Tour du monde, Paris, ADAV distribution, 2005, 50 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  Les Sénégalaises et la Sénégauloise, Paris, ADV Distribution, 2000, durée 56 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  Nous, Paris, Centre national du cinématographique, 2022, durée 114 minutes ;
DIOP (Alice), réalisatrice,  Saint-Omer, Paris, sorti le 23 novembre 2022, durée 2 h 03 minutes.
B – Critiques littéraires
BA (Amadou, Bal), «François Maspero (1932-2015), écrivain et éditeur militant anticolonialiste», Médiapart, 5 août 2022 ;
BARLET (Olivier) « Alice Diop, «C'est à nous de travailler sur nos propres complexes», Africultures,‎ 2013 Vol 2-3, n°92-93, pages 206-210 ;
BASTIDE (Lauren) et autres, Présentes, villes, médias, politique : Quelle place pour les femmes ?, Allary éditions, 2020, 200 pages ;
CELESTINE (Audrey), Des vies de combat : 60 destins de femmes, noires, libres et inspirantes, préface d’Aïssa Maïga, Paris, collection Poche, 366 pages ;
CHALAYE (Sylvie), Race et théâtre, un impensé politique, Arles, Actes Sud, 2020, 160 pages ;
DIALLO (Rokhaya), La France tu l’aimes ou tu la fermes ?, éditions Textuel, 2019, 224 pages ;
DIAO (Claire), Double vague : le nouveau souffle du cinéma français, Vauvert, Au diable Vauvert, 2017, 340 pages ;
EKCHAJZER (François), «Alice Diop, le premier jour du tournage du film, «Saint-Omer», Télérama, 22 novembre 2022, actualisé le 24 février 2023 ;
ELLIOTT (Nicholas), «Alice Diop», Catlin Quinlan, 27 juin 2022 ;
FOREST (Claude), Produire des films, Afrique et Moyen Orient, Presses universitaires du Septentrion, 2019, 386 pages ;
GOLDSZAL (Clémentine), «Alice Diop, visage d’un autre cinéma», Le Monde,‎ 13 novembre 2022 ;
KLEMPERER (Victor), L.T.I., Lingua Tertii, Imperii,  la langue du Troisième Reich, traduction d’Elisabeth Guyot, préface d’Alain Brossat, Paris, Agora ; 2003, 375 pages ;
La Poudre, tome 2, «Actrices et réalisatrices», éditions Marabout, 2021, 500 pages ;
LALLAOUI (Mehdi), «La Sénégalaise et la Sénégauloise», Paris, Musée de l’immigration, ITW, octobre 2013, durée 5 minutes et 19 secondes ;
LORDE (Audre), Sister Outsider : essai et propos d’Audre Lorde : sur la poésie, l’érotisme, le racisme, le sexisme, préface Rina Nissim, Lausanne, éditions Mamamelis, 2003, 212 pages ;
MASPERO (François), Les passagers du Roissy Express, Paris, Seuil, 1990, 336 pages ;
NDIAYE (Marie), Saint Omer : La Vengeance m’appartient, Paris, Gallimard, 2022, 272 pages ;
NIANG (Mame-Fatou), Identités françaises : banlieues, féminités et universalisme, 2019, Brill, 340 pages, spéc le chapitre 6 pages 272-286 ;
NOGHREHCHI (Hessam), «Le fascisme», Littérature,‎ 2017, Vol 2, n°186, pages 34-43 ;
PALHETA (Ugo), La possibilité du fascisme. France, la trajectoire du désastre, Paris, La Découverte, 218, 276 pages ;
ROBERT-DIARE (Pascale), «Au procès de Fabienne Kabou», Le Monde des 21 juin 2016, 23 juin 2016, Jeanne Mayer «Fabienne Kabou, l’ensorcelée», France-Inter, 23 avril 2021, durée 54 minutes ;
SLAOUTI (Omar) LE COUR GRANDMAISON (Olivier),  Racismes, Paris, La Découverte, 2020, 409 pages ;
SUAUDEAU (Julien) NIANG (Mame-Fatou), Universalisme, Anamosa, 2022, 101 pages ;
VERMEERSCH (Laure), «Vers la tendresse. Entretien avec Alice Diop», Vacarme, mars 2016, n°76, pages 103-115.
Paris, le 1er mars 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

 


 

«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Alice DIOP, réalisatrice SénéGauloise, un pont entre l’Europe et l’Afrique. Une immense fierté pour le Sénégal, «un Grand petit pays» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
28 février 2023 2 28 /02 /février /2023 10:35
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Romancier et auteur de bandes dessinées, Jean TEULE faisait partie de mes contacts Facebook. Il nous a quittés sur la pointe des pieds le 18 octobre 2022, sans nous dire aurevoir. J’ai donc un pincement au cœur, quand j’ai revu ce 26 février 2023, sa date d’anniversaire défiler. J'ai dû mal à retirer certaines personnes, même disparues, de mon compte Facebook. A sa famille, Mme Sylvette HERRY dite Miou-Miou sa compagne depuis 1998, à son fils issu d’une autre union, Roman TEULE-FRANCO et à sa fille, à ses amis et aux amoureux de la Littérature, nous adressons nos sincères condoléances. Le président Emmanuel MACRON a rendu hommage à Jean TEULE «un écrivain triplement doué pour la bande dessinée, la télévision et la littérature, qui nous lègue des histoires pleines de fantaisie et de lucidité».
Jean TEULE est né le 26 février 1953 à Saint-Lô, dans la Manche, en Normandie, une ville bombardée, par erreur, par les Alliés pendant la Seconde guerre mondiale. Son père, un communiste surnommé «Graine de Moscou», Robert TEULE, originaire d’Agen, (Lot-et-Garonne) en Nouvelle Aquitaine, un charpentier, débarque Saint-Lô, dans le cadre de la reconstruction d’une ville sérieusement ravagée. Son père y rencontre, Alice, une bretonne serveuse dans un café. Fils de militants communistes, chassés de Saint-Lô pour leurs idées politiques, avec ses parents et sa sœur, la famille vient s’installer, dans la région parisienne, à Arcueil-Cachan (Val-de-Marne), «une banlieue rouge». Son père, Robert, devient menuisier à L’Humanité et la mère, Alice, concierge à la mairie, puis agent des écoles. A l’école Jules Ferry d’Arcueil, Jean a comme camarade de classe Jean-Paul GAULTIER, un futur grand couturier. Considéré comme un mauvais élève, on veut l’orienter, initialement, en mécanique auto, mais son professeur de dessin, Pierre PILLOT, l’incite à s’orienter vers la bande dessinée, en lui donnant des cours du soir «Mes parents étant communistes et concierges à la mairie d'Arcueil, j'ai donc toujours connu la Fête de l'Huma. Plus tard, adolescent, je commençais alors à dessiner, et j'ai fait, quelques années durant, la décoration du stand d'Arcueil» dit-il au journal l’Humanité. Jean est d’abord recruté, en 1978, à «l’Echo des Savanes», une revue de bandes dessinées, puis chez «Glénât» et travaille à l’adaptation de «Bloody Mary» de Jean VAUTRIN (1933-2015), et reçoit, en 1984, le Prix du festival de la bande dessinée d’Angoulême. En 1990, le festival d’Angoulême lui décerne un prix spécial du jury pour sa contribution exceptionnelle au renouvellement du genre de la bande dessinée. Il collabore avec diverses revues de bandes dessinées comme Circus, Zéro, A suivre, Gens de France ou Gens d’ailleurs. Jean TEULE va changer de métier, pour collaborer avec Bernard RAPP (1945-2006) à l’émission d’Antenne 2, «L’Assiette anglaise».
Dans un stylé décalé, drôle et s’inspirant de faits divers, de société ou de l’histoire, Jean TEULE sera épanoui dans la littérature «J’ai fait de la bande dessinée, sans le vouloir, de la télé sans le désirer, et je suis écrivain sans l’avoir choisi non plus, et à chaque fois, ça m’a plu» dit-il. En raison de sa riche et variée contribution littéraire, c’est sur cet héritage à la postérité qu’il faudrait rendre hommage à Jean TEULE, un auteur à succès. Dans ses récits Jean TEULE sonde l’âme humaine, dans ses grandeurs, comme dans ses bassesses, et où se côtoient l’histoire, l’insolite, l’étonnement, l’érudition, le burlesque, l’humour, la dramaturgie, les malheurs, de violence, de sang, de sexe, de mort, la beauté, la douceur et les fragilités de l’être. «Cet amoureux des mots fait de la littérature à partir de l’atroce, et sait raconter, avec talent, l’horreur avec détachement tout en maniant avec dextérité un humour noir , grinçant, à l’esprit décalé, qui fait de lui, un écrivain hors pair, et dans lequel le lecteur s’immerge complètement dans l’histoire» écrit Laurence SANDEAU.
J’ai recensé pas moins de 24 livres de Jean TEULE entre 1988 et 2022, et il a produit entre 2010 et 2012 cinq livres. Curieux destin d’un écrivain qui n’aimait pas lire «Je ne lis pas de romans. Je n'en lisais pas avant d'écrire, et je n'en lis toujours pas. Je n'ai pas envie que ça me coupe les pattes, et de me dire : s'il y a des mecs qui écrivent comme ça, c'est pas la peine que je prenne un crayon», disait-il, en 2019, sur France Inter. En fait, au-delà de la coquetterie, jeune il avait déjà commencé à lire : «Quand j'ai commencé à faire de la BD, je n'avais lu qu'un album de Tintin. Comme je suis issu d'une famille communiste, mes parents avaient tout de même Vaillant et Pif Gadet, à la maison. Jeune, je lisais également très peu de romans et, parmi ceux-ci, un seul m'a vraiment marqué : Sans famille d'Hector Malot. En revanche, je lisais beaucoup les poètes. Grâce à la musique. Un midi, j'étais encore collégien et je déjeunais chez mes parents quand une chanson incroyable est soudain diffusée à la radio : «C'est extra !» Je repars alors pour l'école et je parle à un copain de cette révélation. Il m'apprend qu'il ne s'agit pas d'un nouveau chanteur et il m'apporte quelque temps plus tard des disques de ce Léo Ferré. J'écoute, et je suis scotché par les paroles. Comment peut-on si bien écrire? Je me suis aperçu qu'en réalité Ferré chantait Verlaine et Rimbaud ! Voilà comment j'ai découvert la poésie – Baudelaire, Nerval, etc. Avec mes romans sur les poètes, j'ai voulu être moi-même une sorte de passeur, comme Léo Ferré l'avait été avec moi» dit-il en octobre 2016 à l’Express.
Par conséquent, snobé par la nomenklatura de la littérature, ses livres, de son vivant, traduits dans plus de 24 pays, l’ont déjà fait entrer dans la postérité, de quoi rendre jaloux les poètes maudits qu’il a dépeints (VERLAINE et BAUDELAIRE). Même s’il est resté fidèles à Betty Mialet et Bernard Barrault, deux éditeurs (8 livres chez Pocket et 6 chez Julliard) se partagent part la part du lion. Jean TEULE est donc un homme prolifique, avec un sens de la formule, dans sa verve, son humour, sa créativité et son riche vocabulaire, on peut contempler les titres évocateurs de ses ouvrages, «Crénom», un juron équivalent à «Sacré nom de Dieu», comme le dirait Charles BAUDELAIRE à la fin de sa vie, «Tout est vain !».  Il s’intéressait aux gens atypiques, aux marginaux ou aux génies affrontant la misère ou la souffrance «Dans mes yeux, l’éclair d’acier de ma malice infinie de poète-grimacier au-dessus de ma bouche déformée. Le seul auditoire qui m’intéresse vraiment est celui des marginaux» écrit Jean TEULE dans «Je, François Villon». Aussi, défile, sous sa plume, l’histoire de France, comme de la littérature.
I – Jean TEULE et l’Histoire de France
Féru d’histoire, son livre, «Charly 9», ne traite pas de la dramaturgie de Charlie hebdo, mais d’un roi, qui a inscrit des pages sombres et ensanglantées de son passage fugace au trône. Charles IX (1550-1574) fut de tous nos rois de France l'un des plus calamiteux, le plus sanguinaire de France, Jean TEULE nous conte une farce aussi tragique qu’effrayante et son livre a été vendu à plus de 100 000 exemplaires. A 22 ans, sous influence de sa mère, Charles IX ordonna, les 23 et 24 août 1572 le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l'Europe entière (entre 15 000 et 30 000 morts). Il faut préciser que Charles IX lorsqu'il monte sur le trône de France n’avait que 10 ans. C'est sa mère, Catherine de MEDICIS (1519-1589) qui assure la régence pendant les plus jeunes années de son fils. Néanmoins, Catherine de MEDICIS gardera toujours sur lui une forte emprise, jusqu'à le convaincre de signer l'autorisation du massacre de la Saint-Barthélemy. Abasourdi par l'énormité de son crime, Charles IX sombra dans la folie, et fait des hallucinations et des cauchemars. «Tu as commis un grand crime. Tu n’es plus un Roi, mais un assassin. Un meurtre abominable ensanglante tes mains. Te voila couvert du sang de tes sujets» lui sa conscience, dans «Charly 9». Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous.
«Azincourt, par temps de pluie» fait, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue, celle du 25 octobre 1415, il pleut dru, des hallebardes, sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Pour cette armée, pourtant en surnombre, bouffie de suffisance et alourdie par la bêtise, aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose : grandiose ! Jean TEULE est un magicien des mots, mélangeant des mots anciens, comme nouveaux, il savait restituer une atmosphère, dans cette bataille dans la gadoue, une déroute, un fiasco ou une dérouillée.
Sociologue, observateur attentif, avec finesse et distanciation de la société, en 1988, dans «Gens de France», Jean TEULE brosse la peinture de personnages décalés, des drôles d'allumés en proie à quelques drames, qu'il épingle sur sa toile avec la délicate attention d'un humaniste parfois cruel. Il avait l'art d'explorer l'inexploré, les sujets inexploités, de dénicher les secrets là où personne ne pensait les trouver. «Gens de France» est également, une œuvre autobiographique formellement radicale et décalée où l'auteur toujours présent face à son sujet d'enquête, ne se dispense pas de commentaires narquois ou de pensées complices frôlant parfois la confession. Il explore sans tabou, l'âme de ses contemporains, il se met aussi souvent personnellement à découvert.
«Héloïse, Ouille !» c’est cette histoire légendaire d’amour entre Pierre ABELARD (1079-1142)  et Héloïse (1092-1163). En l'an 1118, le célèbre théologien Pierre ABELARD est sollicité par un influent chanoine pour parfaire l'éducation de sa ravissante nièce, Héloïse. D'une réputation irréprochable, ABDELARD n'a qu'une seule et unique maîtresse : la dialectique. Mais les charmes irrésistibles d'Héloïse s'apprêtent à lui faire découvrir une dimension jusqu'alors inconnue : l'amour fou, quel qu'en soit le prix à payer. Dans cette passion au-delà de toute rationalité, Jean TEULE avec son talent faire renaître un texte d’amour du Moyen, transgressif, débridé, un amour qui touche au divin, et fait entrevoir l'absolu. Il y a de l’audace dans la façon dont Jean TEULE décrit cette relation passionnelle, probablement avec les yeux de notre temps, avec un vocabulaire empreint d’érotisme et de grands élans que certains jugent pornographiques.
Son roman, «Le Montespan», ne concerne pas la favorite de Louis XIV, mais son mari cocu qui voulait sauver son honneur, Louis-Henri de PARDAILLAN, marquis de MONTESPAN (1640-1691), un aristocrate désargenté. Au temps de Louis XIV, le Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque, était pour les nobles une source de privilèges inépuisables. «Tout le monde se moquait de lui comme Saint-Simon ou Madame de Sévigné. Personne ne comprenait cet homme qui était amoureux de sa femme quatre ans après l’avoir épousée. C’est en fait l’histoire d’un mari amoureux alors qu’à l’époque, surtout dans la noblesse, on ne se mariait jamais par amour. L’amour et le mariage n’avaient rien à voir. On ne se marier que pour des raisons d’argent, pour associer des familles, etc.» dit Jean TEULE. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Françoise de ROCHECHOUART de MORTEMARY, dit Mme de MONTESPAN (1640-1707), chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C'était mal connaître le marquis de MONTESPAN. Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, il prit très mal la chose. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l'homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine le Roi Soleil pour tenter de reconquérir sa femme. Le mari cocu, mais attaché à son honneur et à sa femme, projette d’aller voir des prostituées à Paris pour attraper des maladies qu’il refilera à sa femme et dont il espère, elle transmettra au Roi. C’est donc l’histoire d’un mari courageux et orgueilleux, n’acceptant pas cette injustice, et dont tout le monde se moque. Il sera le premier à oser contester la légitimité de la monarchie absolue de droit divin. Mais le Roi le jettera en prison et il sera contraint à l’exil. Juste avant de mourir, le marquis de Montespan dira à propos de sa femme : «Je ne réclame que la gloire de l’avoir aimée».
Remarquable conteur, avec une plume enjouée et un humour caustique, ce roman historique de Jean TEULE, «Le Montespan», un énorme succès littéraire, vendu à 600 000 exemplaires, a été récompensé, le mercredi 21 mai 2008, du  Grand Prix Jean d'HEURS du roman historique, le Prix Maison de la Presse, et a été porté au théâtre.
Historien de personnages hors norme, Jean TEULE est aussi un avocat de la cause des femmes martyrisées dans les «Lois de la gravité». Dans ce roman, une femme rentre dans un commissariat pour s’avouer être la meurtrière de son mari disparu dix ans plus tôt. Elle l’a tué en le poussant par la fenêtre du 11ème étage, car il était sadique, la battait elle et ses enfants, alcoolique, dépressif. Il sortait d’un hôpital psychiatrique après avoir tenté de se tuer plusieurs fois, il s’agissait donc là d’un suicide et tout le monde l’a cru à l’époque. Mais prise de remords, elle se dénonce dix ans après jour pour jour car le lendemain, le crime sera prescrit. Le Commissaire Pontoise ne veut pas l’arrêter, car pour lui elle a tué un salaud et a protégé l’avenir de ses enfants. Pendant des heures, la meurtrière et le policier vont s’affronter.
Humaniste, frère de tous les vaincus de la vie, des dégantés, et des meurtris, puissants comme anonymes, Jean TEULE s’est intéressé notamment au sort des détenus, dans «Longues peines». Ce livre relate, avec un grand réalisme, l’univers carcéral des détenus et de leurs gardiens, où tout le monde souffre d’amour, de solitude et de folie, un monde dur et souvent cruel, où chacun tente de survivre en se raccrochant à une lueur d’espoir. Dans cette immense souffrance humaine, Jean TEULE décrit avec brio un univers cruel, avec ses rituels et ses règles. La prison réhabilite-t-elle le condamné ? Est-elle la seule réponse pénale en cas de trouble à l’ordre public ? Le détenu, quelque soit ce qu’on lui reproche, reste un Homme, digne d’attention. Une leçon d’humanisme, de compassion et de bienveillance.
II – Jean TEULE et l’Histoire littéraire
Jean TEULE s’est attaqué aux géants de la littérature française, en particulier aux écrivains maudits et de génie, frappés par la souffrance et la tragédie, comme Charles BAUDELAIRE, Arthur RIMBAUD et Paul VERLAINE : «Ils ont un point commun, tous : leurs problèmes viennent de la mère. Verlaine ses relations avec sa mère sont invraisemblables, une alternance entre passion et haine. Rimbaud appelait sa mère «la bouche d’ombre». Leurs rapports étaient très bizarres, elle était dingue… La veille de l’enterrement de son fils elle a passé la nuit au fond de la tombe pour savoir comment serait son fils une fois inhumé. Baudelaire, sa blessure fondamentale c’est d’avoir une passion qui tient de la psychiatrie pour sa mère. Et le fait qu’elle se soit remarié 19 mois après la mort de son père a tout déclenché. Pendant le buffet dinatoire du remariage, il a fermé à clé la chambre conjugale puis jeté la clé dans un puits» dit Jean TEULE.
Jean TEULE est l'auteur de «Crénom, Baudelaire», donc sur Charles BAUDELAIRE (1821-1867, voir aussi mon article). Il faisait partie, comme Jean-Paul SARTRE, de ces auteurs hostiles au dandysme de ce poète maudit. «Si l'œuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu'il a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française» écrit Jean TEULE. BAUDELAIRE est misogyne, désagréable avec tous, insupportable, un être fantasque, mais sa poésie, «Les fleurs du mal», c’est l’Everest !» dit-il. Par conséquent, Jean TEULE est, quelque part, attiré par ces personnages hors normes, provocateurs ou tragiques ; sa mère, Alice, avait l’habitude de lui raconter des histoires horribles à provoquer des cauchemars, comme ce motard voulant doubler un camion, un objet contondant lui a coupé la tête, et la moto a continué sa route.
«Je, François VILLON» ou François de MONTCORBIER dit VILLON (1431-1463), poète du Moyen-âge, est peut-être né le jour de la mort de Jeanne d'Arc, à Rouen, le 30 mai 1431. Son père pendu au gibet des voleurs et sa mère suppliciée, François fut confié à un homme d’église, maître Guillaume de VILLON (1405-1468), qui devait en faire un clerc tonsuré. François, ayant pris le nom de son tuteur, aura appris le grec et le latin à l'université de Paris. Las, le jeune homme va montrer d’autres dispositions : Ripailles, fréquentation des filles de mauvaise vie, chansons, beuveries rythment sa vie. Il a joui, menti, volé dès son plus jeune âge. Il a fréquenté les miséreux et les nantis, les étudiants, les curés, les prostituées, les assassins, les poètes et les rois. Aucun sentiment humain ne lui était étranger. François est poète, il dit des poèmes doux et sait tirer, de la paillardise et de la misère, les mots de la beauté et de l’émotion. «Ce n’est pas le scintillement de la neige que la branche que je vois en hiver mais les engelures aux pieds. Nu comme un ver, vêtu en président, je ris en pleurs et attends sans espoir je me réconforte au fond du désespoir, je me réjouis sans trouver le moindre plaisir» chante François VILLON. Pris en grippe par le sergent du guet, doit se cacher chez une belle qui lui offre une histoire d’amour qu’il trahit de façon ignominieuse.
Jean TEULLE, avec son talent littéraire, sait restituer une atmosphère, une époque sombre avec ses ténèbres, une vie de malheurs, de vices et de crimes, de vols, de mendicité, d'indigence d'une bonne partie de la population, une justice cruelle où les pendaisons, précédées de toutes sortes de tortures, étaient publiques, un passe-temps pour la foule. Des plus sublimes aux plus atroces, François VILLON a commis tous les actes qu'un homme peut commettre. Il a traversé comme un météore trente années de l'histoire de son temps et a disparu un matin sur la route d'Orléans. Il a donné au monde des poèmes puissants et mystérieux, et ouvert cette voie somptueuse qu'emprunteront à sa suite tous les autres poètes : l'absolue liberté. «Villon est à la poésie ce que Renoir est au cinéma ou Bruce Springteen au rock : le patron, le boss. Il est le premier poète moderne. Avant lui, la poésie n'est que forme. Elle est bucolique avec des scènes de bergers, des rimes artificielles. Villon écrit, et il fait exploser ces codes-là. Au scintillement de la neige sur la branche, il rétorque les engelures aux pieds. Il est dans le réel. Il est dans le corps, dans la souffrance, pas dans la crème chantilly de la cour du roi René. C'est le premier poète à foutre son» dit Jean TEULE à Marie-José SIRACH de l’Humanité.
«Ô Verlaine» relate l’histoire d’un autre poète maudit, Paul VERLAINE (1844-1896) alcoolique grandiose, amant frénétique et désordonné «J’ai toujours été amoureux d’un sexe ou deux» dit-il. Dans son existence faite de démesure, Paul VERLAINE oscilla, jusqu'à sa mort, entre l'ignoble et le sublime. C'est à la toute fin de sa vie, au moment de la pire déchéance morale et matérielle. Paul VERLAINE a souffert de plusieurs maux : syphilis, altération sanguine, diabète, souffle au cœur, cirrhose du foie, érysipèle infectieux, hydarthrose, pneumonie et cette liste est incomplète. Le préfet Louis LEPINE (1846-1933) le protégeât le génie de la poésie à terre contre les gens aux idées courtes et ses funérailles grandioses.
Jean TEULE nous relate la vie de VERLAINE, à travers, un narrateur Henri-Albert Cornuty, un étudiant de Béziers monté à Paris, à la Villette, chez son oncle, dans mon XIXème arrondissement, pour y croiser le poète maudit. La rencontre a lieu à l'automne 1995 et le voyage prend fin trois mois plus tard, à la mort de Paul VERLAINE. Jean TEULE relate donc les derniers instants d'extravagance et de souffrance, de folie douce et de maladie, du poète, vivant dans un Paris du XIXème siècle puant, magnifique, vivace et crasseux, un petit peuple marqué par l’indigence et la maladie, vivant dans la boue ; une vie et une époque qu'il écrit et invente, avec une bonne dose de réalisme et d'ironie. Le sordide côtoyant le sublime, le personnage de VERLAINE que décrit Jean TEULE est magnifique et terrifiant, est dépeint dans une plume incisive, moderne avec des anecdotes savoureuses, entre crises de mysticisme, désordre existentiel. Somme toute, c’est une biographie pathétique, un bel hommage au poète, loin des éloges traditionnels ou des leçons théoriques d'histoire littéraire. On sent, comme pour Charles BAUDELAIRE et François VILLON, que Jean TEULE a une certaine tendresse pour les artistes indigents et hors norme. De saynètes piquantes en tragédies de la misère, Jean TEULE célèbre par conséquent la figure du génie de la poésie française, Paul VERLAINE.
«Rainbow pour Rimbaud» est une fable poétique sur Arthur RIMBAUD (1854-1891). On n'est pas sérieux quand on a 36 ans, une queue-de-cheval rouge, une taille de géant et une armoire pour couche de prédilection. Robert vit à Charleville-Mézières, chez ses parents. Ici, Jean TEULE nous raconte la vie d'un homme qui s'identifiera jusqu'au bout à RIMBAUD, de l'amour qu'il va découvrir avec une jeune fille qui abandonnera tout pour le suivre sans pour autant le comprendre, et de l'avis de quelques personnes qui vont croiser le chemin de ce couple pas comme les autres, tout à fait atypique et incompréhensible. On y retrouve également le style poétique de Boris VIAN  et bien sûr, il est parsemé de citations de RIMBAUD. Dans sa création littéraire, parfois déroutante, mais innovante, Jean TEULE explore les poètes atypiques. En effet, comme d'autres connaissent toutes les paroles de leur chanteur préféré, Robert sait tout Rimbaud. Par cœur. Isabelle, standardiste à la SNCF, ne sait encore rien de Rimbaud, rien de l'amour, ni rien du monde. Un doux colosse nominé Robert, échappé de Charleville, les lui révélera. Entre Le Caire, l'île Maurice, Dakar et Tarrafal, ces deux-là brûleront d'amour et de poésie. Vagabonds célestes, amants absolus, ils laissent à jamais sur le sable et sur les âmes la trace de leurs semelles de vent. Enfin, leur odyssée sublime confirmera le mot du poète, tatoué sous le nez même de Robert : « Je est un autre... Je est Rimbaud».
REFERENCES
A – Contributions de Jean TEULE
TEULE (Jean), Azincourt par temps de pluie, Paris, Mialet-Barrault, «J’ai Lu», 2022, 219 pages ;
TEULE (Jean), Ballade pour un père oublié, Paris,  Robert Laffont, 2011, 80 pages ;
TEULE (Jean), Bord cadre, Paris, Pocket, 2009, 175 pages ;
TEULE (Jean), Charly 9, Paris, Pocket, 2012, 221 pages ;
TEULE (Jean), Comme une respiration, Paris, Julliard, 2016, 156 pages ;
TEULE (Jean), Copy-rêves, Grenoble, Glénat, 1984, 109 pages ;
TEULE (Jean), Crénom, Baudelaire, Le Mans, Libra Diffusio, 2021, 560 pages ;
TEULE (Jean), Darling, Paris, Julliard, 1998, 242 pages ;
TEULE (Jean), Entrez dans la danse, Paris, Julliard, 2020, 173 pages ;
TEULE (Jean), Fleur de tonnerre, Paris, Julliard, 2014, 259 pages ;
TEULE (Jean), Gare au Lou !, Paris, Julliard, 2020, 173 pages ;
TEULE (Jean), Gens de France, Paris, Casterman, 1988, 78 pages ;
TEULE (Jean), Héloïse Ouille !, Paris, Pocket, 2016, 313 pages ;
TEULE (Jean), Je n’aime pas les gens qui se prennent pour, préface de Florence Cestac, Paris, Hoëbeke, 2009, 64 pages ;
TEULE (Jean), Je, François Villon, Paris, Pocket, 2007, 432 pages ;
TEULE (Jean), L’œil de Pâques, Paris, Pocket, 2011, 156 pages ;
TEULE (Jean), Le magasin des suicides, Le Mans, Libra Diffusio, 2010, 144 pages ;
TEULE (Jean), Le Montespan, Paris, Pocket, 2009, 309 pages ;
TEULE (Jean), Les gens de France et d’ailleurs, Angoulême, Ego comme X, 2005, 225 pages ;
TEULE (Jean), Les lois de gravité, Paris, Julliard, 2003, 139 pages ;
TEULE (Jean), Longues peines, Paris, Pocket, 2011, 184 pages ;
TEULE (Jean), Mangez si vous voulez, roman, Le Mans, Libra Diffusio, 2011, 131 pages ;
TEULE (Jean), Ô Verlaine, Paris, Pocket, 2006, 337 pages ;
TEULE (Jean), Rainbow pour Rimbaud, Paris, Julliard, 2008, 204 pages.
B – Critiques de Jean TEULE
BOURBON (Estelle), Immersion et distanciation, le paradoxe de multi-sensorialité dans la mise en scène de «Mangez-le si vous le voulez» de Jean Teulé, par le Fouic théâtre, thèse Université de Montréal, février 2018, 107 pages et un annexe ;
CATINCHI (Philippe-Jean), «La mort de Jean Teulé, écrivain, chroniqueur et Bédéaste», Le Monde, 20 octobre 2022 ;
CEYLAC (Catherine), «Invité : Jean Teulé,», émission télévisée Thé ou Café, dimanche 9 octobre 2016 ;
FERNIOY (Christine), LIGER (Baptiste), «Jean Teulé, je suis un aspirateur à dingues», L’Express, 24 octobre 2016 ;
RIOUX (Philippe), «Jean Teulé est mort», La Dépêche du Midi, 20 octobre 2022 ;
SANDEAU (Laurence), «Jean Teulé, conteur d’histoire», Save My Brain, 9 octobre 2012 ;
SIRACH (Marie-José), «François Villon, poète voyou», L’Humanité, 6 avril 2006 ;
VAUTRIN (Jean), Bloody Mary, illustration de Jean Teulé, Poitiers, éditions Flblb, 2018, 126 pages.
Paris, le 26 février 2023, par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
«Jean TEULE (26 février 1953 à Saint-Lô 18 octobre 2022 à Paris) prolifique écrivain de l’histoire de France et de sa littérature» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Partager cet article
Repost0
26 février 2023 7 26 /02 /février /2023 20:35
Partager cet article
Repost0
25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 19:24
Partager cet article
Repost0

Liens