Ce sont des élections de mi-mandat. Le calendrier électoral du Sénégal ressemble, à s'y méprendre, à celui de ses Ancêtres les Gaulois. En effet, M. Macky SALL a été élu président du Sénégal en 2012. Son mandat s'achèvera en 2017. Dans mon post précédent, je vous avais fait part de la "hollandisation" du pouvoir de Macky SALL (consulter mon blog baamadou.over-blog.fr), c'est à dire une rhétorique séduisante, mais peu de résultats satisfaisants, notamment pour les laissés-pour-compte. Bien qu'il s'agisse d'élections locales, le gouvernement redoute un vote sanction. S'agissant d'un gouvernement de coalition entre le centre gauche et des socialistes, les appétits à l'occasion de ces municipales sont aiguisés, et des alliances contre nature ont vu le jour.
Par ailleurs, le parti au pouvoir, l'APR, est une formation politique très jeune, qui a accédé aux commandes de l'Etat, en moins de 5 ans. Ce qui constitue une performance et une faiblesse. En effet, l'ivresse du pouvoir, ainsi que le manque d'expérience des cadres du pouvoir, leur arrogance ainsi que diverses combines, comme l'histoire rocambolesque de la liste d'Ogo, ont éloigné cette formation du peuple. Le slogan semble être "enrichissez-vous vite !". Se servir au lieu d'être au service de la population, voila la sanction de ces élections locales.
En dépit du départ d'Abdoulaye WADE, le pouvoir religieux a refusé d'appliquer la loi sur la parité pour ces municipales et a défié l'Etat républicain, à Touba, capitale du Mouridisme.
M. Khaly SALL, le maire socialiste de Dakar, la capitale, opposé Grand Yoff à Aminata Touré, la première ministre, conservera t-il le trône, avec un Parti socialiste qui se "soviétise" ? Khalifa a gagné à Grand-Yoff.
Maître Aïssata TALL SALL qui a été évincée, fort injustement, lors de l'élection du Secrétaire Général du PS sénégalais, sera t-elle réélue à Podor ? Apparemment, Mme SALL est sortie victorieuse, avec une avance de 6 voix. Elle a réaffirmé qu’elle restera militante socialiste et a déclaré que «l’achat de conscience n’a pas fonctionné». Elle a été soutenue par Idrissa SECK, de REWMI.
Dans un contexte où le fils de l'ancien président (Karim WADE), est en prison depuis plus d'un an, pour un vaste détournement de deniers publics de plus de 2 milliards d'euros, quel sera le rapport de forces entre la majorité et l'opposition ? L'opposition veut faire de ces élections un referendum contre la politique de M. Macky SALL. Le président SALL, qui refuse toute nationalisation de ces élections, s'est fortement impliqué dans cette bataille.
Avec l'Acte III de la décentralisation, généralisant la communalisation, toutes les communes sont de plein exercice, et sont donc des pouvoirs plus importants, on a vu se développer "le mercenariat politique". Plus de 2700 listes, encadrées de 228 partis politiques, sont en compétition dans ces élections locales. La politique est devenue un moyen pour accéder des privilèges.
La participation a été faible, dans certaines localités. Mais c’est un système compliqué, en dehors de Dakar, Pikine et Guédiaye, il faut voter deux fois, aux municipales et aux départementales, mais quand il y a entre 5 et 30 listes, ce n’est pas simple. Avec les alliances contre nature, et le nombre important de listes électorales (2700) et de partis politiques (228), il est difficile de s’y retrouver.
Un point acquis au Sénégal, en raison de sa longue tradition démocratique, on y vote depuis 1848, les élections sont, en règle générale, pacifiques et transparentes. Il y a eu quelques incidents pendant la campagne électorale qui ont été maîtrisés. Le multipartisme, le pluralisme de la presse, ainsi que les nouvelles technologies, rendent difficiles des fraudes massives. Même la presse d'Etat retransmet en direct, le processus électoral sous le contrôle d'une Commission électorale nationale autonome. Les résultats provisoires sont remontés par les états-majors des partis.
Tels me semblent être les principaux enjeux des élections municipales au Sénégal, dont je vous rendrai compte des résultats significatifs.
Sont élus :
- Khalifa SALL, à Grand Yoff,
- Aïssata TALL SALL à Podor,
- Alioune SALL, frère du président, aux 5 communes de Guédiawaye,
- Abdoulaye Baldé à Ziguinchor,
- Aly NGouille N'Diaye, à Linguère
- Oumar SARR, à Dagana.
Le parti au pouvoir a perdu les grandes villes (Dakar, Saint-Louis, Thies), même s’il a sauvé les meubles dans certaines localités, comme Guédiawaye. Diverses personnalités soutenant le président Macky SALL ont été battues : Seydou GUEYE à la Médina à Dakar, Abou Latif Coulibaly à Sokhone, Abdou SOW, député, Benoît SAMBOU, Ministre, Thierno Alassane SALL, etc. Le PS et le PDS sortent renforcés, Moustapha NIASSE recule et le Réwmi, d’Idrissa SECK stagne.
Ce sont des élections locales qui sanctionnent le gouvernement ; elles ne remettent pas en cause la légalité et la légitimité du pouvoir en place. Mais ce scrutin revêt, indubitablement, une signification politique, dans la perspective des présidentielles de 2017. En effet, il n’y a pas d’avenir pour celui qui ne veut pas agir sur le présent. Par conséquent, le gouvernement de M. Macky SALL serait bien avisé :
- De tenir compte les préoccupations des populations, en termes d’urgence sociale et d’intervention dans les grands projets (inondations, énergies, infrastructures, éducation et santé pour tous) ;
- D’élargir et consolider sa majorité politique ; élu à 65% la base politique de M. Macky SALL est mise à rude épreuve ;
- de professionnaliser et mobiliser l’APR, le parti présidentiel, qui pêche par sa jeunesse, son manque de culture politique et de solidarité et sa grande indiscipline. L’APR devrait se mobiliser, non pas autour de stratégies d’ambitions personnelles, mais en vue des demandes de la population qui émergent de ces élections de mi-mandat.
Paris, le 29 juin 2014. M. BA Amadou http://baamadou.over-blog.fr/
N.B. Cet article a été publié dans le journal «Le Ferloo», édition du 9 juin 2014.
Coluche est mort, tragiquement des suites d’un accident de la circulation, le 19 juin 1986, à Opio, dans les Alpes-Maritimes. Comme le temps passe vite, 29 ans déjà ! Michel Gérard COLUCCI, de son vrai nom, est né le 28 octobre 1944, à Paris 14ème, d’un père italien, Honorio COLUCCI (1910-1947), peintre en bâtiment, et d’une mère française, Simone BOUYER, dite Monette, une employée chez le fleuriste Baumann. Et voila, Mme LE PEN, un immigré de plus !
Son père meurt prématurément et le laisse orphelin à l’âge de trois ans. «Quand j’étais petit à la maison, le plus dur c’était la fin du mois. Mais c’est surtout les trente derniers jours.», dit Coluche dans un de ses sketches. Sa mère, pour boucler les fins de mois difficiles, trouve un deuxième emploi de vendeuse de billets de loterie, puis de conditionneuse dans un laboratoire pharmaceutique. Monette qui a deux enfants mineurs, fait tout pour que son Michel soit un garçon bien élevé. Monette s’étonne de la rapidité avec laquelle Michel a fait siennes les grossièretés des gamins de son école, alors qu’elle prônait, à table, un langage châtié. Le futur artiste anarchiste «comprend, confusément, que cette langue et les attitudes requises par Monette, sont une forme de servitude, d’allégeance au modèle bourgeois, un modèle pourtant qui oppresse» souligne Sandro CASSATI, un de ses biographes. Coluche veut faire plaisir à sa mère en se faisant le plus vulgaire de la classe, mais le plus adorable des fils. Elève dissipé, parfois insolent, Michel a une intuition profonde, un trait de caractère qu’il conservera toute sa vie, qu’il n’y a rien d’utile à apprendre de l’école, autant rigoler un peu. Il a déjà la psychologie du clown qui fait rire les élèves des rangs du fond parce qu’il tient tête à l’instituteur. Coluche a l’art de renverser les rapports de force, à coup de blagues et dérision. C’est un méchant petit marrant : «Je foutais le bordel, c’était pas pour rire, c’était pour foutre le bordel. J’ai toujours été plus subversif que comique.», dit Coluche. Il rate, dit-on, volontairement, son certificat d’études primaires. Coluche erre dans Montrouge, une cité des Hauts-de-Seine, proche banlieue parisienne, à l’époque, morne et désolée ; une ville cafardeuse où s’entassent des ouvriers, loin de la mixité sociale. A la cité de la Solidarité, à Montrouge, on est pauvre, ou très pauvre ; un monde résigné où on a le choix entre l’usine ou le chômage. En 1965, Coluche est renvoyé du service militaire, à Lons-le-Saunier, dans le Jura, pour insolence, indiscipline et impertinence.
Coluche ne voulait pas, comme sa mère, travailler pour un patron. Sa mère espérait que son garçon accepterait ce que l’hérédité réserve, de mieux, aux enfants des pauvres : devenir petit commerçant. On se tue à la tâche, mais on sait pourquoi. Adolescent, Coluche a failli mal tourner. «Voler, c'est quand on a trouvé un objet avant qu'il ne soit perdu», dit Coluche dans un de ses sketches. Coluche enchaîne alors de petits boulots, pour échapper à la délinquance. Michel prend le pseudonyme de «Coluche» à l’âge de 26 ans, tout au début de sa carrière d’artiste. Coluche passionné de guitare, sans être virtuose, apprend à jouer et à chanter, notamment au «Vieux Bistrot», dans l’Ile Saint-Louis, à Paris. Sa rencontre, en 1968, avec Romain BOUTEILLE, un libertaire non résigné, auteur de nombreuses pièces de théâtre, est un tournant majeur dans la vie de l’artiste. «Ce qu’il m’a appris, je lui ai piqué», dit Coluche. Il démarre dans les cabarets, notamment au Café de la Gare, le 12 juin 1969, à Montparnasse, dans le 14ème arrondissement de Paris. A Europe 1 et à Radio Monte Carlo, il est renvoyé pour ses «provocations». En 1971, Coluche fonde sa troupe, «Le vrai Chic Parisien» et monte «Thérèse est triste» (elle rit quand elle baise). Ses sketches «l’histoire d’un mec», ainsi que le «Schmilblick» en 1974, le propulsent au devant de l’actualité. A partir de 1969, avec «Le Pistonné», puis en 1977 avec «L’Aile ou la Cuisse», Coluche entame une carrière cinématographique. Il occupe des rôles de second plan au cinéma avant de camper des personnages plus centraux, puis de tenir le haut de l'affiche durant les années 1980, essentiellement pour des comédies. Coluche obtient un César du meilleur acteur en 1984, dans «Tchao Pantin», un film dramatique de Claude BERRI.
Issu du café-théâtre, Coluche reprend souvent à l'écran son personnage de Français moyen, râleur, vulgaire et irrespectueux qui lui a permis, au music-hall, d'obtenir une forte renommée populaire. Caustique, hilarant et revendiquant son mauvais goût, Coluche n’en est pas moins devenu l’un des comiques les plus appréciés en France et en Afrique. Dans cette France, à peine sortie du conservatisme étriqué et corseté du Gaullisme, Coluche, par son franc-parler, sa dérision, ne redoute rien, ni de choquer, ni d’agacer. C’est l’histoire d’un mec, d’un humoriste impertinent. Coluche assume sa grossièreté, mais sans jamais tomber, selon lui, «dans la vulgarité». Coluche nous a donné la mesure de son talent, à travers justement sa grande liberté d’expression, en adoptant un ton nouveau et provocateur, en s’attaquant aux tabous, puis aux valeurs morales et politiques de la France de la fin du XXème siècle.
Les âmes bienpensantes se sont souvent offusquées de la soi-disante vulgarité de Coluche qui est, en fait, un artiste engagé au grand coeur. La dérision violente dont Coluche use, pour dénoncer les stéréotypes de la société contemporaine, est inséparable de sa profonde sensibilité, de sa position d’artiste humaniste et intellectuel qui fait bouger les lignes. En effet, j’oserai dire que Coluche est un intellectuel, au sens où l’entendait Jean-Paul SARTRE : «l’intellectuel c’est quelqu’un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas». C’est quelqu’un qui aspire à l’universel de la Vérité. Coluche, à travers ses sketches, a bien dépeint la société française dans ce qu’elle a de retors, mais aussi de généreux. Il a renvoyé à la France, comme dans un miroir, sa propre image, en la mettant face à ses démons, ses angoisses, ses doutes et ses espérances. Cette position d’artiste intellectuel est perceptible dans les prises de positions subversives de Coluche, notamment à trois niveaux :
I – Coluche, un appel à redonner à la Politique et l’Administration leurs lettres de noblesse
Libertaire et proche du journal Hara-Kiri, tour à tour provocateur ou agitateur de positions sociales, Coluche, en posant sa candidature le 26 octobre 1980, pour l’élection présidentielle de 1981, a, avant les autres, montré que les hommes politiques ne sont plus crédibles ; ce sont des saltimbanques et des menteurs. La Politique a perdu une grande partie de sa noblesse et de sa grandeur. La Politique a été confisquée par des professionnels mus, essentiellement, pour leur carrière, et qui sont coupés des réalités. Et voici la tonitruante déclaration de candidature, «anti-système» et anarchiste, de Coluche aux présidentielles de 1981 : «J’appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques, à voter pour moi, à s’inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle. Tous, ensemble, pour foutre le cul avec Coluche. Le seul candidat qui n’a aucune raison de vous mentir». Avec cette «candidature anti-candidature», de «rigolard extrêmement grossier», comme il l’a souligné dans le «Monde Libertaire» n°385 du 22 janvier 1981, Coluche fait le procès de la classe politique enfermée dans ses mensonges, et qui ne s’intéresse que très peu aux exclus. Coluche, crédité de 16,1% dans les sondages, va inquiéter toute la classe politique. A la suite de diverses pressions, Coluche va retirer, le 16 mars 1981, sa candidature aux présidentielles.
Le discrédit de la classe politique, aux yeux de l’opinion publique, a bien été souligné avec éclat dans les sketches de l’artiste. En effet, Coluche a dénoncé la classe politique, dans ce qu’elle a de manque de probité, de transparence ou d’exemplarité. Politiquement incorrect, Coluche est incontrôlable. «Je ferai aimablement remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo, que ce n'est pas moi qui ait commencé». «Le plus dur pour les hommes politiques c'est d'avoir la mémoire qu'il faut pour se souvenir de ce qu'il ne faut pas dire». «Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit». «La Droite vend des promesses et ne les tient pas. La Gauche vend de l’espoir et le brise». «Ne croyez pas au Père Noël, il risque d’être candidat». «Le gouvernement s’occupe de l’emploi. Le Premier Ministre s’occupe personnellement de l’emploi. Surtout du sien». « Les sondages, c’est pour que les gens sachent ce qu’ils pensent ». «C’est pas compliqué, en Politique, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour ça, il faut avoir une mauvaise mémoire». «La chambre des députés, la moitié sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout». «Le communisme c’est une des maladies graves qu’on n’a pas encore expérimentées sur les animaux». «Les politiciens, il y en a, pour briller en société, ils mangeraient du cirage». «La dictature c'est "Ferme ta gueule !", la démocratie c'est "Cause toujours !". «Quand vous posez une question à un homme politique, normalement après sa réponse vous ne vous souvenez plus de votre question !». «Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme c'est le contraire».
Coluche a interpellé une certaine fonction publique indolente, afin qu’elle soit à la hauteur de la mission de service public dont elle est investie, comme l’avait fait Georges COUTERLINE, à travers sa satire, «Messieurs les ronds-de-cuir». «Dans l’administration, on ne doit pas dormir au bureau le matin, sinon on ne sait pas quoi faire l’après-midi». «Pourquoi les fonctionnaires ne regardent pas à la fenêtre le matin ? Parce qu'ils ne sauraient plus quoi faire l'après-midi». «L'administration en France, c'est très fertile. On plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts». «La hiérarchie c'est comme une étagère, plus c'est haut, plus c'est inutile». «Les chefs sont comme les nuages, quand ils disparaissent, il fait un temps magnifique». «Les administrations c’est des endroits où quand on arrive en retard, on croise ceux qui s’en vont en avance».
II – Coluche, un artiste généreux et solidaire avec les exclus
Coluche en s’investissant pleinement, en 1985, dans le démarrage des Restaurants du Cœur, avait mis en exergue le scandale des inégalités dans les sociétés industrielles. Au début des années 80, les sociétés occidentales n’avaient pas bien pris en compte le désespoir des exclus. Or, progressivement, la marginalité n’est plus folklorique, et ne concerne plus que quelques clochards. L’exclusion, même dans les pays riches, est devenue un phénomène de masse qui va plonger, durablement, la société dans un traumatisme sans précédent. Le terme de «sans domicile fixe» (S.D.F.), apparaît comme pour, pudiquement, cacher cette nouvelle misère des pays nantis. Ce sont ces changements lents, mais profonds, que la classe politique, engluée dans ses certitudes et dans la défense de ses privilèges, a du mal à analyser et prendre en charge. Le législateur reconnaîtra, mais par la suite, la portée très politique de ce geste du comédien, en faisant voter dans la loi de finances de 1989, le 23 décembre 1988, une disposition reconduite chaque année, dite «loi Coluche», qui exonère d’impôts les sommes versées à une organisation caritative.
Coluche a développé la prise de conscience que nous perdrions notre dignité à laisser se développer l’exclusion. Coluche, orphelin très jeune a connu les privations. N’ayant pas oublié d’où il venait, Coluche est un révolté, sans concession, contre les inégalités, notamment contre les exclusions. Et le dit haut et fort. «Dieu a dit : je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit». «L’argent ne fait pas le bonheur des pauvres. Ce qui est la moindre des choses». «Y’a des gens qui ont des enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir un chien». «On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C’est ça le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé». «Je ne suis pas un nouveau riche, je suis un ancien pauvre». «Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt». «Qu’est-ce qu’il fait l’Ethiopien quand il trouve un petit pois ? Il ouvre un supermarché».
III – Coluche, un militant antiraciste, pour l’égalité et la fraternité
Après la percée du Front National aux élections municipales à Dreux, en mars 1983, Coluche, toujours visionnaire et artiste engagé, n’a pas eu peur, pour son image, d’affirmer sa position antiraciste en devenant en 1984, lors des rencontres informelles à l’hôtel Lutétia, à Paris, un des membres fondateurs de SOS-Racisme. Très intuitif, Coluche a bien senti que cette poussée de la peste brune n’était pas qu’un phénomène éphémère de protestation contre la classe politique traditionnelle, comme on veut encore, plus de 30 années après, nous le faire admettre. Le vote Front National, durablement incrusté dans ce pays des droits de l’Homme, est devenu un acte d’adhésion aux idées nauséabondes du racisme. Fils d’un immigré italien et défenseur des valeurs républicaines, Coluche jusqu’au dernier souffle, s’est constamment battu pour l’égalité, la fraternité et le bien-vivre ensemble.
Coluche, affublé du drapeau républicain, est un éveilleur de conscience devant la montée du racisme qu’il a tout de suite bien cernée et brocardée. «Il y a quand même moins d’étrangers que de racistes en France». «Le changement, c'est quand on prendra les Arabes en stop». «Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, il y aura des hommes noirs, il y aura des hommes grands, il y aura des hommes petits, il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches, et tous seront égaux ; mais ça sera pas facile… Et puis il a ajouté : il y en aura même qui seront noirs, petits et moches et pour eux, ce sera très dur !». «Si tu es raciste, alors pourquoi tu cherches à bronzer ?». «Je n’ai rien contre les étrangers. Le problème, c’est que d’une part, ils ne sont pas français pour la plupart. Et selon le pays où on va, ils ne parlent pas le même étranger». «Alors les plaisanteries qui courent sur Jean-Marie LE PEN, comme quoi il aurait du sang étranger (...) sur son pare-chocs. Il en a, oui, mais c'est tout !». «Est ce que tu sais comment sauver Le Pen de la noyade ? Non. Tant mieux!». «On dit dans la presse : «Le Pen dépasse les borgnes, il exagère. En tout cas, à la télé, il fait führer». «Savez-vous ce qui frappe, le plus, les Algériens quand ils viennent en France ? C’est la Police». «Tous les étrangers seraient bien mieux dans leur pays. La preuve, nous on y va en vacances».
Coluche, à l’image de la société française, affectionne les blagues grivoises, les histoires drôles, des vertes des pas mûres et des bien saignantes. «L’irrespect se perd. Je suis ici pour le rétablir», disait Coluche. Par conséquent, oreilles chastes et esprits prudes ne lisez point les passages suivants. «Il n’y a pas de femmes frigides. Il n’y a que de mauvaises langues». «Bonjour Monsieur, je viens vous demander le vagin de votre fille. Vous voulez dire la main ? Non. Si c’est avec la main, je peux le faire moi-même». «Dieu a créé l’alcool pour que les femmes moches baisent quand même». «Le sexe, c'est comme la belote, si t'as pas un bon partenaire, faut avoir une bonne main». «Avant, je me souviens à la plage, il fallait écarter le maillot pour voir les fesses, aujourd'hui il faut écarter les fesses pour voir le maillot». "La bigamie, c'est quand on a deux femmes ; et la monotonie, c'est quand on n'en a qu'une". «Certains hommes aiment tellement leur femme que, pour ne pas l'user, ils se servent de celle des autres». «Les hommes mentiraient moins si les femmes posaient moins de questions». «L'Amour, c'est comme la grippe, on l'attrape dans la rue, on la résout au lit». «C’est un mec qui vient voir un vieux et qui lui dit : j'ai l'intention d'épouser votre fille ! Mais, vous avez vu ma femme ? Oui, mais je préfère quand même épouser votre fille". «Savez-vous comment on appelle une frite enceinte ? Une pomme de terre sautée».
Coluche raisonne, parfois, par l’absurde afin de mieux interpeler nos consciences. C’est un pince-sans-rire. «Il faut se méfier des comiques, parce que quelquefois ils disent des choses pour plaisanter». «Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur». «Je suis capable du meilleur et du pire. Mais, dans le pire, c’est moi le meilleur». «Si j’ai l’occasion, j’aimerais mieux mourir de mon vivant».
En définitive, les sketches de Coluche n’ont rien perdu de leur lucidité, de leur violence, et apparaissent, pour une large part, comme étant visionnaires et d’actualité. Son humour dévastateur, son culot, ses provocations et son humanisme, ont conduit Coluche au Panthéon de l’affection. Mon cher Coluche, tu nous manque énormément ; ce n’est pas drôle un Front National à 25%. Aussi, là où tu es, je te dis, tout simplement : «Salut l’Enfoiré, mon Pote !».
Bibliographie très sélective
Coluche, Brève autobiographie, L’Aurore du 4 septembre 1974 ;
Coluche, La France pliée en quatre, Paris, Calmann-Lévy, 1981, 215 pages ;
Coluche, L’horreur est humaine, Paris, Librairie Générale Française (LGF), 2006, 249 pages ;
Coluche, Coluche, Président, Paris, M. Lafon, 1993, 199 pages ;
Coluche, Elle est courte, mais elle est bonne, Paris, LGF, 2002, 187 pages ;
CASSATI (Sandro), Coluche, du rire aux larmes, Paris, 2011, City éditions, 234 pages ;
DUREAU (Christian), Coluche : le roi du gag, Paris, D. Carpentier, 2011, 109 pages ;
TENAILLE (Frank), Le Roman de Coluche, Paris, Seghers, 1986, 259 pages ;
DEVILLIERS (Manuel), Coluche : du rire au cœur, Paris, Desclée de Brouwer, 1996, 135 pages ;
MARTINEZ (Aldo), VALGUELSY (Jean-Michel), PARIS (Ludovic), Coluche, à cœur et à cris, Paris, Librairie Générale Française, 1988, 287 pages ;
BOGGIO (Philippe), Coluche, l'histoire d'un mec, Paris, Editions J’ai Lu, 1992, 505 pages ;
MALLAT (Robert), Coluche, Devos et les autres, Paris, L'Archipel, 1997, 307 pages ;
PARIS (Ludovic) et DELPIERRE (Dominique), Coluche, cet ami-là, Paris, Michel Lafont, 2001, 212 pages;
VAGUELSY (Jean-Michel), Coluche, roi du cœur, Paris, Plon, 2002, 261 pages ;
PASCUITO (Bernardo), Coluche : toujours vivant, Paris, Payot, 2006, 235 pages ;
COURLY (Eric), GILLET (Bruno) et GRATON (Jean), Coluche, c’est l’exploit d’un mec, Paris, Edition Graton, 1999, 48 pages ;
FRETAR (Romain), Coluche : L'Arme au Cœur, Paris, Éditions Alphée- Jean-Paul Bertrand, 2009, 181 pages ;
WAQUET (Jean), Coluche, Paris, Soleils Production, 2006, 79 pages.
Paris, le 10 juin 2014. M. Amadou BA – http://baamadou.over-blog.fr.
Le Parti socialiste sénégalais va aborder son 15ème congrès, à Dakar, les 6 et 7 juin 2014, dans un contexte particulièrement difficile. Le P.S. est confronté à des questions de leadership, d’alliance, de stratégie et de lisibilité de sa ligne politique.
Un des objectifs de ce congrès est de renouveler le mandat de ses instances, largement arrivé à expiration ; c’est le 2ème congrès sur une période de 15 ans. Héritier de la SFIO, du Bloc Démocratique Sénégalais et de l’Union Progressiste Sénégalaise, le PS avait, jusqu’ici, privilégié le débat, l’échange et la démocratie interne. M. Ousmane Tanor DIENG, Secrétaire Général sortant, avait promis de ne pas se représenter. Mais on sait que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Comme l’a dit Amadou Hâmpaté BA «La parole vaut ce que vaut l’Homme. L’Homme vaut ce que vaut sa parole». La classe politique ne peut être crédible que si l’on «dit ce qu’on fait et on fait ce qu’on dit», en référence à un slogan de Lionel JOSPIN.
Suite à un appel de candidatures, Ousmane Tanor DIENG, le Secrétaire Général sortant, devait, pour la première fois, affronter une femme, l’avocate Aïssata TALL SALL. Les observateurs y avaient vu un double signe de la vitalité du Parti socialiste, héritier d’une grande tradition démocratique au Sénégal.
D’une part, ne serait-ce que la démocratie interne au sein d’un parti, tant redoutée en Europe et particulièrement combattue en Afrique, allait être expérimentée par le Parti Socialiste Sénégalais. Je me disais, qu’une fois de plus, le Sénégal allait réaffirmer, en Afrique, sa vocation historique à servir de modèle de démocratie.
D’autre part, au moment où la loi sur la parité, votée en 2004, a été remise en cause par les religieux pour les élections du 29 juin 2014, en violation flagrante des principes républicains, le Parti socialiste sénégalais allait réagir de façon vigoureuse, et surtout symbolique, en mettant en compétition une femme pour le poste de Secrétaire Général d’un grand parti de gouvernement. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, l’essentiel n’est pas là. Les symboles ont une grande importance en Politique et permettent de faire bouger les lignes.
Et voila que le vendredi 30 mai 2014, Mme Aïssata TALL SALL est évincée de cette élection interne, sans que les vraies raisons de ce putsch ne soient vraiment décelables. M. Ousmane Tanor DIENG sera donc élu Secrétaire général, sans mener la bataille. Officiellement, les instances dirigeantes redoutent que ce débat interne n’abîme encore davantage le PS déjà mal en point. D’autres disent que les jeux sont faits, avec son trésor de guerre, acquis de longue date, Tanor lors du renouvellement des instances, s’est octroyé une majorité confortable pour se faire réélire Secrétaire Général, sans coup férir. Qu’importe ! Mon parti ne doit pas avoir peur du débat, dès l’instant que celui-ci porte, non pas sur les personnes, mais sur les idées, la ligne politique du Parti, ses alliances et sa stratégie.
Je redoute, par conséquent, que ce congrès des 5 et 6 juin 2014 ne soit une rencontre pour rien, une manifestation folklorique pour se rassurer et se complimenter. Songez seulement que le PS, qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000, ne représente maintenant que 11% des électeurs.
En vue du congrès, la direction du PS a communiqué aux militants un rapport d’orientation de 39 pages, intitulé «Valeurs socialistes et défis de notre époque». Le Socialisme y est défini comme «La rationalité et partant, l’efficacité, la justice sociale fondée elle-même sur la solidarité humaine». Soit ! La première partie de ce document traite sur 30 pages, le bilan des Socialistes au gouvernement. La deuxième partie, sur 4 pages, est consacrée aux défis du XXIème siècle et les solutions socialistes. La troisième partie, en 5 pages, est consacrée au rôle des partis politiques dans une société en pleine mutation.
Il va de soi, que l’héritage des Socialistes en termes de construction d’un Etat démocratique et d’une Nation sénégalaise, est globalement positif. C’est un passé glorieux dont ne pouvons qu’être fiers. Mais si l’alternance est intervenue en 2000, et que le PS est dans l’opposition depuis 12 ans, et qu’il ne cesse de reculer, dangereusement, scrutin après scrutin, c’est que les Sénégalais ont quelque chose à nous reprocher. Tout n’est pas rose. Cette longue évaluation du bilan des socialistes au gouvernement, manque de distance critique et d’examen de conscience. Certes, notre dette à l’égard du président SENGHOR, en termes d’indépendance pacifique, de cohésion nationale, d’identité culturelle et de prestige du Sénégal dans le monde, est immense. Toutefois, certaines mesures arbitraires ou autoritaires (enfermement sur une durée excessive de Mamadou DIA et de ses compagnons, répressions des mouvements étudiants, longue période de monopartisme, etc.), ainsi que son anticommunisme, sans discernement, ont quelque peu terni son image. Même si Abou DIOUF, dans le sillage du président SENGHOR est un grand démocrate qui a permis une alternance pacifique, dont on est fier, il ne nous a pas laissé de grandes réalisations. Ses 20 ans au pouvoir ont été deux décennies perdues. Cet immobilisme et ce manque de dynamisme, et vivant dans un passé glorieux, mais révolu, n’a pas tenu compte des profondes aspirations des Sénégalais à mieux vivre. C’est le reproche que nous renvoient les Sénégalais. Plus grave encore, pendant le règne d’Abdou DIOUF, et à partir de 1996, le PS, et à défaut d’avoir une vision stratégique pour l’avenir, le débat qu’avait initié le président SENGHOR, s’est transformé en conflit de personnes. Le PS porte encore les stigmates des défections de Djibo KA, de Robert SAGNA, ainsi que le conflit fratricide entre Tanor et Moustapha NIASSE. Si une alliance était intervenue en 2012 entre Tanor et Moustapha NIASSE, c’est le PS qui serait, actuellement, aux commandes du Sénégal. Espérons que cette compétition entre Tanor et Aïssata TALL SALL ne portera encore un préjudice au Parti Socialiste. Les militants s'interrogent : pourquoi maître Aïssata TALL a t-elle jeté, facilement, l'éponge, sans aucune résistance ? y aurait t-il eu un deal au sommet, en vue d'un partage du gâteau ? Maître SALL serait-elle téléguidée par Macky SALL en vue de ramasser les miettes du PS ? Les rumeurs folles ne cessent d'alimenter le Web.
La deuxième partie de ce rapport constate que le néo-libéralisme a échoué. La troisième partie considère que le PDS d’Abdoulaye WADE n’a pas été à même de résoudre les problèmes des Sénégalais que seul le PS pourrait prendre en charge. C’est à l’honneur du Secrétaire Général Ousmane Tanor DIENG d’avoir refusé toute compromission avec Abdoulaye WADE. Notre objectif de le faire partir en 2012 a été atteint. En revanche, bien des Socialistes s’interrogent sur l’opportunité de notre présence au gouvernement de Macky SALL. Pour eux, le PS qui travaille avec l’ancien Premier Ministre de WADE, M. Macky SALL, «fait du WADE, sans WADE». Le constat général dressé, après deux ans au pouvoir, est la «hollandisation» du pouvoir de M. Macky SALL dont les résultats, en termes d’aide aux populations en difficulté, sont particulièrement médiocres.
Le Sénégal compte plus de 166 partis politiques. Cependant, aux dernières élections présidentielles de 2012, seuls 5 partis politiques sortent du lot et totalisent 95 % des voix. Trois partis politiques sont d’inspiration libérale (le PDS de maître Abdoulaye WADE, l’APR de M. Macky SALL et REWMI de M. Idrissa SECK). Deux partis sont de la mouvance socialiste (Le Parti Socialiste avec Tanor DIENG et l’Alliance des Forces de Progrès de M. Moustapha NIASSE). Avec qui s’allier ?
Faut-il récréer un grand parti socialiste ? Comment sera désigné le candidat du PS aux présidentielles de 2017 ? Autant de questions que le rapport introductif ne clarifie pas. Pendant ce temps, le Parti Socialiste continue sa lente décadence. Désormais, le Parti Socialiste est face à son destin : se renouveler, se remettre en cause, ou périr. Déjà ce n’est pas facile d’être dans l’opposition, mais jusqu’à ce quel niveau les militants socialistes accepteront-ils la marginalisation de leur parti, sans réagir ?
M Ousmane Tanor DIENG est un authentique socialiste et un homme d'Etat. J’espère que l’intérêt du parti prévaudra sur le reste.
Pour ma part, en ces temps difficiles, et plus que jamais, les Sénégalais ont besoin d’un Parti Socialiste puissant, et qui réaffirme ses principes de démocratie, de laïcité, de transparence dans la sphère publique, de bonne et saine gestion de nos faibles deniers publics, de justice, de compassion et de bienveillance à l’égard des plus faibles.
Ce samedi 31 mai 2014, j’ai assisté, à la rue Danielle CASANOVA, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, près de Paris, à une étonnante et chaleureuse cérémonie de remise du diplôme de docteur en philosophie et théologie à un ami, Pascal BONIN.
Le docteur Pascal BONIN, originaire de Côte-d’Ivoire, est un élu socialiste à Etampes dans l’Essonne. Aussi, Mme Marie-Thérèse WACHET, chef de l’opposition dans cette ville, «Etampes qui Ose et agit», ainsi que son conjoint, étaient présents à cette occasion. De nombreux militants socialistes étaient également présents, dont Louis Mohamed SEYE et Pierre PASTEL.
Je savais que Pascal, militaire de carrière, est un poète, membre du Collectif des étudiants Nègres, et président de l’association «Synergies Citoyennes». Mais c’est le militantisme au sein du Parti Socialiste, notamment pour la diversité en politique, qui nous a rapprochés.
Ce que je savais moins, c’est l’engagement, en qualité de pasteur itinérant, de Pascal BONIN, au sein de l’Eglise évangéliste baptiste. Moi qui suis de confession musulmane, j’ai appris que les baptistes n’ont pas de Pape, ils ne croient pas à la Vierge, et les pasteurs peuvent se marier. Aussi, la famille Pascal était présente à la cérémonie de graduation.
C’est le docteur Roger RICHARDSON, président de la Rhema University, à Orlando, (Floride) aux Etats-Unis, qui a présidé la cérémonie. J’ai été épaté par le professeur RICHARDSON, dans ses grandes aptitudes à la communication, et sa façon d’interpeler l’assistance avec une spontanéité déconcertante. Les amis de Pascal ont été convoqués à la tribune pour témoigner sur ses qualités personnelles et morales.
La thèse du docteur Pascal BONIN a porté sur la relation entre les Musulmans et les Chrétiens. Ce qui atteste bien de la dimension humaniste de notre ami Pascal qui insiste, dans sa vie, sur ce qui unit et non sur ce qui divise. La différence n’est pas un mal, mais une source d’enrichissement mutuel et de complémentarité. C'est un puissant message d'Amour ces temps troublés et de doute. Pascal nous invite à n'avoir pas peur, et à entrer dans l'espérance.
La cérémonie, comme dans les églises noires américaines, a été particulièrement joyeuse et festive. La musique et la danse nous ont, vite, fait oublier le retard de démarrage de la remise du diplôme. Tantôt, il fallait se lever, danser, applaudir ou dire louer le Seigneur. J’étais un peu perdu dans le cérémonial. J’ai observé et suivi ce que faisaient les autres.
Le tout s’est terminé par cette prière « Notre Père ».
Notre Père, qui êtes aux cieux,
que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive,
que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour.
Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.
Mais délivrez-nous du mal.
Ainsi soit-il.
Car c'est à Toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.
Paris, le 31 mai 2014. M Amadou Bal BA - Baamadou.over-blog.fr.
En France et en Afrique, on connaît certains écrivains antillais célèbres, comme Léon GONTRANS-DAMAS (1912-1978), Aimé CESAIRE (1913-2008), chantres de la Négritude, et Edouard GLISSANT (1928-2011), prix Renaudot en 1958, pour la Lézarde, Patrick CHAMOISEAU (né le 3 déc. 1953, à Fort-de-France), prix Goncourt 1992, avec son roman Texaco, champions de la créolité. Mais qui connaît Vincent PLACOLY ?
J’avoue que, jusqu’au 21 mars 2014, date de ma visite au Salon du livre, Porte de Versailles, à Paris, au stand de l’Outre-mer, pour rencontrer Mme Marie-Andrée CIPRUT, je n’avais jamais entendu parler de Vincent PLACOLY.
Les auteurs d’un ouvrage, «Vincent PLACOLY : un écrivain de la décolonisation», les professeurs CHALI et ARTHERON, étaient présents, et m’ont dédicacé leur ouvrage collectif. «Pour une lecture riche et ouverte, de l’écriture placolienne. Bonne lecture et merveilleux voyage littéraire», me dit Jean-Georges CHALI, maître de conférences en Littérature comparée à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG). «Pour Amadou, en vous souhaitant une bonne lecture et un fructueux voyage en terre placolienne», écrit M. Axel ARTHERON », doctorant à l’Institut de recherche en études théâtrales de Paris III, Sorbonne Nouvelle et professeur au Département des Lettres à l’Université des Antilles et de la Guyane.
Vincent PLACOLY est méconnu du grand public. Et pour cause ?
PLACOLY est un écrivain, authentiquement, révolutionnaire, «dans la perspective d’une émancipation intellectuelle et d’un épanouissement de l’Homme», dit Jean-Georges CHALI. A l’instar d’Aimé CESAIRE, Vincent PLACOLY est un griot des temps moderne, «la voix de ceux qui n’ont pas de voix». En effet, PLACOLY a été marqué par les émeutes de 1959, à Fort-de-France qui ont causé la mort de trois jeunes. Ce qui a conduit à une radicalisation des positions du Parti Communiste qui réclame l’autonomie. La génération de PLACOLY, c’est celle des indépendances des pays africains, de la toute puissance intellectuelle de Frantz FANON, ainsi que de la révolte des étudiants de mai 1968. PLACOLY, était étudiant en France, pendant cette période troublée. Aussi, il n’est pas étonnant que le Groupe Révolutionnaire Socialiste de Vincent PLACOLY réclame l’indépendance des Outre-mer. «Vincent, était un être qui s’est battu et n’a cessé de se battre pour l’humilité, l’humanité, la liberté, la dignité et la prise de conscience de soi», dit Gilbert PAGO, un co-fondateur avec PLACOLY, du Groupe Révolutionnaire Socialiste (GRS), d’obédience trotskiste. A la suite de la création du GRS, le gouvernement va tenter, sur le fondement de l’Ordonnance du 15 octobre 1960, d’exiler Vincent PLACOLY en France métropolitaine. Une forte mobilisation des syndicats d’enseignants va faire plier le gouvernement qui renoncera à muter PLACOLY. PLACOLY incarne la Gauche de la Gauche. Ainsi, le manuscrit que PLACOLY s’apprêtait à publier, à la veille de sa mort, «Le cimetière des vaincus», retrace une violente querelle avec les grandes maisons d’édition parisiennes (Seuil et Gallimard), qui voulaient l’engager dans une écriture «exotico-fleuriste ». Suivant Daniel SEGUIN-CADICHE, un de ses biographes, cette exigence des éditeurs a été considérée par PLACOLY, comme «d’obscures pulsations racistes et paternalistes». Pour Gilbert PAGO, le compagnon de route : «PLACOLY était un homme libre, qui refusait les idées toutes faites, le dogmatisme, la censure idéologique, les préjugés».
Vincent PLACOLY est né le 21 janvier 1946 au MARIN, en Martinique, de parents instituteurs. Décédé le 6 janvier 1992, Vincent PLACOLY est un enseignant, écrivain, dramaturge et militant politique. En classe de Première en 1960, c'est la découverte de Frantz FANON et des "Damnés de la terre", un livre interdit à l'époque et qui circule sous le manteau, c'est la découverte de la littérature antillaise, de CESAIRE, de DAMAS. Après des études secondaires au Lycée SCHOELCHER, en 1962, PLACOLY fait une khâgne au Lycée Louis le Grand à Paris, et des études supérieures à la Sorbonne. A Paris, Vincent PLACOLY se lie d'amitié avec des étudiants guadeloupéens, dont Daniel MARAGNE, des étudiants africains, dont son condisciple sénégalais, Omar Blondin DIOP, plus tard leader de mai 68, mort emprisonné dans les geôles de SENGHOR. PLACOLY fréquente l'Union des jeunes communistes, mais surtout ceux de la Sorbonne et de Normale Supérieure. Très tôt, avec son professeur de philosophie René MENIL, compagnon d'armes d'Aimé CESAIRE, il s'interroge sur «les formes, les structures, les styles du roman». Selon eux, «le roman est la destinée de la Martinique, et en première urgence, l'écriture doit apporter une esthétique du refus qui sait dire non à la banalité du sentiment et du langage pour bien asseoir la liberté et l'indépendance de la création littéraire».
La production intellectuelle de PLACOLY, particulièrement riche, renouvelle, depuis CESAIRE, la littérature antillaise. «PLACOLY était de ceux-là même pour qui le devenir de l'écrivain restait lié à un travail assidu et contraignant de la recherche d'une esthétique : la quête de la perfection à vrai dire», souligne Gilbert PAGO. Depuis son premier roman, « La vie et la mort de Marcel GONSTRAN» en 1971, Vincent PLACOLY a continué à écrire jusqu'à sa mort en 1992. Il avait 25 ans pour le premier ouvrage. Puis il y a eu «L'eau-de-mort Guildive» en 1973, et «Frères volcans : chronique de l'abolition de l'esclavage» en 1983. C’est le roman-clé. Il jouxte l’histoire à la fiction. Et puis il y a «Une journée torride», en 1991, un avant sa mort. Suivra une œuvre colossale constituée de romans, pièces de théâtre, essais, nouvelles et textes divers. Certains sont aujourd’hui encore inédits, donnant ainsi une portée limitée à l’œuvre de PLACOLY, tout au moins pour le grand public. Vincent PLACOLY se mettait au service de l’éducation populaire et ce n’est par hasard que tout son théâtre a été placé sous les auspices du service public comme Jean VILAR avec son Théâtre national populaire. Sur le plan de l’esthétique, PLACOLY s’attache à décrire une société moderne. Avec lui, nous ne sommes plus au temps des plantations, mais bien dans la Martinique des années 1970. Les problématiques liées à l’exil, au Bureau pour les migrations dans les départements d’Outre-mer (BUMIDOM), à l’urbanisation galopante de la société antillaise après l’effondrement de l’industrie sucrière, permettent à PLACOLY de s’enraciner dans la contemporanéité des sociétés caribéennes de la fin du XXe siècle.
La contribution littéraire de Vincent PLACOLY est fortement marquée par un engagement politique. En effet, Vincent PLACOLY fait partie, de ce que les professeurs CHALI et ARTHERON appellent un «écrivain de la troisième génération », des Antilles pour dénoncer les résultats d’une «politique d’asservissement et d’aliénation coloniale». La première génération composée notamment de René MARAN (1887-1960), Aimé CESAIRE, Léon GONTRANS-DAMAS, Joseph ZOBEL (1915-2006) ou Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001), en quête d’identité culturelle du monde noir, revendiquait un engagement littéraire et poétique, se voulant politique et engagé. La deuxième génération d’écrivains, comme Edouard GLISSANT et Frantz FANON (1925-1961), dans un contexte d’indépendance des pays africains, est résolument anticolonialiste. Cette deuxième génération, tout en poursuivant la dynamique de la première, rejette les positions de type culturaliste, comme le panafricanisme ou l’afro-centrisme. La troisième génération, celle notamment de Vincent PLACOLY, Maryse CONDE (née en 1937, Pointe-à-Pitre), Patrick CHAMOISEAU, milite pour l’émergence d’une langue créole littéraire. Les critiques de PLACOLY contre la Négritude de SENGHOR sont, parfois, violentes et sans nuances : «Non ! La Négritude de SENGHOR n’a conduit ni le Sénégal, ni l’Afrique dans la voie de l’indépendance et de la révolution. Au contraire, elle l’a fait passer sous la table des intérêts impérialistes, et sous la table du nationalisme des abandons et de la compromission». Dominique TRAORE précise que Vincent PLACOLY est resté attaché à l’Afrique où il comptait de nombreux amis qu’il avait rencontrés lors de son séjour à Paris. La vigueur de la réaction de PLACOLY contre SENGHOR est une protestation contre la mort, en prison, au Sénégal, de son ami Omar Blondin DIOP (1946-1973), un des dirigeants du mouvement étudiant des années 1970. La troisième génération, suivant les professeurs CHALI et ARTHERON, insuffle «une direction nouvelle à la littérature antillaise», en refusant de s’enfermer dans une essence qui serait de type national-populiste. Vincent PLACOLY est un écrivain de «l’américanité ». «Il se fait héraut décomplexé d’une littérature antillaise désormais tournée vers les rivages de la connaissance de soi, et du regard vers l’ailleurs», soulignent les professeurs CHALI et ARTHERON.
Cette contribution littéraire de la créolité de Vincent PLACOLY comporte quelques axes fondamentaux : la problématique de l’engagement politique et social, l’importance de l’histoire, avec une vision décentrée, et les projets idéologiques sur l’américanité.
I – PLACOLY, un auteur engagé politique et socialement.
Pour Vincent PLACOLY, la ville est source d’aliénation et de violences sociales. En effet, la vision PLACOLY de la ville coloniale, dans son ouvrage «l’eau de mort Guildive», est bien commentée par le professeur CHALI. La ville, en apparence, éblouit et symbolise l’espoir. Telle une magicienne, avec sa luminosité, la ville renferme des richesses et serait capable de chasser la pauvreté et de préserver l’existence humaine. En fait, le héros de ce roman, est confronté au problème de l’anonymat en milieu urbain ; il est pris au piège, se terre par peur de lui-même au point de «se nier et de se déréaliser». La ville, lieu oppressif, source d’angoisse, se révèle agressive, véritable foyer de violence et de délinquance. Le héros du roman souffre d’un complexe de persécution et d’exclusion ; il se sent exclu d’un monde cultivant d’autres valeurs comme la cupidité, l’individualisme, l’égoïsme et l’égotisme. La ville crée aussi, chez le héros, une névrose et celui-ci s’aliène. Cependant, en dépit de tous ces clichés, la ville n’en demeure pas moins le lieu de rédemption et de salvation ; elle acquiert une dimension initiatique et une révolution intérieure s’accomplit. Finalement, la ville coloniale cristallise les consciences, provoque les révoltes et les barricades.
Dans son roman, «la fin douloureuse et tragique d’André ALIKER», Vincent PLACOLY fait appel à la technique de distanciation du dramaturge allemand, Bertolt BRECHT (1898-1956). C’est l’histoire de l’assassinat, le 12 janvier 1934, d’un jeune journaliste, militant communiste, qui avait révélé un grand scandale financier. Les assassins du journaliste sont acquittés, dit-on, «faute de preuves suffisantes». En 2009, avec un scénario de Patrick CHAMOISEAU, le réalisateur Guy DESLAURIERS en a fait un film poignant, disponible sur les sites T411 et Youtube. Cette affaire témoigne les rapports de force entre la classe ouvrière et la classe possédante. Dans sa pièce de théâtre, Vincent PLACOLY se focalise sur les derniers jours d’André ALIKER, tout en insistant sur les failles du système judiciaire. Par l’effet de distanciation, «la fin assignée au théâtre sera, désormais, de provoquer, au moyen de la scène et du texte, une lecture critique des événements représentés», souligne le professeur Axel ARTHERON. Cet effet de distanciation a pour finalité d’amener le spectateur à considérer ce qui se déroule sur la scène «d’un œil critique et investigateur». Le sacro-saint principe, «la parole est action», qui privilégie le principe énonciatif, est abandonné au profit de la narration. La dimension politique de la pièce, «la fin douloureuse et tragique d’André ALIKER», est évidente. Elle est écrite dans un contexte de l’indépendance des pays d’Afrique et de la poussée du nationalisme qui reflète, dit le professeur ARTHERON, «l’expression d’un sentiment d’injustice chez les travailleurs martiniquais». La Martinique, sous le joug des féodalités des Békés, réclame justice. Par conséquent, cette pièce de Vincent PLACOLY est une condamnation, sans fard, de la société coloniale forgée sur les débris de l’esclavage.
Max BELAISE décrit Vincent PLACOLY comme un «existentialiste sartrien, d’extraction fanonienne». PLACOLY est un penseur. L’acte de penser, suivant Albert CAMUS c’est de «réapprendre à voir, à être attentif, c’est diriger sa conscience». PLACOLY a une soif d’exister et rejette tout fatalisme. Admirateur de Jean-Paul SARTRE et de Frantz FANON, notre auteur revendique son existentialisme, et «rendre intelligible l’homme dans son rapport au monde et à lui-même». Pour Vincent PLACOLY l’Homme n’est pas réduit à un être contemplatif, à son animalité et à sa matérialité, mais c’est un individu libre, doté d’une conscience politique, qui refuse toute démission de l’être. « L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait », disait Jean-Paul SARTRE. Aussi, PLACOLY tente d’inventer un homme nouveau, doté d’une certaine «conversion de soi vers soi». Tout comme Frantz FANON, Vincent PLACOLY a mis en accord ses idées avec sa vie. PLACOLY s’est doté d’une vocation, celle de conscientiser ses contemporains, à l’idée de s’affranchir du passé esclavagiste et de l’aliénation culturelle.
II– PLACOLY, architecte et idéologue de l’histoire, et pour une vision décentrée
Stéphanie BERARD s’interroge Vincent PLACOLY est-il historien ou écrivain ?
Mme BERARD, pour répondre à cette question, fait une étude critique de la pièce de Vincent PLACOLY, «Dessalines ou la passion de l’indépendance». Jean-Jacques DESSALINES, premier empereur d’Haïti au pouvoir depuis 1804, voit son règne toucher à sa fin en 1806. Sa cruauté, comme son intransigeance et ses ambitions démesurées, dressent contre lui son peuple, et le vouent à sa perte. PLACOLY transforme la matière historique en œuvre poétique. PLACOLY est un écrivain et non historien. Un des personnages de la pièce, Coquille, a pour fonction de consigner, par écrit, les hauts faits de l’histoire du règne de Dessalines. Mais Coquille se révèle en piètre et ridicule historien. Coquille cherche constamment ses mots et ne parvient nullement à fixer l’histoire. Pour PLACOLY, l’historien est sujet à l’erreur, à la falsification de la réalité. Par conséquent, PLACOLY démystifie le travail de l’historien et dénonce le caractère illusoire et factice de vouloir fixer par l’écriture les événements. PLACOLY crée un autre personnage, Défilée, une femme mère-courage qui incarne la sagesse et l’idéal de la raison contre la passion. Le personnage de Défilée révèle l’homme derrière le combattant qu’est Dessalines mis face à ses actes et à sa tyrannie. Le héros légendaire et sanguinaire, devient plus humain. Derrière le caractère sanguinaire de Dessalines se cache un caractère idéaliste dirigeant qui veut libérer son peuple.
Laura CARVIGAN-CASSIN présente la pièce de PLACOLY intitulée «Frères Volcans». L’auteur endosse la peau d’un Blanc créole vivant à Saint-Pierre lors de l’abolition de l’esclavage en 1848. Un ancien planteur décrit dans son journal intime les états d’âme d’une société créole. Pour Molly GROVAN LYNCH «l’intrigue se déroule sous le signe du délire», d’un conte initiatique. Le narrateur fait un rêve prémonitoire annonçant l’incendie de sa plantation par une bande d’esclaves révoltés, la fièvre le dote d’une clairvoyance inespérée. Le rêve et l’hallucination peuvent donc conduire à des éclaircissements bénéfiques. Il est donc possible de forger dans l’imaginaire, «les armes de la lutte contre l’oubli». Dans les «Frères Volcan », une chronique distanciée, l’identité ne repose plus sur le principe de clôture et d’exclusion, mais sur une dynamique de mouvement « d’ouverture à l’autre et d’accès à la différence de l’autre», souligne André CLAVERIE. Le colonisateur s’exaltait dans la plénitude de son Moi, le Blanc (Béké) évoqué par PLACOLY porte un regard critique sur lui-même, et cherche à comprendre l’Autre, le Noir, l’Esclave.
Rita CHRISTIAN examine «La vie et la mort de Marcel Gonstran». PLACOLY y examine plusieurs thèmes : la colonisation, la migration, l’exil et l’aliénation. «La vie aliénée commence sous le regard de l’autre. Plus précisément, quand le regard que l’on porte sur soi, n’est plus différent de celui par lequel l’autre me constitue», souligne Jacques ANDRE. Dans la vie et la mort de Marcel Gonstran, Vincent PLACOLY fixe son écriture sur la Caraïbe et les Amériques. C’est une entreprise novatrice visant écrire l’histoire et la réalité des masses opprimées. L’acte de penser, d’écrire, devient un langage sur la conscience. Cette interrogation de l’histoire est une expérience de la connaissance, et «favorise le rapprochement de soi avec soi», soulignent les professeurs CHALI et ARTHERON.
Ce renouvellement de la perspective littéraire, dans le cadre de l’américanité m’a plus qu’intéressé et interpelé. En plus comme toute incursion dans un monde nouveau, j’ai élargi mon vocabulaire : écouter ces mots ou abréviations comme «Guildive», «Hougan», le «GRS» ou le «BUMIDOM».
Bibliographie sélective :
CHALI (Jean-Georges) et ARTHERON (Axel), Vincent PLACOLY, écrivain de la décolonisation, (ouvrage collectif, avec 15 contributions), préface de Daniel MAXIM, sous forme de poème, Matoury, Guyane, Ibis Rouge, 2014, 236 pages ;
CHALI (Jean-Georges) et PLENEL (Edwy), Vincent PLACOLY : un Créole américain, Paris, Desnel, Anamnésis, 2009 255 pages ;
PLACOLY (Vincent), La fin douloureuse et tragique d’André ALIKER, schéma pour la présentation d’une société coloniale, Fort-de-France, Groupe révolution socialiste, 1969, 18 pages ;
PLACOLY (Vincent), La vie et la mort de Marcel Gonstran, Paris, Denoêl, 1971, 173 pages
PLACOLY (Vincent), L’eau-de-mort Guildive, Paris, Denoël, 1973, 228 pages ;
PLACOLY (Vincent), Une journée torride, essais et nouvelles, Montreuil, La Brèche, 1991, 163 pages ;
PLACOLY (Vincent), Le cimetière des vaincus, 1991, inédit ;
PLACOLY (Vincent), DESSALINES ou la passion de l’indépendance, La Havane, Cuba, La Casa de Las Americas, 1983, 96 pages ;
PLACOLY (Vincent), Frères Volcans, chronique de l’abolition de l’esclavage, Montreuil, La Brèche, 1983, 126 pages ;
PLACOLY (Vincent), «La maison dans laquelle nous avons choisi de vivre», in TRANCHEES, n° hors série, 1993, p 35-36 ;
SUVELOR (Roland), «Vincent PLACOLY ou le parcours inachevé», in TRANCHEES, n° hors série, 1993, p 14-17 ;
RUSTAL (Max), «Questions sur Vincent PLACOLY», in TRANCHEES, n° hors série, 1993, p. 7 ;
SEGUIN-CADICHE (Daniel), Vincent PLACOLY, une explosion dans la cathédrale, ou regards sur l’œuvre de Vincent PLACOLY, Paris, L’Harmattan, 2001, 334 pages.
Paris le 29 mai 2014. M. Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Secoué par le 21 avril 2002, je ne croyais ne plus jamais revivre un tel traumatisme. Mais voila que les amoureux de la haine s’installent comme le 1er parti de France. La France, membre fondateur de l’Europe, et deuxième puissance de ce continent, va envoyer au Parlement européen le gros bataillon de députés de frontistes. Certains, qui s'étaient abstenus, vont appeler à manifester à la Place de la République. Mais, il fallait aller voter. Je suis sidéré devant la passivité des républicains face à la montée de la peste brune.
Pourtant, partout là où la haine s’est logée dans le cœur des hommes, non seulement il sera difficile de l’en extraire, mais elle n’a produit que chaos et désolation. Le FN n’est pas un parti comme les autres, c’est un adversaire résolu de la République et de la démocratie. Hannah ARENDT avait examiné les causes de la "banalité du Mal". Je souscrit à son concept de "Mal radical" qui s'applique aux idées du FN, actuellement banalisées. Le Mal ne peut combattu, utilement, ni sous l'angle de la transgression de la Loi, sous le concept de culpabilité devenus inefficaces. Le racisme en France est devenu un Mal absolu en ce sens qu'on nous a dénié la qualité d'être humain, de citoyen français. On est ravalé au rang de singes. Cette attaque contre l'Humanité interpelle chacun d'entre nous, quelle soit la couleur de notre peau. En effet, je crois "aux forces de l'esprit", comme le dirait François MITTERRAND. Le Bien souvenrain, l'Amour, ont toujours fini par triompher du Mal.
Le plus affligeant c’est que dans ce pays des droits de l’homme, au raffinement culturel et politique extraordinaire, plus personne n’a peur de s’afficher comme étant frontiste. Quel Affront National ! Cette lepénisation des esprits peut être décelée à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, des intellectuels, comme M. Alain FINKIELKRAUT ou des journalistes comme M. Eric ZEMMOUR, profèrent à longueur de journée dans les médias, des propos racistes, sans être inquiétés par la loi pénale. Ils sont, de surcroît, payés pour leur négrophobie revendiquée. La faiblesse et la complaisance du gouvernement face à ces insultes, me paraissent, déjà, être signe de la victoire du FN. D’un délit qui devrait être puni par les tribunaux, l’opinion raciste est passée à un outil de promotion ou de gagne-pain pour certains.
Ensuite, les partis républicains, par leur inconscience devant la menace pour la cohésion de la société, continuent leur jeu politique, comme si de rien n’était. J’accuse, en particulier, M. SARKOZY, avec sa théorie de la Droite dite «décomplexée» et sa conception particulière et rabougrie de «l’identité nationale», qui ont contribué, grandement, à cette lepénisation des esprits, à déculpabiliser et libérer la parole raciste. M. Jean-François COPE, avec toutes «les casseroles» qu’il traîne, par son manque de probité et d’exemplarité, a favorisé, très largement, à discréditer la classe politique traditionnelle et absout les idées frontistes. Par ailleurs, la doctrine de M. Copé, sur le «pain au chocolat» et ses attaques honteuses répétées contre Mme TAUBIRA, sans qu’elle soit défendue, énergiquement, par le gouvernement, ont contribué à cette forte poussée du FN devenu légitime et fréquentable. En dépit de ces reniements, l'UMP est aujourd'hui devancée par le FN. M Copé élu à l'UMP sur la base de tricherie et ayant installé une logique clanique et mafieuse dans son organisation politique, sans ligne stratégique cohérente, a fini par démissionner. Tant mieux pour la démocratie. Qu'il s'en aille et ne revienne jamais. Est-ce l'acte de décès de l'UMP ?
Enfin, il est indéniable que la politique de rigueur menée par le gouvernement, avec l’absence de résultats, à moyen terme, ainsi que les difficultés que rencontrent les classes paupérisées, sont à l’origine de cette situation. Le nier c’est être frappé de cécité. Il est encore temps de penser à ceux qui souffrent.
Les communautés noire et arable, au lieu de se complaire dans l’abstention aux élections devraient s’organiser et défendre plus énergiquement le bien-vivre ensemble. Cette démission de ces communautés, ou leur inconscience du danger qui les menace, me paraissent être d’une gravité exceptionnelle. Quand on est un citoyen de la République, on a des droits, mais aussi des obligations qui se traduisent par un engagement en faveur de la République.
Tous les partis républicains doivent combattre, sans concession, le FN. Sinon, Marine LE PEN, qui avance masquée, sera la prochaine présidente de France en 2017. Et là ce serait trop tard de réagir par les moyens démocratiques.
Tous les partis républicains sont empreints et englués dans leurs certitudes. Pourtant, l’heure est grave et il convient d’agir, sans délai. Comme au sortir de la 2ème guerre mondiale, le Président de la République devrait se placer au dessus des partis politiques, et redéfinir, avec eux, le pacte républicain, autour, notamment, des axes suivants :
- La France reste une «République sociale» : comment maintenir les acquis sociaux tout en équilibrant les comptes publics ?
- La France est un "Etat capitaliste", mais qui doit se réformer pour produire des emplois et de la richesse. Le capitalisme financier ne mérite aucune aide ou avantage fiscal de l'Etat. Jusqu’ici les différentes réformes (retraites, éducation, Administration), sont restées en surface ou ont fragilisé les plus faibles.
- La France est un "Etat multiracial", mais ce pays est dans le déni le plus complet. Ceux qu’on appelle des «immigrés» sont, en fait et pour leur écrasante majorité, des citoyens français relégués au rang d’indigènes de la République.
- La France est un "Etat européen". L’Europe technocratique et bureaucratique devrait être abandonnée au profit d’une Europe du progrès social. Ce continent devrait défendre son indépendance énergétique, avoir une politique étrangère et une défense commune pour mieux affirmer son indépendance.
Paris, le 25 mai 2014. M Amadou Bal BA - Baamadou.over-blog.fr.
Au conseil de Paris des 19 et 20 mai 2014, Mme Anne HIDALGO, maire de Paris, a confirmé sa volonté d’accorder plus de place aux citoyens. «Une démocratie qui se défie des citoyens, trahit ses idéaux, et perd sa raison d’être », souligne Mme HIDALGO. Aussi, Mme HIDALGO a décidé de faire de Paris, «la ville du faire ensemble». A titre illustratif, de cette volonté politique :
- 5% du budget d’investissement est affecté à la volonté des citoyens, soit 426 millions d’euros, sur la mandature ;
- L’E-pétition est instituée ; avec 500 signatures de citoyens, une demande est inscrite à l’ordre du jour du Conseil de Paris ;
- Les Conseils de quartier seront, désormais, animés par un collectif de citoyens, et non plus par un élu.
Par ailleurs, Mme HIDALGO a décidé de poursuivre, de façon énergique et amplifiée, l’action contre la pollution à Paris (généralisation progressive des bus électriques, limitation de la vitesse à 30 km, végétalisations et espaces verts, extension du tramway dans l’Ouest parisien, pourquoi pas des tramways dans Paris, le long de la Rive Droite ? etc.).
Mme HIDALGO a confirmé sa volonté de faire du logement la priorité de son mandat, avec la construction de 10 000 logements, par an.
Mme HIDALGO a présenté au Conseil de Paris une délibération instituant un Code de déontologie que les élus du Conseil qui le désirent pourront s’engager à respecter en signant une «déclaration d’engagement volontaire». Ce code prévoit, notamment, que les élus signataires s’engageront à déclarer et à remettre à la Ville tout cadeau, libéralité ou invitation d’un montant inférieur à 150 €, et à les refuser lorsque leur montant sera supérieur.
Les élus parisiens devront, en outre, remettre « une déclaration d’intérêts portant notamment sur les activités professionnelles et bénévoles des cinq années précédant [ leur ] élection » et publieront sur le site Internet de la Mairie une déclaration de patrimoine en début et en fin de mandat.
J'ai appris que Mme Anne HIDALGO a été élue Présidente de l’Association Internationale des Maires Francophones. Mme HIDALGO, devient ainsi la première femme élue à la tête de cette grande institution de plus en plus paritaire.
Souhaitons plein succès à Mme HIDALGO et à ses équipes.
Paris le 20 mai 2014. M. Amadou BA - http://baamadou.over-blog.fr/
Un Comité Technique Paritaire (CTP) Central extraordinaire se réunira le 16 mai 2014, sous la présidence d’Anne Hidalgo afin de permettre aux représentants des personnels d’exprimer leurs positions et d’échanger leurs points de vue avec la nouvelle Municipalité sur les grandes orientations concernant une profonde réorganisation de l’administration parisienne. L’ambition de la nouvelle maire, avec cette réforme, est de viser une efficacité accrue des services publics municipaux.
Les deux idées directrices de cette démarche pourraient être : ce que l’on appelle dans le secteur privé une “démarche client” visant à réorganiser l’ensemble des services municipaux en fonction des attentes de la population parisienne ; une volonté de simplifier et de rendre plus efficace l’administration de la Capitale.
Le projet de 16 pages soumis aux membres du CTP Central, donne les indications suivantes :
1 – Mieux connaître les besoins et les attentes des Parisiens
- lancer «rapidement » et en premier lieu une « vaste concertation » afin de recueillir notamment « les attentes et les idées des citoyens, des entreprises et des associations». Avant de s’engager vers la recherche d’une amélioration des services publics, il est nécessaire de mieux connaître les besoins des Parisien » ;
- débuter parallèlement «un chantier de modernisation des points de contacts des usagers avec l’administration parisienne» afin «de simplifier la porte d’entrée à l’administration parisienne».
- d’engager une réflexion pour simplifier les formalités dans les démarches des Parisiens.
- de porter «une attention particulière» sur l’adaptation des cycles horaires des services publics afin d’accroître l’accessibilité des services aux Parisiens.
2 – Simplifier et réorganiser les administrations parisiennes.
C’est l’un fils conducteur du projet, avec les indications suivantes..
- la Municipalité «a la volonté de faire des agents qui sont les plus au contact des Parisiens “le centre de gravité de l’administration». Cet objectif doit être le fil rouge de la réforme de l’administration. «Des marges d’initiative» doivent être rendues à ces agents pour leur permettre de proposer des solutions innovantes, en phase avec leur réalité de travail. Mieux les écouter, prendre davantage en considération leurs propositions émanant de leur activité concrète, mais aussi porter une attention particulière à leur formation constituent donc des objectifs prioritaire.
- Au lieu d’adopter les mesures de réduction des effectifs systématiques et indifférenciées, la Municipalité préfère s’engager dans une «démarche de responsabilité» : les moyens nécessaires pour remplir les missions sont alloués après s’être interrogé sur leur pertinence et sur l’organisation de celles-ci».
L’objectif est d’optimiser les ressources, et de « bâtir une administration plus transversale, moins segmentée», en donnant «une taille critique à certaines Directions».
Au sein de chaque Direction de la Ville, une «simplification des lignes managériales» devra s’engager rapidement avec des propositions des Directions d’ici le mois d’octobre. Par exemple, les fonctions d’adjoints qui se sont multipliées au cours des dernières années pourraient être revisitées. De la même manière, les fonctions de chefs de service auxquels sont rattachés des bureaux de toute petite taille doivent être attentivement examinées».
Chaque service doit mener une réflexion très fine pour s’interroger sur «les missions prioritaires» à conduire, sur celles qui pourraient être exercées différemment puis s’interroger sur les «procédures à mettre en œuvre».
Il convient d’évaluer chaque structure, observatoire, comité» ; ce qui devra permettre d’objectiver sa pertinence pour le travail des agents et des usagers. Les Directions devront formuler d’ici le mois d’octobre des propositions d’évolutions souhaitables à la suite de ces évaluations.
L’ambition de ce projet est d’obtenir un changement profond, voire radical, de l’administration parisienne, afin d’améliorer la qualité du service rendu à la population. L’organigramme n’est pas fondamentalement remis en cause, cependant, il faudrait s’attendre à quelques ajustements, à la marge. «Il faut développer les approches transversales et collaboratives afin de favoriser, dans un contexte de forte contrainte budgétaire, l’émergence d’idées nouvelles et de fluidifier le travail collectif», dit la Maire de Paris. Quelques indications du projet :
- création d’un nouvelle Direction regroupant le Secrétariat général du Conseil de Paris (SGCP), la Direction des usagers des citoyens et des territoires (DUCT), la Délégation à la politique de la Ville et à l’intégration (DPVI) et la partie de la Délégation à Paris Métropole et aux coopérations internationales (DPMC) en charge des coopérations avec les autres collectivités territoriales ;
- création d’une Direction chargée des achats et des finances ;
- regroupement au sein d’une même entité de la Délégation générale à l’évènementiel et au protocole et de la DICOM ;
- gestion des contrats aidés, des stages et de l’apprentissage par la DRH et non plus la DDEEES.
On apprend par ailleurs qu’un plan d’éradication définitive du diesel dans la flotte municipale sera présenté dès la prochaine réunion du Conseil de Paris des 19 et 20 mai 2014 et que des fonctionnaires parisiens participeront à la mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris.
Pendant la campagne des municipales, Mme HIDALGO a dégagé une conception claire, cohérente et juste de sa gestion des ressources humaines. Mme HIDALGO a décidé de placer l’individu au cœur de son projet politique. En fait, la vraie valeur ajoutée, dans une organisation, c’est la qualité de son personnel.
Tout en défendant la spécificité des administrations parisiennes, l’égal accès aux charges publiques, l’amélioration des conditions de travail et de vie (mobilité, logement, restauration des agents), Mme HIDALGO dessine et poursuit une conception audacieuse des ressources humaines : récompenser les méritants, et punir, justement, tout en privilégiant la prévention.
Souhaitons plein succès à Mme Anne HIDALGO, dans son mandat de Paris.
Paris le 16 mai 2014. M. Amadou BA - http://baamadou.over-blog.fr/